Réaliser
un Bordeaux-Paris en vélo, c'est une aventure, une
épreuve d'endurance !
par
Maurice Thomas, l'un des participants
"Quel
cycliste ou quel cyclotouriste n'a pas rêvé un jour de
faire un Bordeaux-Paris ? Cette épreuve mythique et
historique, qui attire tous les deux ans entre 1800 et 2000
participants, est organisée par le T.C. Guyenne de
Bordeaux.
A Saint Léger
Cyclisme, cette épreuve était l'un des objectifs de 6
cyclo (sportifs) ou cyclo (touristes) pour cette année 2006.
Pour certains d'entre nous, il s'agissait de la 2e ou 3e
participation, mais pour d'autres, c'était la
découverte de cette épreuve.
La décision de
réaliser cette épreuve a été prise en
début d'année 2006 par les 6 participants : Eric
Geincheleau, Serge Launay, Claude Malicot, Patrick Morille, Jacques
Rousseau et Maurice Thomas. C'est une nécessité de se
fixer cet objectif tôt dans la saison, car il faut s'organiser
et se préparer en conséquence. La préparation
consiste à allonger les distances, donc les heures de selle,
progressivement, dans l'avancement de la saison. Il faut être
au mieux de sa forme à la date du Bordeaux-Paris. Le choix de
cette préparation spécifique a été
décidé ensemble : Cholet Pays de Loire (190 km), La
Saint Sylvanaise (160 km), un circuit club de 320 km, les 24 heures
d'Angers (460 km), tout cela espacé de trois semaines et
entrecoupé des sorties dominicales en club, ou de sorties
individuelles.
Lors
de l'inscription, nous avions choisi la catégorie des moins de
36 heures, c'est-à-dire départ à 6 heures le
samedi matin de Bordeaux, et arrivée avant 18 heures à
Paris pour être homologué. Il y avait environ 1000
participants inscrits dans cette catégorie. Le reste
était réparti entre la catégorie des moins de 28
heures (il faut être compétiteur) et la catégorie
des moins de 48 heures (pour les adeptes du cyclotourisme). Pour la
partie intendance, assistance, nous avions trouvé deux
sympathiques accompagnateurs (cyclistes eux aussi) avec Maurice
Grolleau et Dominique Pégé. Ils avaient un rôle
important pour la réussite du projet, car il ne faut rien
négliger. Il faut être présent à tout
moment, savoir remonter le moral des troupes dans les moments
difficiles, être aussi en forme car il faut tenir aussi deux
jours sans dormir, prendre des photos ou filmer pour les
souvenirs
Deux réunions nous avaient permis de
prévoir au mieux, ou d'en oublier le moins
possible.
au départ de
Saint Léger sous Cholet le vendredi 23 juin 2006 à
14h30
Patrick Morille - Maurice Grolleau* - Claude Malicot - Eric
Geincheleau - Jacques Rousseau - Serge Launay - Dominique
Pégé* - Maurice Thomas
* Maurice Grolleau et
Dominique Pégé étaient les assistants techniques
de notre aventure : conduite du véhicule, organisation de la
restauration, dépannage mécanique...
Le
vendredi 23 juin, à 14h30, voilà donc le
véhicule de location chargé (mini bus 9 places), et
nous étions enfin prêts pour l'aventure. Direction
Bordeaux pour un trajet de 3h30 avec une pause pour se
dégourdir les jambes. Nous sommes arrivés au Centre de
la Promotion Sociale de Cénon (commune de la banlieue de
Bordeaux) où nous avions réservé les chambres et
le dîner. Après une prise de possession de nos chambres,
direction la salle de restaurant pour un dîner copieux et
chargé de féculents et de sucres lents. Nous
étions environ 150 à 180 cyclos à nous
préparer pour le lendemain. Ce vendredi soir était
aussi un peu spécial, puisque l'équipe de France de
football jouait contre le Sénégal, un match de 1e phase
de qualification pour la coupe du monde 2006. Bien sûr, les
petits sportifs que nous sommes ont encouragé devant la
télévision l'équipe nationale. Bilan : victoire
de la France 2 à 0, et l'extinction des feux vers 23
heures.
Samedi
matin 24 juin 2006 : Réveil difficile à 4 heures
(maxi 5 heures de sommeil). Angoisse du départ dans deux
heures. Il faut faire vite, se préparer car nous avons tous
rendez-vous à côté de notre véhicule
à 4h15, pour prendre la direction de la ligne de
départ, située à Bègles, banlieue est de
Bordeaux. Nous arrivons à Bègles à 4h45
où il y a déjà une certaine effervescence autour
du stade de sport. Certains ont passé la nuit sous tente,
d'autres en camping-car, et les autres comme nous affluent de part et
d'autres de Bordeaux. Nous avons trois quarts d'heure pour aller
chercher les dossards, préparer le matériel, nos
affaires personnelles et absorber un petit déjeuner. Pour la
préparation du vélo et de ses équipements
personnels, chacun d'entre nous a en général son petit
rituel. Vérification de la pression des pneus, pose des 2
plaques de cadre avec son numéro d'inscription, remplissage
des bidons avec da la boisson énergisante, vérification
de la lumière avant et arrière par des officiels,
accessoires personnels et alimentation. Il est maintenant l'heure de
s'infiltrer dans le groupe de départ, car déjà
plusieurs centaines de cyclistes attendent.
