griculture, ommerces, ndustries -

les onuments de la commune

par Nicole SIMON

 

 

griculture, commerces et industries

La commune comporte une grande part de forêts communales plantées de résineux et feuillus, dont les bois de Vernot d'une surface de 183ha50, l'Ecornée 90ha99 et Chailloux 68ha20, un peu de cultures vivrières et surtout, la culture des sapins de Noël qui se vendent en France et à l'étranger.

La culture du sapin de Noël fut introduite dès 1929 à Moux-en-Morvan et vers1939 dans les autres communes à l'initiative de quelques pépiniéristes désirant satisfaire la demande de la clientèle parisienne.
L'épicéa sera le roi des fêtes de fin d'année. Après la guerre, la montée des cours a fait que l'on a planté à grande échelle. En plus des pépiniéristes et des agriculteurs, les particuliers ont planté également. Tous avaient quelques parcelles de terrain de mauvaise qualité, non utilisées, impropres à la culture vivrière.
L'an 2000 voit un changement dans le choix des variétés : l'épicéa commun est remplacé en partie par le nordmann, résineux originaire du Caucase, qui a la particularité de garder longtemps ses aiguilles.
La culture du sapin de Noël est régie par un décret du ministère de l'agriculture du 24 mars 2003 qui fixe la densité à l'hectare et la hauteur de l'arbre.

 

sapin à Fourches

 

u XVIIIe siècle, la terre ne produit que du seigle, de l'avoine, du sarrasin, des navets et quelques pommes de terre. La pomme de terre, introduite très tôt en Morvan, dès le XVIIe, est largement utilisée bien avant l'œuvre de Parmentier. Cette révolution agricole a permis aux populations, en temps de disette, de survivre. La consommation humaine et animale (porcs) s'est considérablement accrue, grâce à des variétés plus productives. A la fin du XIXe, la culture de ce tubercule s'intensifie et trouve des débouchés hors de la commune. La paille de seigle servit jusqu'en 1900 à confectionner les toitures de chaume, mais la loi en interdit l'utilisation à causes des incendies sur des bâtiments non assurés.

A la fin du XIXe, l'industrie était florissante : on produisait de la chaux pour engrais, une laiterie fabriquait du fromage type gruyère et un autre apparenté à l'Epoisses, une fabrique de paniers (Lévitre, dit Lucerne) existait également.

Le village et ses hameaux faisaient vivre 5 auberges. Pas de commerces alimentaires, les commerçants de Saulieu passaient. De nombreux artisans animaient le village : sabotiers, meuniers, tanneurs, scieurs, marchands de bois.

L'agriculture de subsistance sur des terrains maigres nourrissait peu les familles. Aussi la femme cherchait-elle à participer à des rentrées pécuniaires. C'est ce qui fit se développer une autre industrie très connue et très importante il y a plus d'un siècle dans tout le Morvan, celle des nourrices. Les Morvandelles étaient réputées pour leur bonne santé et la qualité de leur lait. Deux types de "nourritures" en ont découlé, les nourrices "sur lieu" et les nourrices "sur place".

 

les ourrices sur lieu

Dans les "grandes familles" et la nouvelle société d'affaires et d'industries de Paris, le phénomène ayant commencé sous le Second Empire, il était alors du plus grand chic d'avoir à la maison, une nourrice morvandelle pour ses enfants, élément privilégié de la domesticité. Devant s'occuper des enfants de la famille, les sortir, les présenter aux relations et amis, les nourrices étaient bien traitées. Elles portaient des vêtements de qualité, pouvaient même avoir un domestique et suivaient la famille dans tous ses déplacements, que ce soit à la mer, à la montagne ou à l'étranger.

