Personnages :
- Germaine
Bournigeau : la gérante du
lavoir
- Louisette Bavardeau : une
lavandière
- Anatole Pipeau : ancien
garde-champêtre
- Auguste Verdeau : forgeron
- Jules Pissot : adolescent
chenapan
- Jeanne Pissot : la jeune sur
de Jules
|
Adeline
Banach-Pioton
Sarah Tharreau
Jean-Luc Aubry
Jean-Louis Cailleaud
Aubin Gendron
Eléonore Banach-Pioton
|
Sur lavant du
bateau, juste un panier plein de linge dans le coin
à jardin.
De larrière du lavoir sortent Jules et
Jeanne Pissot.
Jules :
Jeannette, surveille voir si personne ne vient.
Jeanne : On devrait pas
traînailler par ici. (elle va sur la
passerelle)
Jules : Aye point peur, on risque rin,
que jte dis.
Jeanne : Bin, si la mère Bournigeau,
elle arrive, ça va chauffer pour toi,
Jules ! Elle taime point, cte
vieille bique
Jules : La mère lavoir ?
on craint rin, elle est pas encore rendue
jen ai pas pour bin longtemps...
(de dos il commence
à uriner dans le panier de linge qui est
dans le coin du lavoir)
Jeanne : Si
lpère y sait ça, tu vas encore
goûter à son ceinturon.
Jules : Si tu dis rin, il lsaura
pas !
Jeanne : Dépêche !
Jchuis pas tranquille.
Jules : Ça y est
presque !
Jeanne : Vite ! jentends sa
berouette qui couine !
Jules : Allez hop ! Je remballe
tout et on se tire
ni vu ni connu.
Jules de dos reboutonne sa
braguette et ils quittent le lavoir alors que
Germaine arrive en poussant sa
brouette.
Germaine :
(criant) Eh là-bas ! Sales
galopiots, arrêtez-vous ! Jvous
avions vu sortir dmon lavoir !
Zavez pas ldroit dy
ête ! Si jvous attrape, ça
va chauffer pour vos oreilles et vot
darrière ! Cest moi que
jvous ldis !
Les gamins vont se cacher
en courant et en riant dans les buissons du jardin
public.
Louisette sort de sa maison avec un panier de linge
sous le bras.
Louisette : Et
ben, Germaine ! Quest-ce que tas
à brâiller comme ça ?
Cest pis quun goret quon va
saigner pour la fête des boudins !
Germaine : Bjour Louisette. Oh
cest encore ce chnapan dJules
Pissot qui rôde à côté du
lavoir ; çui-là cest que
dla mauvaise graine ! Va savoir quelle
méchanceté il a encore trouvé
à faire ! Mais y perd rin pour
attendre ! Le jour où jvas
réussir à lcoincer, y va
rgretter dête
né !
Louisette : Oh Germaine,
ténerve pas ! Il est plus
bête que méchant !
Germaine : Que dla mauvaise graine,
jte dis !
Louisette : Tu sais cqui disait
dlui, linstituteur ? Quil
avait été à
lécole pendant 8 ans et que tout
cquil avait réussi à
apprendre, ctait le
chmin !
Elles arrivent au lavoir
et descendent leur linge par la passerelle
jusquà la porte restée
ouverte.
Germaine :
Jétais pourtant sûre
davoir barré la porte en partant hier
soir ; jchais pas comment cest qui
zont réussi à rentrer.
Louisette : Y a ptête rin appris
à lécole, mais cest un
sacré dégourdi, ce petiot !
Allez, cest pas tout ça ! on a
dla taille ! Faut commencer not
lessive.
Elles sinstallent
dans leurs caisses et commence à laver.
Germaine prend un slip-kangourou et un
soutien-gorge dans le panier de Louisette.
Germaine : Et ben dis
donc ! Tas du beau linge
aujourdhui ! Cest-y
qutaurais gagné lgros lot
aux gueules cassées ?
Louisette : Cte blague !
Cest point un calçon à
mon Guillaume ça ! Cest le linge
aux du Pontreau ; la baronne ma
engagée comme laveuse pour remplacer la
Toinette qui peut plus venir au lavoir avec ses
jambes.
Germaine : Bin cest tout comme si
tavais tiré lgrosl lot !
Avec des gros clients comme ça, tu vas
tfaire plein dsous !
Louisette : Oh, ça reste à
voir ! Tu sais ces Gens dla Haute, y
viennent chapeautés et gantés au
premier rang dléglise pour la
grandmesse, mais y zont les cordons dla
bourse plus serrés queulcul
dune poulette qua point encore
pondu.
Germaine : Ouais
et ben je
dmande à vouére ;
nempêche qui vont tfaire faire la
buée toutes les smaines !
