Source : Bulletin Municipal 1999 de St Léger les Vignes

"Avec l'aimable autorisation de M. Emile Boulin, éminent historien du Pays de Retz, et de la Ligue contre le cancer - section locale de Bouaye, l'association locale "Mémoire de Saint-Léger" vous invite à découvrir la dictée préparée spécialement pour l'action "Prête-moi ta plume pour guérir les maux".
Ce texte a été élaboré à partir d'un fait réel. Ce qui apparaît en caractère gras est pure vérité. Le reste, tout en étant plausible, est le fruit de l'imagination fertile de M. Boutin."

 

un duc de retagne à aint-Léger

 

Evangélisée par Heimeland et les moines de son abbaye, apôtres qui s'occupaient de la vie spirituelle, mais aussi matérielle de ses habitants, la cité de Bouaye acquit très tôt une certaine prospérité. Des barges, que les sauniers avaient remplies de sel à pleines charretées, descendaient le Tenu pour ravitailler la région nantaise. Des pêcheurs s'étaient installés à proximité du lac, près de la Sénaigerie. Ils prenaient dans les rets de leur(s) senne(s) [ou seine(s)] des anguilles et autres poissons qui étaient fort appréciés sur les tables nobles, mais aussi paysannes.

C'est pourquoi, le lac et ses rivières ne laissaient pas désintéressés les ducs de Bretagne.

(fin de la dictée des juniors)


(début de la dictée des séniors)

En ce 10 septembre 1305, bayant aux corneilles, Jean II, l'un des ducs qui se sont succédé en Bretagne, approchait de Saint-Léger avec sa suite. Se rendant au sacre du pape Clément V, il avait prévu une halte au Bois-Benoît (1).

Se fatiguant vite, loin de ses pénates habituels, le duc bâilla et s'étira après cette longue chevauchée éreintante, très fatigante. Il fut heureux de mettre pied devant le logis. Ce n'était pas un château fort avec pont-levis, mais une résidence en forme de parallélépipède. Il fut accueilli par des plains-chants religieux, et par une démonstration d'archers au papegai. La maîtresse de maison, dans sa robe blanche ornée de vair, lui souhaita bon séjour. La dame était ravissante, bien qu'elle eût un embonpoint naissant. Il est vrai que sa parure, des améthystes bleu-violacé et des agates veinées faisait un peu oublier ses appas. Entouré des manants qui avaient délaissé les amples sarraus de toile pour s'endimancher et mettre les couvre-chefs des jours de fête, le maître des lieux offrit au duc les prémices des prochaines vendanges, des raisins mûrs à point, car le phylloxéra n'avait pas encore fait de ravage(s).

Jean II dégusta les fruits, huma les effluves embaumés de la roseraie et pénétra dans l'immense salle à manger. Il s'extasia devant les garde-manger, prometteurs de bonne chère, et manifesta sa bonhomie à ses hôtes. Tout ragaillardi il vit dans cet accueil les prémisses d'un heureux voyage.

Dès potron-minet, des gâte-sauce(s) et des tournebroches s'étaient installés devant l' âtre.

Le duc "fit bon repas et but petit vin". D'ailleurs, barriques et barils ne manquaient jamais au Bois-Benoît. La réception coûta "soixante et une livres, trois sols et six deniers, plus cinq sols d'aumône à un pauvre homme."

Le lendemain matin, on remit les bâts aux mules, on sortit les chevaux des bat-flanc, et le duc reprit la route. Il longea un moment le lac près de Saint-Aignan. Il aperçut quelques nautes, mais ne vit pas le nocher des enfers qui attendait son obole pour lui faire traverser le Styx.

Car Jean II mourut pendant son voyage. Son décès fut annoncé en chaire dans toutes les églises bretonnes, comme il avait été d'usage pour les feus ducs et feu les duchesses.

(1) ancien nom du Bois Guignardais

 

 

 

sceau de Jean II de Bretagne

 

Le décès de Jean II est loin d'être banal. Pour régler ses différends avec l'épiscopat breton, il décide en 1305 d'aller trouver le nouveau pape Clément V, que l'on sacre à Lyon. Au retour de l'église Saint-Just de Lyon, alors que le duc tient les rênes de la monture du pontife, un mur, sur lequel une foule de spectateurs est montée, s'écroule sur le cortège, renversant le pape et ensevelissant le duc de Bretagne qui expire quatre jours plus tard, le 18 novembre, des suites de ses blessures. Son corps est placé dans un cercueil de plomb et ramené en Bretagne pour être inhumé aux Carmes de Ploërmel qu'il avait fondés.

 

 

Dans la chapelle des Carmes se trouvent à ses côtés le cœur de son fils, Arthur II, décédé en 1312, et son petit-fils, Jean III, décédé en 1341. C'est alors que débute la guerre de Succession de Bretagne. Le duc Jean IV fait construire le monument funéraire, mais celui-ci est retiré lors de la première destruction de la chapelle des Carmes, en 1593, puis sous la Révolution. En 1821, le conseil général du Morbihan fait restaurer les statues des ducs et les fait placer sur le mausolée de marbre noir situé dans l'église paroissiale.

 

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