epuis le milieu du XIXe, après la naissance de leur propre enfant, les nourrices quittaient le Morvan pour venir s'installer dans la famille d'accueil, le plus souvent à Paris ou sa région, abandonnant, pour un peu plus d'un an, enfants, mari, famille, pour "faire une nourriture". C'est auprès de bureaux de placement spécialisés, surveillés par la préfecture, que les futures nourrices prenaient contact. Le salaire était très important et, lorsqu'elles revenaient au village, elles avaient de quoi faire faire des travaux, agrandir ou commencer à construire la maison dotée d'un certain confort. Finie la cohabitation avec les parents, terminé le sol de terre battue ! Ces maisons se reconnaissaient à leur toit en ardoise, pour se différencier des toits de chaume ou de tuiles, et s'appelaient des "maisons de lait". Le reliquat du capital servait à devenir tout à fait propriétaire en achetant un lopin de terre.
De plus, à leur retour dans une campagne rude et renfermée, les nourrices sur lieu, ayant séjourné dans des familles parisiennes aux "belles manières", apportaient, en plus de l'argent, des habitudes nouvelles, une culture et des usages qui ont permis au Morvan de s'ouvrir au progrès. Elles ont aussi gardé des contacts avec les familles d'accueil, ce qui leur a permis de trouver des emplois à la ville à nombre de leurs parents.
Cette activité cessa peu après la Première Guerre mondiale.

Dame Leuthereau, de Champeau, a été nourrice de Louis de Broglie, futur prix nobel de physique, à compter de sa naissance en 1892 . Elle restera 10 ans au service de l'enfant, qui était fragile, sans rentrer chez elle, sa mère ne voulant pas le confier après le sevrage à une nurse anglaise qu'elle jugeait trop brutale.
Source : courrier de la comtesse de Pange, soeur de Louis de Broglie, à "Pays de Bourgogne" pour une enquête sur les nourrices parue au n°93 du 1er trimestre 1976

Lazarette Fenouillot, épouse de Léonard Emery, d'Eschamps, fut nourrice chez la comtesse de Las Cases à Paris ainsi qu'à Genève, et chez la famille Panhard (les fabricants de voitures automobiles) dans la banlieue parisienne, entre autres.

Madame Anne-Aymone Giscard d'Estaing eut elle aussi une nourrice venant de Champeau.

 

Lazarette Fenouillot en 1923

 

 

 

 

 

 

 

une nourrice, reconnaissable à sa coiffe tuyautée
La photo est prise à Beauvais.

"La maison des nourrices" doit voir le jour à Alligny en Morvan, un conservatoire visant à perpétuer la mémoire de ces femmes.

 

les ourrices sur place

A la même époque étaient accueillis dans le Morvan "les Petits Paris". La misère poussait de nombreuses jeunes mères parisiennes à abandonner leurs enfants qui étaient recueillis par l'Assistance Publique de Paris. Ces enfants "de l'Assistance", comme on les appelait, étaient confiés par l'administration à des familles résidant à la campagne.
La terre du Morvan était pauvre et les Morvandiaux toujours à la recherche d'un complément de revenu. Une indemnité était versée pour payer la nourriture et l'entretien de l'enfant et un trousseau était fourni.
Près de 50 000 enfants furent accueillis dans le Morvan de cette façon par l'intermédiaire de bureaux de placement parisiens ou d'agences régionales. Le voyage depuis Paris se faisait dans des chariots dont le surnom donne la description des conditions de transports de l'époque, on les appelait "purgatoire".
St Léger et ses hameaux ont eu leur part. Chaque famille ou presque a accueilli des "Petits Paris", dont certains ont fait souche dans la commune ou y sont revenus au moment de la retraite.
Cette forme de nourriture n'a jamais vraiment cessé et l'on peut encore rencontrer dans le Morvan des "enfants de l'Assistance".

 


 

articularité

La commune dispose de 2 lieux de culte : une église à St Léger et une chapelle rurale à Champeau, et également de 2 cimetières, l'un à St Léger autour de l'église, l'autre à Champeau à proximité de la chapelle.

 

la hapelle de Champeau

Elle est issue d'un legs fait à la commune. Son aménagement est récent. Il s'agissait à l'origine d'une grange utilisée en dépôt mortuaire à la création en 1911 du cimetière de Champeau.
Si l'on se réfère à la pierre encastrée au ras du sol à droite de la façade, l'inauguration ou la pose de la première pierre transformant la grange en chapelle a eut lieu en 1913. Cette chapelle n'a pas été baptisée.

