L'Affaire
Quicassé a réellement existé. Le 25 juin 1880,
le Barbet, riche paysan, rentrait chez lui de retour du marché
de Sault lorsqu'il rencontra Quicassé.
dessin au graphite de
Jean-Louis Marçot, co-auteur de la pièce
Joseph Tirand est
connu au-delà de la vallée du Toulourenc pour
lampleur de sa fortune et son avarice. De son capital, il fait
volontiers étalage et usage, sinon usure. Bien
quà labri du besoin, il continue à vendre
au marché le produit de son exploitation agricole. Il aime
à se déplacer la nuit, avec de grosses sommes sur lui.
De taille moyenne, chétif, craintif, cest la proie
idéale. Notable, maire adjoint de Saint-Léger, il vit
pourtant retranché aux Ponsons, avec sa vieille mère.
On ne lui connaît pas dami sincère. On ne lui
connaît pas non plus dennemi. Il habitait au quartier des
Ponsons, sur la commune de Saint-Léger, seul avec sa
mère, au lieu dit de la Barbette, d'où son surnom du
Barbet.
Nous sommes le 25
juin 1880. Il est 21h15. Le sieur Joseph Basile Barnabé
Tirand marche sur le chemin public de Savoillans. Il revient de la
foire de Sault après avoir vendu pour 20 à 25 francs de
cerises. Le sieur Tirand est connu dans le pays pour posséder
une très grande fortune. Il en use, abuse et s'en amuse. Il ne
peut pas s'empêcher de vendre sa production agricole, bien
qu'il soit à l'abri du besoin. Notable, maire adjoint de
Saint-Léger, il vit retranché aux Ponsons, au lieu-dit
La Barbette, d'où son surnom du Barbet. C'est à
quelques mètres de Savoillans, au quartier du Bravoux, qu'il
voit tout à coup surgir de la nuit un inconnu qui lui demande
son argent. Il refuse. Devant sa résistance, l'inconnu le
frappe de plusieurs coups de bâton, lui prend son argent et le
laisse pour mort. Le Barbet meurt quelques heures plus
tard.
les ruines de la
maison du Barbet
L'accusé
présumé, Joseph Benoît, dit Quicassé, 28
ans, agriculteur et joueur, herculéen, crâneur,
désinvolte et insubordonné, vivait sur la commune de
Reilhanette, au lieu-dit Fontlongue.
Après son jugement, Quicassé fut envoyé en
Nouvelle-Calédonie, dans un fort.
La construction dun fort militaire et dun
pénitencier le long de la baie dUarai débute en
1871, à la demande du gouverneur Gaultier de la Richerie qui
envoie sur place un contingent de 25 condamnés,
encadrés de 2 surveillants et de 3 gendarmes. Le camp prend le
nom de fort Teremba, par référence à
lîlot Teremba qui se trouve au milieu de la baie
dUarai. Un véritable petit village se crée autour
du camp, on y trouve un bureau détat civil, une
bibliothèque, une église, une école, un bureau
de poste, un télégraphe. Il faut y ajouter dune
part les locaux nécessaires à la vie
pénitentiaire : cellules, cuisines, loges des surveillants et
les constructions liées aux besoins militaires : poudrerie,
tour de guet, mur denceinte. En 1872, le gouverneur autorise
limplantation de colons libres ; cest ainsi que les
premiers Alsaciens-Lorrains sinstallent à Moindou en
1873.
Après la révolte de 1878, le fort militaire est
réaménagé et renforcé pour servir de
blockhaus et de refuge éventuel. Afin de contrecarrer la
puissance de ladministration coloniale, le gouverneur Pallu de
la Barrière décide par la suite demployer les
bagnards à la construction de routes et
dinfrastructures. En 1885, la garnison militaire quitte
finalement le site de Teremba. En 1898, le gouverneur Feillet fait
arrêter lenvoi de condamnés. La direction de
Teremba est transférée sur Fo Gacheu, puis
lensemble est abandonné en 1908.
le fort Teremba, en
Nouvelle-Calédonie, où se retrouva
Quicassé
article du
Dauphiné
Libéré
du 19 janvier 2013 :
Cest
à Montbrun-les-Bains, où résident les deux
metteurs en scène, Jean-Louis Marçot et Marc
Guérin, que sera jouée la pièce de
théâtre reconstituant le procès de Joseph
Benoît. Il fut accusé du meurtre, en 1880, dun
riche propriétaire de la vallée du Toulourenc. À
la fin de la pièce, le public pourra dire sil estime
laccusé coupable ou non.
