(...)
D'Artagnan vend des chevaux, quelques-uns magnifiques, si on en juge
par les prix qui lui en sont donnés : 30 pistoles pour
lun, 25 louis dor pour un autre, 2 000 livres pour un
troisième cédé à un mousquetaire qui
porte son nom (...)
(...) On lui donnait maintenant le titre de comte dArtagnan,
et, dans les loisirs que lui laissaient le soin de sa compagnie, les
revues, les manoeuvres au Pré-aux-Clercs ou au Bois de
Boulogne, il prenait sa part des plaisirs ou des devoirs de
société. Quelquun de ses mousquetaires venait-il
à avoir un enfant, Charles de Castelmore, comte
dArtagnan, capitaine-lieutenant des Grands mousquetaires du
roi, apportait au nouveau-né le parrainage recherché de
sa gloire. Ainsi tint-il sur les fonts du baptême
Charles-Joseph, fils dAbraham-Joseph de Casenave, gentilhomme
béarnais et mousquetaire, et de Marguerite Jonquet sa femme;
et, peu après,
le
fils de son premier maréchal des logis, Adrien Malaisé,
seigneur de Saint-Léger*
(...)
* le 9 avril 1671 (Dictionnaire
critique de biographie et d'histoire, par Auguste Jal, 1872, 3e
édition)
d'Artagnan
Pour détruire la Hollande et
prendre à ses marchands cossus les richesses qui allumaient la
convoitise de Colbert, la campagne de 1672 navait pas suffi. Au
printemps de lannée suivante, larmée se
remit en marche. Le 1er mai, le roi quitta Saint-Germain avec la
reine, madame de Montespan grosse, et toute la cour.
Tandis que Condé se tenait sur
la défensive en Hollande, et Turenne sur la rive droite du
Rhin, Louis XIV, secondé par Vauban, entrait dans les Pays-Bas
espagnols. Après avoir menacé Gand, puis Bruxelles, on
tourna vers lest, du côté de
Maëstricht.
Les 2 compagnies de mousquetaires
faisaient naturellement partie de larmée. La 2e
compagnie, montée sur des chevaux noirs, était aux
ordres de M. de Montbron, le même qui sétait
illustré en 1667 à lassaut de Lille. A la
tête de la première, ci-devant des Grands mousquetaires,
aux montures alors uniformément blanches, était, bien
entendu, celui que les annuaires de lépoque appellent
"Messire Charle de Castelmore, seigneur dArtagnan". Le
sous-lieutenant, Jean-Louis de Castéras de la Rivière,
parent du capitaine, vieil officier dont Courtils de Sandras a
parlé sans beaucoup déloges, lenseigne et
le cornette, MM. de Jonvelle et de Maupertuis, 6 maréchaux des
logis, MM. de Saint-Mars, de
Saint-Léger, des
Claveaux, de Rigoville, de Vaudreuil, de Saint-Papoul, le commissaire
à la conduite, M. de La Rapée, 4 brigadiers, MM. Malet,
de Saint-Vincent, de La Coste, de Saint-Martial, 16 sous-brigadiers,
se partageaient à tous les degrés
lautorité sur 250 mousquetaires ; 3 fourriers, 4
tambours, 4 hautbois, 1aumônier, 1 chirurgien, 1 apothicaire, 1
maréchal-ferrant, 1 sellier, 1 armurier, enfin 1
trésorier, M. de Casenove, complétaient leffectif
de la compagnie.
La solde du sous-lieutenant
était de 200 livres par mois ; celle de lenseigne et du
cornette de 150 ; celle des maréchaux des logis de 75 ; celle
des brigadiers de 21 écus. Les mousquetaires touchaient 40
sous par jour, soit 20 écus par mois ; les fourriers, etc, 30
sous, soit 15 écus par mois.
Maëstricht, ville principale du
Brabant hollandais, est située sur la Meuse qui coupe la ville
en deux parties très inégales, dont la plus petite
forme un faubourg nommé Wick.