 

la chapelle de Champeau

 

pierre d'angle posée par Mme E. Danse - octobre 1913

 

l'glise, sous le vocable de saint Léger

La religion tient une grande place dans la vie du paysan :
"Il aime son clocher, l'église de sa mère
II retrouve partout son pieux souvenir
Et lorsqu'il se repose au sein de sa chaumière
Il aperçoit là-haut la croix pour le bénir.
" (Albert Brintet - 1901)

L'église était siège de la paroisse et dépendait à l'origine de l'archiprêtré d'Anost, puis fit ensuite partie du diocèse d'Autun et de son archiprêtré. La collation de la cure appartenait au chapitre de Saint Andoche. Les dîmes se partageaient entre les chanoines, le curé et le seigneur d'Island.
Une vieille tradition place la première église entre le village de St Léger et le hameau de l'Huis Rapin. On croit en reconnaître encore l'emplacement vers lequel se dirigent les restes d'un antique chemin pavé, traversant des prairies aquatiques et venant d'Island.
L'église de St Léger, construite au XIe s. par les évêques d'Autun propriétaires du lieu, placée sous le vocable du saint Léger, était formée d'un chœur voûté à nervures et terminé par un pignon, d'un clocher ou grosse tour, d'une nef sans caractère et de deux chapelles. Elle était en si mauvais état qu'elle n'offrait plus de sécurité.

13 mars 1535, Arthus de Colombier rachète les 3/8 de la terre et seigneurie d'Alligny. La seigneurie d'Alligny est "chargée envers le chapitre de l'église d'Autun, le chapitre de Saulieu, le curé dudit Alligny et celui de St Léger pour l'annonce du jour de Feste-Dieu en ladite église, de neuf septiers six boisseaux de blé, seigle de charge ancienne par chacun an."
J. de Piles, curé de St Léger en 1540, fonde une donne d'un bichet de seigle pour les pauvres.
Ses successeurs connus sont Antoine Bizouard en 1727 qui plaida avec le chapitre de Saulieu en 1756 et 1776 pour les biens de la cure, notamment pour un bois de trois journaux donné par Georges Boisseau en 1537. Il résigna la cure en 1780 à Etienne Courtépée moyennant une pension alimentaire. Celui-ci rebâtit le presbytère situé près du portail de l'église et mourut en 1827.
Pierre Ménétrier n'exerça le ministère que six mois, Pierre Carillon fut nommé en 1828.
L'église fut desservie par les chanoines de St Lazare d'Autun puis de St Andoche de Saulieu.
1585-1590 : Le culte fut interrompu, tous les prêtres du secteur ayant été tués par les Calvinistes (guerres de religion). Le doyenné de Saulieu n'avait plus de prêtres pour ses 25 paroisses !

L'église, solitaire au milieu des prés, à peine entourée de quelques rares maisons, à proximité du château, donne l'image de ce que devait être le village il y a deux siècles.

 

 

lle sera entièrement reconstruite au XIXe sur les plans et devis de N. Fénéon, architecte à Dijon. La description et l'inventaire qu'en fit M. René Ribes en janvier -février 2001 nous renseignent sur son style de construction et le mobilier existant :

De style roman à trois nefs, ses dimensions intérieures sont approximativement de 28,50 m de longueur et de 12 m de largeur. De puissants contreforts consolident les murs extérieurs.
On entre à l'ouest par une grande porte à deux vantaux. Dans le vantail de droite se trouve une petite porte. Au dessus du portail s'élève l'élégant clocher d'une hauteur de 33 m, couvert en zinc, qui contient 2 cloches : Blanche-Charlotte et Marie-Etiennette.
Avant d'atteindre la nef, on passe sous la tour du clocher, soutenue par de puissants piliers et formant une sorte de narthex. Sur le pilier sud est encastré un petit bénitier de pierre.

