Le
texte qui suit a été écrit en 1955 par M. Roger
Cherrierqui
fut longtemps instituteur à St Léger le Petit. Son
épouse Christiane l'assistait en faisant notamment
l'étude surveillée. Vous les retrouverez sur les photos
de classe à la page d'Alain.
La Révolution de 1848 en
Berry-Nivernais n'a pas été seulement la
répercussion provinciale du renversement de Louis-Philippe et
de la proclamation de la République.
Elle fut aussi, après la transformation de l'industrie, des
modes d'exploitation et des moyens de transport, le résultat
d'une crise économique mondiale qui avait accrû la
misère et le chômage, de la naissance
d'idéologies appelant à la transformation de la
société, véhiculée par des livres, des
journaux, des pamphlets, des romans, des chansons dont prennent
connaissance les exploités.
Elle fut le résultat d'une
fermentation politique populaire qui n'avait pas cessé depuis
1830, notamment sur les lieux d'extraction du minerai de fer et des
hauts fourneaux. Le groupe du Berry possède 36 hauts fourneaux
et 90 feux de forge. Il produit le onzième de la production
française. Les minières de fer produisent près
du cinquième de la production nationale. Les industries
métallurgiques, dont dépendent les bûcherons et
les charbonniers, les employés du Canal latéral
à la Loire et du Canal du Berry, occupent des milliers
d'ouvriers. Mais ces transformations ne se font pas sans secousses
qui se traduisent par des périodes de chômage qui vont
augmenter considérablement avec la crise économique de
1847.
le Canal du Berry et le Canal
latéral à la Loire - St Léger le Petit est tout
proche de Marseilles les Aubigny
http://ronfleur.centerblog.net/rub-**-01-Canaux-FRANCE.html
La misère ouvrière
est patente. En même temps que naît cette nouvelle
classe, naissent des idéologies nouvelles qui demandent
l'abolition de la société telle qu'elle est devenue, et
qu'on appelle socialistes ou communistes. Elles sont
développées par Proudhon, par Fourier, par Cabet, par
Blanqui, par Barbès, par Lamennais, par Karl Marx. Elles ont
leur écho dans les pièces de Félix Pyat de
Vierzon, dans les romans de George Sand.
Le directeur de l'usine de Bigny
écrit dans l'annuaire du Berry de 1841 : "La manufacturier des
villes, quand le moment est venu de fabriquer à
bénéfice, ouvre les portes de ses ateliers et les ferme
quand la crise commerciale est arrivée, quand la production
est onéreuse. Aucun lien, aucune solidarité,
n'attachent l'un à l'autre le maître et
l'ouvrier."
Pierre-Joseph Proudhon
(1809-1865)
économiste, sociologue et militant anarchiste
célèbre pour sa fameuse formule "La
propriété, cest le vol !"
|
François-Vincent
Raspail (1794-1878)
chimiste, médecin et homme politique,
candidat à l'élection présidentielle de
1848
|
Les chansons circulent dans tous
les cabarets où on lit aussi les journaux. Chacun est au
courant de la manifestation du 15 mai 1848 à Paris et de
l'arrestation de Blanqui, de Barbès puis de Raspail, comme de
l'insurrection ouvrière de Paris du 23 au 27 juin 1848 qui a
provoqué des milliers de morts et des déportations de
masse vers l'Algérie.
Auguste Blanqui
(1805-1881)
révolutionnaire républicain socialiste
|
Armand Barbès
(1809-1870), républicain farouche,
éternel opposant à la Monarchie de Juillet
|
Blanqui
sest battu pour des idées neuves : le suffrage
universel (un homme, une voix), pour l'égalité
homme / femme, la suppression du travail des enfants... Son
surnom "lEnfermé" est dû au fait qu'il
passa près de 37 années en prison.
"Oui, Messieurs,
cest la guerre entre les riches et les pauvres : les
riches lont voulu ainsi. Ils sont en effet les
agresseurs. Seulement ils considèrent comme une
action néfaste le fait que les pauvres opposent une
résistance. Ils diraient volontiers, en parlant du
peuple : cet animal est si féroce quil se
défend quand il est attaqué."
extrait de la
défense dAuguste Blanqui en Cour dAssises
-1832
|
Le procès de la Haute Cour
de Bourges
|
Il a lieu au Palais Jacques
Cur, transformé en prison et en tribunal, du 7 mars au 3
avril 1849. Dans le donjon, "toutes les ouvertures sont
fermées par d'épais barreaux de fer et cachées
par des planches en forme de hottes". Dans les salles
voûtées de l'ancien trésor de Jacques Cur
est "la demeure destinée aux prisonniers". Dans le donjon
résident le général Courtais et Mme,
Flotté, Degré
Dans l'autre tour Barbès,
Sobrier, Albert (avec l'oiseau compagnon de sa captivité
à Vincennes), Raspail et son fils, Blanqui, et Quentin avec
ses tourterelles. Les dessins de l'Illustration sont faits
d'après Borget, professeur de dessin à Bourges, qui fut
l'ami d'Honoré de Balzac.
Parmi les grands témoins,
on notera Lamartine, Arago, Ledru-Rollin, Vidocq (l'un des
modèles de Vautrin).
Alphonse de Lamartine
(1790-1869)
poète, historien et homme
politique
|
François Arago
(1786-1853
astronome, physicien et homme politique
|
Alexandre Ledru-Rollin
(1807-1874)
avocat et homme politique
candidat à
l'élection présidentielle de 1848,
il fera adopter le suffrage universel
|
Eugène-François
Vidocq (1775-1857)
aventurier et détective
il inspira à Balzac
son personnage de Vautrin,
à Hugo celui de Jean Valjean
|
Les accusés sont lourdement
condamnés : Barbès et Albert à la
déportation, Blanqui à 10 ans de détention,
Raspail à 6 ans. Ainsi sont mis hors d'état de lutter
les principaux chefs révolutionnaires et démocrates
socialistes.