En 1673, le corps de la place
nétait fortifié que dune bonne muraille
flanquée de tours ; cétait lancienne
fortification du Moyen âge quon avait transformée
pour la mettre en état de résister au canon. Les murs,
arasés et remparés, formaient des boulevards. Les
défenses extérieures comprenaient cinq ouvrages
à cornes, bien retranchés, quelques bastions
détachés, plusieurs demi-lunes revêtues,
cest-à-dire dont les escarpes et les contrescarpes
étaient muraillées. Le tout était
environné dun excellent chemin couvert. Cette
fortification offrait à lassaillant de sérieux
obstacles. Quant à la garnison, elle était
composée de 5000 hommes dinfanterie, de 1000 cavaliers
et de quelques milices bourgeoises. Le gouverneur, M. Jacques de
Fariaux, baron de Maulde, français dorigine, avait
déjà commandé à Valenciennes en 1656,
lorsque cette ville fut attaquée par Turenne et le
maréchal de La Ferté, qui durent abandonner leur
entreprise. Il avait la réputation dun excellent
capitaine.
lettre à
Louvois
Maëstricht fut investi le 10
juin 1673, et le siège commença. Il devait faire
époque dans l'histoire de l'attaque des places. Pour la
première fois, en effet, Vauban y employa les
parallèles, dont après lui on fit usage si longtemps,
et avec tant de succès.
Les Français, animés
par la présence de leur roi, achevèrent les lignes de
contrevallation et rassemblèrent munitions et vivres. La
tranchée fut ouverte par 3 bataillons, soutenus par 8
escadrons de la Maison du roi.
La principale attaque était
à la porte de Tongres, couverte par une grande demi-lune
quil fallait emporter pour arriver à battre le corps de
place et à faire brèche.
Le samedi 24 juin, jour de
Saint-Jean, vers dix heures du soir, les canons français du
Mont-Saint-Pierre allumèrent des feux de joie dans le ciel
nocturne. A ce signal, 300 grenadiers, la première compagnie
des mousquetaires, et le comte de Montbrun, à la tête de
4 bataillons du Régiment du roi, attaquent la contrescarpe de
la porte de Tongres. Le combat fut rude, opiniâtre. Enfin les
ennemis plient. On sinstalle dans la demi-lune quon
charge aussitôt de gabions et de fascines, luttant en
même temps contre les retours offensifs de lennemi. Toute
la nuit se passe dans ces angoisses.
Au petit jour, le dimanche 25 juin,
le feu se ralentit. M. de Fanaux, après sêtre
rendu compte de la situation, envoie dans les galeries conduisant aux
mines pratiquées sous la demi-lune que les Français
occupaient, pour reconnaître si ceux-ci ne travaillaient pas
à les découvrir. Le capitaine des mineurs revient dire
que lennemi contremine et quil faut se hâter. Vers
onze heures, les deux mines sautent, mais lexplosion neut
pas toute la force quattendaient les Hollandais, parce
quelle se produisit en terre remuée. En même
temps, le gouverneur charge à la tête de son monde du
côté du ruisseau du Jar. Après deux tentatives
infructueuses, il réussit à chasser les Français
du chemin couvert.
Le lieutenant-général
qui commande fait demander quelques mousquetaires à
dArtagnan. Celui-ci nest pas "de jour", ayant
donné la nuit précédente à la tête
de sa compagnie qui a subi de grosses pertes ; il ne sest
retiré quau moment où les pionniers ont
établi le retranchement qui mettait les troupes de garde
à labri des retours offensifs de la garnison.
Néanmoins, il vient en personne ; ses hommes se battent en
braves gens, à leur habitude. Louvrage est
emporté une fois encore, et on sy fortifie.
Mais quand les mousquetaires
revinrent, leurs épées faussées et sanglantes
jusquà la garde, et quils se comptèrent, on
saperçut que, dans ces deux attaques, 80 hommes de la
première compagnie étaient restés morts sur le
carreau, et que 50 autres avaient reçu de graves blessures.
Quétait devenu le capitaine ? Il manquait à
lappel...
d'Artagnan
DArtagnan était
adoré de ses soldats. Saint-Léger,
premier maréchal des logis de la
compagnie, et quelques autres
passèrent par-dessus le retranchement et rentrèrent
dans la partie de la demi-lune que battait le feu de lennemi.
Ils trouvèrent leur capitaine bien en avant, tué raide,
la gorge traversée par une balle de mousquet. Ils
ramenèrent son corps sous une grêle de balles. Il
était une heure après midi.