 

 

A droite du narthex, un espace éclairé par une ouverture garnie d'un vitrail identique à ceux de la nef, espace d'où part l'escalier donnant accès aux combles et au clocher.
gauche se trouve le baptistère séparé du narthex et de la nef latérale nord par des grilles. Le baptistère est éclairé également par un vitrail identique à ceux de la nef. La cuve baptismale et son socle, d'une hauteur totale de 1,35 m, sont en pierre.
Les nefs centrales et latérales ont 4 travées éclairées au nord et au sud par 8 ouvertures étroites garnies de vitraux. Dans la nef centrale, 3 lustres non électrifiés sont suspendus

Le chœur, séparé de la nef par une grille, orienté à l'est, est éclairé par une grande ouverture garnie d'un vitrail moderne récent, non figuratif. La partie est du chœur est habillée sur 3 côtés d'une huisserie en bois de 2,30 m de haut, faite de panneaux rectangulaires. Dans cette huisserie, une porte côté sud, donne accès à la sacristie. L'ancien autel de 1860 a été démonté (la porte du tabernacle a été conservée dans la sacristie), il a été remplacé par un autel en granit moderne.

 

 

Dans ce chœur, on peut voir :

  • deux anciennes bannières de procession en tissu brodé, malheureusement en mauvais état. Les deux représentent la Vierge, dont l'une la Vierge les mains ouvertes.
  • un petit meuble en bois doré, il devait surmonter le tabernacle de l'ancien autel.
  • un lutrin en chêne sur son socle formant armoire, surmonté d'une colonne et du support de livre.

De chaque côté du chœur, dans le prolongement des nefs latérales, 2 petites chapelles sont fermées par des grilles et sur les piliers, deux statues, un St Léger et une Vierge, offertes à l'église par le Comte Victor de Chabannes en 1861.

Au sud, une ouverture garnie un vitrail dont la partie basse a été remplacée par du verre martelé blanc éclaire la chapelle de Saint Joseph.

Dans cette chapelle on remarque un très bel autel en bois sculpté et doré, sans doute du XVIIe siècle, comportant de belles sculptures dont 6 statuettes déposées à la sacristie. Cet autel est un don, à la paroisse, de Monsieur Marret, propriétaire du château vers 1960. Cet autel provient de la chapelle d'un château de la région parisienne. Souffrant de l'humidité, il est maintenant en très mauvais état.

 

le Saint curé d'Ars

l'autel

 

Au nord, un vitrail figurant le Saint curé d'Ars donne de la luminosité à la chapelle de la Sainte Vierge. Un bel autel en bois de forme tombeau, du XVIIIe siècle, s'y trouve.
Le "chemin de croix" se compose de 14 tableaux, huile sur toile, dans des cadres de bois dorés, surmontés d'une croix et portant une plaquette également en bois doré indiquant l'énoncé de la station. Cinq seulement sont en bon état.
Dans la sacristie, Vierge à l'enfant en bois avec traces de polychromie pouvant être datée du XIVe ou XVe siècle. La Vierge a perdu sa main gauche et l'enfant Jésus ses deux bras.

 

plaque apposée dans l'église à la mémoire des enfants du pays tués au cours de la guerre 1914-1918

Des différences existent entre les noms figurant sur le monument aux morts et ceux figurant sur cette plaque : différence d'orthographe ou différence de prénoms, noms inexistants sur l'un ou sur l'autre.

 

 

les imetières

L'évocation de la construction d'un cimetière à Champeau a animé les sessions des conseils municipaux et les conversations dans les foyers pendant plusieurs années. La lecture des délibérés du conseil municipal de cette époque nous éclaire sur l'animosité tenace existant entre les différentes communautés.
Toutefois, la session du 24 janvier 1909 est amenée à prendre une décision.
La commune a bénéficié en 1901 de la donation gratuite par M. le comte de Chabannes d'un terrain, dans le but bien défini d'y établir un cimetière. L'acte fut passé chez Maître Moricard, notaire à Saulieu.
"Jusqu'à ce jour, tous les morts sont inhumés dans le cimetière de St Léger. Cependant la nature humide du terrain pose problème. Les sépultures ne devraient être relevées que tous les quinze ans, mais on est obligé de le faire par manque de places, dans des conditions déplorables, tous les dix ou douze ans.
Considérant (…), pour toutes ces raisons,
Demande à l'administration supérieure de bien vouloir autoriser la Commune à établir le cimetière projeté sur le terrain destiné à cet effet.
Les dépenses nécessaires pour la construction des murs de clôture, soit 3 000 francs environ, peuvent être couvertes par les ressources libres en caisse.
"

