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Mémé |
Plus tard, un vieil imprimeur
pornicais, Emile Bourrin, fit paraître dans "l'Écho de
Paimboeuf" une série de mots patois. Pour la mémé que je
suis devenue, le patois n'a guère de secrets. Mémé
(Sylvaine Billot) Je n'ai, dans le soleil,
point vu de Pyrénées Je sais... les coins fleuris
de la Côte de Jade, J'ai salué Paimboeuf
au port chargé d'histoire, J'ai fané sur des
prés que la Loire enrubanne, Mémé (histoire en patois
présentée en 1987 à lexposition "Langage
et Traditions en Pays de Retz", contée par Mathurine
Pagot) Y avait à Pornic, oh y
a-ti longtemps dça, une petite boutique
dépicerie, pas bin loin doù
quallest la Mairerie asteure. La bonne femme qui la
tenait avait un grand dadais de fi qui mangeait core de la bouillie
à snâge ; il avait bin dans les douze ans !
Quante les ptites filles a
sortaient dlécole, a zallaient ajter des
pastilles à la menthe ou bin des acides. Mais comme ça
strouvait souvent dans lmoment qula marchande atait
à faire la bouillie pour son gas, ça la fesait dire son
compte : Plusieurs fois don, all avait
dmandé aux filles de la remplacer à brasser la
bouillie pour pas qua brûle, à temps de peser les
saprés bonbons. Les filles sen fesaient un jeu, vous
pensez bin ! Vla quun jour une gamine
dit aux autres : Et chacune de fouiller dans sa poche
: Et qui fut dit fut fait. Les bonbons
pesés, les filles donnèrent leurs sous et partirent
à sen aller. Mais une plus maline savait
cachée derrière les sacs et les autes affaires
quétaient dans quielle boutique. Vite, les autes filles lui
dmandèrent : Et la gamine racontait de rtour
ça quallavait entendu ; et ces sacrées
ptites bougresses a zen ont-elles ri longtemps.
Alexis, il était beune en
peine depuis que sa mère liz avait dit : Lexis, il était mariail depuis
la métive (la moisson) et Génie était ben ronde
à la fin des vendanges. Pourtant, i liz avait jamais touchail
avant la nét de leurs noces. Sans trop saouèr à keu
saint se vouer, Lexis il pensail que le maire qui les avait mariails
pourrait ventié l'ékiairer. Martin Evin demeurait à la
petite Massérie et avait teurjous un bon mot pour ses
administrails. Quand le pauvre gars s'a iu
confessail, le maire i liz a dit : Lexis était prou soulageail.
Sa mère avait béou lancer su Génie des yeux
soupçonneux, oul a arrivail un grous gars à Naou
(Noël), qu'iz ont nommail Désiré. C'est-i pas mieux de s'entendre ?
Mémé
le
musée de Bourgneuf en Retz
Je l'ai toujours employé, en famille et au village.
On me l'interdit à l'école, le remplaçant par le
"français" qu'il fallait écrire.
Mais c'est surtout le regretté père Eloi qui rechercha
locutions et mots de chez nous et les publia dans son recueil "Le
vieux langage du Pays de Retz", véritable musée.
Je l'écris pour le plaisir, sans vouloir faire
école.
Je crois pourtant souhaitable que les enfants aient un aperçu
de ce langage qui chante, sourit, pleure et prie, avec les mots,
l'accent et le goût d'un terroir qui, toujours d'après
Eloi Guitteny, n'est pas absolument breton, pas complètement
poitevin, mais sûrement paydret."
ni gravi le Mont-Blanc au renom prestigieux,
ni foulé le cratère assagi des
années,
ni sur la Tour Eiffel même... levé les
yeux.
Je connais seulement les rives... familières
à mon Pays de Retz et les pointes altières
de clochers dont le coq chante clair et joyeux.
la saveur que Bourgneuf donne à son grain de sel.
J'ai grimpé dans Pornic au dessus de la rade
et humé la galette au vent de Saint-Michel,
cueilli vers Saint Brévin...l'or... en
mini-houpettes
dont chaque mimosa parfumait ses branchettes
sans attendrir le Pont... au péage cruel.
le pionnier Maneyrol et la tour de Buzay,
redouté "Barbe Bleue" de sinistre mémoire
aux ruines de Princé où "soeur Anne
attendait".
J'ai pris à Machecoul la pédale "Gitane"
pour le tour de Grand-Lieu, via Sainte Pazanne
et mon petit Chauvé dont la terre appelait.
semé, dans les guérets, le blé d'un
geste égal,
vendangé le grolleau de la pente océane
qui garde, en son bouquet, le goût du littoral
et, d'humbles laboureurs continuant la race,
senti mon pas plus ferme... en allant sur la trace
de ces rudes Paydrets... fiers de leur sol natal.
- Sapristi de ptites bougresses, vous allez dête
cause que ma bouillie a va core rimer. Espérez un ptit
que jla finisse.
- Bin dépêchez-vous, on na pas
ltemps...
- Jai deux sous, on va aller ajter des bonbons chez la
mère Titine.
- Oui, mais a va core nous dmander de brasser sa bouillie.
- Faudrait lui mette quequchose dedans pour
lattraper.
- Dame oui, mais moi jai rin ; quest-ce quon
pourrait don lui mette ?
- Moi jai des barbeaux (des hannetons), dit enfin lune
des ptites bougresses.
- Oh, cest ça ! Ou va les mette dans la castrole !
Au bout dun ptit temps, la vla qui sensauve
en étouffant drire.
- Quoi qui gna eu ?
- Qui qualla dit ?
- Qui quil a fait ?
- Oh dame, si vous saviez ! Oh le rire ! Oh jétouffe
!
- Bin dis-nous don !
- I disait... i disait comme ça, oh ! jen pisse ! i
disait comme ça : "Ça croque, Minmin, ça
croque..." Et pis sa mère a disait : "Cest du suque mon
fi, cest du suque !"
- Comment qui disait ?
- Tu vas nous enhonter, mon gars. Tu vas ouèr que ton poupon
il ara pas les kioches à son baptême.
I connaissait Lexis, un bon gars pas trop dégourdi, mais bon
travailleur et point portail su la bouesson.
- Lexis, t'as pouint à t'en faire. A la première
naissance, y a point de remarques, on peut jamais saouèr.
Ça peut attendre tois mois keume tois ans. Agarde Jean-Louis,
ton ouésin, sa Gélique alle a étail tois ans
avant d'aouèr sa feuille tandis que Bastienne alle a iu son
gars après douze semaines. L'essentiel, c'est que la
mère et l'enfant séjont en boune santaille. Mossieu le
Curail i fera ce qu'i voudra de ses kioches. D'ailleurs je
crès pas qu'i connaît grand'chouse
là-dedans.