lonay et aint Légier-La Chiésaz durant la Grande Guerre
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Il s'agit d'un article tiré du journal d'information des communes de St-Légier-La Chiésaz et Blonay n°23 de juin 2016 - http://www.comm-une-info.ch/index.php/fr/parutions
1916 - Les
héros français en Suisse n
1916, à Blonay et St-Légier- La Chiésaz, les
effets de la guerre commencent à peser sur le moral de la
population. Le soldat mobilisé gagne huitante centimes de
solde par jour. En comparaison de cette faible
rémunération, quelques chiffres : à cette
époque, le kilo de pommes de terre coûtait 25 centimes,
le paquet de cigarettes 40 centimes et une bière 30 centimes.
Le boursier gagnait 80 francs par mois, un garde-génisse 250
francs pour lété à lalpage, un
apprenti maréchal 75 francs par an, un accouchement revenait
à 20 francs, la location dun lopin de terre pour le
jardin à 5 francs par an. La majorité de la population,
tant à Blonay (1 000 habitants, en 1916) quà
St-Légier-La Chiésaz (1 150 habitants), vit alors de
lagriculture. Celle-ci est assez diversifiée. Chacun
cultive un lopin de terre pour les cultures vivrières,
élève quelques bêtes (chèvres, vaches,
cochons, lapins, poules), soigne un fossoyer de vignes et
bûcheronne dans les forêts du haut. Cette agriculture
mixte permet de vivre chichement et sans possibilité de
créer des réserves. 1916 - Genève
- Passage d'un train de sanitaires et grands blessés
français La guerre change les
paramètres. Lorsquun soldat est mobilisé, il doit
abandonner son travail et ce nest pas la solde qui permet de
payer un remplaçant. Au début du XXe siècle, les
allocations de perte de gain nexistent pas. Aussi, les femmes
et les enfants doivent remplacer le père ou le mari parti
garder les frontières. Les autorités communales se font
un devoir daider les familles les plus démunies. Les
archives signalent des cas de maraudage en forte augmentation. Les
amendes sont de 3 francs pour un vol de pommes ou de noix. Linquiétude
règne. Le 10 février 1916, le Pr A. Mercier donne une
conférence à Cojonnex qui a pour titre : "Pour notre
force et notre dignité". En mars 1916, les
autorités de Blonay doivent fournir huit conducteurs et vingt
chevaux à larmée. Lesquels choisir ? Une
indication est claire : pas celui du laitier
ni celui du
corbillard ! A St-Légier-La Chiésaz, on procède
à linventaire des surfaces cultivables et du stock de
pommes de terre. Il est distribué de la nourriture de base
(riz, farine, semoule de riz, etc.) à un prix inférieur
au prix coûtant. 1916 - Les
prisonniers français internés Pour les autorités, un autre
gros problème à gérer est larrivée
des internés-prisonniers. Blonay et St-Légier-La
Chiésaz vont en héberger 280, principalement des
Français et des Belges. Ceux-ci sont accueillis lors
dune réception officielle en gare de Vevey, au
début de lété 1916, et logés dans
les nombreuses pensions des deux communes délaissées
par les touristes. Pour ces internés, des règles
précises vont être émises. Par exemple,
lautorisation de fréquenter les établissements
publics seulement de 16h à 17h. Dautre part,
interdiction est faite aux restaurateurs de servir des boissons
distillées aux prisonniers internés. Les
autorités des deux communes fournissent le bois pour les
blanchisseuses qui soccupent du linge des
internés. 1916 -
Allégorie des rapatriés
français A Blonay, des collectes sont
effectuées en faveur des internés. Suivant cet
élan de générosité, la
Municipalité et le Conseil communal décident
doffrir leur jeton de présence de la séance
daoût. A St-Légier-La Chiésaz, la
Municipalité met à disposition la salle du Conseil
communal comme Foyer du Soldat, avec une contrainte cependant : le
local doit être libéré le soir de
répétition de la fanfare. Laccueil des
internés, qui représentent plus de 10% de la
population, permet de relancer un peu léconomie. Leur
prise en charge est payée par la Croix-Rouge et par les
gouvernements dont sont issus les hommes qui logent dans les pensions
locales. La vie se déroule au ralenti. Même la
société de lAbbaye du Cordon Vert et Blanc, qui
célèbre son 100e anniversaire en 1916, fête
très sobrement lévénement, en
pensée avec tous les mobilisés. Il y a 100 ans, la population, et
principalement les femmes des deux villages, ont dû assumer
dans lombre de nombreuses tâches pour que chacun puisse
manger. La fin de la guerre, en 1918, ne mettra pas un terme aux
difficultés. Des crises financières et
économiques secoueront encore lEurope jusquau
début de la Seconde Guerre mondiale. Gianni Ghiringhelli,
archiviste
Même si la Suisse était à lécart du
conflit, la vie nétait pas facile pour autant à
Blonay et St-Légier-La Chiésaz.