ahier de doléances de la paroisse de Saint Léger
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"A faut espérer qu' c' jeu-là finira ben tôt"
Le paysan, appuyé sur sa houe,
doit porter sur son dos le prélat et le seigneur
(il peine et paye les impôts pour nourrir le clergé et
les nobles)
cependant que les oiseaux et les rongeurs dévorent sa
récolte.
(le paysan n'a pas le droit de chasse)
D'après une caricature du temps
(in L'Histoire Vivante, de M. et S. Chaulanges, aux éditions
Delagrave - 1954)
1 - Les paroissiens
se plaignent dêtre trop chargés
dimpositions, parce quils sont tous de pauvres gens, qui
sont en arrière de trois années quils doivent
à un allouant qui nest plus en état
davancer, 2 - Que la dite
paroisse est de mauvaise nature de fonds , et doit près de la
moitié de sa valeur en rente seigneuriale, relevante de la
mense abbatiale du Mont-Saint-Michel, et du seigneur de
Saint-Léger, et de labbaye de la Luzerne ;
quon fait payer les rentes en froment suivant
lapprécis qui se fait à Granville, ou
plutôt le receveur donne un si bref délai, quon
est obligé de la payer au prix quil le fixe
lui-même. Quils ont des pigeons et des lapins qui ruinent
les blés, 3 - Que ladite
paroisse est enclavée de tous côtés de
très mauvais chemins, qui tirent tout lieu de communiquer aux
grands chemins pour avoir des engrais à la mer et sortir leur
peu de denrées, 4 - Que les
impositions sont trop coûteuses à répartir en six
cotes, quil serait nécessaire que la taille, taillon et
capitation ne seraient quune seule cote, et les
vingtièmes et corvées des chemins et imposition
territoriale ne seraient quune autre cote, 5 - Que les maisons
habitables des curés sont des frais immenses dans les
paroisses, quils devraient être à la charge des
bénéficiers, comme le surplus des maisons
presbytérales, Ce qui a
été arrêté dans lassemblée,
ce 1er mars 1789. E. DELAROCQUE, M.
ADDE, P. LARCHEVESQUE, Pierre GODARD, C. RUEL, Jean LE FRANC, Pierre
HERMANGER, Dominique COUARD, Pierre MARE, P. BOËTARD, Patrice
GUERARD, N.-J. LECOUPE Procès-verbal
dassemblée :
ahier
de doléances de la paroisse et
communauté de Saint Jean des Champs Etat ou cahier des
doléances et remontrances du tiers-état du second ordre
de la paroisse et communauté de Saint Jean des Champs,
ressortissant du bailliage du Cotentin, séant à
Coutances, contenant ce qui suit : 1 - Remontrent
à Sa Majesté lesdits paroissiens, que les grandes
routes ont été faites aux frais communs du tiers
état seulement, et quil est seul chargé de leur
entretien ; quil est juste quil en profite, ce qui ne
peut être, les routes dadresse (de traverse ?) ne se
faisant pas, ce qui le prive des engrais de mer essentiels à
la culture, 2 - Remontrent
lesdits paroissiens quil est aggravant pour eux
dêtre obligés de consommer trois jours de leur
temps, qui les arrachent à leurs travaux, pour se procurer un
demeau de sel qui est une chose de première
nécessité ; quil est également rigoureux
dêtre obligé de payer trente-un sols neuf deniers
pour voiturer un tonneau de cidre, sur le prix duquel ils diminuent
à lacheteur la quatrième partie de sa vraie
valeur, pour les droits et la ferme, 3 - Que la multitude
des rôles pour les différents impôts coûtent
beaucoup aux laboureurs, et détournent un grand nombre
dindividus des travaux de leurs cultures ; un seul rôle
pour tout impôt serait bien désirable, 4 - Que la paroisse
est chargée de rentes seigneuriales envers labbaye du
Mont-Saint-Michel, labbaye de la Luzerne, au président
de Saint-Pierre, au seigneur de Saint-Léger, au
seigneur de Bricqueville, au domaine, à lhôpital
dAvranches et Granville et autres, et que nul de ces seigneurs
ne leur diminuent les deniers royaux, Que labbaye du
Mont-Saint-Michel, qui possède au moins les deux tiers de
ladite paroisse, ne paye rien à la décharge du
laboureur, quune légère taille fondée sur
des baux affaiblis par des pots-de-vin considérables, ou
dénaturés par des contre-lettres ; quelle
sarroge le droit de faire faire les apprécis à la
juridiction de Granville, et quil est notoire que dans tous les
marchés qui sont députés à cette
appréciation les grains et autres choses appréciables
sont toujours à plus haut prix que dans les autres
marchés, aussi fait-elle payer les grains jusquà
quinze ou vingt sols par demeau plus quà
lapprécis royal. On ne peut passer sous silence que,
dans la sécheresse extrême qui arriva en lan mil
sept cent quatre-vingt cinq, que Sa Majesté touchée de
compassion pour le laboureur qui voyait ses bestiaux périr par
la faim permit le pâturage même dans ses forêts,
les gardes du Mont-Saint-Michel arrêtaient ceux que la
misère forçait de mener dans leurs bois, et ne les
rendaient quaprès quon leur avait payé
lamende, Quà la
vérité les autres seigneurs se règlent sur
lapprécis royal pour le prix des grains, mais la
rejettent pour ce qui concerne les poules, les ufs, les
chapons, etc, et les font payer au prix quils veulent ;
quils ne diminuent les deniers royaux sur aucunes redevances.