Dans les usines, les manufactures,
les ateliers du Cher, leurs portraits, mais aussi leurs idées,
circulent.
"Quel
écueil menace la révolution de demain ?
L'écueil où s'est brisée celle d'hier :
la déplorable popularité de bourgeois
déguisés en tribuns. Ledru-Rollin, Louis
Blanc, Crémieux, Lamartine, Garnier-Pagès,
Dupont de l'Eure, Flocon, Albert, Arago, Marrast ! Liste
funèbre ! Noms sinistres, écrits en
caractères sanglants sur tous les pavés de
l'Europe démocratique. C'est le gouvernement
provisoire qui a tué la Révolution. C'est sur
sa tête que doit retomber la responsabilité de
tous les désastres, le sang de tant de milliers de
victimes.
La réaction n'a fait que son métier en
égorgeant la démocratie. Le crime est aux
traîtres que le peuple confiant avait acceptés
pour guides et qui l'ont livré à la
réaction. Misérable gouvernement !
Malgré les cris et les prières, il lance
l'impôt des 45 centimes qui soulève les
campagnes désespérées, il maintient les
états-majors royalistes, la magistrature royaliste,
les lois royalistes. Trahison !
Il court sus aux ouvriers de Paris ; le 15 avril, il
emprisonne ceux de Limoges, il mitraille ceux de Rouen le 27
; il déchaîne tous leurs bourreaux, il berne et
traque tous les sincères républicains.
Trahison ! Trahison ! (...)
(...) On se prosterne
devant les baïonnettes, on balaye les cohues
désarmées. La France hérissée de
travailleurs en armes, c'est l'avènement du
socialisme. En présence des prolétaires
armés, obstacles, résistances,
impossibilités, tout disparaîtra.
Mais, pour les prolétaires qui se laissent amuser par
des promenades ridicules dans les rues, par des plantations
d'arbres de la liberté, par des phrases sonores
d'avocat, il y aura de l'eau bénite d'abord, des
injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère
toujours.
Que le peuple choisisse ! "
Auguste Blanqui
- 1851
|
Louis-Napoléon Bonaparte a
été élu Président de la République
en décembre 1848.
Dans le Cher, la droite se
rassemble en 1849 avec le soutien du Comité Napoléonien
et se présente comme "le grand parti de l'ordre, pour sauver
la société, menacée dans ses bases
éternelles, la Famille, la Propriété, le
Religion, par les doctrines sauvages des socialistes et des
communistes".
Dans le Cher, en 1849, les
candidats de droite sont battus. Les démocrates socialistes
s'organisent. Foultier, serrurier, est maire de Meillant, Desmoineaux
maire de Précy, Thomas de Jussy le Chaudrier et Jobiniot de
Charentonnay. La lutte politique revêt à Meillant et
dans le Val de Loire le caractère d'une lutte de
classes.
Louis-Napoléon
Bonaparte (1808-1873) est le 1er président de la
République française, élu le 10
décembre 1848 avec 74 % des voix au suffrage
universel masculin, ainsi que le 3e empereur des
Français (1852-1870) sous le nom de Napoléon
III. Il est donc à la fois le 1er président de
la République française et le dernier empereur
français.
La vague
révolutionnaire de 1848 le conduit à prendre
les devants en politique. Le coup d'État du 2
décembre 1851 lui permettra de mener la restauration
impériale à son profit et d'exercer un pouvoir
personnel sans partage.
|
|
"Que
peut-il ? Tout. Qu'a-t-il fait ? Rien.
Avec cette pleine puissance, en huit mois un homme de
génie eût changé la face de la France,
de l'Europe peut-être.
Seulement voilà, il a pris la France et n'en sait
rien faire.
Dieu sait pourtant que le Président se
démène : il fait rage, il touche à
tout, il court après les projets ; ne pouvant
créer, il décrète ; il cherche à
donner le change sur sa nullité ; c'est le mouvement
perpétuel ; mais, hélas ! cette roue tourne
à vide.
L'homme qui, après sa prise du pouvoir a
épousé une princesse étrangère,
est un carriériste avantageux.
Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui
sonne, ce qui brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il
a pour lui l'argent, l'agio, la banque, la Bourse, le
coffre-fort. Il a des caprices, il faut qu'il les
satisfasse.
Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit et
qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve
énorme, il est impossible que l'esprit
n'éprouve pas quelque surprise.
On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux
pieds, lui rit au nez, la brave, la nie, l'insulte et la
bafoue ! Triste spectacle que celui du galop, à
travers l'absurde, d'un homme médiocre
échappé."
Victor Hugo,
dans "Napoléon le petit" -
réédité chez Actes Sud
|
L'un des principaux organisateurs
à tendance socialiste est le conducteur des Ponts et
Chaussées de Nérondes, Victor Baron. Il écrit
des poèmes très engagés : "Les Chants du Berry".
Il sera révoqué après la publication d'un
pamphlet contre la droite et ses candidats Poisle-Desgranges, De
Voguë et Duvergier de Hauranne, intitulé "La Foire aux
Candidats". Il sera condamné le 29 janvier 1850 à 6
mois de prison.
En mars 1850, il écrit
"Revue de ma chambre", où il rend hommage à ses
camarades du Cher arrêtés.
Dès sa libération, il travaille comme
géomètre à la commission Bourdaloue de
nivellement du Cher. Il parcourt le département, surtout le
Val de Loire où il sera recherché en vain après
la mise en état de siège du département en
octobre 1851. Il passe à l'étranger où il
mourra.
