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"A faut espérer qu' c' jeu-là finira ben tôt"
Le paysan, appuyé sur sa houe,
doit porter sur son dos le prélat et le seigneur
(il peine et paye les impôts pour nourrir le clergé et
les nobles)
cependant que les oiseaux et les rongeurs dévorent sa
récolte.
(le paysan n'a pas le droit de chasse)
D'après une caricature du temps
(in L'Histoire Vivante, de M. et S. Chaulanges, aux éditions
Delagrave - 1954)
SAINT-LEGER-LE-PAUVRE
St-Léger,
composé de vingt chaumières,
surnommé à juste titre le pauvre :
pauvre en effet par le peu d'étendue de son
territoire qui ne contient pas plus de 250
journeaux, dont les trois cinquièmes au
moins sont en main morte, par l'ingratitude du sol
; par le peu d'espace des habitations et de leurs
dépendances ; plus pauvre encore en ce
moment que jamais par le prix excessif du pain et
l'anéantissement presque total des fabriques
auxquelles s'est dévouée la plus
grande partie de ses habitans pour remédier
au défaut de main d'uvre locale.
Ce pauvre
St-Léger donc n'est pas dans le cas sans
doute de prétendre à une bien grande
influence dans les opérations du moment.
Aussy ses habitans se bornent-ils à faire
des vux pour qu'il résulte de
l'assemblée mémorable qui va
raprocher la nation du meilleur des souverains
d'une manière sy satisfaisante pour la
classe souffrante surtout : 1) L'égalité
promise dans la répartition de tous les
impôts. 2) L'adoucissement
qu'on se croit fondé à espérer
dans ceux qui tombera sur les choses de
première nécessité, sur le sel
par exemple. 3) La suppression
de ces impôts sur les boissons qu'on nomme
trop bu, et dont la dénomination seule
répugne. 4) Celle du droit
sur les boissons, encore de passage d'une province
à une autre, donc cette paroisse
éprouve pleinement le
désagrément et la gêne,
étant voisin et limitrophe d'une province
qui supplée souvent au défaut de la
Picardie en ce genre : la Normandie ; celle enfin
des aydes et gabelles. 5) Que la province
soie érigée en pays d'état
pour l'économie des recettes et à
cause des autres avantages qui semblent
résulter de cette forme. 6) Que la paroisse
retire enfin quelqu'avantage du poids de la
corvée, en voyant rétablir la
chaussée de la ville d'Eu à Paris qui
traverse son territoire, celle de communication de
la Normandie à la Picardie qui traverse la
vallée dans l'enceinte de cette paroisse,
chaussée continuellement
dégradée par les voitures
énormes, chargées de verreries, de
bois, de charbon, de cidre, etc., qui s'exportent
journellement de la Normandie, enfin les chemins
vicinaux, surtout ceux qui conduisent à
Sénarpont, bourg le plus voisin. 7) Que le bois,
doublé de valeur depuis dix ans dans le
canton, où il est maintenant plus cher que
dans les villes les plus considérables,
redevienne plus à la portée de
l'indigent qui ne sait où trouver son
chauffage, le monopole en ce genre ayant
ôté à cette classe toute
facilité, en ne luy faisant plus de
crédit, infamie toute nouvelle, et le bois
sec lui étant pour ainsy dire interdit par
la rigueur qui s'introduit dans la garde des
forêts dont cette paroisse est cependant
environnée de toutes parts. 8) Enfin que les
possessions des gens de mainmorte appartiennent
pour le territoire aux paroisses les plus voisines
de leur situation, d'où il
résulteroit que la ferme de la
Rosière, qui confine au terroir de
Saint-Léger, au lieu d'être de la
paroisse de Saint-Mauvis, dont elle dépend
maintenant, quoyqu'à plus de deux lieues de
distance, à cause de la commanderie dont
cette ferme est membre, dépendroit de la
paroisse de Saint-Léger et la soulageroit
dans les dépenses communes, qui, de telle
espèce qu'elles soient, seront toujours
au-dessus des forces de cette paroisse, les choses
restant dans leur état actuel. Il n'y a en cette
paroisse ni fonds de fabrique, ny fonds de
charité, ny maître d'école.
Signé
: Mauduy, Quevron, fils d'Augustin, Vasseur,
gréfier, Duhamel, sindic, Scellier,
lieutenant du temporel de l'abbaye de
Saint-Pierre-lès-Sélincourt,
Dumolliens, greffier de Sainte Larme Procès-verbal
Comparants :
Jean Duhamel, sindic, Nicolas Mauduy, Jean-Charles
Cagnard, Nicolas Quevron, fils d'Augustin, Pierre
Delmasse, Nicolas Quevron, fils de Jacques, Pierre
Dangreville, Louis Dangreville, Pierre
Candellier. Députés
: Jean Duhamel, sindic, Nicolas Mauduy
Au bailliage, on réunit tous les cahiers des paroisses en un
cahier de bailliage. On en rédige un pour chaque ordre :
Noblesse, Clergé et Tiers-Etat.
Les cahiers sont ensuite envoyés au Roi à Versailles.
Ils devaient lui faire connaître les plaintes et les voeux des
Français.
Aujourd'hui, ils nous renseignent sur la vie et les espoirs de la
population française en 1789.
Ces cahiers de
doléances proviennent du site Mémoires de la
Somme http://archives.somme.fr
de la paroisse de St-Léger en
Chaussée, dit le Pauvre