le
bon aint
ueurluchon
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Cette
histoire en patois de la région de Saulieu est aussi
racontée dans d'autres régions.
Ce conte est tiré de l'Almanach du Morvan 1979, fascicule
réalisé par "Laï Pouèlée",
association pour l'expression populaire en Morvan, - BP 51- 58 120
Château-Chinon. La traduction a été
réalisée par l'atelier patois
d'Alligny-en-Morvan.
Les
enrhumés qusen vant ai Saint
Gueurluchon
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Les
enrhumés qui sen vont à Saint
Guerluchon
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A
y aivot eune fois un chat qu'étot enrhumé. Les
r'mèdes n'y fîint ran, a n'pouvot pu
miâner. A s'dié : "Faut qu'Ielleusse en
dévotion au bon Saint-Gueurluchon." Le vouèlai
parti quand qu'à rencontré un
poulot.
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Il
y avait une fois un chat qui était enrhumé.
Les remèdes ny faisaient rien et il ne pouvait
plus miauler. Il se dit : "Il faut que jaille en
dévotion au bon Saint Guerluchon." Le voilà
parti quand il rencontra un poulet.
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Laivou
que tu vas c'ment çai chat ? A y réponde : I
seu enrhumé, I vâ en dévotion au bon
Saint-Gueurluchon. Le poulot y dié : "Moué
tô, I seu enrhumé, I peu pu chanter. I vâ
eller éto d'aivou touè." Le marcô y
réponde : "Vins don."
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Où
vas-tu comme ça, le chat ? Il lui répondit :
"Je suis enrhumé, je vais en dévotion au bon
Saint Guerluchon. Le poulet dit : "Moi aussi, je suis
enrhumé, je ne peux plus chanter. Je vais aller aussi
avec toi." Le chat lui répond : "Viens donc."
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Les
vouèlai partis tôs deux quand qu'a
rencontrèrent eune ouée. "Laivou don que vos
ellez c'ment çai ? - Y sont enrhumés, Y ellons
en dévotion au bon Saint-Gueurluchon. - Moué
tô, I seu enrhumée, qu'elle dié. I peu
pu canc'ner. I vâ eller étou d'aivou
vô."
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Les
voilà partis tous deux quand ils rencontrèrent
une oie. "Où donc allez-vous comme çà ?
- Nous sommes enrhumés, nous allons en
dévotion au bon Saint Guerluchon. - Moi aussi je suis
enrhumée, dit-elle. Je ne peux plus cancaner. Je vais
aller aussi avec vous."
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Le
long d'eune bôcheure, a rencontrèrent eune
bique. "Laivou qu'vôs ellez c'ment çai ? - Y
sont enrhumés, y ellons en dévotion au bon
Saint-Gueurluchon."
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Le
long dune haie, ils rencontrèrent une
chèvre. "Où allez-vous comme çà
? - Nous sommes enrhumés, nous allons en
dévotion au bon Saint Guerluchon."
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Moué
tô, I seu enrhumée, qu'elle dié. I peu
pu bêler. I vâ eller étou d'aivou
vô." Aiprée, a rencontrèrent un mouton
et peu eune bécasse qu'étint bin
enrhumés etô, peu qu'partérent d'aivou
zeux. Un m'cho pu loin, ai l'entrée du bois, a
rencontrèrent un chien que yô dié
étô : "Laivou don que vos ellez
tôrtôs c'ment çai ?- Y sont
enrhumés, y ellons en dévotion au bon
Saint-Gueurluchon. - Moué tô, I seu
enrhumé, qu'a dié. I peu pu jaipper. I
vâ eller étou d'aivou vô."
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"Moi
aussi je suis enrhumée, dit-elle. Je ne peux plus
bêler. Je vais aller aussi avec vous." Après,
ils rencontrèrent un mouton et puis une
bécasse qui étaient bien enrhumés
aussi, puis qui partirent avec eux. Un peu plus loin,
à lentrée du bois, ils
rencontrèrent un chien qui leur dit aussi :
"Où donc allez-vous tous comme çà ? -
Nous sommes enrhumés, nous allons en dévotion
au bon Saint Guerluchon. - Moi aussi, je suis
enrhumé, dit-il. Je ne peux plus japper. Je vais
aller aussi avec vous."
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Les
vouèlai partis tôrtôs. A
l'airrivérent au bon Saint-Gueurluchon ai
l'entrée d'neut. Le chat dié : "Laivou donc
qui vont vont èller souper ?" Mâ vl'ai qu'a
z'aiparcevérent eune petiote lumière dans le
bois. A y ellérent, a trouèrent eune petiotte
mâyon lai qu'a y aivot parsonne.
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Les
voilà tous partis. Ils arrivèrent au bon Saint
Guerluchon à la tombée de la nuit. Le chat dit
: "Où donc allons-nous souper ?" Mais voilà
quils aperçurent une petite lumière dans
le bois. Ils y allèrent, ils trouvèrent une
petite maison où il ny avait personne.
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C'étot
lai mâyon du loup.
Le poulot dié : "Quouai donc qu'y ellons minger ? -
Mâ butez voua, a v'iai des treuffes, que dié le
chat. Y ellons nos en fére queure eune bonne
marmittée"... Quand que les treuffes feurent queutes,
a s'mettérent de conte et peu a les mingérent
tôtes. A ne léchèrent que les
plemeures.
