a
construction de la ligne de chemin de fer
Montluçon / Guéret / Limoges par la
Compagnie des Chemins de fer d'Orléans est
le point de départ de l'extraction de pierre
sur le Maupuy. En 1866, cette compagnie fait une
demande pour s'approvisionner en pierre du Maupuy,
au grand dam des habitants qui se plaignent des
trous non bouchés par les carriers et des
incendies volontairement allumés pour
dégager les blocs. S'ensuit une
période d'extraction plus ou moins
sauvage...
1912 - le
Maupuy voit s'installer une véritable
équipe d'ouvriers qui s'attaquent aux
énormes rochers qu'on appelle "les boules
roulantes". Ils sont dirigés par les
frères Louis et Jean-Baptiste Marceau,
entrepreneurs à Chabanais en
Charente-Maritime, accompagnés par
François Solas. La "carrière Marceau"
est créée à peu près
sur l'emplacement actuel du "relais du Maupuy".
En 1920, elle est achetée par la
"carrière Perceval" et continue son
activité sous sa direction.
le
relais du Maupuy
1913 -
Alexandre Lécluse, entrepreneur
installé à Nanterre, originaire de St
Sulpice les Feuilles (87), décide de
gérer lui-même son apport de pierres.
Il signe l'acte qui lui donne le droit d'exploiter
une carrière sur une partie du communal de
St-Léger, sur le flanc du mont, à peu
de distance de la route de Bénévent
et forme une équipe avec pour directeur un
vosgien, M. Denève, et pour chef de chantier
M Chazet. Ces hommes, logés au château
de Clocher, embauchent sur place une trentaine
d'hommes : carriers, tailleurs de pierre,
épinceurs. Ce sera la "carrière
Denève".
De cette carrière seront taillés des
pavés pour les voies, les quais et les gares
du métro, le pavement des
chaussées, les bordures de trottoirs.
Un plan incliné de 200 m, muni de rails,
permet à des wagonnets de transporter
jusqu'à la route les produits finis.
Il est
prévu la construction, en contrebas de la
route de Bénévent, de14 maisons
individuelles pour loger ouvriers et familles.
Seuls 2 chalets de bois sont terminés, un 3e
est en cours lorsque le 4 août 1914 sonne la
déclaration de guerre et l'arrêt des
exploitations.
1919 - La fin de la guerre permet une reprise
d'activités dans les carrières
Marceau et Denève.
A cette époque, les tailleurs de
pavés gagnaient 20 francs par jour pour 100
pavés finis, une prime était
accordée pour tout pavé
supplémentaire.
La
carrière Denève ne suffisant plus
à fournir, le propriétaire
rachète la carrière de Glénic
qui avait servi à la construction du viaduc
avant 1906.
Ces carrières fournissent, en pavés
et bordures de trottoir, Paris surtout mais aussi
Loches, Tours... S'y ajoute l'édification
des monuments du souvenir tel, à Paris, le
socle de la statue du Général Mangin.
1935 -
L'entreprise Lécluse dépose son
bilan. M Denève rachète les droits de
la carrière, et avec une vingtaine
d'ouvriers devenus actionnaires est
créée une société
coopérative "la Société des
Granits de la Creuse". A cette époque, celle
du Front Populaire, s'organise le "Syndicat des
Carriers du Maupuy" qui demande 4 francs de salaire
horaire et une durée journalière de
travail de 8 heures.
1939-1945 - Le Maupuy, devenu un véritable
fromage de gruyère, continue son
activité.
Le 25 juin 1944, M Auguste Denève est
arrêté, avec 90 autres
Guérétois, par la Milice et
emprisonné à Limoges.
1948 :
décès de M Denève. La
secrétaire de l'organisation, Mlle Goumy,
devient directrice de la Coopérative.
1966-1967 : vente de la Carrière
Denève et fin de la Coopérative.
Deux entrepreneurs creusois, MM. Marsicaud et
Montenon, vont l'exploiter pendant quelques
années.
la
"Grande Carrière" ou
"Carrière des Anglais" ou
"Carrière Perceval"
|
Le 16
février 1920 est accordé à M
le vicomte Georges de Mauduit un droit de
préemption pour la location de 25 ha de
terrain sur le communal du Maupuy. Cette
exploitation prend le nom de "Société
Anonyme des Carrières de Granit du Massif
Central."
Le directeur, un sujet britannique, M. Perceval,
qui s'installe au château de Clocher -
où logeait auparavant M Denève -
amène avec lui deux autres anglais, M.
Gully, comptable et M. Blanche, chef de chantier.
La société, qui a de gros moyens
financiers, embauche 200 ouvriers, d'où le
nom de "la Grande Carrière". Elle comptera
300 ouvriers en 1933.
Les pierres
de toutes les carrières du Maupuy, dans les
années 20, vont à Paris, Lyon,
Dunkerque, Brest, Bordeaux, Marseille..., servent
à la construction des barrages d'Eguzon,
Châtelus-le-Marcheix. Dans les années
1947-1952 elles serviront à la construction
des barrages de Tignes, Donzère-Mondragon ou
Génissiat.