Précy et la révolte
du Val de Loire
|
Depuis la Révolution de
février 1848, l'opposition à la droite et à
Louis Napoléon se radicalise à Précy. Le maire,
Edme Desmoineaux, aubergiste, en a pris la tête, aidé
d'Alexis Ragouat, maître maçon, et Henri Brault,
tailleur d'habits. Ils sont soutenus par les maires de Jussy le
Chaudrier et Charentonnay, mais surtout par la plus grande partie des
habitants. Les démocrates socialistes sont nombreux à
Saint
Léger le Petit,
Argenvières, Torteron, Beffes, Marseilles les
Aubigny
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Ils vont entrer en lutte contre le
maître de forges de Précy, Métairie, mais aussi
contre Servois, de Beffes. Derrière ceux-ci, c'est tout
l'appareil d'état, préfet, juges, ministres,
gendarmerie, qui intervient.
Dans la nuit du 17 au 18 septembre 1851, des bâtiments
d'exploitation sont incendiés.
Le substitut du Procureur de
Sancerre écrit le 21 septembre 1851 : "M. Métairie et
les personnes de sa maison nous ont donné une liste de
quarante-deux personnes". Le 29 septembre, il écrit au
Procureur Général : "Je pense, d'accord avec M.
Métairie et M. le Juge de Paix de Sancergues, que nous devons
paraître fermer les yeux sur le nouvel incendie et attendre que
les grandes affaires de société secrètes et
autres soient terminées."
Le Ministre de la Justice
répond au Procureur Général Corbin le 4 octobre
1851 : "Je ne saurais trop vous encourager à recourir
résolument à des arrestations préventives,
(
) il faut agir avec un certain esprit d'intimidation des
mauvaises passions".
Le 9 octobre, un coupable est
trouvé : Michot, de Saint
Léger le Petit, qui
a proféré des menaces d'incendie. Mais le 9 novembre,
Michot, dit Robinot, accuse M. Métairie de le payer pour
mettre le feu. Entre temps, on a arrêté le samedi 11
octobre à Précy le maire Edme Desmoineaux, Alexis
Ragouat et Henri Brault.
Dans la nuit du 11 au 12 octobre,
les habitants de Précy, de Charentonnay, de Jussy le
Chaudrier, de Saint
Léger le Petit, avertis
des arrestations, se réunissent et partent sur Sancerre,
armés de fusils, de faux emmanchées à l'envers,
de fourches et de goyards. Au nombre de deux cents, arrivés
à Ménétréol / Sancerre, ils sont
persuadés par le baron de Tasher et par l'officier de
santé Dugenne venu à leur rencontre de rebrousser
chemin., Desmoineaux et ses amis ne se trouvant plus à
Sancerre. En revenant à leur domicile, ils se trouvent face
aux gendarmes arrivant de La Guerche de Cosne, de Pouilly, et
à un détachement d'artillerie commandé par le
général d'Alphonse. De nombreuses personnes sont
arrêtées.
Dans la soirée du lundi 13
et la nuit du 14 octobre, les cinq communes se soulèvent
à nouveau et marchent vers La Charité / Loire. Il
semble bien cette fois que ces hommes pensent qu'un
soulèvement général avait eu lieu dans la France
entière. Sans véritables dirigeants, ils
s'arrêtent à l'écluse d'Argenvières et se
dispersent. Les uns sont arrêtés par les gendarmes et la
troupe, les autres se réfugient dans les bois ou les
îles de la Loire. Ils seront presque tous arrêtés
à la fin du mois de novembre 1851. L'état de
siège a été proclamé. Le gouvernement
soupçonne l'existence d'une société
secrète de défense de la République sociale,
appelée la Marianne, préparant un complot. Une
répression de masse s'abat sur toute la région, puis
sur tout le département.
Le brigadier de gendarmerie Dubus
témoigne : "A Précy, nous n'avons trouvé que
quelques rares habitants honnêtes effrayés. Sur la
route, nous avions remarqué que tous les villages semblaient
ne plus être habités
A la sortie de Jussy, nous
avons rencontré un nombre considérable d'individus
armés de fusils et de bâtons. Nous en avons
arrêté seize, les autres ont pris la
fuite."
Arrestation du phalanstérien
Guillerault
|
Le capitaine Léon Masson,
du 41e de ligne, témoigne :
"le 17 octobre, de Beffes,
Hier, le commandant m'a chargé de procéder à
l'arrestation de M. Guillerault, de La Charité / Loire
(
) Après avoir passé le pont de La
Charité, Guillerault a pressé le pas et il a
marché si vie que les sous-officiers qui l'accompagnaient
(
) lui ayant dit que s'il continuait à marcher ainsi ils
sauraient bien l'arrêter, il leur a dit : "Foutre ! Vous
êtes des imbéciles." Il m'a dit : "Vous ne savez donc
pas que je paie 500 F de contributions et que c'est moi qui vous paie
et qui vous habille." (
) Je lui ai dit que je comprenais le
désagrément de la politique (
) Bientôt il
nous a dit : "Je suis donc un homme bien important puisqu'il faut 50
hommes pour me conduire." En arrivant à Argenvières, il
a aperçu quelques paysans. Il a ôté son chapeau
en disant : "Messieurs ! Je suis M. Guillerault." On n'a pas
répondu. Seulement un paysan a ri et le sieur Guillerault
s'est écrié : "Voyez donc ces imbéciles qui
rient !" La pluie est tombée. Il a ouvert son parapluie et
m'en a offert a moitié. Il m'a dit : "Je ne sais pourquoi on
m'arrête car je suis ennemi des révolutions, je suis
phalanstérien." En arrivant à Beffes, il m'a dit :
"Voyez, capitaine, c'est là le commencement de la
Révolution. Vous n'êtes pas prêt d'en voir la
fin."
Les battues, les arrestations dans
le bassin du Val d'Aubois revêtent un caractère massif.
On les interroge sur leur appartenance à une
société secrète : la Marianne. Ils auraient
juré de défendre la République
démocratique et sociale, et pour cela de quitter leur famille.
Ils devaient garder secret ce serment.
De nombreux aveux ont été extorqués sous la
contrainte, mais d'autres ont un accent de
vérité.
