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La défaite de Sedan
et la capitulation de Napoléon III
provoquèrent, le 4 septembre 1870, la chute du Second
Empire, l'exil de Napoléon III et marqua la naissance
en France d'un régime républicain
pérenne avec la Troisième
République. la
journée révolutionnaire du dimanche 4
septembre 1870 La défaite et la
perte de l'Alsace-Lorraine provoquèrent en France un
sentiment de frustration qui contribua à
l'échec du pacifisme, et plus tard à
l'entrée du pays dans la Première Guerre
mondiale.
Vous lirez ici 2 textes,
l'un de 1873, l'autre de 1874, concernant cette guerre vue
de St Léger en Yvelines. On notera qu'il ne
faisait pas bon être maire du village à
l'époque ! |
Dans ce pays couvert de forêts,
les paysans s'étaient organisés pour inquiéter
l'ennemi, et chaque jour ses fourrageurs étaient reçus
à coups de fusil. Pour mettre fin à cette
résistance, le duc de Mecklembourg donna l'ordre à un
bataillon du 11e régiment bavarois de Tann de faire une battue
dans la forêt. Dans la matinée du 2 octobre,
les Bavarois cernèrent la commune de Poigny et se
mirent en devoir de fouiller les bois. Aux abords de l'étang
de la Cerisaie, ils égorgèrent froidement deux bergers
dans la hutte desquels ils avaient trouvé un vieux fusil ;
puis ils les suspendirent par les pieds aux arbres de la route, le
corps labouré de coups de sabre et les entrailles
pendantes. A Saint-Léger-aux-Bois,
pour venger les pertes essuyées la veille par les hussards,
ils pendirent le maire par son écharpe à la porte de sa
mairie, fusillèrent un garde national et emmenèrent
seize habitants comme otages. Deux de ces malheureux,
effrayés, essayent de fuir ; ils sont impitoyablement
massacrés ; l'un d'eux, lorsqu'il reçut le coup mortel,
tenait ses deux enfants par la main. Là encore, les meurtriers
branchèrent les cadavres de leurs victimes, supplice que les
bourreaux du Moyen-Âge réservaient aux voleurs de grands
chemins. Un récit allemand de la
dernière guerre récit illustré, dans lequel la
plume rivalise souvent avec le crayon pour l'extravagance, nous
apprend le nom de celui qui présidait à
l'exécution de ces hautes oeuvres. C'était le major de
Beumen, un philanthrope, nous dit-on, "der menschenfreundliche
Major von Beumen". Si cet officier est un type d'humanité,
on se demande ce que peut être le commun des Bavarois, ses
compatriotes (...)" Source : http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-36275
p. 57 et 58
expédition de la 6e division
de cavalerie prussienne vers Rambouillet (
) "Des francs-tireurs, des
mobiles et des gardes nationaux se disposaient à
défendre la route de Chartres. Les Prussiens arrivent à
Rambouillet le 27 septembre 1870, somment M. de Fontanelle,
sous-préfet, et M. Delamotte, maire, d'acheter dans
l'arrondissement et de concentrer au chef-lieu des approvisionnements
pour l'armée, et sur leur refus envoient le sous-préfet
en Allemagne et condamnent la ville à une amende de 3 000
francs. A Saint-Hilarion, ils se heurtent à des mobiles, le
1er octobre. Se repliant sur Gazeran, ils placent sur la butte de
l'Orme 2 canons qui forcent la colonne française à
battre en retraite. Le 3, ils attaquent Epernon avec 4 pièces
d'artillerie, et s'en emparent à 5h du soir. Dans ce pays couvert de bois, des
paysans s'organisaient en guérillas pour inquiéter
l'ennemi. On tire sur des patrouilles prussiennes au Tremblay,
à Craches, à Rochefort, à Condé, à
Maurepas, au Perray. 10 habitants d'Auffargis, sous la
conduite de M. Lesage, officier de cavalerie, tiennent la campagne
pendant plusieurs jours. L'ennemi menaçant s'ils continuent de
bombarder Vieille-Eglise, ils se résignent à regret
à déposer leurs fusils. Un paysan de Condé qui
se cachait dans les bois est fusillé. Le comte de Rougé
parvient le 2 octobre à arracher à la mort le maire du
Tremblay et 3 de ses administrés que des soldats voulaient
égorger. Rochefort ne doit qu'à l'intervention du comte
de Pourtalès d'échapper à l'incendie.