Six
heures précises ; c'est parti. Le jour se lève, le
ciel semble peu nuageux, et le temps que le peloton s'élance,
nous voilà partis pour une aventure de 640 km. Arrivée
prévue à Paris le dimanche entre 12 heures et 15 heures
en fonction des imprévus possibles. Sur cette épreuve,
il y a 6 contrôles officiels, où chacun doit faire
pointer sa feuille de route. C'est une obligation pour faire
homologuer son résultat à l'arrivée. Le premier
objectif est de rallier le contrôle n°1, distant de 145 km
et situé à Ruelle (16), en trouvant un groupe qui roule
à notre vitesse, sans trop nous disperser et faciliter nos
assistants en cas de besoin rapide, un dépannage par exemple.
Au bout d'une petite heure de route, un groupe d'environ 120/130
cyclistes se forme. On se cale au milieu, et on suit la cadence en
restant très prudent. Les chutes en groupe sont
fréquentes, et un abandon serait la fin de cette belle
aventure. Juste un arrêt pipi dans la matinée, par 2 ou
3, car le groupe continue de rouler, et après s'être
soulagé il faut revenir sur celui-ci, au prix d'un effort
important entre toutes les voitures qui suivent et qui sont dans
l'impossibilité de doubler. Les cyclistes respectent le code
de la route, mais prennent quand même la moitié de la
route. La discussion dans le groupe n'est pas interdite, bien au
contraire : c'est l'occasion de faire connaissance et
d'échanger ses bonnes aventures des années
précédentes, ou de parler de son club. On rencontre
aussi des gars du coin, vite reconnaissables par les couleurs du
maillot : Le Puy St Bonnet, Beaupréau, Angers... Premier
contrôle, Maurice et Dominique nous attendent, il fait beau,
déjà chaud, il est 11h15 et c'est le déjeuner
apprécié. Salades à base de pâtes,
pâtes de fruit... Le samedi se passe sans soucis, on rencontre
des groupes de plus en plus petits, car au fil de la journée,
chacun trouve son allure. L'équipe de St Léger Cyclisme
a aussi trouvé la sienne, en faisant des arrêts
ravitaillement toutes les trois heures environ. Le temps est orageux,
et parfois la route est encore mouillée par une nuée
qui est passée avant nous. Sur notre route nous rencontrons
régulièrement, en traversant les villes et villages,
des gens qui nous encouragent, nous félicitent. Cela fait
chaud au cur et redonne de la force. C'est aussi le moment de
découvrir des paysages, des petits villages, et les
différentes architectures qui font le secret de leur
beauté.
Maurice Thomas -
Serge Launay - Patrick Morille - Claude Malicot - Jacques
Rousseau
Quinze à vingt
minutes à chaque contrôle sont nécessaires, pour
pointer et se ravitailler en alimentation et en boisson. Une fringale
ou une déshydratation sont souvent une catastrophe pour un
cycliste. Nous pointons notre carnet de route à chaque
contrôle : n°2 Isle Jourdain (86) km 233 ; n°3
Martizay (36) km 311. Là c'est le dîner
préparé par nos 2 cuisiniers. Un changement de
vêtements s'impose, il est 20h30 et c'est reparti jusqu'avant
la nuit. Vers 22 heures, nous retrouvons notre véhicule avec
Maurice et Dominique. C'est le moment de s'équiper en
vêtements pour la nuit, et aussi de mettre les lumières
sur le vélo, et s'équiper d'un baudrier
réfléchissant. La nuit, il faut voir, mais surtout
être vu.
Rouler la nuit, c'est
très particulier, car si on distingue très bien la
route devant soi avec nos lumières halogènes
performantes, on n'en distingue pas le profil au loin. Quand on
grimpe une côte, on ne sait pas sur quelle distance il faudra
produire l'effort. On rencontre aussi des fêtards du samedi
soir, avec lesquels il y a quelques échanges amicaux. On
rencontre aussi des cyclistes couchés sur le bas
côté près d'une voiture d'assistance, pour un
moment de récupération ; une, deux, trois heures en
fonction des besoins de chacun. A St Léger Cyclisme, on a
choisit de ne pas faire de pause sommeil et de rouler toute la nuit.
Nous passons les contrôles : n°4 Noyers (41) km 372 ;
n°5 Salbris (41) km 434, avec un ravitaillement plus copieux
pour se refaire une santé. Tous les moyens sont bons pour
agrémenter la nuit, discussions entre nous, avec ceux que l'on
rencontrent en roulant, petites histoires
Car il ne faut pas
s'endormir !