Comme les
exploitations précédentes, elle
commence par "les boules roulantes". Lorsque celles
ci sont en voie d'épuisement (1921), il faut
s'attaquer au sol pour un granit d'un nouveau type
avec des ouvriers plus spécialisés.
En 1920, cette société rachète
la carrière Marceau.
la
"Petite Carrière" ou "Nouvelle
Carrière"
|
Située
à flanc de la montagne, à 200 m de la
route de Bénévent, c'est un
élargissement de la carrière Perceval
qui compte alors 3 sites sur la Maupuy.
Devant la demande croissante d'ouvriers, l'embauche
se fait en Creuse mais aussi en France et à
l'étranger, en particulier en
Italie. En 1921, la "Grande Carrière"
emploie au moins 100 Italiens.
Ces chantiers
doivent communiquer entre eux :
- Un plan incliné relie la "Grande
Carrière" à la "Carrière
Marceau".
- Un autre plan incliné relie la "Nouvelle
Carrière" à la "Grande
Carrière". Ce plan incliné
continue jusqu'à la route où est
aménagé un pont transbordeur qui
aboutit à un quai, le long de la voie
ferrée.
C'est ici que le produit brut,
préparé par les débiteurs,
déchargé des bennes, est fini par les
épinceurs.
Ces plans inclinés remplaceront le
charroyage par les tombereaux ou fardiers
tractés par les animaux.
Apparaissent
un concasseur puissant et une grue
nécessaires pour extraire les blocs vers le
haut, devant le refus de la direction
"Denève" d'autoriser le passage obligatoire
vers le bas sur son territoire.
Le camp de
Beausoleil, sur la commune de Guéret,
où furent entre autres internés des
prisonniers espagnols lors des guerres
napoléoniennes, est aménagé en
1920. Il abrite des familles
entières. Une cantine y est ouverte,
où l'on vend du vin.
En 1935,
suite à des embarras financiers, fin de la
"période Perceval". L'entreprise devient
"les Carrières du Centre de la France" avec
comme directeur M. Hermann, un Allemand qui passe
pour un patron dur, exigeant et pas très
humain. Il reconnaît peu de droits à
son personnel de qui il exige une assiduité
sans faille et surtout pas de grève.
Pour
suppléer aux plans inclinés est
construit un véritable funiculaire qui part
de la "Grande Carrière" et aboutit,
après être passé par "Marceau"
et la "Nouvelle", au quai d'embarquement.
Le 8 juin
1944, le lendemain de la première
libération de Guéret, à
Pommeil, M. Hermann est exécuté pour
trahison, en même temps que le commandant
Brail, chef départemental de la Milice.
Se succéderont M. Etienne Pajot, M. Felbert,
MM. Picoty et Bariaud qui, en 1945, vendent leurs
droits à la carrière, les
machines...
1950 - M. Stanzioni, un Italien en France depuis
1931, exploite la "Nouvelle" après avoir un
temps exploité la "Carrière Marceau"
- il a dû l'abandonner en 1966, à
l'installation du réémetteur de
télévision.
27 janvier
1919 - M Mercier, entrepreneur d'Aubazine
(Corrèze), signe un bail avec la mairie de
St Léger pour l'exploitation de cette
carrière pendant 15 ans.
1927 - M. Seignat, entrepreneur parisien, avec pour
représentant M. Marcel Demargne de Sardent,
exploite la carrière.
20 juillet 1932 - Bail pour M. Ulysse Lacroix
("Société Nouvelle des Granits
Français" au siège parisien). Il
semble que ce soit la même maison que la
précédente.
Cette carrière est difficile à
exploiter : les bancs de granit ne sont pas
parallèles, se présentent en
désordre, comme cassés et
enchevêtrés par des mouvements de
l'écorce terrestre.
Devant les
difficultés de la "Vergnole", M. Lacroix
trouve un autre filon qui semble plus rentable. Ce
filon est recouvert d'une énorme pierre, une
boule roulante, à laquelle était
donné le nom de Baleine. La légende
disait que celui qui toucherait à la Baleine
mourrait bientôt de mort violente. Elle fut
pourtant exploitée après avoir
été "une nuit, clandestinement
minée, on ne sait par qui".
Cette
carrière de la "Société
Seignat" fut peu exploitée, la "Baleine"
suffisant.
1962 - M. Seignat dépose son bilan.
M. Maître, entrepreneur de la Forêt du
Temple, rachète le droit d'exploiter ces
carrières. Il sera suivi par son fils
qui a cède la place à la
"Société Micro-Control" d'Aigurande
(Indre) mais le chantier sur le Maupuy porte
toujours le nom des "Ateliers Maître".
A
côté de ces grandes exploitations, qui
employaient au moins une cinquantaine d'ouvriers,
oeuvraient des chantiers de moindre importance.
1925 - bail pour M Rocch, Italien (parcelle "Rocher
du Maupuy")
1942 - bail pour M. François Meillat
(parcelle "la Pierre Bergère") avec son
beau-frère M. Joly : une dizaine
d'ouvriers)
M Marcel Guéry, de Peyrabout, ouvrit aussi
une carrière sur le versant de St
Léger : une dizaine d'ouvriers.