(...) Il convient d’ajouter à ces chiffres les exécutions sans jugement, qui laissent souvent peu de traces. Elles sont là aussi attestées pour l’ensemble des belligérants, sous une forme ou une autre. Dans certaines circonstances, elles sont autorisées voire demandées par le commandement. Le général Boutegourd, sans mener d’enquête véritable, fit ainsi fusiller sept soldats du 327e régiment d’infanterie qui se repliaient, pendant la bataille de la Marne, le 7 septembre 1914 (...)

Lien : http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article2758

 

exécution le 3 juin 1918, près du hameau de Oostduinkerke, d’Aloïs Walput, volontaire belge du 2e Grenadiers, âgé de 21 ans

 

Désiré Hubert, né le 16 septembre 1885 à Trith-Saint-Léger, et mort pour la France le 7 septembre 1914 aux Essarts, est un soldat du 327e Régiment d'Infanterie fusillé pour l'exemple par l'armée française durant la Première Guerre mondiale.
Il fait partie des sept soldats du 327e - Eugène Barbieux, Gabriel Caffiaux, Palmyr Clément, Alfred Delsarte, Gaston Dufour, Désiré Hubert et François Waterlot - exécutés sans jugement le 7 septembre 1914 sur ordre direct du général de brigade René Auguste Emile Boutegourd (1858-1932).
Sur ces sept fusillés, Palmyr Clément mourra "des suites de ses blessures" le 9 septembre, ce qui est peu habituel lors d'une exécution ! François Waterlot survivra à son exécution et mourra sur le front le 10 juin 1915 ; il sera surnommé "le fusillé vivant".
Tous seront réhabilités le 22 décembre 1926 par un arrêt de la Cour d’Appel de Douai (réhabilitation des "Fusillés du 327e")

Lien : http://www.memorial-genweb.org/~memorial2/html/fr/resultcommune.php?idsource=48344

 

 

 

 

JMO de la 51e Division - 6 septembre 1914

7 septembre 1914

 

 

extrait de "Fusillés pour l'exemple 1914-1915" du Général André Bach - Editions Tallandier
François Waterlot, "le fusillé vivant", mourra sur le front le 10 juin 1915.


 

 

Journal L'Humanité du mercredi 10 mai 1922



 

 

Triscope, bulletin municipal de Trith St Léger - décembre 2006

 

 

ODETTE HARDY-HÉMERY "Trith-St Léger, du premier âge industriel à nos jours"
Presses Universitaires du Septentrion - 2002 - 368 pages - 20 €

 

 

 

 

 

 

 

 

Source et lien : http://civils19141918.canalblog.com/archives/2011/05/index.html 

 

 

complément :

 

"Fusillé vivant"
la pathétique mésaventure de François Waterlot
ou l’histoire de crimes restés impunis

 

Dans "Fusillé vivant", Odette Hardy-Hémery retrace l’itinéraire de François Waterlot, fusillé pour l’exemple. L’historienne nordiste brise ainsi l’omerta qui entoure les crimes dont s’est rendue coupable la hiérarchie militaire pendant la Grande Guerre...

 

Source : http://www.hervepolypcf62.com

« Fusillé vivant » d’Odette Hardy-Hémery
chez Gallimard, 288 pages + 8 p. hors texte, 10 ill.
150 x 220 mm
achevé d'imprimer en août 2012
22 €

"Professeure émérite à l’université de Lille III, Odette Hardy-Hémery a épluché la florissante correspondance que François Waterlot, originaire de Montigny-en-Gohelle dans l’Héninois, adressa à ses proches au début de la Grande Guerre. Pas moins de 250 lettres rédigées entre le 8 août 1914 et le 10 juin 1915. Un précieux matériau pour sonder l’état d’esprit de ce soldat de 2e classe. De la Belgique à la Marne, puis en Picardie, François Waterlot connaît l’horreur glauque des tranchées, la peur, les sentiments contradictoires entre doutes, fatalisme et désespoir... Il entrera dans la postérité comme l’un des rares rescapés connus d’un peloton d’exécution de la Grande Guerre. Un évènement qu’il qualifie lui-même de "tour extraordinaire" et sur lequel il ne reviendra qu’au début de l’année 1915. Quatre mois après les faits.