Au
lever du jour, le dimanche matin, nous avons fait un petit
arrêt pour enlever nos lumières, et reprendre d'autres
vêtements. Et là, surprise, nous avons eu une
invitée qui n'était pas prévue : la pluie. En
plus de la fatigue accumulée, cette pluie que nous pensions
passagère n'a pas été bienvenue et nous a un peu
rabaissé le moral. Il faut se remonter le moral en se disant
que cette pluie n'est que passagère, et que le soleil
reviendra bien à un moment ou un autre. Encore 150 km
!!
Le début de la
matinée se passe avec une progression normale. La pluie qui
tombait par intermittence tombe maintenant en continu. Nous sommes
bien trempés, malgré les vêtements de protection.
Rouler en groupe dans ces circonstances n'est pas aisé, car
l'eau projetée par la roue arrière du vélo qui
nous précède arrose directement le visage du suivant.
Voilà le contrôle n°6 situé dans un bar
à Autruy sur Juine (45) km 540. Après concertation, on
décide de ne pas se changer, cela ne servira à rien
étant donné la pluie qui tombe sans cesse. D'ailleurs
sur la rue principale, en pente, l'eau ruisselle abondamment. Un
grand café, un pain au chocolat, remplir ses poches pour la
fin du parcours, et c'est reparti. Il nous reste environ une centaine
de kilomètres à parcourir avant d'arriver sur la ligne
d'arrivée.
pause bière -
et eau ! - sur une place d'église, pendant l'heure de la
messe
La
fin du parcours est difficile, car elle est très
vallonnée, et nous avons hâte d'arriver à Paris.
Ces bosses dans la banlieue nous paraissent interminables, et
même les descentes sont dangereuses. Avec la pluie, les freins
ne répondent pas correctement. Dommage car, avec ce temps de
chien, nous n'apprécions pas normalement les paysages. Sur les
cinq derniers kilomètres, les carrefours principaux sont
sécurisés par des bénévoles, la
tête sous le parapluie, et qui nous encouragent en nous
communiquant la distance restante. On n'ose même pas les croire
: 2 km, 1 km, 500 mètres, et voilà on aperçoit
la ligne d'arrivée. Nous la franchissons tous ensemble pour le
plaisir. Quel bonheur !! nous sommes dimanche midi, il est 12h30.
On se félicite : 633 km au compteur.
arrivée
à Paris le dimanche midi 25 juin à 12h30
Maurice Thomas - Jacques Rousseau - Serge Launay - Patrick Morille -
Claude Malicot
C'est ensuite la
récupération du diplôme, imprimé
dès notre arrivée grâce à l'informatique
et au code barre situé sur notre plaque de cadre. Maurice et
Dominique, nos assistants, sont là pour faire la photo
souvenir dans l'état où nous sommes. Il ne nous reste
plus un centimètre carré de sec.
Il faut vite
récupérer nos vêtements de ville, pour aller
à la douche récupératrice. On s'imagine
déjà sous l'eau chaude en train de se refaire une
santé. Eh bien non ! les vestiaires de la salle de sport sont
sales, le sol est couvert d'eau et de terre, suite au passage de ceux
qui ont réalisé un meilleur temps que nous. Eh
surprise, il n'y a plus d'eau chaude. La douche sera donc froide.
Déçus ? oui. Mais il paraît que c'est excellent
pour la circulation du sang
Pour nous réconforter, il
nous reste le repas servi ensuite sous des petits chapiteaux qui nous
protègent de cette pluie qui n'en finit pas de tomber. Nous
apprécions enfin un repas complet avec une bonne bière
en se remémorant déjà les bons et les moins bons
moments.
Il est 14 heures, et
c'est le départ de Paris en mini bus, vers Saint Léger
sous Cholet. A partir de ce moment, c'est dans une confiance totale
en nos deux chauffeurs que nous nous abandonnons dans un sommeil plus
au moins profond. Dans notre inconscience, on pédale encore.
C'est le début de la récupération après
ces 633 km parcourus et une nuit complète sur le vélo.
Arrivés
à St Léger, on a l'impression d'aller mieux,
d'avoir récupéré, mais nos têtes prouvent
encore le contraire.
Comme toujours lors
de grandes sorties comme celles-ci, nous retrouvons nos
épouses qui sont au foyer du club Saint Léger Cyclisme
et qui ont préparé le dîner. Photos tous
ensemble, apéro, souvenirs, et c'est en appréciant ce
bon dîner que nous partageons les derniers moments de celle
belle aventure sportive et humaine, contents d'avoir réussi
notre objectif."
photo de famille(s),
dans la cour de la mairie, au retour à St
Léger
apéritif au
local du club avant le dîner - le début du
réconfort
avant l'effort /
après l'effort
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