a séance du 16 mars 1909 a été très houleuse.

1) Monsieur le maire, en raison des manœuvres des conseillers et habitants de la section de St Léger, hostiles à l'établissement d'un cimetière à Champeau, invite le conseil municipal à délibérer à nouveau sur l'opportunité de la création dudit cimetière :
"Le conseil municipal,

  • Considérant que le projet existe depuis 1901,
  • Considérant que par une délibération en date du 9 juin 1901 (pièce n°1 au dossier) signée par les neufs conseillers municipaux présents à la séance [le sieur Girard Ambroise, aubergiste au bourg de St Léger, déjà conseiller à cette époque et l'un des principaux meneurs du mouvement d'obstruction d'aujourd'hui ,ne songeait pas alors à protester]
  • Que la commune a accepté de M. le comte de Chabannes la donation gratuite d'un terrain situé à Champeau dans le but bien défini d'y établir un cimetière,
  • Considérant que cette délibération a été sanctionnée par un acte de donation notarié (pièce n°2 du dossier) passé par devant Maître Moricard, notaire à Saulieu, en date du 10 octobre 1901,
  • Considérant que le cimetière actuel n'est plus qu'un indécent charnier baignant dans l'eau,
  • Considérant que son emplacement à quelques mètres des habitations ne permet pas l'agrandissement, voire même le maintien dans le cas où il y aurait encore de la place,

Pour ces raisons,
Demande à l'administration supérieure de bien vouloir autoriser l'établissement d'un cimetière à Champeau sur le terrain y destiné pour cause de salubrité publique (…)
"

2) M. le maire invite le conseil municipal à délibérer sur les diverses pétitions visant à empêcher la création d'un cimetière à Champeau, dont celle du 15 février 1909 :
"Le conseil municipal

  • Déclare savoir parfaitement à qui s'en tenir sur l'agitation créée autour de la question du cimetière. Il regrette que l'égoïsme et les courtes vues de quelques meneurs les poussent à nier l'évidence des faits et des besoins.
  • Que le curé de St Léger, sans doute en communion d'idées avec quelques meneurs, a pris soin dans son prêche à l'église de faire entendre à ses ouailles que le cimetière à Champeau ne pourrait servir que pour faire des enterrements civils, que l'évêque ne permettrait pas qu'on y élève ni église ni chapelle et qu'il serait impossible d'y enterrer religieusement… L'argument, tombant dans un "terrain" très propice, a produit bel effet dans la Section de St Léger. Sur 105 électeurs inscrits, la pétition a recueilli 88 signatures, y compris celles de 17 vieilles femmes veuves (pièce n°5 au dossier)
  • Pour la section de Champeau, sur 208 électeurs inscrits, il a été récolté 22 signatures se décomposant comme suit :
    • 2 domestiques ne possédant rien sur St Léger ni ailleurs
    • 4 illettrés
    • 3 signatures Corniaud (le père et les 2 fils), l'un a acheté de la propriété de Chabannes, disloquée complètement l'an dernier [1908) aux caprices des enchères, le champ dans lequel doit être pris le cimetière. Il pourrait ainsi posséder indéfiniment et gratuitement la totalité dudit terrain si la commune ne s'en emparait pas pour l'objet déterminé
    • 3 signataires qui ont protesté spontanément de ce que leur bonne foi a été surprise et qui se sont rétractés (pièce n°6 du dossier)
    • Il reste pour la section de Champeau 10 pétitionnaires dont le conseil ne veut pas analyser le geste.
    • Quand à la pièce N°7 du dossier, le conseil l'assimile à une ineptie qui ne supporte pas l'examen. La preuve surabondante de ce que la question dépense invoquée n'est qu'un fallacieux prétexte existe dans le fait que les habitants de la Section de St Léger se démènent pour obtenir eux-mêmes un 3e cimetière plus près de l'église que ne le serait celui de Champeau.
      Dans ce but, le conseiller municipal Girard Ambroise, principal auteur des multiples pétitions écloses près de l'église, n'a pas craint le jeudi 25 février 1909 à 8 h du soir, de se présenter armé d'un curé chez le citoyen maire pour lui demander de marcher dans la combinaison de ce 3e cimetière ! Il était soutenu quelques heures plus tard dans cette démarche par le conseiller municipal Roulot Jean, également de la section de St Léger !

