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Le moulin a été remplacé par lentreprise ABL dans le bourg de Saint-Léger-Bridereix. © Mathieu Tijeras
À deux pas de
léglise romane, Denise nous reçoit avec le
sourire. La centenaire du village est en train de converser avec
Fernande, la voisine, dans une cuisine qui est restée dans son
jus. Fernande raconte quelle est née ici, dans cette
même pièce, à une époque où
Saint-Léger-Bridereix comptait encore des commerces et
plusieurs moulins. Un meunier
était même installé en plein bourg, à la
place de lentreprise ABL, spécialisée dans
laliment de bétail et qui emploie une vingtaine de
personnes aujourdhui. Fernande était la
cantinière car il y avait une école jusquen 1989.
Ce bâtiment abrite désormais la mairie. Et juste en
face, lauberge du Chêne Vert. Fermée. Le maire,
Michel Burille, aimerait bien la retaper et trouver un jeune couple
"à condition que notre petite commune trouve le financement
?!" Alors il se bat. Le Chêne
Vert... un café auberge que Georges Bordes, lui aussi,
aimerait bien voir rouvrir. Sa grand-mère la tenu avant
sa mère. Elle grouillait de monde. "Tous allaient boire un
coup chez Zetie, à tel point que je devais me planquer pour
faire mes devoirs ?!" Derrière, se trouvait latelier de
son grand-père sabotier. Il y en avait un second plus haut
dans le bourg. Puis un charron, un forgeron et même un bureau
de tabac. À
lépoque, les habitants étaient surnommés
les Gouyoux car ils saffrontaient avec les Tétarots, les
jeunes de Colondannes. Cétait un peu la guerre des
boutons, version ouest creusois. "Ils se castagnaient au bord de la
Cazine." La rivière
nest pas bien loin en effet ; un sentier permet de rejoindre le
site classé des Combes de la Cazine ainsi quun pont, le
pont du Peyrat ou Perrat... Le maire ne sait
pas trop comment lécrire à vrai dire. Les
publications sur le village sont inexistantes. Cest pourquoi
une poignée de Bridereixois tente dy
remédier. Parmi eux,
Édith Goudard, estime quil y a urgence à
recueillir les témoignages des anciens. "Nous menons tout un
travail de mémoire et de réflexion autour de
lhabitat, du patrimoine et du paysage avec
lUniversité du paysage du pays Ouest Creuse et le CAUE
(Conseil darchitecture, durbanisme et de
lenvironnement)." Lobjectif : permettre aux habitants de
mieux connaître leur village, de reprendre possession des
lieux. Sarrêter.
Regarder et partager, tels sont les maîtres mots de ces
habitants et du maire qui tentent de redynamiser la petite commune.
De retisser du lien. Très
vite la manifestation a pris de lampleur : pratiques
de jardinage, faune et flore, environnement, mais aussi
villages des initiatives citoyennes, recyclage,
conférences, marché et de nombreux ateliers,
tout est fait pour que chacun puisse apprendre des choses et
les mettre en pratique en rentrant chez lui. Lan
passé, la manifestation avait attiré 5.000
personnes dans la commune. Lentrée est
gratuite, de 9 à 19 heures avec restauration sur
place et des ateliers (détournement dobjets,
dessiner son jardin, atelier anti-gaspillage, fabriquer ses
produits dentretien
) dès 10 heures sans
oublier une thématique autour de la permaculture dans
notre quotidien. Rien
à voir avec un abandon éventuel de l'Euro :la
Mige est une "monnaie locale complémentaire", comme
il en existe déjà d'autres en France. Elles
sont autorisées sous certaines conditions,
encadrées par une loi de 2014. Cela fait 3 ans que la
monnaie creusoise est en gestation, elle sera mise en
circulation ce dimanche lors des Printanières de
Saint-Léger-Bridereix. En tout, 8 200 billets de
Mige vont être mis à disposition dans des
bureaux de change (essentiellement dans des bureaux de tabac
ou auberges).

rintanières
fêtent le jardin et la nature

ige,
une monnaie locale pour la
reuse

erci
de fermer l'agrandissement