"Delle
a d'abord été une ville fortifiée : le 31
décembre 1231, lorsque l'abbé de Murbach,
propriétaire de la cité, l'avait cédée au
roi Henri VII, fils de l'empereur Frédéric II, il avait
été convenu qu'elle serait fortifiée.
Différents documents, études ou vestiges encore
conservés permettent de savoir en quoi consistait le
système de défense de la cité
médiévale.
Le point fort du dispositif était le château. Il
était édifié sur l'angle de la falaise qui
dominait à la fois le passage de la Voie Romaine et le
confluent de l'Allaine et de la Batte. Il se présentait sous
la forme d'une imposante forteresse carrée renforcée
par une tour à chaque angle.
donjon et
pont-levis
La plus grosse des quatre, au
nord-ouest, servait de donjon. À son pied s'ouvrait la porte
principale, fermée par un pont-levis qui, abattu, permettait
de franchir le large fossé dédoublé en cet
endroit.
À l'intérieur de la cour, se trouvaient l'indispensable
puits et les différents bâtiments appuyés
à la courtine, l'habitation seigneuriale, la chapelle, les
logements de la garnison, granges, écuries, maison du
portier.
On sait que l'édifice a été détruit en
1673, sur l'ordre de Louis XIV, après la visite de Turenne,
qui ne souhaitait pas voir subsister, en Alsace, des forteresses
coûteuses à entretenir, et qui pouvaient retomber entre
des mains ennemies.
Le château avait donc disparu depuis plus d'un siècle
lorsqu'éclata la Révolution. En revanche, l'enceinte de
la ville était restée encore pratiquement intacte.
L'église
Saint-Léger, avec son clocher à bulbe comtois, a connu
de nombreux avatars.
Malgré les inondations et les incendies,
les hommes ont toujours reconstruit et amélioré
l'édifice religieux.
Les dates inscrites au-dessus de la
porte latérale nord marquent deux étapes importantes
dans l'évolution de l'édifice.
La première, 1573, rappelle le
souvenir du remplacement total de l'église
médiévale par une construction plus moderne. De ce
second bâtiment constitué d'une nef à deux
bas-côtés, d'un choeur terminé par une abside
à trois pans coupés et d'un clocher à
flèche dressé contre la façade sud. Il ne reste
aujourd'hui que la partie basse du mur nord de la nef et les cinq
contreforts qui l'épaulent, ainsi que le mur de la
façade ouest avec son porche d'entrée.
En 1709, comme en témoigne la
deuxième date, l'église fut profondément
modifiée. Voûtes et piliers ont été
entièrement démolis, les murs et les contreforts
surélevés de 5 mètres, les
bas-côtés disparus, créant ainsi une seule et
vaste salle. En même temps, les fenêtres sont
allongées vers le haut et un oeil-de-boeuf au-dessus du grand
portail est percé.
l'inondation
de 1714
Dans la nuit du 6 au 7 septembre
1714, c'est la grande inondation de la ville qui est immergée
sous trois mètres d'eau. Une plaque commémorative
posée sur l'immeuble de la pâtisserie "La Finette",
Grande Rue, indique le niveau impressionnant atteint par l'eau.
Contre le mur de la
maison accueillant la pâtisserie "La Finette" est visible une
pierre sculptée
montrant les armoiries de la ville sous lesquelles on peut lire
linscription
MARQUE DE LINONDATION DU 6 7BRE 1714.
Elle indique en effet la hauteur qui fut atteinte par leau au
cours dune terrible inondation
qui se produisit dans la nuit du 6 au 7 septembre 1714.
Même sil ny eut pas de victimes parmi les
habitants,
toutes les constructions de la partie basse de la ville souffrirent
beaucoup,
y compris léglise dont il fallut abattre le clocher.
Le clocher s'en trouve si
sérieusement ébranlé qu'il faut abattre la
flèche et l'étage supérieur en 1715. Deux ans
plus tard, les parties basses de la tour et le mur sud de la nef
menacent à leur tour de s'effondrer.
Dès lors, d'énormes travaux de reconstruction sont
entrepris, ils dureront jusqu'en 1732. Le mur de la nef est
consolidé, le clocher reconstruit à l'emplacement
actuel, et il est couvert par un clocher à bulbe comtois
typique de la région. La base de l'ancien clocher est
transformée en sacristie.
Après l'incendie de 1857, le
choeur est doublé en longueur.
Lors de la fabrication de l'orgue, en 1967, Curt Schwenkedel
s'efforce de reprendre les caractéristiques des instruments
européens construits avant le XIXe siècle, dans le but
de lui donner un style baroque. A noter la particularité de
cet orgue : les trompettes, appelées trompettes en chamade,
sont projetées horizontalement vers la nef.
Les orgues
Schwenkedel datent de 1967.
Restaurées en 1994, elles sont composées de vingt et un
jeux et un tremblant,
deux claviers et un pédalier.
Cette palette sonore permet dinterpréter la musique
ancienne
et douvrir sur un répertoire de musique
française.
Pour tous ces chef-d'oeuvre
architecturaux, parfaitement restaurés et mis en valeur, le
vieux Delle vaut bien un détour. D'ailleurs l'office du
tourisme organise, depuis quelques années, des visites
guidées, en période estivale, à travers le
dédale des rues, souvent étroites, du coeur de la
cité des cariatides."
Marylène
Léostic - lundi 20 août 2001 - L'Alsace - Le
Pays
Sources et liens
:
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https://www.stleger.info