Conclusion : Le conseil municipal persévère dans sa demande de création du cimetière de Champeau :
1) Parce que Champeau y est le très véritable centre de la commune,
2) Parce que le cimetière actuel est complet et qu'on ne sait plus où piocher,
3) Parce que le cimetière actuel est insalubre,
4) Parce qu'on ne peut agrandir le cimetière actuel qu'en empruntant le terrain adjacent de même nature aquatique, sinon plus.
Le conseil reconnaît que le projet ne peut guère satisfaire l'aubergiste de St Léger, non plus que le desservant. Il prie l'administration supérieure de bien vouloir accorder au plus tôt l'autorisation nécessaire pour l'établissement du cimetière à Champeau.
"

 

 

u cours de la séance du 20 février 1910, M. le maire donne lecture d'une lettre du sous-préfet de Semur relative à l'implantation du futur cimetière de Champeau : "Monsieur le préfet, retenant le motif invoqué de servitude pouvant grever les constructions situées à moins de 100 m des cimetières, propose l'adoption d'une combinaison donnant dans la mesure du possible satisfaction au protestataire Garnier en reportant à 16 m (seize mètres) plus loin le mur de clôture à construire du nouveau cimetière."
Le conseil municipal, après examen, déclare adhérer pleinement à la solution conciliante proposée par M. le préfet. En conséquence, il accepte que le mur d'enceinte soit élevé à une distance de 101 m des bâtiments Garnier au lieu de 85 m.

Au cours de la séance du 14 août 1910, le conseil accepte le devis d'établissement du cimetière à Champeau présenté par M. Raveneau, conducteur voyer à Saulieu.
La dépense prévue se monte à 5 800 francs, 4 500 francs destinés à la construction dudit cimetière. La différence s'il en existe après rabais de l'entrepreneur sera prélevée sur les fonds libres en caisse à l'achèvement des travaux. Le conseil prie l'administration préfectorale de bien vouloir approuver le devis présenté et d'autoriser que l'entreprise réservée aux ouvriers de la commune se fasse à la mairie de St Léger.

Au fil des mois, les chapitres du "roman communal" continuent de s'écrire :

