Il
est difficile de dater exactement la fondation du village de St
Léger, car les documents écrits n'apparaissent qu'au
15e siècle.
Les seuls éléments sont les chartes des ordres
religieux, heureusement conservées.
Comme la plupart des villages de la vallée, la fondation de St
Léger pourrait se situer vers l'an 1000.
D'après les
vestiges trouvés, nous savons que dès l'âge de
bronze (1500 avant JC), la vallée était
habitée.
Au temps de l'invasion romaine, Jules César appelait
Tricoriens les habitants de la vallée du Drac .
Nous savons qu'une
route secondaire reliait le Col de Manse à Orcières, au
Sud du village actuel, à l'endroit encore appelé "Les
Routes", mais sans indication d'habitat ; on peut supposer que, s'il
y avait une route, c'est que le site était
peuplé.
A partir de l'an 500
débutent les grandes invasions : Lombards, Burgondes, et
surtout, vers l'an 700, les Sarrazins occupent tout le pays.
En l'an 980, St Mayeul, abbé de Cluny (personnage de
l'église très important à l'époque) est
arrêté près de chez nous par les Sarrazins ;
c'est le début de la "conquête des Alpes" par les Comtes
de Provence pour libérer la région des bandes
arabes.
A partir de là
s'instaure la sécurité : les Provençaux occupent
le territoire, construisent des châteaux : la
féodalité s'installe avec le régime des
Seigneurs locaux ; la population se sédentarise et les
villages se construisent.
St Léger
appartient au mandement du Comte de Faudon (baile ou
représentant du Comte de Provence). A l'époque, il se
nomme encore "Le Serre " (petite colline) au sommet duquel fut
édifié le tout premier château.
La paix revenue, les moines évangélisent le pays ; ceux
de St André de Gap fondent un prieuré, et une
église à St-Léger (sans doute en hommage
à l'ancien évêque d'Autun que les moines de Gap,
filiale de Cluny, portaient en vénération).
|
St
Léger les Mélèzes
D'azur
à un cristal de neige d'argent ; au chef cousu de
sable chargé de dextre à senestre d'un
mélèze d'argent, d'un soleil d'or, d'un second
mélèze d'argent et d'un second soleil
d'or.
Source
: http://armoiries.free.fr
|
Pendant 2
siècles, le village se développe sous l'entière
autorité des seigneurs.
Vers 1250, le mandement de Faudon passe sous l'autorité du
Dauphin et bénéficie de plusieurs libertés :
- droit
d'élire des consuls (délégués
communaux)
- droit de fournage
(d'avoir un four banal ou commun)
- droit de
pâturage
- droit d'arrosage
(c'est en 1250 qu'est creusé le canal d'Ancelle à St
Léger)
Peu à peu, les
gens se libèrent du Seigneur, aidés par le Dauphin.
La population augmente, l'agriculture se développe, la
principale ressource étant l'élevage du mouton,
"l'aver" c'est à dire "l'avoir", le capital.
D'ailleurs, dans le langage local, cette appellation est
restée pour désigner le mouton.
En 1335, au
recensement delphinal, St Léger compte 77 feux (ou familles),
ce qui, avec une moyenne de 6 personnes par foyer, représente
près de 500 habitants.
Par la suite, les famines et les épidémies (peste noire
en 1348) en décimeront plus de la moitié. Il faudra
attendre le XVIIIe siècle pour retrouver le même niveau
démographique.
la
carte de Cassini (fin du 18e)
|
|
|
En 1789,
St-Léger devient commune de Léger les Bois. Il faudra
de longues tractations pour fixer ses limites avec
Ancelle.
Seconde moitié
du XIVe siècle : une route carrossable est construite vers La
Plaine pour désenclaver le village ; on construit une
école, on reconstruit la cure, l'église et son
clocher.
Détruit par un
incendie en 1921, le village est rebâti avec son visage
actuel.
Le mot "les
Mélèzes" est rajouté par M. Brochier en 1936.
Un premier
château aurait été construit au 15e
siècle.
Il aurait été restauré et agrandi pour Salomon
du Serre, évêque de Gap,
dont les armes accompagnées de la date 1612 ornent le portail
de la cour.
Le corps de logis, dont les fenêtres étaient à
meneaux et croisillons,
a été entièrement réaménagé
en 1877 pour la famille Brochier,
nouveaux propriétaires du château.
