En
1944, en Ardèche, la résistance non communiste est
représentée par le MUR (Mouvements Unis de
Résistance) et leur bras armé l'AS (Armée
Secrète) ; la résistance communiste par le FN (Front
National) et son organisation combattante, les FTPF (Francs Tireurs
et Partisans Français). Ces derniers ont été
renforcés par les républicains espagnols, combattants
aguerris que le gouvernement de Vichy avait regroupés dans des
camps de travail.
Les maquis sont nombreux en
Ardèche. L'histoire explique leur existence, la
géographie favorise leur implantation. En principe, les forces
combattantes de la résistance sont regroupées pour
former les FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) et
sont placées sous un commandement commun. Ce n'est pas encore
le cas en Ardèche, où l'annonce du débarquement
provoque deux phénomènes attendus, mais dont l'ampleur
dépasse les prévisions : une vague d'engagements dans
la résistance armée de jeunes jusqu'alors cachés
ou Indécis ; une volonté de se battre des maquisards,
qui vont plus vite en besogne que ne l'avaient prévu les
états-majors.
Dès le 6 juin, un assez grand
nombre de villes et de bourgs, surtout dans le nord et le centre du
département, sont occupés par les membres du FFI. Des
CCL (Comités Locaux de Libération) s'installent dans
les mairies, à la place des municipalités jusque
là fidèles à Pétain.
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Le cas le plus étonnant est
celui d'Annonay où un jeune aristocrate FTP, Jacques de Sugny,
proclame la république, appelle les travailleurs à la
grève insurrectionnelle, somme Pétain de venir pour
être jugé par un tribunal du peuple, et invite les
jeunes à s'engager. Le jour même, le CDL (Comité
Départemental de Libération) s'installe au Cheylard,
choisi pour sa position centrale.
Dans le sud du département,
l'action est moins spectaculaire, et par exemple aucune tentative
n'est faite pour occuper Aubenas, déjà
contrôlée par la résistance locale. Le
débarquement de Provence, le 15 août, amplifie le
mouvement. Par milliers, les soldats allemands veulent traverser le
département pour rejoindre la vallée du Rhône. Il
s'agit de troupes d'origine asiatique (on dira les mongols) qui
entrent par la route allant de Villefort aux Vans ou par celle qui
mène de Barjac à Vallon.
A cette date, les FFI sont au nombre
de 7400 hommes dont 4100 AS et 3300 FTP. Par chance, les ennemis se
déplacent par ordre dispersé.
Ce désordre permet aux FFI
d'obtenir des résultats militaires remarquables. Toutefois, le
19 août, une forte colonne allemande réussit à
atteindre le Teil et à remonter la vallée du
Rhône malgré les accrochages à Banne et à
Vogüé. Le lendemain, 4000 hommes arrivent aux Vans et
3000 à Vallon.
Le mouvement dure jusqu'au 25
août et on estime que 12 à 15 000 hommes passent par
Vallon. Ils tentent en vain d'atteindre la RN 104 qui rejoint la
vallée du Rhône par Aubenas, le col de l'Escrinet et
Privas.
Ils en sont empêchés
à Maisonneuve, à Vogüé et à
Lavilledieu. La route du Teil étant sous contrôle des
FFI, les Allemands se rabattent sur les itinéraires qui
franchissent les Coirons.
Après un regroupement à
Lussas, ils arrivent à Darbres où la route est
coupée. Une partie de la troupe se rend, avec un
matériel très important, et le gros de la troupe
atteint le plateau des Coirons. Harcelés, ils se dispersent et
sont fait prisonniers.
Une colonne de 4500 hommes
réussit à traverser le plateau et descend sur
Chomérac. Une partie continue jusqu'à Rompon où,
attaquée, elle se rendra le 31 août. Ceux restés
à Chomérac décident de se rendre mais seulement
à des troupes régulières. Un subterfuge leur
fera hisser le drapeau blanc.
Nous sommes le 30 août et, au
même moment, à Saint Remèze, le capitaine FFI
Pierre Ollier de Marichard rencontre le char léger du
lieutenant de Castries, de la 1re Armée Française
Libre, en reconnaissance. La route est libre.
Extrait du
"Dauphiné Libéré" du 22 août
2004
Saint Lager
Bressac
Une colonne allemande en retraite,
descendant du Coiron, arrive à St Lager Bressac le 31
août 1944. Il est 5 heures du matin. Les soldats, au nombre de
3000, se livrent à un pillage en règle des maisons
situées dans les quartiers de Chamonte, La Neuve, et Geolet.
Ils s'introduisent dans les maisons de MM. Emile Pondérant,
André Gayte, Louis Vernet, Théophile Vialle... Les
maisons sont pillées, tout particulièrement chez M.
Pondérant. Animaux de basse-cour; vivres..., les soldats
s'emparent de tout. Mme Marguerite Pondérant qui veut
s'opposer à ce pillage est sévèrement
malmenée. En présence de sa fille, Mme Germaine
Laurent, et de sa petite fille Pierrette âgée de 5 ans,
elle est menacée d'être fusillée sur le pas de sa
porte. Il en est de même pour M. Louis Gayte qui échappe
par miracle à la mort.
Devant la menace allemande, la
plupart des hommes ont fui et se sont réfugiés aux
lieudits Chazette et les Aliberts. MM Jean Gayte, Emile
Pondérant, Albert Jouanard, Boyer et ses fils, Giraud, Fernand
et Paul Vignal, Chène réfugié de Paris, Raoul
Perrier ainsi que de nombreux jeunes gens et enfants de
Brune.
Les Allemands les apercevant
tirèrent dans leur direction. M. Jean Gayte fut atteint par
une balle qui lui traversa le bras gauche.
Vers les 12h, une colonne de
l'Armée d'Afrique arrive sur les lieux, une partie par St
Vincent de Barrès, l'autre par la route de Baix.
Le colonel commandant cette colonne
fait entamer des pourparlers avec le Commandant de la colonne
allemande. Il demande la reddition sans conditions. Le commandant
allemand refuse. Il le fait prévenir que la colonne est
totalement encerclée, et qu'un feu d'artillerie va être
ouvert dans les minutes qui suivent. Vers 15h, des coups de canon
déchirent l'air. Quelques projectiles atteignent la maison de
M. Théophile Vialle, dans laquelle s'est réfugié
un groupe d'allemands. A 15h30, la capitulation a lieu sans
conditions. Une quinzaine de soldats allemands, tués ou
blessés, sont trouvés au quartier de La Neuve, chez M.
Jules Chanal.
Cette capture constitue, sans nul
doute, une des prises les plus importantes qui eut lieu dans notre
département.
Adolphe
DEMONTÉS - " L'Ardèche martyre " - 1946
Bulletin municipal de
Saint Lager Bressac - juillet 2005
complément
"2020 - commémoration de
la lutte des Résistants"
https://www.stleger.info