La
chapelle Saint-Léger fut probablement érigée au
12e siècle, en tant qu'église paroissiale du village de
Chambo où se trouvait la maison des chevaliers de
Saint-Léger.
Quelque temps après la fondation de la Chartreuse
de Portes en 1115, Pierre de
Saint-Léger céda aux Chartreux ce qu'il
possédait dans les limites du désert de Portes. Il fut
l'un des premiers bienfaiteurs du monastère.
Après lui, Hugues de Saint-Léger céda
également aux Chartreux ses biens situés à
Villebois, avant d'entreprendre le pèlerinage à
Saint-Jacques de Compostelle.
A partir de 1141, les chevaliers de Saint-Léger disparaissent
des textes, et leur territoire devient la propriété des
seigneurs de Briord qui possédaient déjà
Montagnieu et Briord.
la butte de
Saint Léger et sa chapelle : une très
longue histoire
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L'histoire de la chapelle est
très lacunaire. Le regain d'intérêt pour ce site
à de quoi surprendre. Pourtant son histoire est
très étroitement liée à
l'évolution naturelle du Rhône et de son exploitation
économique.
Cette zone correspond au lit majeur du fleuve que la Compagnie
Nationale du Rhône a aménagé dès 1984 afin
de réguler les crues et exploiter l'énergie
hydro-électrique de la chute de Sault-Brénaz.
L'exploration archéologique préventive avant les
travaux fut dirigée par la Direction des Antiquités en
juillet 1984.
L'équipe de protohistoriens et historiens qui prospectaient le
secteur de la butte de Saint-Léger découvrirent la
très grande richesse archéologique du lieu après
des fouilles extensives : il n'était plus question de faire
passer le contre-canal au travers de la butte !
Aussi la Compagnie Nationale du
Rhône élabora-t-elle un contre-projet pour
protéger les 3 sites repérés :
- le gisement protohistorique des Barlières daté de la
fin de l'âge de bronze (7 à 8 siècles avant
JC)
- l'établissement gallo-romain des Terres Rondes ( -1 à
5 siècles après JC)
- les sites médiévaux de la chapelle de
Saint-Léger et de Péniret (dès le 12e
siècle)
La chapelle revenait en
mémoire... Seulement elle était en ruine, envahie
de lierre et enfouie sous les broussailles.
Les protecteurs du patrimoine et les historiens amateurs se
lancèrent dans les recherches.
la chapelle
Saint-Léger - été 2011
la chapelle
Saint-Léger - été 2011
En 1147, Boson de Briord acquit les
pâturages de Chambo suite à un échange avec les
Chartreux.
En 1251, le chevalier Guillaume de Briord donna à la
Chartreuse de Portes ses pâturages au port de Chambo, avec
toute latitude pour les Chartreux de circuler et se servir de ce port
sans péage.
A la même époque, les Chartreux obtinrent aussi un droit
de pêche dans le lac de Saint-Léger auprès
d'Humbert de la Tour, qui était le prince dominant le
Bas-Bugey à l'époque.
En 1278, Soffrey de Briord rendit hommage au prince Humbert de la
Tour pour sa maison et ses biens de Saint-Léger.
En 1397, Guillaume de Groslée vendit le lac de Chambo aux
Chartreux de Portes et le nom de la chapelle y fut clairement
mentionné : " (...) la Morte de Chambo et la pêche
d'icelle située près de la chapelle de
Saint-Léger, entre ladite église et
Buffières."
Chambo désignait donc le village de Saint-Léger, les
pâturages autour du village, un port sur le Rhône et un
lac.
La
lône de Chambo,
profonde et poissonneuse, et les pâturages alentour avaient
favorisé l'occupation humaine dès la fin de l'âge
de bronze, comme les fouilles l'avaient attesté
(céramiques, vestiges domestiques).
Cette plaine est située dans un méandre fossile du
Rhône, progressivement colmaté au cours du temps. Le lit
du fleuve s'est déplacé vers l'ouest, laissant
marécages et lônes. La Morte et le lac en sont les
vestiges aujourd'hui.
Après le 14e siècle, aucun texte ne mentionne le
village, il aurait subi des inondations, faisant fuir des
habitants...
Du lac de Saint-Léger, il ne reste aujourd'hui qu'une zone
humide classée "sensible".
Par contre, la chapelle était toujours
là
la chapelle
Saint-Léger - été 2011
la chapelle
Saint-Léger - été 2011
du 17e
siècle à nos jours
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En 1605, les autorités
ecclésiastiques prirent des mesures de rigueur. La paroisse de
Serrières disposait de deux curés, dont un pour assurer
le service paroissial de la chapelle. Il fut
décidé de n'en garder qu'un seul, en dépit des
protestations des derniers habitants de Chambo auprès de
l'archevêché de Lyon.
L'office du dimanche ne fut plus assuré à
Saint-Léger, mais les fidèles fréquentaient
toujours la chapelle, car en 1666 l'intendant Bouchu chargé
par Colbert d'un inventaire dans notre région constata qu'elle
était "l'objet de grande dévotion même si elle
ne fermait point."
La chapelle ne fut pas vendue à la Révolution. Il
n'y eut pas de preneur pour 100 livres !
En 1825, elle fut rachetée par un curé de
Serrières qui la céda à la commune.
la chapelle de
Saint-Léger - 1823
le mas et la chapelle
de Saint-Léger - 1823
Elle fut l'objet de
pèlerinages chaque lundi de Pâques jusqu'en 1860 : le
curé de Serrières y célébrait la messe
devant de nombreux fidèles venus des environs.
Après 1860, les pèlerinages furent interdits car les
autorités ecclésiastiques y déploraient des
abus.
Dès lors, la dégradation du bâtiment
commença : la toiture de lauzes s'effondra, la chapelle tomba
en ruine. Les lauzes et les pierres taillées furent
pillées et la nature reprit le dessus.
la chapelle en
1920
En 2011, la chapelle est reprise en
main.
La préservation des vestiges fut décidée
à l'initiative de l'Association Villeboisienne d'Etude.
Le 2 avril, le site fut débroussaillé par les membres
de cette association et des volontaires de la commune de
Serrières.
Du 16 au 19 juillet, un chantier international de jeunes
bénévoles a permis le dégagement et la
consolidation des ruines. Ce chantier a été
organisé par Familles Rurales de l'Ain, en partenariat avec la
commune de Serrières-de Briord et l'Association Villeboisienne
d'Etude. Le Crédit Agricole a financé en partie le
chantier, et des membres de la caisse locale du canton de Lhuis sont
même venus travailler aux côtés des jeunes une
journée.
Le 15 octobre, des volontaires de Serrières, du Crédit
Agricole et de l'Association Villeboisienne d'Etude, aidés par
une équipe de maçons professionnels
bénévoles, ont poursuivi le chantier afin de
préserver le site avant la mauvaise saison.
la chapelle en
novembre 2011
la chapelle en
novembre 2012
Le chantier n'étant pas
terminé, il faut espérer qu'il se poursuive afin de
sauver définitivement les vestiges de la chapelle.
Le site est très séduisant avec une vue superbe sur le
Rhône. Il offre une étape de choix aux promeneurs
et aux cyclistes.
Serrières-de-Briord via
Google
Maps
Un grand merci à
Michèle Mignerot pour l'envoi de ces documents !
Liens :
https://www.stleger.info