Un des derniers
révoltés du Val de Loire, Leblond-Boulet, de
Saint
Léger le Petit, est
arrêté le 11 janvier 1852 à l'auberge du Coupoy,
au pied de la commune de Gron. Il semble avoir tenté de se
suicider. Le juge de paix de Baugy commente : "Je craignais qu'il ne
passât pas la nuit." Il sera transféré à
Bourges et passera en conseil de guerre.
L'état de siège du 16
octobre au coup d'état
|
Dans tout le département,
c'est la chasse à l'homme, sous la direction des commissions
mixtes. Le Préfet, l'armée, les juges, organisent la
répression.
Le 3 novembre 1851, à l'audience de rentrée de la Cour
d'Appel, le procureur général Corbin attaque "la presse
qui excuse et qui est prête à outrager les magistrats".
Il ajoute : "Là, tout à nos portes, a retenti le cri de
guerre, mais de cette guerre sans droit des gens et sans nom"
(
) "et qui vaudra beaucoup de sang" (
) "de cette guerre
effroyable qui veut se venger de Dieu et des lois" (
) " jusque
dans les plus obscurs réduits de nos campagnes, avec leurs
émissaires et leurs petits livres, a
pénétré la tentation du mal "(
) Il nous
faut " un gouvernement acclamé par tous au nom de l'ordre
(
) le gouvernement de Napoléon
Bonaparte".
On découvre une
société secrète au 9e Régiment
d'artillerie à Bourges. On arrête des artisans, des
commerçants, parce qu'ils se sont "occupés de
politique".
Le 20 octobre, le général d'Alphonse interdit 30
journaux, 20 almanachs, 37 brochures et 4 gravures. Il interdit des
chansons : La Lyonnaise, le Chant des Soldats et La Chanson des
Transportés, de Dupont. Les 9 et 23 novembre, il ordonne la
fermeture d'une quarantaine de cabarets.
On suspend les maires suspects : Pierre Noulain à Saint Martin
des Champs, Ernest Comoy à Laverdines, Jacques Simonet
à Corquoy, Louis Lebrun à Charost. On dissout les
gardes nationales de Foëcy, Charost, Germigny.
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Le 12 novembre, le Préfet
du Cher écrit : "Je suis informé qu'il se fait des
lectures à haute voix d'écrits socialistes, et en
présence d'un grand nombre d'ouvriers, dans la fabrique de
porcelaine de Vierzon. On m'annonce que des portraits de Blanqui et
de Barbès sont exposés dans les ateliers".
Le 17 novembre, le juge Mattei écrit : "Il y a une coalition
présumée des ouvriers de la forge de Vierzon pour
interdire le travail".
Le directeur a porté plainte. Pourtant il n'a pas payé
ses ouvriers depuis trois mois.
Le 30 novembre, on arrête des ouvriers.
6 décembre : "Le propriétaire de la fabrique de
porcelaine a dit l'un après l'autre, à chacun, en
suivant les ateliers, aux employés et aux ouvriers, que celui
qui chanterait dans les rues, ferait partie du moindre rassemblement,
parlerait politique, serait immédiatement chassé de la
fabrique".
15 décembre : "Le Baron Behr, directeur, auquel rien ne sait
échapper pour le maintien de l'ordre public, a avancé
la paye. Aussi tous les ouvriers de la forge pourront voter,
bannière déployé, oui".
Malgré l'état de
siège, malgré la répression, le 3
décembre 1851 des troubles éclatent à Saint
Amand Montrond. Des groupes se forment et défilent dans la
rue. Le sous-préfet et le commissaire de police sont
interpellés. Celui-ci tue alors M. Boileau d'un coup de
pistolet. Les habitants veulent sonner le tocsin. La
répression s'abat sur la ville. On procède à des
centaines d'arrestations et condamnations dans la ville et le
canton.
Les Commissions mixtes condamnent
hâtivement à la déportation en Afrique, en
Guyane, à l'internement hors du département. On ne fixe
aucune limite de temps à ces condamnations. Les listes portent
simplement en face de chaque nom A+ (Afrique plus) ou A (Afrique) ou
A- (Afrique moins) ou internement.
Pour Précy, les condamnations sont plus précises : de 6
à 10 ans à Cayenne, de 5 à 8 ans à
Lambessa.
En réalité, presque tous iront en Afrique. Ils sont 49
à Précy et Jussy le Chaudrier.
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A Torteron, on soupçonne un
complot à la forge. Le brigadier de gendarmerie Tarade en
dénonce aussi aux forges de Feuillarde "dans les communes de
Patinges, de Menetou-Couture, de Jouet". On arrête le
maréchal-ferrant, des journaliers, des cordonniers, un
charpentier aux chemins de fer, des ouvriers, des mineurs, un
tonnelier, des mouleurs, ajusteurs, charrons, sabotiers. Tous les
corps de métier y passent.
On arrête le docteur Commaille d'Ourouer les Bourdelins, ami de
Victor Baron, "très intelligent, le plus dangereux". Il sera
expulsé.
Les Commissions mixtes travaillent
à la tête du client. On traite les inculpés de
"mauvais", "ivrogne", "tapageur". On dispose de la vie des gens au
gré des ragots.
A Sancerre, plus de 20 personnes condamnées.
A Meillant, 44 internés et 11 transportés, dont
Foultier, l'ancien maire. La répression est lourde sur tous
les lieux de forge.
A La Guerche, 210 arrestations, dont de nombreux mineurs. Une dizaine
seront déportés.
A Bourges et à Vierzon, ils sont plus de 50 à
être arrêtés.
Aux Aix d'Angillon, à Baugy et à Nérondes, ils
sont plus de 50. A Sancoins, plus de 20.
La répression à Sagonne et à Givardon tourne
à la folie. On arrête pratiquement tous les
journaliers.
A Bessais le Fromental, on arrête même le sacristain :
"On renonçait à aller à la messe, à cause
des outrages qu'il fallait essuyer".