Ainsi le brave soldat quavait
été Charles de Castelmore dArtagnan, suscitait,
même mort, des actes dhéroïsme.
Cétait une belle récompense, et quil
eût enviée. Les regrets que dArtagnan laissa
après lui furent immenses et sincères. On savait que,
très avant dans les bonnes grâces du roi comme il
était, il eût fait, ainsi que le dira plus tard
Saint-Simon, une "fortune considérable". On admira que son
courage seul leût conduit au danger et à la mort,
alors que son service ne lexigeait pas. En prose, en vers, on
chanta ses mérites. Le roi le pleura et le loua dignement,
ainsi que la Grande Mademoiselle et beaucoup dautres
(...)
les trois
mousquetaires et d'Artagnan
Source : "D'Artagnan,
capitaine des Mousquetaires du Roi", par Charles Samaran, Membre de
l'Institut, 1967, Imprimerie Th. Bouquet, 32 Auch (Gers)
Ces documents nous ont
été fournis par Jean-Claude Leblanc, 39 Hubert
Street
Cambridge, Ontario, N3C 3M5, CANADA
adresse électronique : leblanciva@hotmail.com
Jean-Claude cherche le portrait, château natal et
résidentiel, la généalogie et la biographie
d'Adrien Malaisé de Saint-Léger, pour l'inclure dans
son étude historique sur Les Quatre Mousquetaires.
Il doit y avoir en France une localité et un château
portant le nom "Saint-Léger" d'où est originaire ce
mousquetaire, sa famille et sa descendance.
Si vous pouvez nous
renseigner,
|
complément :
Journal historique des deux
Compagnies
des Mousquetaires du Roi
par Simon
Lamoral Le Pipre de Neuville
(troisième partie 1673)
|
(...) Il est juste qu'après
avoir nommé ceux qui ont si vaillamment versé leur sang
dans cette occasion, de rapporter la générosité
de M. de St.
Leger premier Maréchal
des Logis de la Compagnie de M. d'Artagnan ;
St.
Leger ne voyant point revenir
son Capitaine de la demi-lune, résolut d'aller le chercher
quelque péril qu'il y eut dans l'espérance qu'il
pourrait le sauver, et comme M. d'Artagnan était très
aimé de sa Compagnie, trois ou quatre Mousquetaires
s'offrirent pour le seconder dans ce généreux dessein ;
à peine furent-ils à l'entrée de la demi-lune
qu'ils l'aperçurent mordant la poussière, étant
reconnaissable à ses armes, ce qui les saisit de douleur ;
mais comme le temps n'était pas propre pour s'y abandonner,
ils ne songèrent qu'à exécuter leur entreprise,
dont ils vinrent à bout, malgré l'opposition des
ennemis, et qu'un d'eux eut été
blessé.
Arrivée de
Louis XIV au camp devant Maëstricht (juin 1673)
par Adam Frans Van Der Meulen - © Hervé Lewandowski,
Réunion des Musées Nationaux
La mort de M. d'Artagnan apporta
beaucoup de changement dans la Compagnie ; M. de Forbin, Major des
Gardes du Corps, eut sa place de Capitaine Lieutenant, M. de la
Rivière, sous-lieutenant étant d'un âge fort
avancé, se retira avec 25 000 mille écus, dont le Roi
le gratifia, et une pension annuelle de 100 écus.
M. de Maupertuis, Enseigne, eut cet emploi.
M. de la Hoguette, Cornette, fut enseigne.
M. de Moissac, Aide Major aux Gardes, qui donna des marques
très distinguées de sa valeur pendant ce siège,
eut la Cornette, quoi qu'elle dût appartenir à
M. de St.
Leger dont je viens de parler
; mais Sa Majesté qui entrait avec beaucoup de bonté
dans le détail de la fortune de ses moindres officiers,
sachant qu'il n'était pas riche et chargé de famille,
lui donna dix mille écus, ce qui lui fut beaucoup plus utile.
Après que Louis XIV eut pourvu à tout ce qui
était nécessaire pour la conservation de Maastricht, il
partit pour se rendre par la Lorraine dans la Haute Alsace, où
les deux Compagnies l'accompagnèrent (...)
Source :
http://vial.jean.free.fr/new_npi/revues_npi/31_2003/npi_3103/31_fra_mdr_mousq6.htm
https://www.stleger.info