correspondances réelles ou imaginées |
correspondances
imaginées Extrait des correspondances
d'Henry Arnault - 5
août 1914 - Châteauroux Lettre extraite de
l'ouvrage L'Horizon Bleu Extrait des correspondances
d'Henry Arnault - 5
décembre 1914 - près d'Ypres Lettre extraite de
l'ouvrage L'Horizon Bleu Extrait des correspondances
d'Henry Arnault - 21
janvier 1916 - Belgique Extrait des correspondances
d'Henry Arnault - 16
mai 1916 - Belgique Lettre extraite de
l'ouvrage L'Horizon Bleu Extrait des correspondances
d'Henry Arnault - 11
novembre 1918 - Nancy
Henry Arnault
(1885-1967) - Après des études supérieures de
commerce, il est engagé dans une fabrique de chevreaux
glacés pour chaussures, à Paris. En 1911, il fonde, en
Russie, un comptoir dimportation pour des marchandises
dorigine française. Quand la guerre éclate en
1914, il rejoint le 290e régiment dinfanterie à
Châteauroux comme sergent. Il termine la guerre comme officier
interprète de liaison à la légion russe en
France. Pendant toute la guerre, il entretient une abondante
correspondance avec sa famille, en particulier avec sa femme Antonina
Nikitine, quil a épousée en 1913. Après la
guerre, il exerce dimportantes responsabilités dans
lindustrie cimentière en France et en
Angleterre.
"L'horizon bleu" de
Dorothée Piatek - illustrations de Yann Armonic - les
éditions Petit à Petit
Pierre est un jeune instituteur d'une petite ville du Nord de la
France. Il coule des jours heureux avec sa femme Elisabeth jusqu'au
jour où la première guerre mondiale est
déclarée. Pierre doit partir au front. ll va passer
quatre ans loin de sa femme et des ses élèves mais il
ne les oubliera pas...
"Il y a partout un
enthousiasme fou, inoubliable. Des trains bondés de soldats
passent continuellement en marche vers la
frontière."
"Ma chère Élisabeth,
Nous sommes épuisés. Il nous faut chaque jour chercher
des forces que nous ne trouvons plus.
Hier, on nous a fait chanter des chants patriotiques alors que le
ronflement des canons se faisait entendre à moins d'un
kilomètre. Au loin, je voyais les maisons qui flambaient comme
des torches, quels spectacles !
Élisabeth, j'ai l'impression d'être poursuivi par la
mort. Je t'écris cette lettre avant d'entrer dans le champ de
bataille car je crains pour ma vie. Tant de mes camarades sont
déjà tombés
Ce sont tes yeux et ton joli sourire qui m'accompagneront si je viens
à mourir.
Je serai mort en brave soldat, tu pourras être fier de ton
mari. Sois courageuse, ma chérie.
Pierre"
"Avant hier soir,
on a envoyé ma compagnie à l'assaut. La moitié y
est restée."
"Chère Madame,
Je m'appelle Georgette Dujardin et je suis infirmière à
la Croix Rouge. J'ai été conduite à prodiguer
des soins à votre mari lors de son arrivée à
notre hôpital de campagne. Je tenais à vous donner de
ses nouvelles puisqu'il serait bien incapable de la faire
lui-même. Quels mots employer sans vous inquiéter ?
Cette lettre se veut rassurante car son état, bien que
stationnaire, n'inspire plus d'inquiétudes. Il ouvre les yeux,
mais ne parle pas encore. Les balles l'ont touché à la
poitrine et à la jambe gauche. Nous avons réussi
à ôter la plupart des éclats et les plaies
montrent un meilleur aspect. Sa fièvre commence à
baisser. Les auxiliaires volontaires se chargent de l'accompagner en
lui donnant la main. Ceux-ci apportent un grand réconfort
à nos blessés. Croyez Madame, que nous faisons tout ce
qui est en notre pouvoir pour rétablir votre mari au plus
vite. Surtout, ne perdez pas espoir. Recevez tout mon soutien.
Georgette"
"Ceux qui viendront
après nous ne comprendront sans doute jamais le genre de
souffrances que des millions d'hommes auront subi pendant plusieurs
années, volontairement, pour s'entre-tuer. Est-il possible
à des cerveaux modernes d'imaginer un tel cataclysme
?"
"Le seul moment
où malgré soi une certaine émotion nous gagne
c'est quand le vaguemestre apparaît. Tous, jeunes et vieux,
attendent. Le vaguemestre, c'est le trait d'union entre la
passé, entre la vie d'autrefois et la vie actuelle. Un tel
attend une lettre de sa femme, un autre attend le mot affectueux de
sa fiancée, celui-là lira avec dévotion quelques
lignes de sa vieille maman qui se désole. Moi, j'attends ma
lettre."
"Ma chère Élisabeth,
Je quitte l'hôpital demain. Un convoi va m'amener jusqu'au
régiment. J'y retrouverai mes camarades.
Ce retour ne me remplit pas de joie. Mon corps est couvert de
cicatrices affreuses. Elles me rappelleront ma vie durant que j'ai
participé à cette guerre. Ton mari n'est plus le
même, Élisabeth, il est meurtri dans sa chair et dans sa
tête. Que faire, je ne pourrai jamais me battre à
nouveau. J'ai vu tant d'horreur ici, tant d'hommes mutilés.
Certains ont perdu la raison, peut-être aurait-il mieux valu
que je la perde, moi aussi
Sois prudente ma chérie. J'espère t'annoncer
bientôt mon retour et enfin te serrer dans mes bras.
Pierre"
"Pendant les
premières minutes qui ont suivi la réception du sans
fil annonçant la nouvelle, cela a été de la
surprise à l'étonnement. Puis quelques gaillards parmi
nos Français se sont précipités à
l'église et jamais cette pauvre unique cloche n'a
été si bien mise en branle. Les voitures, les maisons
ont été d'un coup pavoisés, les jardins
pillés de leurs quelques fleurs. La nouvelle si attendue est
arrivée et après quatre années si dures, je sens
que pour beaucoup cependant la joie est amoindrie parce que trop
d'amis, trop de camarades ne sont plus là pour voir
l'anéantissement imposé aux Boches."