Le vote pour l'Empire ne sera
qu'une simple formalité, d'autant plus que les opposants sont
empêchés de voter.
Tous les hommes
arrêtés sont conduits dans les prisons de Sancerre et
Saint Amand, puis à Bourges. Ils ont froid et souvent ils ont
faim. Quand ils ont de l'argent, ils peuvent acheter du pain, du vin
et parfois de la viande. Les conditions d'hygiène dans les
prisons surchargées sont lamentables. Comme il n'y a pour
ainsi dire pas de sanitaires, ils vivent dans la fange.
Par centaines, après la
décision qui les concerne, on les envoie soit dans leur lieu
d'internement où ils se débrouillent pour trouver du
travail, ou, rassemblés jusqu'à l'embarcadère du
chemin de fer, ils sont expédiés dans des casemates
autour de Paris, notamment à Ivry / Seine. Là, ils
vivent entassés, en proie à la promiscuité,
parfois soumis aux mauvais traitements de leurs geôliers. Par
dizaines ils sont expédiés à l'hôpital
où certains meurent.
En février 1852, ils sont expédiés par chemin de
fer sur Le Havre, puis Brest. Sur le Berthollet, le Duguesclin, le
Magellan, par 200 ou 300, on les expédie à Cayenne ou
en Algérie.
En Guyane, ils vont trouver des
conditions de vie effroyables. Le climat et la maladie auront raison
de beaucoup d'entre eux.
Les condamnés à la
déportation en Algérie arrivent par milliers en avril
et mai 1852 à Alger.
Certains sont expédiés à la frontière de
la Kabylie, vers Constantine et Délisse, où ils sont
internés dans des camps. On leur propose de travailler.
Nombreux sont ceux qui acceptent. Les condamnés qui veulent
retourner en France doivent signer une demande en grâce
adressée au Prince Président, puis à l'Empereur.
Ils doivent montrer du repentir. Leurs demandes sont
expédiées en France au Procureur de la
République qui a eu connaissance de leur jugement. On
sollicite l'avis des juges de paix du canton ou du maire. Rien n'est
jamais acquis. On peut voir la durée de sa peine
allongée ou raccourcie au gré des hommes du
pouvoir.
Les hommes qui partent sont
vaincus, humiliés, mais ils restent debout. Les gens de la
Nièvre crient "Vive la République" quand leurs
camarades du Cher partent en Algérie.
Mais surtout ils chantent. Ce sont
Réméon Pescheux, ancien secrétaire de
Félix Pyat, et Pierredet, tailleur d'habits, journaliste et
chansonnier de Nevers, qui écrivent sur des airs connus, ou
encore les gars du Morvan qui chantent en patois.
Louis Mativet, barbier à
Sancerre, est décédé en Afrique.
Louis Laurent, de Beffes, est décédé à
Douera le 15 décembre 1952.
Philippe Boutet, 62 ans, est journalier à Sagonne : "Sans
ressources, faisant métier de propagandiste, il allait de
maison en maison lire le journal". Il est l'un des promoteurs de la
société secrète. On transforme sa peine en
internement. Pourtant il ne rentrera pas. Il va mourir au camp de
Douera le 4 octobre 1853.
L'aubergiste Edme Desmoineaux, maire de Précy, dont
l'arrestation avait servi de détonateur à la
révolte, va mourir en Algérie en juillet 1852 à,
l'Oued Bouttam. Il ne reverra ni sa femme ni ses enfants.
Désiré Robineau, des Aix d'Angillon, est
décédé lui aussi.
Durant cette répression,
devant la misère des familles, personne n'osera-t-il protester
?
George Sand par Delacroix
(1838)
|
George Sand par Nadar
(1864)
|
George
Sand est le pseudonyme d'Amantine Aurore Lucile Dupin, plus
tard baronne Dudevant (1804-1876). Elle écrit des
romans, des nouvelles, des contes, des pièces de
théâtre, une autobiographie, des critiques
littéraires, des textes politiques
Elle se lie à des démocrates comme Arago,
Barbès ou Bakounine et se réjouit en 1848 de
la chute du roi Louis-Philippe et de la fin de la Monarchie
de Juillet, affichant son engagement politique social et
communiste. Après les journées de juin, elle
se retire en 1851 à Nohant, contrainte
d'écrire pour le théâtre à cause
d'embarras financiers.
Victor Hugo déclarera le 8 juin 1876 : "Je pleure
une morte, je salue une immortelle !"
|
GEORGE SAND
(1804-1876), une femme visionnaire
Première
femme à vivre de sa plume, elle voulait être
l'égale de l'homme. Engagée politiquement,
libre sexuellement, la romancière était une
avant-gardiste.
Elle conquiert son
indépendance financière
A 27 ans, celle qui
s'appelle encore Aurore Dupin, baronne Dudevant, met fin
à une vie d'épouse bien rangée. Mal
mariée depuis 10 ans à un homme ennuyeux et
volage, mère de 2 enfants, elle quitte son domaine de
Nohant, dans le Berry, pour Paris en 1831. Avide de
liberté, elle doit gagner son indépendance
financière pour assumer cette nouvelle vie. La
littérature lui semble être le bon moyen.
Recrutée au Figaro, elle rédige ses papiers
anonymement, comme toute femme à l'époque.
Avec son jeune amant Jules Sandeau, elle écrit son
premier roman à 4 mains, signé J. Sand. Ce
succès d'estime la pousse à se lancer seule en
littérature et à se choisir un pseudonyme :
George Sand était née.
