Vers
898, fuyant les envahisseurs normands, les moines de Saint Maixent
prirent la décision de quitter leur monastère on
emportant leurs richesses et le corps de leurs saints. C'est ainsi
qu'un groupe, responsable des reliques de Saint Léger, se
dirigea vers l'Auvergne et se fixa à Ebreuil, actuellement
chef-lieu de canton de l'Allier, au bord de la Sioule. Une magnifique
abbaye fut élevée à la mémoire du saint
évêque d'Autun.
L'abbatiale Saint Léger
d'Ebreuil est l'une des églises les plus intéressantes
de la basse Auvergne. Son plan témoigne d'une longue histoire
monumentale où l'on distingue cinq campagnes de construction.
En 961, une première église aurait été
édifiée par les moines poitevins de St Maixent qui
avaient trouvé refuge à Ebreuil. Passé le
péril, une partie d'entre eux s'y installa
définitivement.
Le chevet de cette église
primitive dut subsister jusqu'à la construction du chur
gothique. Il en reste l'arc triomphal situé à
l'entrée de l'abside. C'est vers 1080 que le pape
Grégoire VII érigea le monastère d'Ebreuil en
abbaye bénédictine, relevant directement de
Rome.
Le calme revenu, vers 929, les moines
restés à St Maixent réclamèrent le retour
des restes de Saint Léger. Malgré de nombreuses
négociations, les terres d'accueil ne tenant guère
à se séparer des reliques leur ayant apporté une
exceptionnelle réputation, le corps de Saint Léger
resta à Ebreuil et les moines de Saint Maixent ne
reçurent que d'infimes parcelles, "pesant au total 9
onces" (environ 400 grammes). Depuis cette époque et
jusqu'au XVI° siècle, les restes de Saint Léger
reposaient sous le maître autel d'Ebreuil. A cette
époque, ils furent placés dans une grande châsse,
de nos jours placée sur un socle, derrière le
maître autel. C'est un coffre rectangulaire en chêne,
à toit en battière, recouvert de cuivre argenté,
orné de médaillons et de sujets en cuivre. On peut la
dater du XVI° siècle, mais elle a été assez
maladroitement restaurée au XIX°. Elle ne conserve plus
les reliques de Saint Léger.
Eglise abbatiale
d'Ebreuil - Châsse de Saint Léger (XVIe
siècle)
Bois recouvert de cuivre argenté
Au XVIII° siècle,
l'abbaye passa aux Charitains qui, sur l'emplacement du
monastère, créeront un hôpital et en 1767, leur
supérieur fit ouvrir la châsse en présence de
notabilités religieuses et civiles. Le procès-verbal
mentionne qu'on en retira "Un paquet plié d'un linge,
ensuite enveloppé et lié dans une peau... il s'est
trouvé dans ce paquet les ossements ci-après :
premièrement la partie supérieure du crâne, plus
les deux fémurs, plus le coquecis, un des isles, plus trois
vertèbres du dos, deux du col, deux côtes vraies, quatre
morceaux de fausses cottes, les pierreux ou le grand angle de
l'il, une partie de la mâchoire inférieure du
côté gauche, et plusieurs autres morceaux d'os qui se
sont trouvés cassés, et à la réquisition
des soussignés, en avons mis un morceau d'une cotte dans un
reliquaire en forme de bras recouvert en feuille d'argent, lequel
reliquaire sera porté à l'église paroissiale de
la ville d'Ebreuil, avons aussi retiré de la chasse deux
ossements, dont un est un morceau de cotte, et l'autre un morceau de
doigt."
la châsse vue
d'un côté...
... puis de
l'autre
L'orthographe de l'époque
déroute un peu déroute également la façon
de décortiquer le squelette d'un saint, au cours des
siècles passés. Le procès verbal poursuit
:
"Pour satisfaire à la
dévotion de Monseigneur I'Evêque de Clermont qui nous a
témoigné son désir à cet égard,
avons enfin replié toutes les dites reliques dans un linge,
ensuite couvert et plié le linge de la peau que nous avons
lié de quatre rubans de la même couleur, ayant
trouvé dans la châsse des vieux linges, les avons
distribués au peuple qui avait accouru à la
cérémonie, avons aussi fait toucher aux reliques
quantité de croix, chapelets et heures de tous que nous avons
dressé le présent procès verbal dont un double a
été remis dans la châsse que nous avons fait
fermer à clef et fait recouvrir la châsse des
mêmes lames de métal qui y étaient avant
l'ouverture. Fait et clos dans l'église abbatiale de la ville
d'Ebreuil le jour de la fête de Saint Benoit : vingt et un mars
mil sept cent soixante sept entour l'heure de six du soir et avons
signé avec tous les principaux présents à tout
ce que dessus."
Quelques années plus tard
survint la révolution qui dispersa, en même temps que
bien d'autres choses, le contenu de la châsse dans la
Sioule.
Bulletin paroissial
d'Ebreuil, juin 2003
Ebreuil
Merci à Yves (St Léger
sous Cholet - 49), de passage à Ebreuil, de s'être
procuré ce bulletin paroissial, et à Raphaël (St
Léger les Paray - 71) d'avoir joué les photographes le
15 septembre 2004. Ce jour-là, l'église
était fermée pour cause d'incendie ! Une femme, au
presbytère, lui a ouvert l'église qui devait rester
fermée 3 à 4 semaines pour nettoyage. Quant à la
châsse de St Léger, elle devait partir vers Paris pour
restauration et nettoyage...
D'autres liens :
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pour visiter
l'église
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https://www.stleger.info