Article
de M. Denis Chapacou, paru dans le bulletin de la
Société Mycologique du Massif dArgenson en
septembre 1995 :
D'une superficie de 4
000 hectares, moitié en Charente Maritime, moitié dans
les Deux Sèvres, le massif forestier d'Aulnay
représente une des reliques de la grande forêt
d'Argenson. La flore et la faune y sont assez riches. L'on y trouve
plusieurs variétés d'orchidées, ainsi que la
genette et le circaète Jean le Blanc.
D'une superficie
totale de 1 961 hectares d'un seul tenant, sa plus grande longueur
est de 9 kilomètres et sa plus grande largeur de 3,5 km. Son
altitude varie de 156 à 100 mètres. Les deux
principales essences de bois en sont le chêne et le
hêtre.
Dès la
préhistoire, des hommes ont vécu tout autour de ce
massif forestier. De nombreux vestiges d'époque
néolithique en attestent. L'époque gallo romaine a
également laissé de très nombreux et importants
sites alentour, dont Aulnay.
Au Moyen-Age, cette forêt était traversée par une
partie des innombrables pèlerins se rendant à St
Jacques de Compostelle.
A la limite nord-est de la forêt et des bois de Saleigne
était située La Gaillarderie, qui figurait encore comme
un lieu important sur la carte de la forêt au XVIIe
siècle. Elle fut le lieu de garnisons ou de combats dont le
cadastre actuel conserve encore le souvenir par le nom de certains
lieux dits : Les Batailles, entre les Vacheries et Saint
Léger ; le Bois des Gallois, près des Loges de Saint
Léger ; le bois de Bourg Bataille près de Vinax ;
la Fosse aux Morts à proximité de La Foye ; la commune
de La Bataille, près de Chef Boutonne
Plusieurs lieux dits situés bien au sud du massif forestier
nous rappellent d'autre part que ce dernier représentait une
notion de frontière ; nous retrouvons en effet Montdevis
près d'Aulnay ainsi que Mondevis près de
Vinax.
A la fin du XIIe
siècle, c'est Guillaume quatrième du nom qui
était vicomte d'Aunay. Au XVe siècle, la forêt
faisait partie de la Vicomté d'Aunay qui fut acquise en 1508
par Dame Louise de Savoie, mère de François 1er. A la
mort de cette dernière, en 1531, cette forêt fut
réunie au domaine royal.
Au XVIIe siècle, chargé par Louis XIV de la
"Réformation des eauës et forest" en la
Généralité de Poitiers, Jacques Honoré
Barentin condamnait de nombreux riverains, y compris des nobles se
prétendant des droits en cette forêt et qui en
profitaient pour la piller.
Au XVIIIe siècle, la Gruerie Royale d'Aunay était
desservie par plusieurs gardes ou gruyers dont la notabilité
était certaine, puisque plusieurs de ces gardes qui
résidaient en la paroisse de Saint Mandé ont leur
sépulture dans l'église.
Après la
Révolution, la forêt devint Domaine de l'Etat. A cette
même époque où le bois représentait la
principale matière énergétique locale, le
sous-sol étant propice à l'extraction de calcaire et de
marnes argileuses, de nombreux fours à chaux et tuileries se
trouvaient en activité, tant en lisière qu'à
l'intérieur du massif forestier, notamment sur les communes de
La Villedieu et Saint Mandé.
La forêt
était également propice à l'implantation de
verreries car les matières premières nécessaires
à la fabrication du verre se trouvaient aussi sur place :
bois, sable, ainsi que potasse fournie par les fougères. Les
seigneuries de Chantemerlière et Ferrières
possédaient leur verrerie. Le puits de la verrerie de
Chantemerlière existe toujours. D'autres verreries existaient
autour de la forêt, notamment à Fleury.
Dans un autre ordre
de choses, les droits de "pacage" et "panage" (droit d'emmener les
porcs "paître les glands"), ainsi que les dégâts
faits par les loups constituaient deux des préoccupations
locales des riverains de la forêt ; l'on en trouve les traces
dans certains cahiers de doléances aux Etats
Généraux de 1789. Des battues étaient
organisées, le registre du canton de Néré porte
à la date du 4 Messidor de l'an V le texte suivant :
"Chasse aux loups
Arrêté du département des Deux Sèvres du
25 prairial dernier qui porte que la quatorze messidor il sera fait
une battüe de chasse aux loups, renards et blaireaux dans la
forêt d'Aunay sous la surveillance de l'Administration
forestière dudit département. Certifié pour
copie conforme par le citoyen Billotte, président de
l'Administration centrale du département de la Charente
Inférieure, y joint la lettre d'envoy de cette dernière
Administration du 28 dudit mois de prairial dernier."
Au XIXe
siècle, l'exploitation du bois était une
activité importante pour les riverains dont les nombreux
métiers en rapport avec le bois étaient
pratiqués dans les villages limitrophes.
Dans le seul village de Gâtebourse : pellier, sabotier,
menuisier, charpentier, tonnelier, scieur de long, charbonnier. II en
était ainsi dans presque tous les villages limitrophes de la
forêt. Des ouvriers travaillaient également à
l'intérieur de la forêt, notamment des
charbonniers.
Les maisons
forestières de La Borne de Saint Léger, Les
Fontenelles et La Croix de Vinax, furent construites en 1852.
La maison forestière du Rond-Point fut construite en 1853 et
le pavillon tout proche de cette dernière en 1880.
A la fin du
siècle, dans chaque commune autorisée, le conseil
municipal nommait un pâtre "qui aura droit de surveillance
sur tous les bestiaux des propriétaires de ladite commune, qui
seront pacagés dans la partie de la forêt domaniale
d'Aulnay située sur le territoire de la commune..."
Au XXe siècle, c'est l'administration des Eaux et Forêts
qui gère le patrimoine forestier, chaque année des
coupes de bois sont mises en adjudication et les pâturages en
forêts ne sont plus pratiqués. Les chasses à
courre y sont toujours renommées.
Actuellement, l'ensemble forestier domanial d'Aulnay comprend, outre
cette forêt, les forêts de Chef Boutonne (814 ha) et
d'Ensigné (100 ha), acquises respectivement en 1953 et 1980.
La gestion en est assurée par l'Office National des
forêts.
Source et liens :
erci
de fermer l'agrandissement.
https://www.stleger.info