ean-René
"Tu
mas dit, Jean-René, ce serait bien que tu
parles là, alors, je fais ce que tu mas
demandé, mais cest avec le coeur lourd, parce
que cest la première fois que tu nous
quittes.
Même durant ta
maladie, tu étais toujours avec nous et tu nes
pas prêt de disparaître de nos coeurs.
Tu étais lun des nôtres, tout
naturellement, partie prenante de la vie de Saint
Léger, de notre commune, de la vie tout court.
Nous nous connaissions déjà bien, même
avant ton arrivée officielle en tant que curé
de Saint Léger, grâce à notre ami commun
Gilbert, de qui tu as repris le flambeau en 1992.
Lors des discours de
bienvenue, tu avais comparé la chapelle à un
vaisseau sans les vagues de Fécamp et tu avais
terminé en soulignant le privilège que tu
avais de pouvoir embrasser le maire, puisque
cétait une femme. Nous en avons ri plusieurs
fois ensemble. Parce que tu aimais lhumour, tu aimais
rire, tu aimais la vie.
photo :
archives PN
Jean-René, comme tout
le monde lappelait, aimait la vie, parce quil
mettait au premier plan les principes de lEvangile,
parce quil a toujours vécu "en
humanité".
Toujours "En flagrant amour", "Avec" les pauvres, les plus
humbles, les exclus, il sest donné à eux
toute sa vie sans attendre dautre retour que celui de
la conscience davoir bien exercé sa vie.
Toujours "A vif" devant les injustices, les souffrances, le
capitalisme ultra-libéral que la misère du
monde indiffère.
Homme de foi, à sa
manière bien à lui, Jean-René na
eu de cesse douvrir son église à tous.
Il a toujours été un militant des droits de
lHomme, un homme de solidarité. Il
réclamait pour tous et pour chacun
égalité, justice, respect.
Il avait un coeur de révolte quand on touchait aux
plus petits, aux démunis, aux sans voix.
Il avait un coeur de tendresse pour les enfants, pour ses
filleuls quil aimait réunir autour de lui.
Homme de culture, il aimait faire de son église une
maison de la culture pour tous, comme il disait, y
accueillant expositions, concerts, orchestres,
interprètes, organisant lui-même des
soirées, avec ses amis, où il disait les
textes dauteurs quil aimait et ses propres
textes.
Il nous en a fait passer des soirées
démotion, des soirées merveilleuses, en
communion desprit et damitié tellement
fortes.
Homme engagé dans la
vie de la cité, dans lanimation culturelle, il
nous apportait ses conseils éclairés sur la
peinture, la sculpture, la musique, la chanson, la
poésie, il avait tant damis peintres,
sculpteurs, musiciens, chanteurs, écrivains,
poètes et qui lui étaient si proches.
Combien de soirées, combien dexpositions a t-il
montées, à Saint Léger et ailleurs avec
ses amis Roger et Martial.
Depuis plusieurs
années, Jean-René animait latelier
écriture auquel il tenait tant et qui se poursuivra,
selon sa volonté.
Ecrivain, poète lui-même, il nous a fait
partager, à travers ses livres, ses angoisses, ses
souffrances, ses révoltes, ses espoirs, son amour des
autres, son amour de la beauté, son
"Humanitude".
Les mots de
lécrivain étaient là pour dire
aussi lhumilité devant la souffrance.
Malgré sa souffrance à lui, il suivait de
près tous les événements de la commune
et le 22 décembre dernier, il mavait
demandé de lui faire le plaisir de visiter le
chantier des dépendances du parc George Sand parce
quil savait quil ne serait pas là pour
linauguration. Jean-René était heureux
de cette visite.
Cétait son cadeau de Noël, me
disait-il.
Avec ses amis quil est
allé rejoindre, que de bonnes choses, que de
souvenirs ils ont en commun.
Nous laissant orphelins, que de bonnes choses, que de
souvenirs ils nous laissent en héritage.
A nous de continuer le sillon droit quils nous ont
tracé. "A suivre"
Nous sommes là,
aujourdhui, Jean-René, en amitié, pour
dire à tous ceux qui taiment toute notre
tristesse et la peine que nous cause ta disparition . Mais
puisque seul lamour, disais-tu, peut transmettre
léternité, limage, le souvenir,
lexemple que tu nous lègues doivent nous
consoler, parce que cest lami qui reste en
chacune et chacun dentre nous.
A toi," Tibi", encore et
toujours, nous persistons, et nous signons.
Tu vois Jean-René, je tai fait des clins
doeil en citant quelques titres de tes bouquins,
permets-moi de te citer encore à travers un de tes
poèmes parce quil est beau et parce cest
toi, là tout entier."
Je ne crois
pas du tout
quil mattend au tournant
au tournant de la mort
pour me régler mon sort
Non plus
quil ait tenu
une comptabilité
de mes ratés de vie
pour me faire payer
Je crois
quil mattendra
du lilas à la main
il me connaît il sait
combien jaime le
lilas
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Je crois
aux bras ouverts
se refermant sur moi
je les sens qui menserrent
de tremblements de joie
Jentrerai
au festin
un festin de veau gras
la table décorée
de branches de lilas
Je suis
sûr quil mattend
les lilas sont en fleurs
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Allocution de
Nicolle Rimasson,
prononcée au crématorium de Rouen, le 14
janvier 2005
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