Au cours de la séance extraordinaire du conseil municipal du 5 mai 1911, le citoyen Puech, conseiller municipal, demande quelle suite a été donnée à la délibération du 19 février 1911 : par ladite délibération, le conseil chargeait le maire de faire le nécessaire pour ouvrir aux inhumations le cimetière de Champeau et fermer en même temps celui de St Léger.
Le maire répond que, en effet, la délibération précitée demande bien la fermeture de l'ancien cimetière, mais qu'elle se trouve insuffisamment motivée pour lui permettre de prendre un arrêté.
Le conseil croit que les motifs sont déjà assez indiqués dans les délibérations des 16 mars 1909 et 20 février 1910. 
Toutefois, ayant connaissance des démarches tentées par quelques perturbateurs de la section de St Léger, il ajoute que ces réclamants perpétuels reconnaissent parfaitement l'opportunité de la fermeture de l'ancien cimetière (situés à quelques mètres des maisons) puisqu'ils sollicitent qu'il leur soit accordé d'en construire un autre, nouveau.
Il pourrait relever que, lors de l'enquête commodo-incommodo relative à la création du cimetière de Champeau, les gens de St Léger ont écrit dans leurs dépositions :
"(…) s'opposent formellement au transfert du cimetière à Champeau, hameau de la commune, situé à 4 kilomètres du chef-lieu (…)" et encore : "(…) Il serait inadmissible qu'un cimetière soit établi à plus de 4 kilomètres du chef-lieu (…)".
Suivent une quantité de signatures parmi lesquelles figurent celles de Roulot et Girard A., conseillers municipaux de la section de St Léger.
On est donc forcément autorisé à déduire que :
- si un cimetière était jugé suffisant étant placé à une extrémité de commune, il doit être non moins suffisant dès lors qu'il est maintenant transféré en plein centre communal.
- et que, puisque les mêmes signataires trouvaient inadmissible qu'un cimetière puisse exister à 4 km du chef-lieu, ils ne doivent pas trouver étrange de voir se retourner contre eux leurs propres arguments et en conséquence de voir supprimer l'ancien cimetière qui maintenant se trouve de fait à 4 km du chef-lieu.
Ces raisons laissées de côté, le conseil municipal :
sachant que des gens y intéressés espèrent entretenir (grâce à l'existence de deux cimetières dont l'un serait près de l'église) une sorte de tiraillement confessionnel,
désireux d'annihiler pour l'avenir tout prétexte à zizanie entre les deux sections de la commune,
invite le maire à ne pas endosser l'existence et la surveillance de deux cimetières et lui demande la fermeture immédiate de l'ancien, afin que dorénavant les inhumations de toutes les personnes décédées sur la commune soient confiées exclusivement au seul cimetière de Champeau.
 

Au cours de la séance du 12 novembre 1911, M. le maire communique au conseil une ampliation d'une lettre de M. le préfet de la Côte d'Or relative à la fermeture du cimetière de St Léger.
Par ladite lettre, il est dit qu'il n'y a pas lieu à suppression immédiate du cimetière de St Léger, mais qu'il importe que les habitants de ladite section de St Léger prennent au plus tôt les mesures utiles à se procurer les moyens financiers et à établir un nouveau cimetière.
Le conseil municipal prend bonne note de la communication.

éance du 11 février 1912 : Le citoyen Girard Ambroise demande au conseil d'émettre un avis favorable à la création d'un cimetière dans la section de St Léger.
Le conseil en principe n'est pas opposé à la demande des conseillers de la section de St Léger, néanmoins,
considérant que les élections municipales auront lieu en mai prochain,
considérant qu'il ne sied pas au présent conseil d'engager en quoi que ce soit les initiatives du conseil qui, éventuellement peut lui succéder,
décide d'ajourner sa réponse ferme jusqu'à la session de mai.

Enfin, au cours de la séance du 25 mai 1913, le conseil, appelé à se prononcer sur l'opportunité de la création d'un cimetière au hameau de St Léger, décide par huit voix pour, trois voix contre, sur onze votants, d'accepter la proposition qui lui est soumise.

 

 

n champ de repos plus ancien exista certainement à Champeau car on trouve sur l'ancien cadastre un lieu-dit "le Pré du cimetière" bordé par la R.D. 106K et le chemin vicinal n°7.
Ce "Pré du cimetière" se trouve à proximité du "Champ de l'hôpital".
Une maladière (léproserie) a-t-elle été fondée à Champeau entre le Xe et le XIVe s. comme à Alligny, Saulieu et autres lieux ?