Joseph Benoît
est-il coupable du meurtre dun riche propriétaire de la
vallée du Toulourenc il y a 133 ans ? Lintime
conviction du jury doctobre 1880 sera-t-elle celle des
Venturois du XXIe siècle ?
Pour avoir des réponses, il faudra attendre le printemps.
Cest là que devrait être jouée la
pièce de théâtre qui reconstitue le procès
de Joseph Benoît, reconnu coupable du meurtre dun
propriétaire usurier habitant à Saint-Léger il y
a plus dun siècle. Dans la vallée, on sen
souvient comme du crime de Savoillans, du nom de la commune où
la victime a été tuée.
est-il coupable ou
innocent ?
"Cest un des
seuls meurtres commis dans le coin", explique Jean-Louis
Marçot, historien, à lorigine de cette
reconstitution théâtrale un peu particulière avec
son ami Marc Guérin, ancien avocat qui vit aujourdhui
à Montbrun-les-Bains. "Cette histoire a marqué la
vallée."
Les deux hommes vont proposer, à la manière du metteur
en scène Robert Hossein, de décider, à la fin du
spectacle, si Joseph Benoît est coupable du meurtre ou non.
"Pour les dialogues, nous allons nous baser sur le dossier
dinstruction et de procédure quon a
récupéré aux archives dAvignon,
précise Marc Guérin. Il contient toutes les infos
sur lenquête préliminaire, les pièces
à conviction, les débats. On y retrouve même les
plans de la région dessinée à larbre
près." Selon lancien avocat, "cest un
dossier qui ne suffirait pas aujourdhui à condamner
quelquun, mais en 1880, cétait
énorme."
À partir des
témoignages retranscrits, les deux metteurs en scène
souhaitent faire parler les acteurs dans le même langage
quil y a 133 ans. "On veut restituer le domaine
psychologique et sociologique des témoins, quils parlent
avec les mots du cru sans tomber dans une caricature de
lépoque, tempère Jean-Louis Marçot. Ce
compte rendu de procès contient énormément
dinformations sur la vie de la vallée, les rapports
entre les gens, la dualité entre la ville et la campagne."
Suffit-il par contre
à condamner Joseph Benoît ? "Il ny a pas eu de
confrontation, pas de reconstitution, regrette lhistorien.
Le sang trouvé sur sa blouse a été
analysé à Lyon. Les résultats prouvent juste
quil appartenait à un mammifère. Il reste des
trous dans le dossier quon voudrait combler avec notre il
moderne parce que ça aurait pu tout changer." Marc
Guérin est quant à lui beaucoup plus
réservé. "On a complètement perdu la trace de
Joseph au moment du crime, il ne fait aucun doute que cest
lui."
Eux semblent déjà avoir choisi leur camp.
Dailleurs, hasard ou pas, le premier jouera lavocat du
prévenu, le second le président de la cour
dassises. Reste à savoir pour quel jugement le public
optera.
30
juin 2013 :
"Nous
l'avons fait : "L'Affaire Quicassé" s'est offerte au
public. En effet avec la "couturière" vendredi 28,
les deux représentations du 29 au soir et du 30 en
après-midi furent un succès total. La salle
était pleine aux trois représentations et
malheureusement nous dûmes refuser des places. En tout
cas, cette reconstitution a emballé le nombreux
public, et l'accusé Quicassé est sorti de ces
trois procès libre et déclaré non
coupable par les jurés. La justice de 1880
n'était pas la même que celle de maintenant.
Mais le débat n'est pas là. L'essentiel c'est
que le public se soit diverti et que nous, acteurs, avons
pris du plaisir à jouer cette pièce. La page
de "L'Affaire Quicassé" n'est pas close. En effet,
devant le triomphe et la demande, nous pensons
rééditer notre performance, après
l'été. Alors pour ceux qui n'ont pas eu la
chance de venir à nos spectacles, nous vous donnons
rendez-vous, à la rentrée. Passez de bonnes
vacances et restez libres !"
Source et
lien vers le blog que nous vous invitons à visiter
:
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https://www.stleger.info