7e ête des endanges

St Léger de Montbrillais
les 26 et 27 septembre 2009

 

"Le conseil municipal et moi-même avons le plaisir de vous accueillir sur le site pittoresque de Villeneuve pour cette 7e Fête des Vendanges qui se déroulera pour la première fois durant deux jours.
La municipalité s'associe aux deux associations - le Comité des Fêtes présidé par Michel Hupon, et le syndicat des Producteurs de Saumur (Vienne) présidé par Laurent Menestreau, pour vous offrir un très bon programme. Elle remercie tous ces bénévoles qui se démènent pour vous recevoir et vous faire passer un bon moment.
Bonne fête à toutes et à tous."

René Ragot, maire de St Léger de Montbrillais

 

Michel Hupon et René Ragot

 

"En 2008, nous avons vécu des moments bien douloureux.
Ayons une pensée pour les amis - Christian, Eric, Gérard,
Jean-Louis et Jean-Michel - qui nous ont quittés cette année-là."

 


 

endanges d'utrefois

 

"- Dis, Papy, tu m'as parlé des origines de la vigne, de son implantation, de son entretien, de ses ennemis… Mais tu ne m'as encore rien dit des vendanges… C'était comment, les vendanges, dans ton temps ?
- Ah ! Mon gars ! Toi qui ne connais que la machine à vendanger, tu vas avoir du mal à imaginer ce que représentait pour nous ce mot magique : les vendanges !
- Magique ? C'était vraiment magique, les vendanges ?
- Un peu, oui, puisque c'était une période exaltante, exceptionnelle dans le train-train de l'année. Nous avions arpenté notre vigne tant et tant de fois, peinant, courbés sur ses ceps pour "échiasser", tailler, plier, éparpillonner, accoler, soufrer, sulfater, épointer… Alors, quand enfin arrivait le moment de la vendange, c'était comme une récompense. Oh, parfois bien maigre, décevante, cette récompense, quand l'année avait été avare de soleil… Mais généreuse aussi quelquefois, dans une vigne reconnaissante et prodigue.

 

 

 

e vais te raconter.
Déjà les préparatifs engendraient une agitation particulière et inhabituelle dans chaque ferme - car chaque ferme possédait "sa" vigne, "sa" cave, "son" pressoir, et faisait "son" vin.
Il fallait penser au tonnelier qui venait sur place remettre la futaille en état, remplaçant un fond, une douelle, changeant un cercle à une tonne, à une barrique, à une cuette…
Il fallait nettoyer le pressoir à grands coups de brosse et de seaux d'eau.
Il fallait sortir les cuettes, les mettre à "combuger", à les abreuver d'eau pour assurer l'étanchéité.
Les tonneaux étaient revus et, au besoin, lavées à l'eau additionnée de cristaux de soude puis sérieusement rincés.
Il fallait prévenir les vendangeurs. Oh ! C'étaient des gens de connaissance, des voisins, des cousins… et, comme l'école ne reprenait qu'en octobre, on pouvait compter sur quelques écoliers.

 

 

 

in septembre, une centaine de jours après "la fleur", on commençait à surveiller de près la maturité des raisins. Dès que les grains "tournaient", papy Guste, mon père, en goûtait un ici, un autre là… Il faisait la grimace, il fallait attendre encore un peu. Il disait : "Pourvu qu'il ne grêle pas !" Ah, cette grêle tant redoutée, qui pouvait anéantir le travail d'une année !
Ce sont les derniers rayons du soleil qui décident du mûrissement des raisins. Mais voilà, la pluie et le froid arrivent, alors on s'en veut d'avoir trop attendu ! On s'en veut encore si on vendange par la pluie, alors que quelques jours de soleil suivront. C'est une loterie. Le vin du voisin, plus avisé, plus chanceux, sera de meilleure qualité. Quelle déveine !

 

St Léger sur Sarthe (61) et St Léger près Pons (17)

 

St Léger sous Cholet (49)

 

ctobre est là. Après bien des visites à la vigne, mon père écrasait un grain entre ses gros doigts noueux. Et enfin : "C'est sucré, ça colle, il est temps."
- Il n'y avait pas de réfractomètre ?
- Oh non ! Ça n'existait pas encore. Heureux ceux qui possédaient un mustimètre !
- Et le ban des vendanges, Papy, est-ce qu'on en parlait ?
- Ah, ça, oui ! Cependant, dans les "quious", les clos où la vigne était entourée de murets, on pouvait échapper à cette contrainte.
Dès sa proclamation, tout s'activait et le branle-bas commençait.
La veille du jour choisi, dans la "chârte", on installait cuettes, subouts, égrenoir, pilon pour fouler le raisin, la hotte en osier, les seaux - chez nous, on avait aussi quelques cassettes, l'échelle à 10, 12 "rollons" pour accéder au subout surmonté du broyeur - sans oublier le picotin du cheval !...
Les sécateurs étaient remis à neuf. On avait, bien sûr, alerté la troupe des vendangeurs.

 

Brigitte (St Léger près Pons) en grande discussion
avec Françoise (St Léger sous Cholet)

 

et Alain (St Léger de Montbrillais) avec Edmond (St Léger sur Sarthe)

 

e lendemain matin, chacun recevait son "sicateur" qu'il gardait tout le temps des vendanges.
Le cheval est attelé et, hop !, direction la vigne ! Le "personnel" profite de la charrette, on suit à pied tout en discutant. Quand la vigne est éloignée, la carriole est la bienvenue.
Bientôt la "chârte" stationnait sur la "têtée", en équilibre sur ses chambrières, et le cheval allait patienter, attaché à un arbre - car il y avait des arbres fruitiers dans les vignes à cette époque, des pêchers surtout.
Le patron faisait ses dernières recommandations : "Mettez bien votre seau sous le cep, je ne veux pas voir un grain par terre !" Et, dans la fraîcheur du petit matin, chacun disparaissait dans un rang de vigne.

