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vieille
cheminée du manoir de Boissimon (...) Un siècle plus tard, en
1708, le seigneur de Boissimon était un célibataire,
âgé de cinquante et quelques années, très
aimé et très estimé dans le pays. Il avait
plusieurs chevaux, une meute et des valets. Son hospitalité
était large. Un parent pauvre, homme de vingt ou vingt-deux
ans, M. de Marsilly, vivait à sa table. Ces signes
extérieurs donnaient à la maison de M. de Boissimon les
caractères de la richesse ; cependant, comme quelques-uns de
ses congénères, l'honnête gentilhomme
était besogneux ; ses fermiers le payaient mal, et les
intérêts de ses dettes mangeaient ses revenus
(...) (...) Ce même jour, 24 de
décembre, à huit heures du matin, quatre hommes avaient
quitté- le château de Mailloc, à
Bonneville-sur-Toucque, résidence de Mme de Saint-Julien. Deux
de ces individus, les nommés Brière et Boëssel,
étaient des soldats d'une compagnie appartenant au marquis de
Saint-Julien-Mailloc, officier au service du roy. Faits prisonniers
au mois d'août 1704, dans la désastreuse journée
de Hochstaedt, ils étaient restés pendant quatre ans en
Hollande. Le troisième, sorte de sergent recruteur,
répondait au nom de Bellerose. Enfin, le quatrième, que
ses camarades avaient décoré d'un nom de guerre, "La
jeunesse ou La fortune", était nouvellement engagé.
Bellerose l'appelait son soldat. Ces quatre croquants se proposaient
d'aller à Saint-Léger-d'Ouillie réclamer,
en force, au fermier de M. du Houlley, seigneur de la baronnie
d'Ouillie, une petite somme d'argent qui, disaient-ils,
était due à la recrue sur des gages anciens. Ils
avaient mauvaise mine. C'étaient des figures ou des
façons de soldats. L'un d'eux portait un fusil, un autre un
pistolet, les deux autres des bâtons ; les vêtements de
Brière et de Boëssel, qui n'avaient pas été
renouvelés, gardaient les marques de leur longue
captivité. Pour aller de Bonneville-sur-Toucque
à Saint-Léger-d'Ouillie, ces hommes devaient
passer par Blangy, le Brèvedent, le Faulq, le Pin et Moyaux.
Ils ne se pressaient pas et jalonnaient leur route par des
mutineries. Ils tiraient sur les poules, sur les pigeons, causaient
des attroupements, demandaient et se faisaient donner à boire.
A Moyaux, ils étaient manifestement en état
d'ébriété. Les trois anciens soldats chantaient
; le nouvel engagé pleurnichait. Ils entrèrent chez un
nommé Morin, charpentier, qui, lui aussi, pour fêter la
veille de Noël, s'était enivré. Quand ils
sortirent de la maison de Morin, après d'autres libations, ils
demandèrent le chemin de Ouillie ; on le leur indiqua ;
mais à ce moment, ils se divisèrent. Celui qui portait
un fusil, ayant perdu une des pièces de son arme, resta en
arrière pour la chercher. Il était quatre heures du
soir. Cependant, du côté
opposé, M. de Boissimon et ses deux amis débouchaient.
L'ordre de leur marche n'était pas le même qu'au
départ. M, de Boissimon s'avançait le premier, à
pied ; M. de Marsilly suivait, chargé des deux fusils,
également à pied ; et le jeune collégien montait
la petite jument que M. de Boissimon lui avait
prêtée. Les deux troupes se
croisèrent. Un chien s'étant mis à aboyer, l'un
des soldats le frappa d'un coup de bâton qu'il accentua d'une
parole grossière. M. de Boissimon, vêtu en Nemrod
campagnard, que rien ne signalait extérieurement comme
maître de la meute, pointa vers l'homme, lui dit de passer son
chemin et le secoua rudement par le bras. Les deux camarades du
soldat se rapprochèrent. M. de Marsilly vint au secours de M.
de Boissimon ; une mêlée s'engagea. Comme les soldats se
servaient de leurs bâtons, M. de Boissimon prit un fusil et
l'arma. Le coup partit et roussit la manche d'un des agresseurs.
Celui-ci, tirant alors de sa ceinture le pistolet dont il
était porteur, le déchargea, à
brûle-pourpoint, sur M. de Boissimon. Cette scène
violente s'était accomplie très rapidement, sans que le
jeune de la Morye, resté à cheval, y eut pris part. Les
trois hommes, craignant qu'on ne fît usage, contre eux, des
fusils de chasse, les emportèrent en fuyant vers Ouillie
(...) Suspense ! Pour lire la suite :
http://www.bmlisieux.com/normandie/boissimo.htm L'historique d'Ouilly du Houley
ici : http://membres.lycos.fr/ribaudiens/historique.htm
Son territoire s'illustrait de plusieurs fiefs ou terres nobles
d'ancienne érection, parmi lesquels on distinguait, à
un quart de lieu du bourg, le fief des Boissimon. Le manoir
seigneurial de cette famille était entouré d'un large
fossé, plein d'eau bourbeuse, qui est aujourd'hui
comblé. Une petite chapelle, dans l'église, à la
gauche du choeur, appartenait aux Boissimon qui l'avaient construite
(...)