qui traitent des merveilleuses emprises, nobles aventures et faits d'armes advenus en son temps en rance, Angleterre, Bretaigne, Bourgogne, Ecosse, Espaigne, Portingal et ès autres parties" Tome I - Chapitre CXI |
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http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f165.table
essire
Waleran, sire de Fauquemont, étoit gardien et capitaine de la
ville de Maubeuge, et bien cent lances d'Allemands et de Hainuyers
avec lui. i
chevaucha cette vesprée tout sagement : environ mie-nuit il
passa la dite rivière à gué, et toute sa
route. uand
le sire de Fauquemont eut faite son emprise, et il vit que le temps
fut et que l'ost s'émouvoit, il se partit, et toutes ses gens,
et repassèrent la rivière de Selles, sans dommage, car
point ne furent poursuis ; et chevauchèrent depuis tout
bellement ; et vinrent environ soleil levant au Quesnoy, où le
maréchal de Hainaut se tenoit, messire Thierry de Walecourt,
qui leur ouvrit la porte et les reçut liement. (1) "Agar !" ou "Aga !"
: signifie "Vois ! Regarde !"
lendemain, au point du jour, fit tromper les trompettes en l'ost le
duc de Normandie : si s'armèrent et ordonnèrent toutes
manières de gens, et mirent à pied et à cheval,
et arroutèrent le charroi, et passèrent la dite
rivière de Selles, et entrèrent de rechef en Hainaut,
car le duc vouloit venir devers Valenciennes et aviser comment il la
pourroit assiéger. (2) Quoique les canons
ne fussent pas encore d'un usage ordinaire, ils étaient connus
en France avant cette époque. On s'en servait pour l'attaque
et la défense des places dès l'année
1338. outes
voies, ils escarmouchèrent un petit devant les
barrières, mais on les fit retraire ; car ceux du Quesnoy
descliquèrent canons et bombardes qui jetoient grands carreaux
(3). (3) espèce de
flèche dont la pointe était triangulaire i
se doutèrent les François de leurs chevaux, et se
retrairent pardevers Wargni ; et ardirent Wargni le grand et Wargni
le petit, Fielainnes, Fumars, Semeries, Artre, Artenel, Sautin,
Curgies, Estreu et Aunoi ; et en voloient les flamèches et les
tisons en la ville de Valenciennes. i
s'en vinrent le plus de ces François à Trith, et
cuidèrent de première venue là passer l'Escaut ;
mais ceux de la ville avoient défait le pont et
défendoient le passage roidement et fièrement ; et
jamais à cet endroit ne l'eussent les François conquis,
mais il en y eut entr'eux de ceux qui connoissoient le passage, la
rivière et le pays. e
même jour étoit parti de Valenciennes le
sénéchal de Hainaut à cent armures de fer, et
issit de la ville par la porte d'Anzaing ; et pensoit bien que ceux
de Trith auroient à faire : si les vouloit secourir. e
rencontre détria grandement le sénéchal de
Hainaut qu'il ne put venir à temps au pont de Trith ; mais
l'avoient jà conquis les François quand il y vint, et
mettoient grand'peine à abattre les moulins, et un petit
châtelet qui là étoit. t
vint le sénéchal de Hainaut passer l'Escaut à
Denain, et puis chevaucha, et toute sa route, vers son châtel
de Werchin et se bouta dedans pour le garder et défendre, si
mestier étoit. erci
de fermer l'agrandissemen
se bouta en l'ost des François et en tua et
prit plusieurs à prisonniers ;
et comment quatre cents lances de
François
ardirent plusieurs villes et prirent la ville de
Trith
Quand il sçut que les François chevauchoient, qui
ardoient le pays, et ouït les povres gens pleurer, crier et
plaindre le leur, si en eut grand'pitié.
Si s'arma et fit ses gens armer, et recommanda la ville de Maubeuge
au seigneur de Beaujeu et au seigneur de Montegny, et dit à
ses gens qu'il avoit très grand désir de trouver les
François.
Si chevaucha ce jour toudis côtoyant les bois et la forêt
de Mourmail.
Quand ce vint sur le soir, il entendit et sçut que le duc de
Normandie et tout son ost étoient logés sur la
rivière de Selles, assez près de Haussi, dont il fut
tout joyeux ; et dit brièvement qu'il les iroit
réveiller.
Quand ils furent outre, ils ressanglèrent leurs chevaux et se
mirent à point, et puis chevauchèrent tout souef
jusques adonc qu'ils vinrent au logis du duc.
Quand ils durent approcher, ils férirent chevaux des
éperons tous d'un randon et se plantèrent en l'ost du
duc, en écriant : "Fauquemont ! Fauquemont !" et
commencèrent à couper cordes, à ruer et abattre
tentes et pavillons par terre, et à occire et découper
gens, et d'eux mettre en grand meschef.
