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Le champ de bataille
était couvert de morts et de blessés, mais en
quantité telle qu'on ne pouvait se déplacer sans
marcher sur des corps. Nous étions absolument assommés
par le bruit du canon. Devant notre seul corps d'armée, plus
de 400 pièces allemandes tonnaient, auxquelles
répondaient environ 200 des nôtres. C'était un
grondement perpétuel. Il venait encore s'y ajouter le
crépitement de la fusillade et des mitrailleuses,
l'éclatement des obus, les hurlements des fractions chargeant
à la baïonnette. Enfin, je n'ai jamais rien vu de
semblable. La bataille de la Marne ne fut rien, paraît-il,
à côté de celle-ci. A l'issue de la bataille,
le général réunit les officiers et nous dit :
"Vous ne vous doutez pas de la valeur du succès que vous
venez de remporter, c'est une grande victoire pour nos armes, je vous
en remercie." Il nous donna ensuite des
chiffres, c'est encore ce qui parle mieux que tous les discours.
Voici ce que nous avons fait : C'est à la suite de
ces violents combats, le 14 novembre, que je fus nommé
sous-lieutenant et qu'on me donna le commandement d'une
compagnie." Cité par
"Le Courrier du Centre" - La France au-dessus de tout - Lettres de
Combattants - 1915
Il y avait autour d'Ypres 14 corps d'armée allemands (750 000
hommes), contre 5 corps d'armée français (250 000
hommes). C'est dire si la poussée fut terrible et s'il nous
fallut lutter pour ne pas céder. Les Allemands ont
laissé 125 000 hommes sur le champ de bataille (20 000
tués et 105 000 blessés).
De notre côté, il y eut aussi des pertes sensibles. Ma
compagnie a perdu 104 hommes en 20 minutes, dans une charge à
la baïonnette sur des mitrailleuses. Nous nous sommes bien
vengés après.
Par exemple : 2 compagnies allemandes (500 hommes) ayant
chargé nos tranchées, nous les avons fauchés
littéralement : 17 Allemands seulement survécurent, que
nous fîmes prisonniers.