Cest pas comme ceux dla
Galardière qui mdonnent leur linge
tous les 3 mois. Ça leur a telment
fait dretour quy faudrait presque tout
mettre à la jaille et en plus quand
jle récupère cest pas
ragoutant ! Jose à peine le
prendre dans lpanier (elle montre un drap
très sale) ! Surtout les
calçons du père Picreau qui
tiennent debout tout seul par la crasse ; rin
quà la couleur, tu peux dviner
où quest ldevant et
ldarrière !
Louisette : Arrête don ! tu
mfais trop rire ! Jvas encore
prendre un hoquet ! Attends voir, regarde
celui du jeune baron (elle montre un slip plus
petit bien jauni), il a beau faire le fier, y
sont ben raides su ldevant, comme si
zétaient zamidonnés, tout
pareil que les autes jeunots
dSaint-Lger.
Germaine : Bon cest pas tout
ça
on cause ! on cause :
mais ltravail navance
guère ; jvas faire un peu danser
le battoué pasquy faut
qujavions fini avant la fin dla
rabinée ! mon Raymond, il aime pas
manger en rtard.
Elles se mettent à
laver en silence. Arrivent Anatole et Auguste
depuis le jardin public ; ils viennent
jusquau lavoir et saccoudent au
parapet ; Germaine et Louisette continuent
à laver.
Anatole : Alors
les commères, encore à bavasser plein
dhorreurs sur tout lmonde ?
Germaine : Tais-toi don, Anatole
Pipeau ! Tu tes point
rgardé ! Quand
tétais encor Gard
Champête, tu fsais courir les ragots
plus vite que les Avisses à la population de
Msieur not Maire.
Anatole : Tentends cette peste,
Auguste ! Elle voit une fiente dans la cour du
voisin et pas ltas dfumier quest
dvant chez elle.
Auguste : Oh moi, tu sais, jchuis
pas bin au courant ; quand jchuis dans
ma forge, avec le bruit du soufflet et
dlenclume, jentends rin de
rin ; japprends un peu les
commérages que quand jvas au
café den face mrincer
lgosier, pa'ce quavec le feu
denfer que mène mon arpète,
ça dessèche.
Anatole : Alors tes au courant de
tout ! Vu qutes plus souvent au
bistrot quau boulot ! Tu portes pas
très bien ton nom, Auguste Verdeau, car tu
lèves le coude toutes les cinq minutes, et
pas pour dleau, rin que pour du
cid ou du pinard !
Auguste : Mauvaise langue ! Si
tétais pas lmari dma
sur, comme qui dirait mon beau-frère,
jtaurions tordu lcou depuis
longtemps !
Anatole : Arrêtons dnous
chicaner ! Ça fait ricaner ces deux
commères ; heureusment que des
fois y a un bon Dieu et qua sont bien punies
dleurs racontars.
Auguste : De quoi qutu causes
là ? Javions point entendu parler
dpunition.
Anatole : Oh ! Ça rmonte
à queques temps
la Germaine a
appris que Joséphine Cougnaud fsait
son mari cocu avec le facteur ! Et bin
sûr au lavoir elle a raconté
cthistoire à not
commère en chef : Louisette Bavardeau,
laveuse de son état, ici
présente.
Germaine : Avec
le facteur, que jte dis ! Et pas
quune fois ! Dès quson
Emile a ldos tourné, elle en
profite ! Sil est à la maison,
elle met à sa fnête un mouchoir
rouge pour queul facteur y
sarrête pas ; mais les jours
où il est à travailler ailleurs, elle
y met un mouchoir jaune, comme ça
lfacteur y sait quy peut entrer chez
elle pour faire la fête au cocu.
Louisette : Tu men diras
tant ! Sacré Fifine ! Mais
ça nmétonne guère, vu
quelle a un diable dans lcorps,
cte boun femme !
Germaine : Mais cest un
scret ! Tu
lrépèteras à
personne ! Promis ?
Louisette : Ben tu mconnais,
Germaine ! Je sais garder un
scret ! Jdirai rin à
personne !
Anatole : Tu
parles ! Autant dmander à un
âne de npoint braire !
Auguste : Cest ben vrai,
ça !
Anatole : Sitôt fini sa lessive,
vlà not Louisette qui court de
droite et dgauche dans tout Saint
Lger ! Et que jte rentre à
la boulangerie Samson, à
lépicerie Saudeau, et même dans
les quat bistrots à suivre ! et
que partout a raconte lhistoire de
cpauv gars Emile quest cocu avec le
facteur ; et qua rajoute même
quil a des cornes si grandes que bintôt
il pourra plus passer la porte de
léglise.
Auguste : Javions bin entendu dire
qulEmile était cocu, mais
jsavions point doù ça
vnait.
Anatole : Et comme de juste, lgars
Emile y a su que Louisette fsait des
racontars sur son dos dans tout lpays.