Elle crée le statut de
"femme auteur"
Avec plus de 70 romans, elle
est l'un des plus grands écrivains du XIXe
siècle. Son premier livre, en 1832, Indiana,
bouscule les conventions sociales et magnifie la
révolte des femmes dans une société
où elles n'ont aucun droit. Elle provoque le
scandale, mais suscite l'admiration et devient la coqueluche
du Tout-Paris. Elle fréquentera dès lors les
génies de son temps : Balzac, Flaubert,
Berlioz
Elle se moque des normes
Personne n'oublie George
Sand en tenue d'homme, troquant les robes de l'époque
contre la redingote noire et le chapeau, cigarillo aux
lèvres. Cet audacieux travestissement lui permettait
de se fondre dans la foule et de circuler facilement dans
Paris. C'était la liberté. George Sand voulait
la parité. Elle avait inventé quelque chose
qui n'existait pas, "un troisième sexe", comme
lui écrira, un jour, Gustave Flaubert.
Elle prône la
liberté sexuelle
Grande amoureuse, elle ne
s'empêche rien. Elle se comporte comme un homme, sans
états d'âme, multiplie les conquêtes et
rompt quand ça lui chante. Impensable pour
l'époque, elle se veut multiple : femme, amante er
mère. Elle aime les hommes plus jeunes. Sa relation
avec le poète Alfred de Musset fut aussi sublime que
destructrice. De cette passion naîtra, en 1836, le
chef-d'uvre de Musset, La confession d'un enfant du
siècle
leur histoire. Rien à voir
avec la tendre relation que George Sand entretiendra par la
suite avec son "Chopinet", le musicien polonais
Frédéric Chopin.
la
propriété de George Sand à Nohant
(Indre)
Elle investit la politique
"Je suis la fille d'un
patricien et d'une bohémienne", clamait-elle,
toujours soucieuse d'une répartition des richesses.
Mue par une soif de justice et d'égalité, elle
soutient le Révolution de février 1848, qui
renverse Louis Philippe, et devient la muse de la
Deuxième République. Elle se lance en
politique, domaine réservé aux hommes, fonde
un journal, La Cause du peuple, conseille
Ledru-Rollin. Mais les révoltes de juin 1848,
où l'armée intervient, cassent les ailes
à son beau rêve de république. "Je ne
crois pas à une république qui tue ses
prolétaires", écrira-t-elle depuis son
refuge de Nohant. C'est là, dans sa chambre
restée intacte, qu'elle s'éteindra le 8 juin
1876.
Source :
Emmanuelle Touraine - TELE 7 JOURS - mardi 2 août
2016
son bureau dans sa
propriété de Nohant
(Indre)
|
|
À
Aurore
|
La nature est tout ce
qu'on voit
Tout ce qu'on veut, tout ce qu'on aime.
Tout ce qu'on sait, tout ce qu'on croit
Tout ce que l'on sent en
soi-même.
Elle est belle pour qui la
voit
Elle est bonne à celui qui l'aime.
Elle est juste quand on y croit
Et qu'on la respecte en
soi-même.
Regarde le ciel, il te
voit
Embrasse la terre, elle t'aime.
La vérité c'est ce qu'on croit
En la nature c'est toi-même.
George
Sand
|
|
Quelques voix
s'élèvent et, parmi elles, le grand écrivain
George Sand.
Elle interviendra sans cesse en 1852 pour demander la
libération des cas qui lui sont soumis. Cela entraînera
la rogne et la grogne des procureurs et des juges de paix, tel celui
de Chateaumeillant qui écrit cette lettre furibarde le 17 mars
1852 au Procureur de la République : "J'apprends à
l'instant que Madame Dudevant (George Sand) fait à Paris les
démarches les plus actives pour obtenir la grâce
d'Apart, condamné à l'Afrique plus. Je vous prie de
déjouer ces projets qui, s'ils se réalisaient,
produiraient le plus funeste effet dans le pays"
Qu'il se rassure : l'instituteur Apart sera transporté en
Afrique.
Le curé d'Henrichemont
Deboutin est horrifié. Il écrit :
"Requête en faveur de mes quatre paroissiens dont les noms
suivent : Pellé, époux de Joséphine Couard,
Félix La Croix, Jules Auchère, Métivier, qui
sont aujourd'hui incarcérés.
Il est bien permis à un père spirituel de
s'intéresser au sort de ses enfants.
Ce serait pour lui une jouissance inexprimable si le
vénérable tribunal prononçait en leur faveur une
sentence de miséricorde.
C'est la grâce que leurs femmes et leurs petites familles
prient de leur accorder, et le pauvre vieux curé,
âgé de quatre-vingt-quatorze ans, descendra dans le
tombeau en frémissant et remerciant la providence.
J.B. Deboutin, chanoine honoraire du chapitre de la Cathédrale
de Bourges
Henrichemont, le 16 janvier 1852"
Ne voyant rien venir, il implore
son ami le curé Raymond, de Notre-Dame de Bourges,
d'intervenir. Celui-ci entend son appel et écrit au Colonel
commandant la Commission Militaire le 20 janvier : "Vous avez
quelques coupables, beaucoup n'ont été
qu'égarés (
) Songez à leurs pauvres
femmes, à leurs malheureux enfants qui auront faim quand ils
manqueront du travail de leur père".
Malheureusement, ils n'ont que peu
de chances d'être entendus. Le docteur Cambournac,
médecin conservateur, mais qui a donné cent francs
à Victor Baron à sa sortie de prison, est placé
sous surveillance.
Le commandant de gendarmerie des
Aix d'Angillon est ému par la misère des familles. Il
écrit : "François Leboeuf a 6 enfants.
L'aîné a 7 ans et le plus jeune 18 jours. La famille
tenait aux Aix une boutique d'épicerie et de rouennerie. Les
marchandises sont saisies depuis 15 jours. Cet homme est
indispensable à sa famille".
Georges Bâle, de Meillant, (en Afrique), est d'une famille
misérable et a trois enfants.
Claude Lemut, en Afrique, a 4 enfants à la
mendicité.
Ils sont les plus misérables parmi beaucoup d'autres.
Les familles ont reçu chacune 1 F du général duc
de Mortemart.
