Marie
Marthe Pestel naît le 28 mars 1858 à Rémy, canton
d'Estrées Saint-Denis, Oise. Elle est la fille d'Auguste
Pestel, 27 ans, boulanger, et Adolphine Delhaye, originaire de
Frasnes-lez-Buissenal en Belgique, âgée de 29 ans. Sa
mère décèdera prématurément des
suites de couches en 1872 à Rémy, et son père
alors âgé de 41 ans, seul avec ses deux filles, se
remarie dans l'année avec l'institutrice du village Marie
Cottelle, âgée de 24 ans, originaire de Lachelle. Marthe
a 14 ans et poursuit ses études, sans doute avec le soutien de
sa belle-mère qui aura certainement une influence sur son
choix de devenir à son tour institutrice.
Marthe sera institutrice publique de
1876 à 1917 dans l'Oise et une année dans l'Aisne. Elle
est nommée la première fois en 1876 à
l'école de Libermont dans le canton de Guiscard.
A la rentrée 1877, elle est nommée à Thourotte
où elle se marie l'année suivante.
Marthe n'a pas encore 20 ans
lorsqu'elle épouse à Thourotte le 16 février
1878 Fulbert Bonnart, âgé de 25 ans,
cultivateur.
1878 - la signature de
Marthe
En 1881, elle est à
Trosly-Loire, canton de Coucy-le-Château dans l'Aisne.
Elle a 23 ans à la naissance de son 1er fils Maurice Fulbert
Arthur Bonnart, né le 14 octobre à Trosly-Loire, Aisne.
Elle y est recensée comme ménagère.
Elle est nommée en 1884 pour
faire la classe à Varesne dans le canton de Noyon.
Elle a 31 ans lorsqu'elle est
nommée en juin 1889 à l'école de
Saint-Léger-aux-Bois où elle sera en poste
jusqu'à l'arrivée de l'armée allemande en 1914.
Elle fait la classe des filles et des petits dans l'École des
Filles n°2 rue du Caillet, située à
côté de l'église. Le bâtiment est
partagé en deux de chaque côté du couloir central
; du côté droit, en entrant, la classe, et de l'autre le
petit logement pour l'institutrice et sa famille.
En 1890, elle est mère d'une
famille de 4 enfants : Armandine née en 1879 dite Fernande,
Maurice né en 1881 dit Albert, Amélie née en
1884 à Varesne, et Lucien né en 1885. Le 10 novembre
1890, à Saint-Léger-aux-Bois, naîtra Louis qui
mourra 5 mois plus tard, le 27 avril 1891. Ce sera leur dernier
enfant. Lucien mourra en 1898, âgé de 12 ans,
également à Saint-Léger-aux-Bois. Son mari
Fulbert Bonnart est en 1908 brossier et travaille à
Tracy-le-Mont.
En 1887 puis en 1898, le
ministère de l'Instruction Publique sollicite les instituteurs
pour rédiger des monographies des villages dans lesquels ils
enseignent pour la préparation des expositions de
l'enseignement primaire public aux expositions universelles de 1889
ou de 1900. Marthe Bonnart et M Julien Sézille, l'instituteur
de la classe des garçons, ont-ils rendus leur copie
?
Julien
Désiré Camille Sézille,
né vers 1861, instituteur public en 1891
à Saint-Léger-aux-Bois,
domicilié rue du Caillet, marié
à Marie Louise Bourdon en 1896 à
Lassigny.
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Marthe
Bonnart est citée aussi dans l'annuaire de
Gustave Dumont "Statistique administrative,
commerciale et industrielle de l'arrondissement de
Compiègne et des pays limitrophes -
première année
1891 - imprimerie : 9, rue des
pâtissiers près de l'hôtel de
ville Compiègne" :
"Saint-Léger-aux-Bois
à 12 kil. de Compiègne. Poste et gare
à Ribécourt à 5 kil.