Auguste : Tel que jconnais
lEmile, y a dû piquer un sang et
vnir la corriger sulchamp !
Anatole : Et bin non ! Y a rin dit et y
a rin fait ! mais queques smaines plus
tard, quand cest qula Louisette
était seule au lavoir, y est vnu
svenger ! y sest approché
en silence, y a détaché les
chaînes et poussé llavoir loin
du bord !
Auguste : Elle a rin vu, la
Louisette ?
Anatole : Trop occupée avec son
linge ! Quand elle a relvé
lnez, le lavoir était au beau milieu
dlétang ! A sest mise
à gueuler et à brailler pis
quune vache à lheure dla
traite ! Cest lgars Sorin
quhabite à côté qui
la entendue et quest vnu
mchercher, vu jétais encor
Gard Champête de
ctemps !
Auguste : Quest-ce ta fait pour
la sortir dlà ?
Anatole : Jétais encore
à me dmander si jallais ou pas
la chercher au miyeu dleau, quand
lMaire est arrivé ; y ma
dit : « Y a un bon vent qui buffe du
Nord ; cest point la peine ed plonger, y
va la ramner sûrment vers la
frayère ; là-bas y a pas de
fond, elle pourra sortir ».
Auguste : Cest quil est point
bête, cgars-là !
Anatole : Cest bin pour ça
quil est not Maire ! Une heure
plus tard, la Louisette était sortie
dson lavoir ! Elle sest
carapatée vitfait sans dmander
son reste, sans dire merci, telment elle
avait honte !
Auguste : Jaurais bin voulu ête
là pour voir sa binette ! Ça
dvait ête à
stordre !
Anatole : Pour sûr ! Elle a plus
parlé à personne pendant une ou deux
smaines. Mais comme tu vois, ça
la pas empêchée de
rcommencer à commérer !
Sacrée langue de
vipère !
Arrivent Jules et sa
sur qui sapprochent de la rambarde pour
regarder les laveuses de loin.
Auguste :
Tulconnais, ce
ptiot-là ? Cest Jules,
lptit gars à
Léon Pissot !
Anatole : Quest-ce tu crois !
Jchuis dSaint Lger moi
aussi ! Qui lconnaît pas, ce
chnapan qui fait plus dbêtises
à lui tout seul que tous les auts gars
du village !
Auguste : Et bin lété
dernier, y a joué une drôle de farce
à la Germaine !
Anatole : Jla connais ton
histoire ! Il a pissé dans son panier
dlinge qua vnait de laver et
sécher su lpré !
Auguste : Non, ça y fait
souvent ! Cest pis que ça !
Bon, tu sais que cest lmeilleur nageur
dla commune : y nage sur leau et
même dessous, y plonge et y saute mieux
quune gueurnouille, tandisse qules
auts cest tout comme mon enclume :
sitôt quy essaiyent de nager, y vont
direct au fond.
Anatole : Cest sûr
ça ! Jlavions
déjà vu dans
létang ! Un vrai
gardon !
Auguste : Alors y vient souvent à
côté du lavoir en nageant sous
leau et quand y arrive juste au nez des
laveuses, y fait un saut dcarpe pour leur
montrer ses fesses ! Jte dis pas comme
ça les fait couiner et crier ;
quc'est un démon, qucest
un gros péché dfaire ça,
et quelles vont ldire au Curé
pour quil y taille les oreilles en
pointe !
Anatole : Jchais bin tout
ça ! Quest-ce ça à
voir avec la Germaine ?
Auguste : Attends que jfinisse :
donc lété dernier y arrive sous
leau tout près du lavoir comme
à son habitude et là il tire un grand
coup su ldrap que la Germaine était en
train drincer ; elle, elle tire en
arrière pour lretnir ; du
coup son savon tombe dans leau et a se penche
pour le rattraper avec son battouère, mais a
spenche un peu trop et la vla qui part
cul par dsus tête dans
létang ! Elle arriv
même pus à crier pasquelle
a bu la tasse ; la Louisette à
coté a smet à
brailler :
Louisette : Au scours ! La
Germaine a snoie ! Au
scours ! un homme à la
mer !
Auguste : Moi jétions à
la pêche juste de laut
côté et jentends les brailleries
dla Louisette ! Alors jviens en
courant jusquau lavoir et jvois la
Germaine quy sagite comme un beau
diable, qua la tête qui rmonte
pis qui rpart sous leau ! Ni une
ni deux je mpenche, jlattrape par
les cheveux et jla ramène vers le
bord !
Anatole : Et comment qutas fait pour
la sortir de leau ? Pasquy a du du
poids quand même !
Auguste : Jla attrapée sous les
bras et jai tiré dur ; bon
javais dla prise car y a du monde
à la dvantière ! Et quand
cest quelle a commencé à
rmonter sul lavoir, la Louisette a
aidé en tirant par les jambes.
