St
Léger est un village de tradition agricole et pastorale
situé à 1 050 m d'altitude, dans la haute vallée
de la Roudoule.
C'est ici que Charles Aillaud, retraité de la fonction
publique, résidant Saint Légeois depuis toujours,
aurait voulu être berger. S'il n'a pu assouvir sa passion
durant sa vie professionnelle, il consacre désormais son temps
à fabriquer, pour son plaisir, un "outil" destiné aux
ovins et aux bergers pour les troupeaux.
Cet outil, c'est le "chambis", sorte de gros collier en bois portant
une cloche, la "sonnaille", que portent au cou les bovins et ovins en
alpage.
la fabrication traditionnelle des
chambis
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On emploie principalement du bois de
cytise, sorte d'acacia sauvage trouvé en montagne sur les
versants ubac. On le coupe de préférence à la
lune vieille comme c'est la règle pour les feuillus, afin
d'éviter que le bois se "mite".
Autrefois, les bois était débités en planches
à la hachette, puis repris avec une plane. Charles Aillaud le
débite maintenant à la scie. Les planchettes de cytise
sont mises alors à tremper dans un cuvier dont l'eau est
à ébullition. Elles y restent une vingtaine de minutes.
Sous l'action conjuguée de l'eau et de la chaleur, le cytise
se ramollit. La forme en U évasée est donnée de
manière très simple. Charles Aillaud plie la planchette
sur son genou, protégé par une vieille couverture de
mieja lana (vieille laine).
Au lieu de ligaturer la forme avec du fil de fer, il a conçu
un système qui permet à la fois de cintrer le bois et
de le maintenir en forme (cf photo).
Charles Aillaud en
plein ouvrage de mise en forme et ceintrage du bois
Le U est mis en place. Au moyen d'une
clef, de fabrication artisanale, un homme recourbe les deux
extrémités de la planchette pour former les ailes. Un
troisième homme plante deux taquets de fer pour conserver la
forme définitive. Les chambis resteront ainsi figés une
semaine.
La forme en U plus facile à réaliser était
préférée par les anciens. Les ailes plus
ostentatoires semblent avoir été introduite plus
récemment par les bergers transhumant de Provence.
Les sonnailles rythment la vie du
troupeau. L'agneau naît au milieu des sonnailles, elles font
partie de son environnement naturel et toute sa vie elles seront
l'âme du troupeau ; il suivra sa mère au son de sa
sonnaille. C'est pour cette raison que l'on "ensonnaille" surtout les
brebis "bessouniero" (brebis qui ont deux agneaux).
quelques-unes des
plus belles pièces "chambis et sonnailles" de Charles
Aillaud
Les sonnailles servent de ralliement
pour les brebis ; une "esgarado" (brebis égarée) se
dirigera à ce son pour rejoindre le troupeau. Les sonnailles
permettent de situer le troupeau à distance. Comme il y a
toujours quelques sonnailles dominantes, cela fait partie des
repères qui permettent au berger de savoir, à
l'écoute, si l'ensemble de son troupeau est là.
Pour les grands déplacements des troupeaux lors de la
transhumance, les "flouca" (moutons châtrés) sont
ensonnaillés avec les "redoun" (grosses sonnailles au ventre
rebondi), afin de signaler leur passage avec un air de
fête.
Pour beaucoup de bergers, les sonnailles sont leur fierté et
celle de leur troupeau.
l'griculture
en gardienne de l'nvironnement
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Cette
volonté anime le maire Edouard David qui souhaite relancer et
pérenniser la tradition agricole du village qui ne comporte
plus désormais qu'un éleveur et un
agriculteur.
A la suite d'une succession vacante,
la municipalité a acquis une ancienne ferme avec des terrains
située à 1 km du village.
L'objectif du maire serait d'y installer un éleveur qui
pourrait utiliser la fromagerie existante et en outre lancer une
culture maraîchère bio, respectueuse de l'environnement
grâce au réseau d'irrigation et à
l'ensoleillement y compris en hiver.
le maire Edouard
David devant les locaux à rénover de la future
ferme
avec en arrière plan le mont St Honorat (2 520 m alt.) encore
légèrement enneigé
Dans le cadre de la filière
bois (chauffage moins polluant), cet agriculteur pourrait en
complément entretenir et valoriser les forêts
communales, pour, à terme, aller vers la transformation du
bois en plaquettes pour les nouvelles chaudières.
Le nettoyage des sous-bois permettrait également de les rendre
accessibles aux troupeaux et aux randonneurs.
Par ailleurs, dans sa volonté d'attirer de jeunes
agriculteurs, la mairie envisage la construction de 3 logements
sociaux dont un leur serait réservé.
vue
générale du village entre Roudoule et Daluis avec au
premier plan la réserve d'eau
Source :
Nice-Matin (mars 2007) -
photos Alain Depresle
https://www.stleger.info