Inscription sur le linteau de la porte du corps de logis : 1877
AB
Ce
prieuré créé par les moines de Cluny a
été fortifié et placé sous la protection
des princes de Provence, à l'initiative de l'église :
il semblerait que ce château ne comportât que le
bâtiment central avec un étage de moins qu'aujourd'hui
.
les Alpes Pittoresques -
Saint-Léger-en-Champsaur - Le Château des
Mélèzes
La façade qui
longe la route et les 2 tours incorporées au corps de logis
datent de cette époque : ces tours possédaient
vraisemblablement une toiture en pointe qui a été
intégrée à la toiture du bâtiment lors de
la surélévation de celui-ci au 19e
siècle.
Devenu la
propriété du Seigneur de St Léger, le
château a été agrandi et transformé par
Salomon du Serre qui joua un rôle important en tant
qu'évêque de Gap au début du 17e.
L'on reconnaît certaines analogies avec l'architecture
militaire du Duc de Lesdiguières qui a probablement
apporté son concours à son cousin Charles Salomon du
Serre, dont les armoiries, visibles au-dessus du portail, portent la
date 1612.
De cette famille "du Serre", Antoine, dit "capitaine Rivail",
père de Charles Salomon, fut un fidèle compagnon
d'armes d'Henri de Navarre (futur Henri IV) dans les armées
protestantes.
Les Alpes -
Vallée du Champsaur - St-Léger (1266 m) - Le
Château
Parmi les nombreux
aménagements dus à Charles Salomon, on peut noter
l'enceinte de murailles percées de meurtrières avec ses
4 tours d'angles (dont 2 sont encore intactes, et les 2 autres
marquées par leurs bases) et dont chacune avait un rôle
particulier :
- celle du
Nord-Ouest servait de tour de garde ; à l'étage, un
soufflet de forge, soit pour entretenir le feu, soit pour les
guetteurs en faction, soit pour couler des munitions ; une
échelle de perroquet permet d'accéder au toit
où un pourtour de planches était le chemin de ronde
du soldat chargé de veiller sur tous les points
d'arrivée au village.
- la tour du
Sud-Est abrite un gigantesque pigeonnier qui occupe toute la
hauteur de la tour : les centaines de nids qui abritaient les
pigeons étaient accessibles par une échelle
tournante montée sur un pivot de bois (toujours en
place).
Au pied de cette tour, mais à l'extérieur de la
muraille, un four à pain pouvait être utilisé
par les gens du village.
- les 2
dernières tours de la fortification sont en
ruine.
http://www.alpes-guide.com/sources/decouverte/commune.asp?pcommune=05.060014
Hors des remparts,
dans la partie Nord se trouvait un moulin (en ruine) : sa roue
à aube, entraînée par un torrent issu du canal
d'arrosage, a disparu depuis plusieurs décennies, lors d'une
période où le château était
inhabité.
Outre les
aménagements défensifs, d'autres travaux en firent une
résidence agréable :
- le vaste jardin
suspendu domine le village, avec son bassin central et son perron
de pierres
- la cour
intérieure, avec son bassin à 4 jets
alimentés par une source du château
http://www.alpes-guide.com/sources/decouverte/commune.asp?pcommune=05.060014
Après
l'évêque Charles Salomon du Serre, qui s'était
retiré à St Léger vers la fin de sa vie, un
autre évêque a laissé des traces à St
Léger : il s'agit de l'évêque Sixt (Francis) de
Narbonne dont la famille possédait le château au
début du 17e.
Puis c'est la famille
Lavalette, propriétaire après Monseigneur Sixt, qui
vendit le château aux actuels propriétaires : la famille
Brochier, en 1801.
Antoine Brochier
décida d'habiter St Léger ; il entreprit des
transformations au château pour faciliter l'hébergement
de sa nombreuse famille (18 enfants) :
- l'escalier
extérieur fut remplacé par un magnifique escalier
intérieur en chêne.
- on
suréleva le bâtiment dont les 2 tours à
toiture en pointe ont été intégrées au
bâtiment avec une toiture avec une seule pente.
Inscrit à
l'inventaire des monuments historiques en 1996, le château et
ses abords sont désormais l'objet du dispositif de protection
qui tend à assurer le respect de l'intégrité de
ce témoignage de l'histoire locale.
http://www.clean-auto.com/article.php3?id_article=2976
Il
y avait autrefois un vieux clocher et une petite chapelle sur
l'emplacement de laquelle l'actuel clocher a été
construit.
C'est Monsieur l'Abbé Pierre Blanc, curé de St
Léger depuis Mars 1881, qui a fait commencer en 1882 et mener
à bien cette construction importante (vu le petit nombre de
familles dans la paroisse).