Fusillés sans jugement

Nous sommes dans la nuit du 6 au 7 septembre 1914 à Sézanne en Champagne, à une trentaine de kilomètres d’Epernay, sur le front de la Marne. Une pluie d’obus allemands provoque la panique générale dans les rangs français. C’est le sauve-qui-peut ! Des réservistes du 327e régiment d’infanterie tentent d’échapper au massacre. Après avoir erré dans la nuit noire dans l’espoir de réintégrer leur régiment, ils tombent nez-à-nez avec le général Boutebourg qui le dirige. Un homme réputé pour sa rigidité ; son nom restant associé à la meurtrière campagne du Maroc. Or, quatre jours auparavant, Joffre avait assuré que "les fuyards, s’il s’en trouve, seront pourchassés et passés par les armes". Au motif "d’abandon de poste" et en dépit des protestations de leurs chefs directs, le général Boutebourg décide d’appliquer à la lettre la consigne du chef d’Etat-major de l’armée française. Il programme leur exécution, sans même prendre la peine de les juger.

Trois survivants sur sept

Dans les rangs de ces soldats longtemps tenus dans l’ignorance de leur sort, c’est l’incompréhension. François Waterlot a alors pour compagnons d’infortune Alfred Delsarte, Gaston Dufour, Gabriel Caffiaux, Palmyre Clément, Eugène Barbieux et Désiré Hubert, tous réservistes du Valenciennois. Au petit matin, "j’étais placé à droite et nous nous étions donné la main l’un à l’autre", écrira-t-il en janvier 1915. Etrangement, les deux salves épargneront trois d’entre eux. Des tirs auraient-ils été sciemment détournés ? Odette Hardy-Hémery l’imagine : "Le fait que trois condamnés sur sept survivent à deux déflagrations ne semble pas relever du hasard." Quant à l’adjudant chargé de porter le coup de grâce et de s’assurer que les malheureux étaient bien passés de vie à trépas, il ne s’acquitte que partiellement de sa tâche, parce que "ça lui faisait trop de peine", indiquera François Waterlot. Palmyre Clément et Gaston Dufour comptent parmi les deux autres survivants. Le premier succombera rapidement à ses blessures alors qu’on perdra la trace du second. On ignore encore aujourd’hui ce qu’il est devenu ! Quant à François Waterlot, il sera finalement gracié et repartira au combat, la "haine du boche" toujours chevillée au corps et sans manifester d’animosité particulière, ouvertement tout au moins, à l’égard de son bourreau, ni remettre en question "la nécessité de se battre", révèle Odette Hardy. C’est à une cinquantaine de kilomètres de son domicile du côté d’Hébuterne en Picardie qu’il trouvera la mort au combat en juin 1915.

Réhabilités en 1926

L’affaire des fusillés du 327 RI sera évoquée à l’Assemblée nationale dès juin 1917 par le député socialiste Henri Durre. Dans le Valenciennois d’où le régiment est originaire, des témoignages de permissionnaires alimentent au même moment la polémique sur ce crime de guerre. Pourtant, après la guerre, "tout se fait comme s’il ne s’était rien passé le 7 septembre 1914", constate Odette Hardy-Hémery. Des gages honorifiques, médailles et citations sont même attribués aux fusillés du 327e RI. Leurs noms garnissent les monuments aux morts. François Waterlot est d’ailleurs cité comme "excellent soldat" avant d’obtenir la médaille militaire en 1919 ! On sent la hiérarchie militaire naturellement mal à l’aise sur ce sujet des "fusillés pour l’exemple" officiellement au nombre de 600 pour toute la durée de la guerre, mais vraisemblablement bien plus nombreux. Il faut attendre 1922 pour que cette affaire prenne une dimension nationale sous l’impulsion de la Ligue des Droits de l’Homme qui demande au ministre de la Guerre l’ouverture d’une enquête. La presse s’empare du dossier. Le 7 janvier 1923, à l’initiative des communistes, une manifestation est même organisée à Trith-Saint-Léger d’où est originaire Désiré Hubert, l’un d’eux. Finalement, la Chambre d’accusation de la cour d’appel de Douai les innocentera en décembre 1926, après deux ans d’instruction. Au grand dam du quotidien L’Humanité qui réclame le châtiment du responsable de ce crime, cette réhabilitation officielle épargnera le général Boutebourg...

Des crimes restés impunis

Les "morts pour rien" du 327e RI tomberont plus ou moins dans l’oubli jusqu’à la parution de cet ouvrage qui rappelle volontiers que "les délits commis par les autorités militaires ont été recouverts par la formidable production d’oubli organisé qui a suivi l’armistice de 1918 et qui perdure encore". Une amnésie sciemment orchestrée par la bourgeoisie pour empêcher toute "réflexion collective sur la gravité de l’injustice et de la criminalité de guerre, comme sur la portée contemporaine d’une histoire inhumaine". Ce n’est pas le moindre des mérites de l’ouvrage d’Odette Hardy-Hémery de nous le rappeler, preuves à l’appui.

Jacques Kmieciak

 

 

Alexandre Potaux, blessé à Solférino, en 1859
Jules Bar, espion fusillé par les Allemands en 1917

 

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