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Tous ses collègues
souffraient de la même renommée, mais celui
d'Aubermesnil avait de plus la fâcheuse habitude de se laisser
surprendre ! Un lutin, du nom de Capet
Touzé, avait pour sa part la coutume de rendre la justice : de
punir les méchants et de récompenser les bons. Quand il
apprit les mauvais penchants du meunier d'Aubermesnil, il vint
à plusieurs reprises dans le moulin et fit subir au
propriétaire coup de bâton sur coup de bâton.
Le pauvre escroc était
rossé plus souvent qu'à son tour. Finalement, il dut
abandonner le métier, le moulin et le village. Mais Capet Touzé ne
s'était jamais montré, ni vanté des punitions
qu'il administrait. Aussi personne ne comprenait ce qui arrivait au
meunier et tout le monde refusait de prendre sa suite.
Les ailes du moulin se sont
arrêtées à tout jamais, les ronces ont envahi les
rouages et les
paysans d'Aubermesnil allaient moudre leurs
grains
à Foucarmont ou Saint
Léger.
Édouard
SPALIKOWSKI
Le pays de Bray anecdotique
manuscrit - 1940