Télégraphe d'Ollencourt à 4
kil.
Contenance territoriale : 831 hectares dont 166 en
terres labourables
Dépendances et écarts : Flandre
(hameau distant de 400 mètres),
Taillepied
Maire M. LECLÈRE Arthur. Adjoint M. LAPLACE.
Curé M. LEFÈVRE. Instituteur M.
SÉZILLE. Institutrice Mme BONNARD
Marthe. Officier de pompiers M. CARON
Alfred
Aubergistes DELAPLACE, DUMONT, Flandre. Cafetier
VASSEUR. Fabricant de balles BERNARD CARON.
Fruitier ALLIAUME. Nouveautés
DELAPLACE."
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Sans doute aura-t-elle beaucoup
contribué à la réussite scolaire de ses enfants
qui plus tard, comme en témoignent leurs correspondances, ont
une belle écriture et un vocabulaire riche qui leur permet
d'exprimer intensément leurs sentiments dans les
échanges parfois quotidiens de lettres ou de cartes
postales.
Elle se déplace
régulièrement pour aller rendre visite à ses
enfants, comme en témoigne les nombreuses cartes postales qui
annoncent son arrivée :
le 24 septembre 1906 : "Fernande est venue me chercher (au
train) suis à Tergnier depuis mercredi"
le 9 septembre 1907 : "Je pars demain à Tergnier, dimanche
on va à la fête à Thourotte, quelle vie
mouvementée dans ma solitude habituelle !"
le 5 mars 1909 : "Saint-Léger-aux-Bois - Ma chère
Georgina, nous venons d'être tous les trois bien malades de
cette influenza maudite, c'est à cause de cela que je ne
t'avais pas écrit. Depuis le lendemain du mardi gras et
déjà avant, cela ne va pas : cette grippe vous rend
bien malade. Je n'ai pas voulu fermer la classe mais aussitôt
sortie je me couchais. Quelle triste situation que de travailler
comme cela ! Nous allons un peu mieux, mais ce que nous toussons
à l'envi l'un et l'autre !"
Marthe BONNART figure sur cette carte
postale prise vers 1910 devant l'École des Filles et des
petits, sise à côté de l'Eglise, on distingue
Marthe derrière la grille de la cour en noir sur la gauche le
nez dans son écharpe à cause de la froidure de
l'hiver.
Le
Libéral de l'Oise du 2 janvier 1913
:
"Saint-Léger-aux-Bois - Avancement - Nous
apprenons avec plaisir que Mme Bonnart,
institutrice à Saint-Léger-aux-Bois
depuis 24 ans, est nommée institutrice de
1re classe. Toutes nos félicitations.
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La guerre, qui débute en
août 1914, va bouleverser le pays et mobiliser de nombreux
instituteurs qui laisseront leur classe, parfois pour toujours. Les
écoles du front ne seront plus accessibles et les
institutrices seront nommées en remplacement pour pallier tous
ces aléas. Ainsi Marthe Bonnart, qui était
restée pendant 25 ans à Saint-Léger-aux-Bois,
va-t-elle occuper successivement plusieurs postes dans les environs
de Compiègne, en tentant de conserver une certaine
proximité avec sa famille.
Saint-Léger-aux-Bois sera
évacué dès 1914 : après la bataille de la
Marne, les Allemands vont reculer jusqu'à Bailly et se terrer
dans les tranchées, fixant ainsi le front pour de longs mois
au nord de Saint-Léger-aux-Bois, avec la forêt de Laigue
d'une part et la rivière Oise d'autre part comme autant de
défenses naturelles pour protéger Compiègne et
plus loin Paris. Les combats de l'été 1914 vont faire
rage, en particulier un peu à l'Est sur Tracy-le-Val,
Tracy-le-Mont et le plateau de Quennevières, et à
l'Ouest sur Ribécourt, appuyés par des tirs de canons
français depuis les lisières de la forêt de
Laigue à Saint-Léger, entre autres.