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Cétait
la maison du loup.
Le poulet dit : "Quallons-nous manger ? - Mais
regardez, il y a des pommes de terre, dit-le chat. Nous
allons en faire cuire une bonne marmitée"
Quand
les pommes de terre furent cuites, ils les mirent côte
à côte et puis les mangèrent toutes. Ils
ne laissèrent que les épluchures.
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L'poulot
dié : "Ma laivou donc qui vont coucher ?" Le chat
qu'étot bin pu malin réponde : Ma I sont net
brament qui, d'no ? Moè, I vâ m'mettre devant
lai cheumnée. - Bin, I vâ m'mettre dessus lai
table, que dié le poulot. - I vâ m'mettre
dessôs lai table, que dié le mouton. Le chien
se mette daré lai porte, peu lai bécasse
dié qu'elle èllot se poser su lai
chéze. L'ouée se foré dans le lit.
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Le
poulet dit : "Mais où allons-nous dormir ?" Le chat
qui était bien plus malin répondit : Mais nous
ne sommes pas bien ici ? Moi je vais me mettre devant la
cheminée. - Et bien je vais me mettre sur la table,
dit le poulet. - Je vais me mettre sous la table, dit le
mouton. Le chien se mit derrière la porte, puis la
bécasse dit quelle allait se poser sur la
chaise. Loie se fourra dans le lit.
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Quand
que le loup rentré, a l'étot neue. A
pèller pô souper ma a n'y aivot pu ren ai
minger, a n'raimessé que les plemeures de
treuffes.
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Quand
le loup rentra, il faisait nuit. Il sapprêtait
à souper mais il navait plus rien à
manger, il ne retrouva que des épluchures de pommes
de terre.
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Le
chat qu'étot d'vant lai chemnée y
griffé tôte lai gueule. Le poulot
qu'étot su lai chemnée l'aivot tôt
emplâtré. Quand qu'a voulé
s'couchè, louée qu'étot dans lai bauge,
le batte d'aiquand ses olles ; a r'queulé ma lai
bique qu'étot su lai table l'enforché daivou
ses cornes et peu le mouton qu'étot dessôs lai
table y beillé deux vou trois côps de
téte dans le ventre ; lai bécasse su lai
chéze y piqué les fesses d'aivou son
bè. Quand qu'a l'essayé d'sorti, le chien le
morde brament.
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Le
chat qui était devant la cheminée lui griffa
toute la figure. Le poulet qui était sur la
cheminée lui fit dessus. Quand il voulut se coucher,
loie qui était dans le lit le battit avec ses
ailes ; il recula mais la chèvre qui était sur
la table lenfourcha avec ses cornes et le mouton qui
était sous la table lui donna deux ou trois coups de
tête dans le ventre ; la bécasse sur la chaise
lui piqua les fesses avec son bec. Quand il essaya de
sortir, le chien le mordit bien.
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En
se sauvant, a rencontré un aute loup : "Mâ
quouai donc qu'a yé que t'é l'air tôt
effarfantè ? - Oh ! Ne m'en cause pas, tins ! Quand
qu'I seu rentré chez moue, qui seu té pô
souper, a y aivot pu ran ai minger ; I yé
raimessè que des plemeures de
treuffes.
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En
se sauvant, il rencontra un autre loup : "Mais qui a-t-il
donc que tu ais lair tout épouvanté ? -
Oh ne men parle pas, tiens ! Quand je suis
rentré chez moi, cétait pour souper, je
navais plus rien à manger ; je nai
retrouvé que des épluchures de pommes de
terre.
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Devant
lai chemnée, a y aivot eune cardeuse que mé
tô cardé le nez. Dessus lai chemnée, a y
aivot un plâtrier que mé tôt
emplâtré. Dessus lai table, a y aivot eune
fonnouse que mé enforchè d'aivou sai forche.
Dessôs lai table, un fendoue de bois mé
tapé d'ssus d'aivou sai meilleuche et peu, su mai
chéze, un cordannier mé piqué d'aivou
son allouâgne. Quand qui seu té pô sorti,
daré lai porte, a yé un marcheau qu'mé
empourtè les fesses d'aivou ses t'naîlles. Pu
jemâs I n'y rteurne !"
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Devant
la cheminée, il y avait une cardeuse qui ma
tout cardé le nez. Sur la cheminée, il y avait
un plâtrier qui ma tout emplâtré.
Sur la table, il y avait une faneuse qui ma
enfourché avec sa fourche. Sous la table, un
bûcheron ma tapé dessus avec son marteau
et puis sur ma chaise, un cordonnier ma piqué
avec son alène. Quand jétais pour
sortir, derrière la porte, il y avait un
maréchal-ferrant qui ma emporté les
fesses avec ses tenailles. Plus jamais je ny
retournerai !"
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Quant
té zautres, a dreumérent brament au chaud
tôte lai neut. Ai lai pique du jôr, quand qu'a
s'en ellérent, a yé longtemps qu'a
l'étint dérhumès.
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Quant
aux autres, ils dormirent bien au chaud toute la nuit. Au
lever du jour, quand ils sen allèrent, il y a
longtemps quils nétaient plus
enrhumés.
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Pour écouter
l'histoire en patois
https://www.stleger.info