eter Townsend, le plus Belge des ritanniques

 

 

Il s'agit d'un article de signé Thomas de Bergeyck et daté du 16 mai 2017 :

 

Le Capitaine de Sa Majesté à qui tout réussissait n’a jamais pu épouser Margaret, la princesse de son cœur. Réfugié de force chez nous, il y rebâtira une vie. Entre bonheurs et nostalgie.

Peter Townsend serait devenu héros de guerre s’il n’avait croisé le chemin de la jeune Margaret, fille cadette du roi George VI, un jour de juin 1943. Cet officier de la Royal Air Force, bardé de décorations, fut écuyer du souverain jusqu’à sa mort en 1952, avant de se mettre au service de la nouvelle reine Elizabeth.

Le capitaine Townsend a tout du bellâtre ténébreux qui aurait pu crever l’écran s’il n’avait choisi le service de la patrie. Sa vie privée commence de la plus banale des façons : par un mariage. Il a alors 27 ans. Son épouse, Cecil Rosemary Pawle, lui donne deux enfants : Giles et Hugo. Mais l’ambiance dans le couple tourne rapidement au vinaigre : Peter est en permanence à Buckingham tandis que Cecil, elle, est amoureuse d’un autre homme. Et surtout, il y a cette jeune princesse à peine adolescente qui ne cesse de faire des yeux de Chimène au jeune "group captain" dont elle tombe éperdument amoureuse dès l’âge de 13 ans.

Peter ne s’en laisse pas conter. Mais le destin va les réunir un soir de septembre 1948. Margaret doit remplacer sa sœur au couronnement de la reine Juliana des Pays-Bas. Et c’est Peter qui est chargé de l’accompagner. Au bal, elle danse beaucoup avec lui. Le père de famille est décontenancé. Car la petite fille est devenue une ravissante brune aux yeux azur. Le rapprochement est inéluctable. Le capitaine divorce, et son idylle avec la princesse est dévoilée. Elizabeth est heureuse pour sa petite sœur mais le Premier ministre Churchill ne l’entend pas de la même oreille. Un roturier divorcé ? "No way" pour l’Église anglicane. "Maggie" doit choisir entre l’amour et la raison d’État.

Peter Townsend, impassible, au côté de Margaret (à gauche de la photo)

 

Margareth est décédée le 9 février 2002 à l'âge de 71 ans

Peter Townsend est envoyé à Bruxelles, où il devient attaché d’ambassade. Leur idylle va se vivre à distance. Margaret et Peter s’écrivent tous les jours, et se téléphonent durant des heures, dépensant des fortunes.

Mais la raison sera la plus forte et les amants décident de renoncer au mariage. Margaret se noie dans le gin et les sorties mondaines. Elle perd le contrôle tandis que Peter, dans son exil forcé, tente de se reconstruire. En 1959, il épouse à l’hôtel de ville de Watermael-Boitsfort Marie-Luce Jamagne, fille de commerçants de Brasschaat. Il l’avait rencontrée après une chute de cheval sur un champ de course. Peter avait joué le secouriste pour les beaux yeux de cette brune de 19 ans, tellement proche physiquement de Margaret.

Le couple aura trois enfants : Marie-Françoise, Pierre et Marie-Isabelle, qui deviendra mannequin vedette pour Ralph Lauren. La famille s’installe ensuite en région parisienne, à "La Bullière", une propriété qui deviendra leur havre de paix. Peter aspire à la liberté dont il fut longtemps privé, la presse n’ayant de cesse de le traquer jusque dans son salon. Lui qui s’était illustré en 1940 en abattant le premier bombardier allemand entré dans l’espace aérien britannique a fait le choix d’une vie paisible.

Marie-Luce et Peter nourrissent leur amour entourés de leur chien, leurs chevaux et leurs livres. Le capitaine se recyclera un temps dans la vente de vins français aux États-Unis. Meurtri par son amour avorté pour Margaret, l’officier gardera longtemps le secret sur cette "royal affair". Tout juste avouera-t-il dans une autobiographie parue en 1978 qu’il ne faisait "tout simplement pas le poids pour compenser ce qu’elle aurait perdu en l’épousant : son prestige, son titre, sa fortune."

Peter Townsend luttait depuis plusieurs années contre un cancer de l’estomac. Il meurt le 19 juin 1995 à l’âge de 80 ans dans sa propriété de Saint-Léger-en-Yvelines. Sa veuve y conserve aujourd’hui encore tous les souvenirs du fringant capitaine britannique, héros malgré lui d’un mélodrame à l’eau de rose.

sa femme Marie-Luce Jamagne et une de leurs filles lors de ses funérailles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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