Au XIIe s., de nombreux seigneurs du Morvan, accompagnés de leurs hommes de guerre, partirent en Terre Sainte pour suivre l'armée royale. La croisade fut un désastre. Beaucoup ne revinrent pas. Les survivants ramenèrent la lèpre dans leurs bagages, maladie très redoutée. Comme toutes les maladies que l'homme ne comprend pas, la lèpre terrorise les foules depuis la plus haute antiquité. Elle obligea ces seigneurs survivants à fonder des établissements de charité pour recueillir les malades de plus en plus nombreux. L'évêque d'Autun fit-il de même à Champeau, ou alors un Champeaux ? Le chemin venant d'Eschamps, passant par Champeau et allant à Saulieu, s'appelait sur les cartes Cassini "Chemin de la Charité".
Le Morvan comptait plusieurs maladières. Le Moyen-Age occidental a isolé ses malades en leur imposant des résidences et une tenue vestimentaire qui les identifiaient aussitôt auprès des bien-portants. L'Auxois-Morvan est littéralement criblé de léproseries. La générosité des seigneurs les avait attirées.

Un cimetière a-t-il été ouvert pour accueillir les lépreux défunts ? Aucune mention dans les archives, et aujourd'hui tous les vestiges susceptibles de nous renseigner ont disparu.
Ce "Champ de l'hôpital", outre l'emplacement d'une Maison Dieu, peut être aussi un rappel de la vente de la seigneurie de Champeaux à l'hôpital de Saulieu au XVIIIe siècle.

 

 

le onument aux Morts

Les familles de la commune ont payé un lourd tribut à la Grande Guerre (1914-1918) : 51 de ses enfants sont morts pour la France :

 

Ancelle Henri

Chamois Jean-Marie

Jacobowitz Max

Moulin Emile

Bart François

Créteur Sylvain

Jeannicot Renaud

Nevert Maurice

Bellay Marie-Claude

Decoeur Pierre

Lécuyer Fernand

Picoche Pierre

Beugnon Paul

Defaix Ernest

Legros Charles

Prévost Antoine

Billau Maurice

Dumay Maurice

Lelogeais Léon

Prévost Jean-Baptiste

Bioule Ernest

Flamant Justin

Lesouder Albert

Rabiot Henri

Bizot Arthur

Frémault Louis

Mathé Paul

Robe Auguste

Boire Joseph

Gadot Maurice

Meunier Maurice

Rouleau Roger

Bonnin Jean-Marie

Gautherin Barthélémy

Meunier Pierre

Roy Eugène

Bonnin Nicolas

Goldstein Eugène

Meunier Pierre

Treille Jean

Bouchet Henri

Grivot Baptiste

Mignot Julien

Vermisse Henri

Boutelet Emile

Hennequin Joseph

Moïse Maurice

Vincenot Lucien

Brossard Pierre

Husson Eugène

Morize André

 

Au cours de sa séance du 19 octobre 1919, le Conseil Municipal, conformément à l'avis de la commission municipale désignée à cet effet, décide d'élever à la mémoire des morts de la guerre un monument en granit estimé à cinq mille francs.
Ce monument sera fourni par M. Rémon Louis, tailleur de pierres au Bouloy, commune de la Roche en Brenil, pour la somme de 4 400 francs, suivant convention passée avec lui. Le reliquat, soit 600 francs, sera nécessaire, avec le produit de la souscription, pour le transport et la pose du monument.

 

 

Le conseil décide que la dépense sera couverte par le produit d'une coupe de bois âgé de plus de 30 ans à vendre en 1920, et prie l'administration forestière de bien vouloir préparer, pour être vendue, ladite coupe. Le conseil prie Monsieur le Préfet de bien vouloir donner le plus tôt possible son approbation audit projet. Le conseil décide à la majorité de placer ledit monument au lieudit "La Croix de l'homme mort", sur le terrain communal libre, à la croisée des chemins de Champeau à St Léger et de Champeau à Saulieu. L'inauguration eut lieu le 1er mai 1921.

 

 

 

 

Plus près de nous, la guerre de 1939-1945 enleva encore 12 des hommes du village. En mémoire, une plaque de marbre a été apposée sur le monument :

 

 

 

1
présentation de la commune
2
agriculture, commerces, industries - les monuments
3
de la fin du XIXe au milieu du XXe siècle
4
hydrographie - les moulins et les foulons
5
les familles et leurs métiers, avant la Révolution
6
hameaux et lieux-dits - les fiefs de la paroisse

 

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