L'ost se commença à émouvoir, et toutes gens
à armer et à traire celle part où la noise et le
butin étoient.
Quand le sire de Fauquemont vit que point étoit, il se
retraist arrière en retraiant ses gens tout sagement ; et
adonc fut mort, des François, le sire de Péquegny,
Picard, et fiancé prisonnier le vicomte de Quesnes et le
Borgne de Rouvroy, et durement blessé messire Antoine de
Kodun.
Et d'autre part, le duc de Normandie fut moult courroucé de
ses gens que on avoit occis et blessés et fiancés
prisonniers ; et dit : "Agar ! (1) comment ces Hainuyers nous
réveillent !"
Ceux qui chevauchoient devant, c'est à savoir le
maréchal de Mirepois, le sire de Noyers, le Gallois de la
Baume et messire Thibaut de Moreuil, à bien quatre cents
lances, sans les bidaux, s'envinrent devant le Quesnoy, et
approchèrent la ville jusques aux barrières, et firent
semblant de l'assaillir ; mais elle étoit si bien pourvue de
bonnes gens d'armes et de grand'artillerie (2) qu'ils y
eussent perdu leur peine.
Et puis vinrent les coureurs vers VaIenciennes, endementres que les
François ordonnoient leurs batailles sur le mont de Chastres,
près de Valenciennes ; et se tenoient là en
grand'étoffe, et moult richement.
Dont il avint que environ deux cents lances des leurs, dont le sire
de Craon, le sire de Maulévrier, le sire de Matefelon et le
sire d'Avoir étoient conduiseurs, s'avaIèrent devers
Maing, et vinrent assaillir une forte tour quarrée, qui pour
le temps étoit à Jean Bernier de Valenciennes : depuis
fut-elle à Jean de Neufville.
Là eut grand assaut, dur et fort, et dura presque tout le
jour, ni on n'en pouvoit les François faire partir.
Si y en eut-il morts cinq ou six ; et si bien se tinrent et
défendirent ceux qui la gardoient qu'ils n'y eurent point de
dommage.
Si emmenèrent bien deux cents de pied passer à planches
à Prouvy.
Quand ils furent outre, ils vinrent tantôt baudement sur ceux
de Trith qui n'étoient qu'un peu de gens dedans, au regard de
eux, et ne purent durer : si tournèrent en fuite, et en y eut
de morts et de navrés plusieurs.
Dont il avint que dessus Saint Vast il trouva de rencontre vingt cinq
coureurs françois, que trois chevaliers de Poitou menoient :
messire Boucicaut l'un, le sire de Surgères l'autre, et
messire Guillaume Blondeau le tiers ; et avoient passé
l'Escaut assez près de Valenciennes au pont que on dit la
Tournelle, et avoient couru par droite bachelerie dessus
Saint-Vast.
Si très tôt que le sénéchal les
perçut, si fut moult lie, car bien connut que c'étoient
ses ennemis ; et férit après eux, et toute sa route
aussi.
Là eut bon estequis des uns aux autres ; et me semble aussi
que le sénéchal de Hainaut porta jus de coup de lance
messire Boucicaut, qui adonc étoit moult appert chevalier, et
fut plus encore depuis et maréchal de France, si comme vous
orrez avant en l'histoire, et le fit là fiancer prison, et
l'envoya à Valenciennes.
Mais je ne sçais comment ce peut être, car le sire de
Surgères échappa et se sauva, et ne fut point pris ;
mais messire Guillaume Blondeau fut pris, et fiança prison
à messire Henry de Husphalise ; et furent presque tous les
autres morts ou pris.
Mais si très tôt que le sénéchal vint en
la ville, ils n'eurent point de loisir, car ils furent
reboutés et reculés vilainement, occis et
découpés et mis en chasse ; et les fit-on saillir en la
rivière d'Escaut, dont il en y eut d'aucuns noyés, et
en fut la ville de Trith adonc toute délivrée.
Et encore se tenoit le duc de Normandie sur le mont de Castres, et se
tint en bonne ordonnance la plus grand'partie du jour ; car il
cuidoit que ceux de Valenciennes dussent vuider et là venir
combattre.
Aussi l'eussent-ils très volontiers fait ; mais messire Henry
d'Antoing, qui la ville avoit à garder, leur
dénéoit et défendoit ; et étoit à
la porte Cambrésienne moult ensoigné et en grand'peine
d'eux détourner de non vuider ; et le prévôt de
la ville pour le temps avec lui, Jean de Vassi, qui les
affrénoit ce qu'il pouvoit ; et leur montra adonc tant de
belles raisons qu'ils s'en souffrirent.