Jean Pacaud, 31 ans, à Ourouer les Bourdelins, a deux enfants
en très bas âge. Il est interné à
Ecueillé (Indre). Très malheureuse, sa femme a
été obligée de vendre son mobilier pour
vivre.
Christophe Auger, d'Ourouer, a un enfant en bas âge. Sa famille
est réduite à la mendicité.
Théodore Verrichon, des Aix, sabotier de 31 ans, est
interné à Tours. Ce bon ouvrier ne peut y trouver de
travail.
Fabre Gardion, de Dun / Auron, en Afrique, a 5 enfants de moins de
huit ans et sa femme est paralytique.
En 1855, le sous-préfet de
Sancerre est incapable de dire ce que sont devenues une grande partie
des personnes arrêtées en 1851.
Cette même année, le Préfet du Cher fait
établir une liste de gens dangereux dont certains "se
lanceraient dans l'émeute politique et socialiste, et
viseraient au pillage".
Le Procureur Impérial de Sancerre fournit un état des
hommes "qui pourraient exercer une action hostile au gouvernement,
mais dans le sens d'un bouleversement social. Ils sont dangereux et
influents".
En 1855, tout tourne autour du
socialisme. La tendance de cette opposition à se structurer
existe.
Dans 10 ans naîtra la 1re Internationale des
Ouvriers.
Sources :
- Annuaires du
Cher
- Archives
départementales du Cher
- Histoire des Conseils de
guerre de 1852 par les Auteurs du Dictionnaire de la
Révolution française - Paris -
Décembre-Alonnier libraire-éditeur -
1869
- Illustration 1849 -
Procès des accusés du 15 mai devant la Haute Cour de
Bourges - Paris - Editeurs Associés Rue Jacques de Brosse 8
- 1849
- Le Coup d'Etat du 2
décembre 1851 - Débats du procès entre M. le
Président du Conseil Général du Cher et
l'Union Républicaine - mai 1880 - Imprimerie M.A. Beaudelot
- Bourges - mai 1880
- Archives
personnelles
A la fin du XIXe siècle,
dans tout le Val de Loire, on remplace les hauts fourneaux par
l'exploitation de carrières pour fabriquer la chaux ou le
ciment, depuis La Chapelle Montlinard jusqu'à Torteron.
La chaux et le ciment sont évacués par le Canal
Latéral ou le Canal du Berry.
le Canal de Berry et le Canal
Latéral à la Loire - http://projetbabel.org/fluvial/rica_berry-canal-carte.htm
Dans la première
moitié du XXe siècle, les petites usines ferment. La
production est concentrée à Marseilles les Aubigny,
avec plus de mille ouvriers - Poliet et Chausson puis Ciments
Français. Sa production a décuplé mais on
n'emploie plus que moins de 200 personnes. La production est
évacuée par camions.
Roger Cherrier -
1955
Vous trouverez sur le site
http://tristan.u-bourgogne.fr:8088
les poursuivis de St Léger le Petit à la suite du coup
d'Etat de décembre 1851 :
Chrétien
Etienne
Lieu de naissance : Saint-Léger-le-Petit (Cher) - 25
ans - marié - 2 enfants
Domicile : Saint-Léger-le-Petit - Cher
Profession : Journalier
Décision de la commission mixte du Cher :
Algérie moins - Transporté en Algérie
à Douéra, province d'Alger
Motifs et observations dans l'Etat de la commission mixte :
Affilié à la société
secrète. A fait partie des deux prises d'armes de
Précy et de Beffes. Allait exciter les autres. Pris
les armes à la main, marchait en armes, son fusil
double chargé avec de la poudre
clandestine.
|
Despoigny
Michel
Lieu de naissance : Saint-Léger-le-Petit (Cher) - 36
ans - marié - 2 enfants
Domicile : Saint-Léger-le-Petit - Cher
Profession : Journalier
Décision de la commission mixte du Cher :
Algérie moins -Transporté en
Algérie
Motifs et observations dans l'Etat de la commission mixte :
A pris part à un grand nombre d'affiliations. Comme
son frère qu'il a fait affilier. Décurion. A
marché à l'insurrection de Beffes, armé
d'un fusil à deux coups, chargé. L'un des
coups était mélangé de fragments
d'étain paraissant provenir de fourchettes
coupées. Allait souvent avec d'autres aux
réunions chez Guillerault à la
Charité.
|
Giraud
Jean
Lieu de naissance : Précy (Cher) - 35 ans -
célibataire
Domicile : Saint-Léger-le-Petit - Cher
Profession : Journalier
Décision de la commission mixte du Cher :
Algérie plus
Motifs et observations dans l'Etat de la commission mixte :
S'est fait remarquer par sa violence dans les
événements de Beffes et forçait les
autres à marcher, proférait des menaces de
mort. Homme dangereux. Lors d'une perquisition faite
à son domicile, on a trouvé chez lui des
matières propres à faire de la poudre. La
société secrète comptait en lui un de
ses plus zélés propagandistes. En
fuite.
|
Julien,
dit Chichi Louis
Lieu de naissance : Beffes (Cher) - 45 ans - marié -
6 enfants
Domicile : Saint-Léger-le-Petit - Cher
Profession : Journalier
Décision de la commission mixte du Cher :
Algérie plus Transporté en Algérie
à Douéra, province d'Alger
Motifs et observations dans l'Etat de la commission mixte :
Insurgé de Beffes, appelait les autres pour prendre
les armes, les forçait à marcher, les poussait
avec le canon de son fusil, en menaçant de mettre le
feu. Comme Vincent Pivet se refusait à lui ouvrir sa
porte, il alla chercher un tison enflammé pour mettre
le feu aux bâtiments. Il ne donna pas suite à
son projet parce que Pivet céda et consentit à
marcher avec les bandes. Il est du nombre des ouvriers de M.