Remontrent de plus que tous ces seigneurs ont chacun leur colombier
et volière, en sorte que la communauté de
Saint-Jean-des-Champs compte autour delle huit colombiers,
assis tant sur ladite paroisse que sur celles qui la joignent ; que
ces colombiers fournissent une quantité prodigieuse de pigeons
; que ces colombiers nétant fermés en aucunes
saisons, ils ruinent et déprèdent tous les labours ;
Que ces mêmes seigneurs permettent ou ordonnent à leurs
domestiques de chasser avec nombre de chiens en toutes saisons, ce
qui leur cause une douleur extrême et un tort
considérable, dont ils ne peuvent que gémir en
secret, Ajoutent à ces
représentations, que sur des rapports faux et calomnieux, des
vindicatifs font passer à lil du seigneur pour
braconniers ceux quil leur plait, et que le parti que prend
ledit seigneur est de dénoncer au gouverneur de la province,
qui sur le champ donne ses ordres à la
maréchaussée demprisonner un bon laboureur pour
trois mois, sans être ouï, et qui nest coupable de
ce quil a un fusil chez lui. Son travail demeure interrompu ;
ce nest pas assez, on lui fait encore payer une amende, et par
ce moyen vexatoire et despotique, un laboureur ne peut avoir chez lui
un fusil pour détruire loiseau qui déprède
ses semences, un chien fou qui dévore son troupeau ou un
voleur qui force sa maison, ouverture des
Etats Généraux en 1789 5 - Que les
réparations et reconstructions des presbytères
écrasent le laboureur, par les frais immenses quon est
obligé de faire pour constater ces réparations ou
reconstructions ; quil serait juste de charger absolument le
dernier titulaire de cette dépense, même
dautoriser la communauté à dresser
procès-verbal tous les dix ans au moins des réparations
à faire, et obliger le titulaire à déposer une
somme correspondante audit procès-verbal, 6 - Que les
déports sont visiblement un abus, primo parce quils
mettent le troupeau sans pasteur ; secundo parce quils
déprèdent les fonds du presbytère ; tertio parce
que lavidité du fermier ne présente au laboureur
que des sujets de contestation ; quarto enfin, parce que les
évêques nen ont pas besoin, et quils peuvent
en abuser au scandale de la religion. On en a vu qui ayant la
nomination dun bénéfice la
conféré à un curé placé, et mis en
place celui qui devait occuper le bénéfice du titulaire
mort ; à ce moyen au lieu dun déport il sen
est procuré deux , 7 -
Représentent encore et supplient Sa Majesté, que les
individus qui sont maculés de rente hypothèques soient
considérés dans les impôts quil plaira
à Sa Majesté imposer, comme ceux qui sont
maculés de rentes foncières, 8 - On ne peut
sempêcher de mettre sous les yeux de Sa Majesté
quau marché de Granville on exige un droit de coutume
qui monte ordinairement à quatre sols par charge de cheval, et
quon est obligé dexposer ses grains aux
périls de tous les mauvais temps, sans halles ni couvertures.