Elle remplace l'institutrice de
Longueil-Annel ou Longueil-Ste-Marie le 25 février
1915.
Le 11 août 1915, elle
répond de Longueil à son fils Maurice qui lui a
annoncé son retour aux tranchées en première
ligne : "Nous allons avoir hâte que tu en sois sorti car on
est certainement plus exposé que celles d'arrière,
enfin espérons que tu en sortiras sain et sauf comme les
autres fois, où certes le danger était beaucoup plus
grand. Enfin... espérons toujours que ce sera fini pour
l'hiver. Si tu n'es pas à l'abri en ce moment, je te plains
car il pleut à seau, quel orage ! D'ailleurs, tous les jours
c'est à peu près la même chose. Nous sommes
envahis de mouches, je ne sais pas à quoi cela tient,
peut-être est-ce les soldats à cheval qui nous les
amènent."
Marthe est nommée à
l'école de Longueil-Sainte-Marie pour la rentrée
d'octobre 1915 et domiciliée au hameau de Bois d'Ageux, puis
en congé maladie de 3 mois de février à mai pour
des problèmes cardiaques ; une suppléante assurera
alors la classe.
Alors qu'elle enseigne encore, elle
est malade pendant plusieurs mois et se félicite des bons
soins que lui donne sa fille Fernande, dans
un courrier adressé à son fils
Maurice, toujours
soldat. Elle écrit que "le médecin l'a
trouvée mieux" et elle dit ne plus avoir cet essoufflement
aussi fort et que son cur bat plus régulièrement.
Elle donne également des nouvelles de sa fille Amélie
et de ses autres enfants, de son gendre Alfred et sa bru
Georgina.
1915 - "Mes chers enfants,
j'espère qu'à présent la
santé
de notre
petite chérie Marcelle est
tout à fait bonne et qu'elle est de ce fait redevenue bien
gaie. Depuis plusieurs jours, je disais toujours "je vais
écrire à mes chéris" et en dehors de la
classe je n'en trouvais pas le temps. J'ai eu la visite de
l'inspecteur le 23, je suis plus tranquille à présent.
Vous avez sans doute su tous les décès de gens de
St-Léger, mais qui ne l'habitaient plus : ils étaient
encore jeunes et ont tous bien surpris. Nous sommes allées
hier, Amélie et moi, à la messe des morts à
Thourotte (...) Votre mère dévouée, Marthe
Bonnart"
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Marthe en
1913
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1915 - Longueil-Annel - carte de
Marthe à
Georgina sa bru, dont le mari Maurice (dit Albert) est soldat :
"Albert nous avait dit qu'il
écrirait aussitôt qu'il changerait de
garnison. C'est pourquoi il a été plusieurs jours
sans en recevoir de nous et nos lettres sont si longues à
parvenir, elles vont toutes à Beauvais et y séjournent
parfois 2 à 3 jours. Qu'on est mal desservi en ce moment
! Marcelle [sa petite-fille] est contente, elle est la
1re à l'école alors qu'il y en a de bien plus vieilles
qu'elle. Aussi elle travaille bien, mais elle devient si grande
je ne puis plus la coiffer qu'assise. Et Raymonde, pauvre mignonne !
Sa rougeole n'a pas dû la faire engraisser (...) elle ne
retourne pas encore en classe. J'ai ici 48 élèves,
c'est bien fatigant... Hier j'étais si souffrante
qu'aujourd'hui je n'ai pas fait classe. Ma foi, je n'ai pas envie de
me tuer dans cette classe. Si madame Morizot a des petits serins,
elle serait bien gentille de m'en garder. Si je reste ici, ils me
distrairaient, n'ayant ni jardin ni fleurs.
Quand M.