Desforges qui allaient aux réunions. Il gagnait de
bonnes journées. Sa conduite est inexcusable. A fait
des aveux complets.
|
Laurent
Martin
Lieu de naissance : Saint-Léger-le-Petit (Cher) - 40
ans - marié - 5 enfants
Domicile : Saint-Léger-le-Petit - Cher
Profession : Cultivateur
Décision de la commission mixte du Cher :
Internement
Motifs et observations dans l'Etat de la commission mixte :
Affiliateur intrépide. Presque tous ceux de Beffes
sont passés par les mains de ce courtier de la
société secrète. Il disait aux adeptes
qu'avec la République chacun serait heureux et
à son aise, qu'on pacagerait dans les bois, qu'on ne
paierait plus d'impôt. Paraît avoir pris part
aux mouvements de Précy et de Beffes. Car il disait
à Bureau qu'il voulait faire marcher le mardi 14 :
"Dimanche ce n'est pas voulu, marche avec nous aujourd'hui,
tu marcheras de gré ou de force" et en même
temps il fit le geste de le mettre en joue. Il accuse son
père de l'avoir perdu. C'est peut-être
vrai.
|
Lerasle
Joseph, dit Barnabé
Lieu de naissance : Jalognes (Cher) - 24 ans - marié
- 1 enfant
Domicile : Saint-Léger-le-Petit - Cher
Profession : Journalier
Décision de la commission mixte du Cher :
Algérie plus - Transporté en Algérie
à Douéra, province d'Alger
Motifs et observations dans l'Etat de la commission mixte :
A pris une large part aux faits de Beffes. Marchait avec une
fourche en fer. A pillé les armes de M. Bonnet et se
trouvait des 1ers au pillage. On a trouvé chez lui
une carabine. A la tête d'une bande a soulevé
la fenêtre de M. Bonnet en disant "Je vais f
le
feu aux bâtiments. Ils sont dedans, je les ferai bien
sortir". Au reste n'est pas signalé comme très
dangereux.
|
Monnin
Jean
Lieu de naissance : Tronsanges (Nièvre) - 26 ans -
célibataire
Domicile : Saint-Léger-le-Petit - Cher
Profession : Journalier
Décision de la commission mixte du Cher :
Surveillance
Motifs et observations dans l'Etat de la commission mixte :
Affiliateur. Insurgé de Beffes. Faisait office de
chef et marchait à côté de Leblond
Boulet. Ces deux insurgés forcèrent le tambour
de Saint-Léger d'aller chercher sa caisse et le
firent escorter par deux des meilleurs de la bande. Monnin
forçait le monde à marcher et disait aux
habitants qu'il les tuerait et qu'il f
le feu à
leurs bâtiments s'ils ne marchaient pas.
Néanmoins on ne le signale pas comme un des plus
dangereux.
|
Neveu
Jean
Lieu de naissance : Saint-Léger-le-Petit (Cher) - 32
ans - marié - 3 enfants
Domicile : Saint-Léger-le-Petit - Cher
Profession : Vigneron
Décision de la commission mixte du Cher :
Algérie moins - Transporté en Algérie
à Douéra, province d'Alger
Motifs et observations dans l'Etat de la commission mixte :
Un de ceux qui ont le plus affilié à Bessais.
Sa maison était le lieu ordinaire d'initiation. Les
chefs de Précy s'y rendaient souvent. A joué
le rôle principal dans l'insurrection de Beffes. Il
forçait les autres à marcher, exigeait de M.
Bonnet qu'il se mit à la tête des bandes. Etait
au pillage des armes de M. Bonnet. Il disait à un
cantonnier qui ne se pressait pas de les suivre : "Nous
allons revenir, si tu n'es pas parti, nous
t'égorgerons ainsi que ta femme et tes enfants". Il
voulait mettre les aristos à la tête du
mouvement. Propos atroces. Néanmoins a dit quelques
bonnes paroles à M. Bonnet pour le rassurer et
empêché qu'on ne le
fusillât.
|
Neveu
Louis
Lieu de naissance : Saint-Léger-le-Petit (Cher) - 32
ans - marié - 3 enfants
Domicile : Saint-Léger-le-Petit - Cher
Profession : Vigneron
Décision de la commission mixte du Cher :
Algérie moins - Transporté en Algérie
à Douéra, province d'Alger
Motifs et observations dans l'Etat de la commission mixte :
Chef de bande à Beffes. S'est alors montré
d'une exaltation extrême. Voulait défoncer les
tonneaux de vin. Demanda à M. Bonnet des armes et dit
qu'il voulait les avoir. Un de ceux qui voulaient mettre le
feu. Néanmoins cet homme bien méchant, dit un
témoin, est celui qui releva les fusils
chargés dirigés sur M. Bonnet qui avait
d'ailleurs fait du bien à sa famille.
|
Petit,
dit Blanchet Jacques
Lieu de naissance : Tronsanges (Nièvre) - 30 ans -
marié
Domicile : Saint-Léger-le-Petit - Cher
Profession : Journalier
Décision de la commission mixte du Cher :
Algérie plus - Transporté en Algérie
à Douéra, province d'Alger
Motifs et observations dans l'Etat de la commission mixte :
A pris une part active à l'insurrection de Beffes et
sa femme aussi. Celle-ci disait : "Enfin nous allons nous
carrer dans les habits des richards !". Petit portait une
faulx emmanchée à l'envers. Il figure parmi
ceux qui allaient sonner le tocsin à
Argenvières, un de ceux qui disaient "Les ordres sont
arrivés. Le tocsin va sonner par toute la France.
Vengeons nous". Escortait le tambour. Affilié et
affiliateur.
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istoire
de la campagne berrichonne
|
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ci,
des clichés centenaires :
|
|
à,
trois séries de cartes postales anciennes
:
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le canal et les
cimenteries
|
|
les bâtiments de la
commune
|
|
les rues et les
gens
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lain
a quitté le village en 1962
|
|
|
erci
de fermer l'agrandissement sinon.
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