Le crime d'ndré
Larrieu
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Texte transmis par M.
Bancheraud André Larrieu était un
gemmier de St Léger âgé de 26 ans. Un jour,
à l'auberge, il avait entendu le fils de Pierre Jauguerre, le
charbonnier, dire que son père avait un confortable magot. Il
avait trop parlé, et cela avait donné des idées
à Larrieu. Au matin du Jour de la Toussaint de
1745, sur le coup de 10 heures, tous les habitants du village,
à peu près sans exception, étaient à la
messe. Larrieu s'arrangea pour s'esquiver.
Il savait bien qu'il ne pourrait pas trouver de meilleur moment pour
rejoindre la cabane de Jauguerre et surtout pour l'y trouver seul.
Jauguerre, charbonnier, ne pouvait
quitter ses meules de bois en train de se carboniser, Le risque
était trop grand. C'est pour cela qu'il n'avait pu aller
à la messe. Il n'habitait pas une maison, mais une simple
cabane de fortune telle qu'en construisaient les charbonniers au plus
près de leurs meules qu'ils devaient surveiller jour et nuit.
Larrieu arrive chez Jauguerre, se
saisit d'une hache et assomme le malheureux avec le dos de l'outil.
Mais il a affaire à forte partie. Jauguerre se débat.
Larrieu tient toujours la hache et au cours de la lutte,
accessoirement, coupe deux doigts de la main droite du pauvre homme.
Il finit par l'emporter et laisse sa
victime pour morte. Il lui vole sa bourse où se trouvent 204
livres, une somme conséquente représentant
approximativement la valeur de huit vaches ou de 80 moutons.
Après quoi, pour effacer toute trace, il met le feu à
la cabane. Voilà que la messe est finie.
En sortant de l'église, les gens aperçoivent une
fumée suspecte. On se précipite. On tire le corps de
Jauguerre du feu. Il est brûlé,
très, très mal en point, mais vivant. Il peut
désigner son agresseur. Le procureur se rend à son
chevet car on l'a recueilli à l'auberge où on le soigne
en lui faisant prendre des bouillons car on ne sait quoi lui faire
d'autre. L'affaire est enclenchée... André Larrieu est
"décrété de prise de corps" et
incarcéré dans la prison de St Léger. Passons
sur l'instruction comme sur tous les détails de la suite, et
venons en au jugement. La sentence est rendue le 21 janvier 1746. Le Seigneur ne verra certainement
jamais ses 100 livres, ni Jauguerre les siennes. Où
Larrieu, déjà couvert de dettes, serait-il allé
les chercher ? Mais ce qui est réconfortant,
c'est de savoir que peut-être grâce aux bouillons de
l'aubergiste, le 21 janvier 1746, même avec deux doigts en
moins, Jauguerre vivait encore. Il avait la peau dure, certainement
très dure même... ©Franck
Champenois - http://www.planetepixel.com
Texte écrit par M.
Jean Dartigolles 1997 L'année 1745, on eut à
déplorer un homicide à Saint Léger. Le jour de
la Toussaint, sur les dix heures du matin, André Larrieu,
gemmier à Saint Léger, âgé de 26 ans,
"prend son fusil pour aller prendre une paloume". Il était bien l'un des rares
de la paroisse à ne pas se trouver à la messe à
cette heure-là, voulant profiter de ce que le village
était désert. Cela faisait d'ailleurs partie de son
plan, et lorsque, plus tard, on l'interrogera sur ce point, lui
demandant pourquoi il n'était pas allé à la
messe "un jour aussi solennel", il répondra tout
bonnement "parce qu'elle était à une mauvaise heure
pour luy
" En fait, il laisse là son
projet de chasse et se rend chez Pierre Jauguerre, le charbonnier,
qui vit dans sa cabane tout à côté de ses
charbonnières. Larrieu sait qu'il a de l'argent. Il
laisse son fusil à l'extérieur, contre la porte, et
aperçoit Jauguerre près de son feu. Lui non plus
n'était pas allé à la messe, et pourtant il
n'est pas douteux qu'il aurait mieux fait de s'y rendre
Larrieu
se saisit d'une hache, s'approche, et l'assomme avec le dos de
l'outil. Mais Jauguerre est solide, il se
débat. Larrieu fait tournoyer sa hache et lui coupe un doigt
de la main droite. Il le laisse enfin pour mort et lui vole une
bourse qui contient 204 livres. Il reprend son fusil, et, avant de
s'enfuir, met le feu à la cabane. Mais, contre toute attente, Jauguerre
n'était pas mort. Assommé, mutilé,
brûlé, oui, mais pas mort ! Et quand, ayant
aperçu de loin l'incendie à la sortie de la messe, les
gens accoururent en masse, ils le tirèrent de là,
très mal en point, certes, mais encore vivant. Et le plus
fort, c'est qu'il survécut également aux soins qu'on
lui prodigua. On l'hébergea au bourg de
Saint Léger dans une maison charitable, on le saigna, bien
sûr, et on lui fit boire force bouillons d'herbes dont il
réchappa. C'est ainsi qu'il put raconter son histoire et
qu'André Larrieu fut bientôt arrêté.
Son procès fut instruit devant
la Cour de Castelnau au cours de la séance du 21 janvier 1746.
Il fut condamné à la peine capitale devant être
exécutée sur la place de Saint Léger devant le
Parquet du Tribunal, lequel existe encore et n'est autre que le
bâtiment abritant l'actuel restaurant du village. le portail de
l'église de St Léger de Balson
André Larrieu est condamné
Condamnons ledit Larrieu envers le Seigneur de la
présente Juridiction en cent livres d'amende, et en
celle de trois cents livres envers ledit Jauguerre pour lui
tenir lieu de dommages et intérêts, et aux
dépens envers ceux qui les ont faits..."
"Marsau - Histoire d'une famille de laboureurs
au quartier de Triscos, commune de Balizac (33)
Deux siècles de vie quotidienne 1610-1829"
©Franck Champenois - http://www.planetepixel.com