En
août 1940, Alfred Leroux a 29 ans lorsqu'il franchit les
grilles de ce camp de prisonniers réservé aux officiers
français. Lieutenant de réserve originaire de St
Léger les Domart, dans la Somme, il est capturé aux
environs de Montmédy, en Lorraine, après les combats
intenses de la ligne Maginot. Commence alors pour lui et ses
compagnons d'infortune 5 années de
captivité.
Oflag 17A,
tournage clandestin derrière les
barbelés
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Au terme dune
offensive éclair, les lignes françaises ont
implosé sous limplacable machine de guerre allemande.
Sur les routes de France, partout des régiments en
déroute, des hommes défaits. "Nous nous sommes
trouvés sur la jetée de Dunkerque", se souvient le
lieutenant Philippe Nicolas, du 150e régiment
dinfanterie. "Jai été fait prisonnier
dans le Doubs. [
] On nous a demandé de nous
aligner sur une route et de déposer à nos pieds tout ce
qui pouvait être dangereux ou suspect", raconte le
lieutenant Marcel Guilloteau, du 131e. "On se repliait, on a
marché quatre nuits et le cinquième jour, dans le bois,
quand je me suis réveillé, il y avait des Allemands
tout autour de moi, baïonnette au canon", précise le
lieutenant Robert Granger, du 115e. Lorsque larmistice est
signé le 22 juin 1940, tous les militaires français
faits prisonniers sont envoyés en captivité sur le
territoire du Reich. Tandis que les soldats et les sous-officiers
sont internés dans des Stalags, les officiers sont retenus,
eux, dans des Oflags. "Après la débâcle,
précise lhistorien Andreas Kusternig, les Allemands
ont fait deux millions de prisonniers de guerre. [
]
Cinq mille officiers français sont venus ici, à
Göpfritz. Ils ont débarqué de wagons à
bestiaux et ils ont marché sur les quatre ou cinq
kilomètres en direction du camp."
A lOflag 17A,
en Autriche, les hommes vont passer cinq longues années.
"Il y avait quarante baraques, vingt de chaque côté
dune allée centrale, et puis, tout autour, le terrain,
délimité par des barbelés et
éclairé la nuit par des projecteurs",
témoigne Philippe Nicolas.
Nétant
pas soumis à un régime de travail obligatoire, les
officiers détenus dans lOflag 17A sont menacés
par linaction et le désuvrement. "Certains,
rappelle Jean-Claude Leroux, fils du lieutenant de réserve
Alfred Leroux, se sont dit que braver linterdit de
photographier était une façon de continuer le
combat."
les
officiers français qui ont tourné
Sous le manteau : Marcel Corre
("promoteur"), Jean Milliard et Paul Minaux (direction des
prises de vues), Paul Ghadile (script), Alfred
Leroux (service de guet), André Lemaire
(opérateur principal pour les prises de vues en
intérieur), Jean Milliard (opérateur principal
pour les prises de vues en extérieur dans le camp, et
montage), Roger Brouée (chef électricien),
Maurice Regnault (commentateur)
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.
Considéré,
selon la loi martiale, comme une activité despionnage et
de renseignement au profit de lennemi, être pris en train
de filmer ou de photographier était passible du peloton
dexécution. Malgré le danger, un groupe
dune dizaine dofficiers va satteler à
témoigner de la vie dans le camp en filmant clandestinement
avec une caméra bricolée.
Des séquences
qui seront réunies dans Sous le manteau, un
document de 26 minutes, témoignage exceptionnel des conditions
de détention dans un Oflag. Réception des colis
dalimentation envoyés par les familles, confection des
repas, organisation des cours universitaires,
répétitions de pièces de théâtre,
interminables opérations de fouilles ou rituel quotidien de
lappel rythment les journées des prisonniers.
dans
l'Oflag 17A
camp de prisonniers entre 1940 et 1945
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Ne perdant pas pour
autant de vue leur premier devoir de militaires, celui de
sévader, certains vont déployer mille ruses pour
percer un tunnel. Ils seront cent trente-deux à
séchapper le 18 septembre 1943. Seulement six, parmi
lesquels le lieutenant Jean Cuene-Grandidier, du 21e bataillon de
chasseurs à pied, vont réussir leur évasion. Les
autres, repris, devront tenir bon dans des conditions
dexistence de plus en plus difficiles jusquà leur
libération, en mai 1945. "Un matin, raconte Robert
Granger, jétais sur la route et jai vu passer
un engin que je ne connaissais pas, cétait une Jeep.
[
] Avec un copain, je me suis retrouvé sur les
Champs-Elysées. On se demandait où on était,
ça faisait un tel effet de voir des maisons, des voitures, des
arbres, des femmes, des enfants, des magasins
on navait
pas vu tout cela depuis cinq ans. On était
libres
"
Christine
Guillemeau - http://www.france5.fr
Grâce
à une aide extérieure et à une bonne
dose dingéniosité, ces officiers
prisonniers réussissent à immortaliser en
images leurs conditions de détention. Sous
le manteau est tourné grâce à
une caméra fabriquée en toute
clandestinité.
Cachées dans des saucisses, les pièces de
l'appareil arrivent au compte-gouttes à l'Oflag 17a.
Une fois assemblée, la caméra de fortune est
cachée dans un faux dictionnaire. Les bobines de film
seront, elles, dissimulées dans les talonnettes de
leurs chaussures rafistolées...
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Le
scénario du film de John Sturges La Grande
Évasion, avec Steve Mc Queen, James
Garner, Richard Attenborough, est inspiré de cet
épisode de la Seconde Guerre mondiale.
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une
vidéo
exceptionnelle
sur ce film clandestin
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"Ils
l'ont fait !"
dans les coulisses de lOFLAG XVII A Edelbach
1940-1945
un
livre écrit par Jean-Claude Leroux,
fils d'Alfred - 2014
ici,
un reportage de France 3 Picardie
avec Jean-Claude Leroux - 2015
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pour
poursuivre
"Défense
de Photographier"
autre
document
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https://www.stleger.info