le marmiton cuisine en picard |
Pou chés
woefes al chitroulhe: 500g éd frin.ne, 1 piéche
éd bure, 350g éd Chitroule qhuite in badrèie,
25cl éd crime, 500ml éd lachoe, 4 uës, 1
saclé d'jèie, 1 qhulhiére à cafèi
d'sé. Oui, la recette est en picard. Enfin presque.
Les cuisiniers du
samedi avait droit à une traduction sur leur plan de travail.
Hier, dans la salle multifonctions de Saint-Léger-en-Bray, le
Picard Jean-Marie Braillon donnait un cours de cuisine à une
vingtaine de participants. Sur la table, il a
sorti les marmites et les ustensiles de cuisine de sa
grand-mère. La recette démarre avec le beurre. "Bon
les quantités, c'est un peu au pif. Ça va être un
peu long, car moi, je sens toujours les oeufs. Quand j'étais
petit dans mon village, j'ai vu une voisine casser la coquille et un
poussin sortir de l'uf. Maintenant je vérifie."
Le cours n'a rien
d'une master class d'un chef trois étoiles. D'ailleurs, le but
n'est pas là. Autour du saladier, on discute en picard, on se
pose des colles sur des noms communs à traduire, on se raconte
des histoires. "Vous savez ce que c'est un écorcheu ?",
demande le professeur du jour. L'assistance est muette. "C'est un
tablier, voyons !" La recette
réserve quelques surprises. Le lait par exemple peut
être fort bien remplacé par du cidre, de la
bière, voire même du champagne. "Du champagne picard
bien sûr. Qu'on fabrique à Château-Thierry !"
Une fois la
démonstration terminée, les participants rejoignent
leurs plans de travail. Nelly et son fils Mickael, 9 ans, se lance
dans la préparation. En picard bien sûr. Une langue que
le jeune garçon comprend bien. "Je parle surtout chtimi.
C'est ma passion depuis que j'ai vu le film de Dany Boon." La
famille vit à Feuquières. "Prononcez
"Feuchère", insiste Nelly. Mes grands parents parlaient
picard chez eux. Je regrette aujourd'hui qu'ils ne nous aient pas
transmis leur langue même si je la comprends plutôt
bien." Un peu plus loin,
Peggy est en train de doser le lait. Documentaliste dans la Somme
mais originaire de Saint-Martin-le-Nud, c'est loin de chez elle
qu'elle s'est rendu compte de sa connaissance du picard.
"J'étudiais dans la région lyonnaise et mes amis ne
comprenaient pas certains mots que j'employais." De retour en terres
picardes, elle décide de transmettre son savoir à ses
collégiens. "J'anime un club de picard dans mon
établissement. Et les élèves sont
drôlement forts, habitués à parler la langue
depuis leur naissance." Un enseignement
très valorisant pour eux. "On leur reproche souvent de mal
parler français alors qu'en réalité, ils parlent
un très bon picard. Mon travail est de les aider à
dissocier les deux, pour maîtriser parfaitement leurs
langues." Jean-Eric
Ménard, le maire de Saint-Léger-en-Bray, rappelle que
sa commune se trouve proche de la frontière sud du pays
picard. "Ensuite, c'est la région parisienne. Ici pourtant,
nous sommes bel et bien en Picardie, culturellement parlant. Nous
avons d'ailleurs découvert que certains hameaux avaient des
noms typiquement picards. C'est le cas des Oisons, qui signifie les
oies." Pierre
Saulnier
Le festival "Chés Wèpes" se poursuit dans le
Beauvaisis. Hier, à Saint-Léger-en-Bray, Jean-Marie
Braillon divulguait sa recette toute picarde de la gaufre à la
citrouille.