On supplie encore Sa Majesté dobserver que la mesure de
Granville, qui est le marché des suppliants, est absolument
dénaturée ; elle nétait dans son principe
que de vingt-cinq pots ou deux demeaux de Saint-Pair, et maintenant
elle va jusquà vingt-huit et trente pots,
inconvénient qui fait porter les apprécis
au-delà de ce quelle doivent aller, et qui ne vient que
de ce que les officiers de police sont armateurs et ne
méprisent pas les grandes mesures ; le moyen
darrêter cette injustice est de déterminer les
mesures pour le marché, dobliger tout le monde à
mesurer leurs grains, et de mettre à contravention pour le
plus comme pour le moins, 9 - Remontrent encore
que les procès sont éternels ; que celui qui na
pas assez de facultés pour faire payer une contestation, ou de
lumières pour résister aux chicanes quon lui
fait, est obligé dabandonner ses droits les plus
légitimes ; les tribunaux ont grand besoin dêtre
réformés, 10 - Désire le
tiers-état quil plaise à Sa Majesté
nadmettre aux charges publiques que des personnes jugées
capables au concours et aux mérites tant pour la science que
pour les murs, 11 - Les tutelles,
inventaires, prix et ventes, sont absolument vexatoires, et souvent
la succession des pupilles ny peut suffire. Il serait à
souhaiter que les parents délibérants seraient
autorisés à faire cet inventaire gratis, et que
linstrumentaire le plus proche serait admis à en faire
la vente, 12 - Remontre encore
le laboureur, que la mer, la capitale et le commerce rendent les
domestiques et gens de bras très rares, et
conséquemment très chers, ce qui prive le laboureur de
bien des secours. On remédierait à cet
inconvénient en distribuant des quartiers à
linfanterie à portée de le soulager ; les troupes
nen seraient que plus vigoureuses, et le laboureur plus
soulagé, 13 - Supplie le
tiers-état, que la noblesse, le clergé et
décimateurs payent, par proportion comme le tiers-état,
les impositions quil plaira à Sa Majesté nous
envoyer pour le soulagement de ses misères, lesdites
impositions étant très excessives et les fonds de
très mauvaises natures, 14 - Que dans ladite
paroisse il y a au moins un septième du terrain en bois,
bruyères et landes, de très peu de valeur, 15 - Plaise à
Sa Majesté regarder en pitié un peuple dont elle est
chérie, que les cris quil pousse vers elle du fond de sa
misère parviennent jusquà son trône,
méritent sa compassion, et obligent des sujets soumis à
redoubler leurs prières et leurs vux pour la
conservation dun si bon monarque. Fait et
arrêté double, le dimanche premier jour de mars 1789,
après lecture faite G. MACÉ, J.
DUCHESNE, M. HAMELIN, J. HERPIN, P. LAFOREST, P. RABOTIN, J-R ALLAIN,
HALBOT, Pierre LEMUEY, T. CLEMENT, illisible, N. LEFEVRE, LEMONNYER,
J-S FONTAINE, Jean LEMUEY, P.-P FONTAINE, Jean FONTAINE, Patrice
LETOURNEUR, J-B DANIN, P. DE LA COUR, JUINIER, J. MACÉ, Jean
HERPIN, P. ALLAIN. Procès-verbal
dassemblée Source :
Cahiers de doléances du bailliage du Cotentin, les Etats
Généraux de 1789 - Emile BRIDEY - Imprimerie Nationale
1907/1912
Ce que les dits paroissiens ont signé.
Date de l'assemblée : 1er mars 1989
Nombre de feux : 37
Députés : Nicolas-Jean LE COUPE, laboureur -
François-Hyacinthe COUARD, laboureur
Date de l'assemblée : 1er mars 1789
Président : le sieur Pierre ALLAIN HERPINIERE
Nombre de feux : 150
Députés : Jean-François HEREMBOURG-MAISONNEUVE,
laboureur - Jean-François LEBACHELIER-LESNOYERS, laboureur
Signataires (24) : G. MACÉ, Pierre LEMUEY, Patrice LETOURNEUR,
M. HAMELIN, LEBACHELIER, HEREMBOURG, J. HERPIN, J. CLEMENT, Jean
HERPIN, P. LAFOREST, Jean FONTAINE, LEMONNIER, P. RABOTIN, N.
LEFEVRE, P. ALLAIN, J-R ALLAIN, Jean LEMUEY, J. MACÉ, J.
HALBOT, J-J FONTAINE, Pierre LEMUEY, J-B DUCHESNE, Jean FONTAINE, J-B
DANIN.