Anatole : Tu y a sauvé la vie
à la Germaine ! Tu
méritrais bin la médaille de la
commune pour ça !
Auguste : Ptête ! Mais
jme dmande si jai bin fait
jaurais ptête du la laisser au
fond dlétang cte foutue
Mère-Lavoir !
Louisette : Comme elle était toute
enfondue et quale avait du mal à
sremette, le Maire a fait vnir les
pompiers et y zont fait du bouche à
bouche pour la rtaper ; à
ctheure-là, jaurions bin
pris sa place car lplus jeunot des deux y
était bin meugnon, tout serré dans
son uniforme !
Auguste : Après tout ça, comme
elle était encore toute tourneboulée,
y lont menée à
lhôpital à Cholet et a y est
restée toute la nuit !
Anatole : Ah ! Germaine tu mavais
bin raconté qutavais
passé une nuit à lhôpital
avec le docteur, mais tu tétais pas
vanté du pourquoi, bougresse !
Germaine : Vous pouvez rigoler tous les
trois ! Nempêche que ce vaurien y
a failli massassiner ! Y va payer
ça cher, foi dGermaine ! Promis,
juré , craché !
Louisette : Mais tu tes
déjà vengée, y me
semble !
Germaine : Bof ! Pas vraiment.
Auguste : Jle savions pas ;
raconte don !
Germaine : Bin deux smaines plus
tard, jétions dnouveau au
lavoir ! Y faut bin travailler pour gagner son
pain ! Et là jvois ce
sacré Jules qui vient sbaigner dans
létang ; y smet tout nu
comme à son habitude et y plonge depuis
lponton là-bas ; y
mreprendra pas deux fois que jme dis et
du coup je lsurveille du coin
dloeil.
Louisette : Y est vnu vers nous et
dun coup on la plus vu ! Y avait
plongé sous leau !
Germaine : Mais en rgardant bin,
jai vu les bouzines qui fsait ! Et
comme jm'y attendais, y a sorti dleau
dvant nous pour nous montrer ses
fesses ! Et là jy ai foutu un
coup dbattouère qua
claqué comme un fouet ; y est parti
très vite en gueulant comme lâne
bâté quil est !
Louisette : Moi jy ai dit à
Germaine quelle avait tapé trop fort
et que, vu lbruit, elle avait du lui fendre
le crâne.
Germaine : Cque tas vu,
cétait fendu bin sûr ! Mais
cte nigaude a sait point
rconnaître un crâne dun
darrière ! Mais ce que jpouvions
tdire, cest quy avait les fesses
plus rouges quun mouchoir de Cholet quand
cest quil est sorti dleau !
Y sa rhabillé vite fait et y est parti
chez lui en couinant.
Jules : Toujours à svanter
celle-là ; javions même pas
eu mal ! Son coup dbattouère,
cétait bin moins fort qules
coups dceinturon du père !
Jeanne : Arrête don avec tes
mentries ! Tas pleuré toute
la soirée ! Pendant trois
smaines, tas pas pu tasseoir et
tas dormi su lvente ;
jai dû te passer larnica su les
fesses pendant tout ctemps et jles ai
vues changer dcouleur ; du rouge
cest passé au violet, au noir, au
mauve et pour finir par ljaune !
Jules : Tais-toi don ! Tu
commères telment à
ctheure qutu vas finir par
ressembler à ces deux vieilles
toupies !
Germaine : Bon
jai fini ma buée ; jvas
rentrer pasque mon Raymond doit commencer à
simpatienter.
Louisette : Hé !
Hé ! Cest ty qutu
voudrais déjà salir les draps que tu
viens dlaver !
Germaine : Ça risque pas, tu sais
Raymond dpuis quy est rentré
blessé dla guerre, cest triste
à dire mais y est plus bon à rin, ni
à ça ni à aute
chose !
Louisette : Scuse-moi Germaine !
Jvoulais pas tcauser dla
peine !
Germaine remonte la
passerelle avec son panier de linge quelle
met sur sa brouette.
Germaine : Tout compte
fait, pour mchanger les idées,
jdevrais ptête bin accrocher un
mouchoir jaune au lavoir, quand cest y
quj y suis seule !
Jules : Jeannette ! Vla la
Mère Lavoir quarrive ; y vaut
mieux quon traînaille pas par ici.
Jeanne : Et pis cest bientôt
lheure dla soupe ; y vaut mieux
quon soyent rentrés avant qule
père y
sénerve !
Les deux sen vont en
courant vers le jardin. Louisette reste au
lavoir et se remet à laver son
linge.
Auguste :
Cest y qutu passes par ma cave su
lretour ? On pourrait baiser une
fillette !
Anatole : Si tu mveux faire boire
ton reste de muscadet quarrache la tripaille,
jdis non ! Mais si treste du
cabernet, alors jsrai
benaise !