Pour venir à bout de cette
résistance, le général ordonne une battue de la
forêt. Le 2 octobre, au matin, la commune de Poigny se voit
cernée. On entend au loin les appels du clairon et les
commandements des chefs dirigeant la marche des troupes à
travers les bois. Tout à coup éclate une
décharge terrible. Après 2h d'une attente mortelle pour
les habitants, les cavaliers qui gardaient l'entrée des rues
reprennent leur marche. On se précipite vers l'étang de
la Cerisaie d'où sont partis les coups de feu. Aux sapins qui
bordent la route étaient attachés par les pieds, le
corps labouré de coups de sabre et les entrailles pendantes,
deux bergers de Rambouillet, dans la hutte desquels on avait
découvert un vieux fusil. Au coucher du soleil, les
mêmes soldats repassent. La soirée était belle ;
ils chantaient un de ces churs que les Allemands
exécutent avec un si harmonieux ensemble. La journée
avait été bonne. En quittant Poigny, ils avaient
vengé à Saint-Léger-en-Yveline la mort d'un des
leurs. Le maire d'abord avait été pendu par son
écharpe (elle se rompit heureusement) à la porte de la
mairie ; puis le meurtrier avait été fusillé. Et
comme cela ne suffisait pas, 16 hommes furent emmenés dans la
plaine. Deux de ces malheureux, effrayés, essaient de fuir ;
ils sont poursuivis et massacrés sur place ; l'un d'eux, veuf,
tenait ses deux enfants par la main. Les 14 autres attendaient leur
sort à genoux. Enfin le curé parvint à calmer
cette rage et les bourreaux se contentèrent de suspendre
à des arbres les deux victimes. L'échec d'Epernon n'avait pas
découragé les Français. Le 8 octobre, à
5h du matin, ils attaquèrent les Prussiens et les Bavarois,
barricadés dans Ablis, et après un combat d'une
demi-heure se replièrent, emmenant 70 hussards prisonniers et
95 chevaux avec beaucoup d'armes ; ils perdirent 2 hommes et
tuèrent ou blessèrent 6 Prussiens. Un habitant
inoffensif fut atteint par des balles. A 9h du matin, une colonne
composée de cavalerie, d'infanterie et d'artillerie envahit la
commune, brise les portes et les fenêtres et se livre au
pillage. Elle rencontre dans les rues 4 paysans et les massacre. Le
maire est averti que, s'il ne paie pas sur l'heure 5 000 francs, on
mettra le feu aux maisons. Quand l'argent est compté, le chef
ordonne d'incendier le village ; l'ambulance dans laquelle on avait
recueilli et soigné les blessés prussiens n'est pas
même épargnée ; 22 hommes sont
enchaînés et emmenés au Mesnil-Saint-Denis. Comme
ils passent sur la route, un des paysans fusillés le matin et
laissés sur place se dresse sur son séant ; on lui
casse la tête d'un coup de mousqueton. une batterie
française pendant la guerre de 1870 - https://fr.wikipedia.org Le général Schmidt,
devant qui comparaissent les otages, leur annonce qu'ils vont
être passés par les armes. Il accorde à
grand'peine à M. Barbier, faisant fonction de maire, un sursis
de 3 jours et la liberté sur parole pour chercher la preuve de
l'innocence des habitants ; et encore ne le laisse-t-il partir
qu'à condition de réclamer au gouvernement
français les hussards faits prisonniers. Le 12 au soir, M.
Barbier revient courageusement, rapportant une dépêche
de la délégation de Tours et une lettre du
préfet d'Eure-et-Loir. Le général sourit, en
lisant la dépêche qui le menaçait, si on
fusillait les otages, d'exercer des représailles sur les
Allemands, et remarqua que la Prusse avait plus de 100 000
prisonniers à massacrer. Mais la lettre de M. Labiche lui fit
une grande impression ; il y répondit longuement en
tâchant de se justifier. Le préfet d'Eure-et-Loir lui
certifiait que le coup de main d'Ablis avait été
exécuté par un corps de francs-tireurs parisiens, tout
à fait étranger au département de Seine-et-Oise,
et lui représentait dans un langage ferme mais conciliant que
les hussards ayant été pris suivant les lois de la
guerre, il était contre toute justice de retenir des citoyens
innocents à leur place. Le lendemain, le général
donna l'ordre de remettre les habitants d'Ablis en liberté.
Quand M. Barbier et M. Noguette,
maire de Prunay, qui l'avait accompagné, allèrent leur
porter cette bonne nouvelle, ils les trouvèrent dans
l'église, accroupis sur les dalles, ayant devant eux la
pitance que leurs geôliers venaient de leur apporter ; un
officier assis à l'orgue jouait une valse. Le
général voulut reconduire lui-même les otages
jusqu'aux avant-postes et en les quittant, après avoir
félicité M. Barbier de son dévouement, il laissa
échapper ces paroles : "A mon lit de mort, je me
rappellerai cette malheureuse affaire." le siège de
Paris, par Jean-Louis-Ernest Meissonier Un journaliste prussien, mari d'une
Française et pendant 10 ans notre hôte, ne vit pas
là matière à scrupule. Voici comment il
racontait à Versailles cette exécution : Source : "Tableau de la guerre
des Allemands dans le département de Seine-et-Oise
(1870-1871)"
Auteur : Louis-Paul Rolin "La guerre dans l'ouest : campagne de
1870-1871"
1874 - Editions Plon (Paris)
"La petite commune d'Ablis, près de Rambouillet, a
été dernièrement le théâtre d'une
horrible boucherie. Le 4e escadron du 16e régiment de hussards
prussiens y avait pris des cantonnements. Dans la nuit du 7 au 8
octobre, croyons-nous, des francs-tireurs, guidés par des
habitants du village, ont massacré un à un, et pendant
leur profond sommeil, une cinquantaine de ces hussards. Le reste de
l'escadron, tous les hommes plus ou moins grièvement
blessés, est parvenu à se sauver en prenant la fuite.
Comme bien on pense, les autorités
militaires prussiennes ont fait suivre ce fait barbare et coupable
d'une punition sévère. La moitié de la commune a
été incendiée par une colonne prussienne,
envoyée ad hoc sur les lieux, et l'autre moitié a
été imposée d'une contribution de guerre
extraordinaire de 200 000 francs."
Il n'est pas un détail de ce récit qui ne soit
faux. Dans ce comme bien on pense, on sent une
satisfaction intime qui déborde. Les bourreaux de la Prusse
paraissent tendres et ses exacteurs discrets à
côté de cet homme de plume. "
Auteur : Gustave Desjardins
1873 - Librairie Polytechnique de J. Baudry (Paris)