Le
16 novembre 1700, Louis XIV annonce à la cour quil
accepte le testament de Charles II dEspagne. Cette
journée est restée célèbre. Le roi de
France présente ainsi son petit-fils, âgé de 17
ans, qui ne parle pas un mot despagnol : « Messieurs,
voici le roi dEspagne ! ». Puis il déclare
à son petit-fils : « Soyez bon Espagnol, cest
présentement votre premier devoir ; mais souvenez-vous que
vous êtes né Français pour entretenir
lunion entre nos deux nations ; cest le moyen de les
rendre heureuses et de conserver la paix de lEurope. »
Castel dos Rios, lambassadeur espagnol, sexclame : «
Il ny a plus de Pyrénées !
»
Le voyage de Versailles à
Madrid est loccasion de festivités sur tout le parcours.
Un membre de lescorte royale a écrit un journal de
voyage sous forme de lettres.
Ci-dessous partie de de la chronique de Duché de Vancy
(1668-1704), lettres qui décrivent les villes-étapes et
les péripéties du voyage. La Cour voyage et
samuse...
Léquipage et la suite du
futur roi Philippe V dEspagne se composaient de 33 carrosses,
27 fourgons, 37 surtouts, 50 chariots et 174 chevaux.
Louis
XIV
Lettre XIII -
Saint-Léger-de-Mesle - 21 décembre
1700
|
"Nous partîmes hier de
Lusignan, à six heures. Nous marchâmes longtemps sans
voir ; mais enfin le jour nous rencontra en chemin. Il faisait rude
de marcher, à cause de la gelée. Nous passâmes
par Chenay. Nous commençons à ne plus entendre le
langage des paysans. Ces derniers jours, nous ne rencontrions que des
mules attelées avec des sangles par la tête ; à
présent, ce sont des bufs conduits de deux en deux, par
un homme qui a son manteau sur les épaules et une gaule
à la main."
le petit-fils de
Louis XIV, Philippe de France, duc d'Anjou
A 17 ans, il devient Philippe V d'Espagne et prend le nom de Felipe
de Borbón.
Son règne, de 45 ans et 21 jours, est le plus long de la
monarchie espagnole.
Lettre XIV -
Saint-Jean-dAngély - 23 décembre
1700
|
"Nous sommes partis le 21 de
St-Léger. Nous avons passé à Brion, à
la Ville-Dieu, à Aunay, par les églises
dArgenteuil, St-Julien, et nous sommes arrivés ici
après avoir traversé la Boutonne, rivière
divisée en cet endroit en deux bras, sur deux ponts de trois
arches chacun. Le Roi et les Princes ont logé à
labbaye St-Benoît ; larchevêque de Tours en
est abbé, et cela lui vaut 7 000 livres de rente.
St Jean-dAngély est une
petite ville de la Saintonge, située sur la Boutonne, petite
rivière qui tombe dans la Charente, au pied dune
colline. Les maisons y sont mal bâties, et les rues
étroites, mal pavées. La plupart de ses habitans sont
encore de la religion prétendue réformée dans le
cur, et nen font pas mystère.
Au dîner, le maître
dhôtel servant auprès du roi dEspagne, fit
voir une chanson quon lui avait envoyée de Paris, sur le
départ du roi dEspagne, dont lair est celui du
noël "Où est-il le petit nouveau-né ?" La voici
:
Où sen vont
tous les bourgeois
Epars dans la campagne ?
Nous allons voir encore une fois
Le nouveau roi dEspagne :
Ne pouvant aller suivre ses lois,
Notre cur laccompagne.
Quel air plein de
majesté !
Quel charme lenvironne !
Que de grandeur, de fierté,
Dans toute sa personne !
Quil va faire, avec tant de beauté,
Dhonneur à sa couronne !
À sa grâce,
à sa douceur,
Cest le dieu de Cythère ;
A sa force, à sa valeur,
Cest le dieu de la guerre :
Il sen va régner sur tous les curs,
Et commander et plaire.
Dedans un riche pays
Il trouve plus dun trône ;
Il en deviendra lappui :
Le ciel ainsi lordonne.
Pourrait-on quitter notre Paris,
A moins de vingt couronnes ?
De la race de Louis
Vous choisissez un maître ;
Espagnols, en rois exquis
Vous savez vous connaître :
Dun héros il est le petit-fils,
Et mérite de lêtre.
A peine ce nouveau lis
A commencé déclore,
Quil va vous rendre soumis
LAfricain et le Maure :
Vous verrez vos plus grands ennemis
Fuir devant cette aurore.
Que vous êtes
glorieux,
Quel sort vous accompagne,
De trouver parmi nos dieux
Le roi de votre Espagne !
Faites-lui donc descendre des cieux
Une aimable compagne.
Le Roi que vous nous
devez,
Dans sa vive jeunesse,
Des héros les plus posés
Egale la sagesse :
Le trésor que vous nous enlevez
Vaut mieux que vos richesses.
Vous jouirez
désormais
En paix de votre terre ;
Vous nentendrez plus de près
Gronder notre tonnerre :
Votre Roi vous confère la paix,
Et dissipe la guerre.
Pour bien rehausser
léclat
De votre diadème,
Pour bien régler votre état,
Et quun peuple vous aime, µ
Prince, imitez votre grand-papa,
Soyez en tout lui-même.
|
Le Roi et le duc de Bourgogne
passèrent laprès-dîner chez le duc de
Berry, parce que la fenêtre de lappartement de ce dernier
donnait sur une basse-cour, où ils soccupèrent
à tirer sur des poules et sur des moineaux. Cest ici que
lon a appris que les Vénitiens avaient refusé le
passage aux troupes de lEmpereur. Après le souper, le
Roi et les Princes samusèrent à voir Batiste
jouer des gobelets, ce qui les divertit beaucoup pendant toute la
soirée."
la suite ici
Source : Lettres
inédites de Duché de Vancy, contenant la relation
historique du voyage de Philippe dAnjou, appelé au
trône dEspagne, ainsi que des Ducs de Bourgogne et de
Berry, ses frères, en 1700 - par Colin et Raynaud - Paris
1830
Lu sur un
site à découvrir !
"La passion de l'histoire en Saintonge, Aunis et
Angoumois"
https://www.stleger.info