Dans le registre de
la paroisse, Monsieur l'Abbé Blanc nous dit les soucis et les
difficultés qu'il a eu à surmonter.
En l'an 1882, Madame Honorine Roussel dit à l'Abbé
Blanc : "Notre triste et affreux clocher jure à
côté de notre belle église (terminée en
1870) et de notre belle cure, il faut en faire un beau ; je vous
assure une somme de 10000 francs, cherchez le reste."
La saison
était avancée et il y avait de nombreuses
formalités à remplir pour être autorisé
à démolir le vieux clocher et à en bâtir
un nouveau.
Cependant, des
ouvriers tailleurs de pierres, de passage à St Léger,
cherchaient du travail. Madame Roussel dit à Monsieur le
Curé : "Faites-les travailler. Avec mon mari, nous paierons."
Ils étaient cinq, ils se mirent au travail.
Au printemps 1884,
les formalités étant faites, les matériaux
préparés et les ouvriers prêts à
travailler, le vieux clocher fut démoli et la première
pierre du nouveau clocher fut posée et bénite
solennellement en présence de toute la paroisse qui venait
d'assister à la messe dite pour demander à Dieu que
cette uvre s'achève sans accident.
Les fondations ont
été creusées à plusieurs mètres de
profondeur.
Puis, ayant trouvé le terrain solide, on a commencé par
un béton de 5 m au carré, tenant toute la surface du
terrain et de 1,90 m d'épaisseur.
C'est alors que mourut Madame Roussel, et que Monsieur le Curé
se découragea. L'uvre fut malgré tout
continuée.
La route qu'on
appelle Chemin Neuf n'étant pas encore faite, il fallut
transporter le sable du Drac à dos de mulets, par le chemin
des Jacobs.
http://www.alpes-guide.com/sources/decouverte/commune.asp?pcommune=05.060014
Chaque dimanche,
monsieur le Curé annonçait la corvée de la
semaine et, le jour dit, tout le monde partait : les uns allaient
tirer le sable du Drac et le transportaient en tombereaux jusque sur
la grand'route, les autres le prenaient là et l'acheminaient
à St Léger à dos de mulets. Les pierres furent
toutes prises au-dessus du village, amenées en hiver en les
faisant glisser sur la neige.
Au Printemps,
Monsieur le Curé fait reprendre le travail ; il
s'aperçoit alors qu'il lui faudra d'autres échafaudages
pour arriver au sommet.
Effrayé par la dépense, et mesurant le manque de
proportions de la flèche avec la tour Nord-Ouest du
château, il prend un autre angle : voilà pourquoi notre
clocher a une flèche légèrement
brisée.
Monsieur le
Curé eut l'idée de ménager deux tombes au pied
du clocher : l'une avait été trouvée au fond de
l'ancien clocher, ce devait être celle d'un prêtre car on
y avait trouvé un bénitier, une croix, plusieurs
médailles -sur lesquelles on pouvait lire 1487 en chiffres
romains- et un bonnet pointu en soie comme ceux que portaient les
prêtres (avant le bonnet carré ou barrette).
Les deux tombes ont été consacrées, l'une
à Madame Roussel, l'autre à Mariane Brochier, les deux
principales bienfaitrices.
Ce clocher a
nécessité trois années d'un travail
opiniâtre : il n'a été achevé que
l'été 1886. La croix taillée dans un bloc de
pierre fut bénite le 24 Juin 1886, jour de fête de St
Jean-Baptiste.
http://www.provenceweb.fr/f/hautalpe/st-leger-melezes/st-leger-melezes.htm
Le clocher mesure 36
mètres. Sa flèche très élancée est
très singulière dans le Champsaur.
En décembre
1869, une commission d'enquête parlementaire voulait invalider
l'élection du député Clément
Duvernois.
Il y avait plusieurs faits justifiant cette décision,
notamment :
Journal Officiel
du 14 décembre 1869
Cela se passait dans
les Hautes Alpes. Il ne peut donc s'agir que de St Léger les
Mélèzes !
extrait du Journal
Officiel qui retranscrit les débats du Corps
législatif
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64966225/f3.image.r=duvernois.langFR
Une fois sur ce journal du 14 décembre 1869, on peut lire tout
ce qui reproché à Duvernois.
Le passage sur Saint Léger est à la page 1624.
Nos députés n'ont rien inventé en terme de
débats animés.
https://www.stleger.info