 

 

vec la montée du soleil, les langues se déliaient. On racontait des histoires, on plaisantait, on entonnait des ritournelles, les rires fusaient… Un esprit de gaieté soufflait sur la troupe des vendangeurs. Mais ça n'empêchait pas de travailler hardiment, les seaux étaient vite pleins. "La hotte ! La hotte !" réclamait-on.
J'étais fort à cette époque, c'était toujours moi qui la portais, même chez les voisins. Je me faufilais entre les rangs, les pouces entre la poitrine et les bretelles de la hotte. On y vidait les seaux et je revenais vers la "chârte", courbé sous le poids de nos belles grappes dorées cueillies à point, juteuses à souhait, pour les verser dans le broyeur. Les rouges, rares à l'époque, étaient passés à l'égrenoir en osier.

 

 

h ! Déjà midi ! La matinée était vite passée. Le grand air avait ouvert les appétits et la "patronne" a préparé le repas. Alors, selon la distance, on revenait à la ferme ou on déjeunait sur l'herbe, s'il faisait beau. Et toujours dans la bonne humeur. C'était à qui amuserait la compagnie !
Vers 14 heures, il fallait reprendre la cueillette ; alors l'entrain était moins évident, le mal au dos se faisait sentir. "Il ne faudrait pas s'arrêter" remarquait-on. La reprise était pénible mais on s'armait de courage et, la bonne ambiance aidant, voilà de nouveau la joyeuse troupe des coupeurs attachée à la tâche jusqu'à ce que le soleil baisse à l'horizon.

 

 

- Ça devait être fatigant, toute la journée !
- Oh oui, surtout les premiers jours. C'était quand même bien agréable lorsque le soleil était au rendez-vous. Mais quand ça "pattait", que la terre s'agglutinait aux pieds des vendangeurs, par la pluie, le vent ou le brouillard, sans vêtements de protection, c'était bien pénible, surtout qu'en ce temps-là, dans les vignes bien conduites, il n'y avait pas d'herbe. Je me souviens que, certains jours, on allumait un feu sur la têtée et on remplissait nos poches de pierres chaudes.
En 80, il faisait -7, le soleil avait fait défaut cette année-là ; on avait vendangé en novembre. Il fallait secouer les fils de fer pour en détacher la neige durcie par le gel. Les raisins gelés ne voulaient pas passer dans le broyeur ! L'année suivante, le vin s'était fait rare. Le bois de vigne, pas assez mûr, avait gelé et les bourgeons avaient avorté. Triste année !

 

 

 

e retour à la ferme, la journée se prolongeait avec le travail à la cave pour les hommes, la préparation du repas du lendemain pour la maîtresse de maison, surtout quand on vendangeait plusieurs jours à la suite. Cependant, chez nous, on n'allait qu'un jour sur deux. Il fallait rebêcher le cep le lendemain de la récolte, et aussi s'occuper de rentrer les betteraves pour les bêtes.

 

 

 

our fêter la fin des vendanges, on installait parfois un bouquet sur la dernière cuette de l'année. Dans certaines maisons, le patron offrait "le bout d'or", un repas copieux et bien arrosé où ne régnait pas la morosité, surtout si la récolte était abondante et si le mustimètre annonçait "du degré". Et puis, on savait jouer de la pipette, les verres se remplissaient bientôt de bernache à la moindre occasion.
Oh non ! tu ne peux pas te rendre compte de toute cette ambiance laborieuse et si gaie, si conviviale, qui régnait à ce moment-là.
Tu ne connaîtras pas non plus cette puissante odeur vineuse de moût en fermentation qui filtrait de chaque puisard, de chaque "jettouère", baignant tout le village, révélant toute une animation souterraine avec les vignerons s'affairant autour des pressoirs et des futailles dans nos caves de tuffeau.

 

le groupe folklorique "les Genêts d'Anjou"

 

Le progrès a inventé la machine à vendanger, ce monstre qui secoue ces malheureux ceps, qui avale les raisins. En quelques heures, des hectares de vigne sont dépouillés de leurs fruits, laissant des pampres dénudés, des rafles nues, comme si des milliers d'étourneaux étaient passés par là. La récolte est entassée sans ménagements dans des remorques et dirigée vers les caves ou vers la coopérative qui assure la vinification. Je ne dis pas que les vins élaborés dans ses chais ne sont pas bons, mais adieu la typicité des nectars qu'on trouvait chez nous, chaque barrique ayant un caractère propre et particulier. La "coop", elle, fabrique chaque année d'énormes volumes de vins identiques qui répondent à l'attente des consommateurs.

 

Jojo et Françoise (St Léger sous Cholet)

 

Edmond (St Léger sur Sarthe) et Christophe (St Léger sous Cholet)

 

ien sûr, le travail est exécuté plus vite, sans main d'œuvre supplémentaire, sans fatigue… le progrès… Est-on plus heureux ?
Plus de rires, plus de chansons, plus de jeunes qui se chahutent, se courent après… Il faut aller vite, être "rentable".
Ah ! Où est-il, le folklore des vendanges traditionnelles, épuisantes peut-être, mais si gaies !?

 

 

 

 

 

 

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