Delmez achète des meubles
d'occasion, il
n'achète pas des cuisinières parfois ? Car il m'en
faudrait bien une mais les neuves il faut mettre de 150 à 190
francs pour avoir quelque chose d'assez bien, tandis que parfois j'en
aurais d'occasion une qui ferait toute aussi bien mon affaire et qui
ne me coûterait pas si cher. M Grenier est allé à
Saint-Léger et a trouvé les choses en l'état
qu'elles étaient à peu près en
novembre. Depuis le boulanger jusqu'à chez Caron, il n'y
a pas eu un seul obus dans cette rue. Chez nous, il n'y a plus
de literie, mes meubles y sont encore mais que de désordre et
que de choses en moins ! Enfin... quand nous y serons, nous le
verrons."
mars 1915 - carte de Longueil-Annel -
Écoles des filles et enfantines : "Mon cher Albert. nous
avons de nouveau des soldats qui font la cuisine ici, c'est du 86e
cette fois. Ce qu'on en aura vu de ces soldats ! C'est dommage
qu'il n'y ait pas un petit bout de jardin, sans quoi le logement est
plaisant et plus commode qu'à Saint-Léger mais
l'école est très fatigante avec tous ces petits
bambins-là."
avril 1916 - Marthe écrit
à sa bru : "S'il continue à faire si chaud, vous
serez bien ici, mes chéries, mais vous n'aurez pas froid pour
votre voyage à Saint-Léger. Il est vrai que vous
pourrez arrêter à Thourotte et partir le matin de bonne
heure, il fait moins chaud. Si tu penses me rapporter un litre ou 2,
s'il en faut 2 de cognac ou de rhum, je te les payerai cette fois,
ça ferait plaisir à grand-père. Yvonne et Odette
m'ont apporté ce matin 2 jolis bouquets. Elles sont vraiment
gentilles ! N'oublie pas ton arithmétique."
juin 1917 - Marthe demeure au Bois
d'Ageux. Elle réclame ses lunettes à sa bru Georgina,
les ayant oubliées à Saint-Denis : "Ma chère
Georgina, à l'heure où tu recevras ma carte, tu feras
probablement tes préparatifs de départ. Si tu veux
apporter ce que tu as de linge sale, tu lessiverais ici où la
place et le chauffage manquent moins qu'à Saint-Denis. Albert,
cher enfant, doit être tout à la joie de son
départ si comme il le pense il part le 29. Si tu avais
quelques cartes de mon école de Saint-Léger, tu me
ferais plaisir de m'en apporter une ou deux vues, toutes les
nôtres étant perdues. Attendant le plaisir de vous voir,
mes chères filles, nous vous embrassons tous de tout
cur. N'oubliez pas mes lunettes. Votre mère
dévouée M. Bonnart."
autre carte : "(....) rapportez
mon lorgnon, je n'ai plus que des lunettes de grand-mère qui
ne me vont guère"
Elle décède
début mai 1918 à Thourotte, à l'âge de 60
ans. Elle repose au cimetière de Thourotte, le long de
l'allée qui longe l'église au sud-est.
Rentrée
|
Sortie
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École
|
Octobre 1876
|
Juin 1877
|
École de
Libermont
|
Octobre 1877
|
Juin
1880
|
École de
Thourotte
|
Octobre
1880
|
Juin
1881
|
Trosly-Loire,
canton de Coucy-le-Château, Aisne
|
Octobre 1881 (ou
1884 ?)
|
Juin
1888
|
École de
Varesne
|
Juin 1889
|
Août
1914
|
École des
Filles et enfantine
St-Léger-aux-Bois
|
25 février
1915
|
Juin
1916
|
École de
Longueil-Saint-Marie (domiciliée à
Bois d'Ageux)
|
1916
|
1917
|
École des
Filles et enfantine de Longueil-Annel
|
1917
|
Mai 1918
|
Thourotte
|
|
2014 - devant l'école de
Saint-Léger-au-Bois, Arlette Friadt et son petit-fils Simon
retour
vers les cartes postales anciennes
|
retour
vers les photos de classe
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