ARTHELEMY-ROSPER NFANTIN
(1796 - 1864)

   

 

 

Barthélemy Prosper Enfantin (1796-1864), dit aussi Père Enfantin, est l'un des principaux chefs de file du mouvement saint-simonien, mais est aussi un écrivain et un entrepreneur, à l'origine notamment du canal de Suez et du développement du chemin de fer, ainsi que directeur d'un organe de presse.

 

à gauche, Enfantin en 1832

 

Polytechnicien, il fit de nombreux voyages en Europe. Il rencontra Saint-Simon, fréquenta les sociétés secrètes et fonda un journal, "le Producteur", en 1825. En 1828, le mouvement se transforma en une Église, dont Bazard et Enfantin sont considérés comme les "Pères". Avec d'autres Saint-Simoniens, il racheta "le Globe" en 1830. Enfantin fonda une commune modèle à Ménilmontant. Condamné à un an de prison en 1832, il partit pour l'Égypte, où il créa une société pour le percement de l'isthme de Suez. En 1845, il fonda la Compagnie des chemins de fer de Lyon. Son influence a été considérable sur les hommes politiques et les hommes d'affaires de son temps : Adolphe Blanqui, Michel Chevalier, les frères Pereire. Ses articles du Globe ont été réunis sous le titre "Économie politique" (1831).

 

le Père Enfantin

 

Le saint-simonisme est né de la pensée de Claude-Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon (1760-1825), descendant du célèbre duc mémorialiste du règne de Louis XIV. Saint-Simon avait élaboré sa vie durant une philosophie nouvelle, fondée sur l'idée que le destin des hommes, toutes origines sociales confondues, est de travailler pour produire, et ce sous la houlette des plus savants d'entre eux. Ces idéaux hostiles aux privilèges de sa propre classe lui valurent de finir sa vie en 1825 dans le plus grand dénuement, mais entouré d'un petit nombre de disciples fervents dont Enfantin, Rodrigues, Bazard. Ces derniers fondèrent une école de pensée qui fit rapidement des émules.
Dans les années 1827-1828, les Saint-Simoniens s'organisèrent en "Famille" strictement hiérarchisée et firent de leur école une religion professée par des "apôtres". Ils exposaient leur doctrine lors de séances publiques enflammées et par le biais d'organes de presse propres (Le Producteur, L'Organisateur, Le Globe).

 

 

Le projet saint-simonien, foisonnant, repose sur quelques lignes de force :

  • tous les privilèges de la naissance doivent être abolis
  • la généralisation de l'éducation doit permettre l’épanouissement des capacités individuelles et l'amélioration du sort de "la classe la plus nombreuse et la plus pauvre"
  • la réorganisation du système bancaire et du crédit doit permettre de débloquer les fonds nécessaires au développement industriel, en particulier à la construction de nouvelles voies de communication.

 

 

Bazard et Enfantin, intronisés "Pères suprêmes" de la religion saint-simonienne en 1829, se déchirèrent 2 ans plus tard à propos de la question de la place des femmes dans la société, et se séparèrent. Après ce schisme, Enfantin demeura l'unique "Père" du saint-simonisme. Il fut l'instigateur de l'épisode le plus connu du mouvement : son retrait avec quarante "fils" dans sa maison de Ménilmontant, assorti d'une prise d'habit, du respect du célibat et d'une rigoureuse discipline domestique (1832).
Accusé de délit de réunion et d'outrages aux bonnes moeurs, Enfantin fut emprisonné et la Famille dispersée.
Après la période militante, sous la monarchie de Juillet et le Second Empire, les Saint-Simoniens s’illustrèrent dans le journalisme, la banque, la politique, les chemins de fer, le projet de percement de l’isthme de Suez, contribuant à faire entrer la France dans l’ère industrielle.
À sa mort en 1864, Enfantin légua à la Bibliothèque de l'Arsenal les archives du mouvement ainsi que ses papiers personnels, relatifs à ses activités en Orient ou en France, où il fut administrateur du P.L.M (ou Compagnie des chemins de fer Paris-Lyon-Marseille). Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise.

 

 

 

Paris - la fontaine-sculpture réalisée par Marnix Raedecker
square des Saint-Simoniens - Ménilmontant

 

Le square des Saint-Simoniens, situé sur les hauteurs de Ménilmontant, paisible espace vert fréquenté par les riverains, a été créé en 1937 à l’emplacement de la vaste demeure du XVIIIe, entourée d’un parc, qui appartenait à Prosper L’Enfantin. Ce fut le centre spirituel du saint-simonisme et le berceau de leur doctrine, le "Nouveau christianisme". Leur mode de vie extravagant attirait les Parisiens, qui en avaient fait leur nouveau lieu de promenade. On y voyait d'étranges ballets d'hommes en uniforme (pantalon blanc l'été, bleu l'hiver, gilet blanc boutonné dans le dos en signe de solidarité, béret basque rouge et barbe de rigueur) se livrant à des rites insolites. Leurs idées étaient novatrices : abolition des privilèges, fusion entre les peuples, égalité entre les hommes et les femmes. Leur influence grandissante inquiéta les autorités. Certains adeptes furent condamnés à de la prison et la société fut dissoute. Le saint-simonisme était officiellement mort. Mais la pensée saint-simonienne survécut.

 

 

Les idées visionnaires et progressistes du saint-simonisme soulevèrent une foule de questions nouvelles, influençant considérablement la société du XIXe siècle en pleine mutation. C'est par exemple grâce aux plans des polytechniciens saint-simoniens, qui en eurent l'idée dès 1820, que le Canal de Suez vit le jour en 1869. Ils eurent également l'idée du tunnel sous la Manche. Le saint-simonisme, qui compta dans ses rangs des ouvriers, des économistes, des sociologues, des banquiers, des hommes politiques, des scientifiques, des industriels, n'eut pourtant que 7 ans d'existence active (1825-1832). Parmi les plus célèbres représentants, les frères Pereire ont fondé en 1852 la 1re banque d'affaires, qui entraîna la création du CIC, de la Société Générale, du Crédit Lyonnais. C'est là toute l'ambiguïté d'un mouvement qui prôna l'idéal socialiste tout en contribuant à fonder une société capitaliste.

 

 

 

Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/Barth%C3%A9lemy_Prosper_Enfantin

 

 

 

 

 

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