Le
26 août 1914, dix Français, dont un prêtre, furent
lâchement fusillés par les Allemands à environ 2
kilomètres du village, à l'entrée de la
vallée du Conroy.
En 1928, le Souvenir Français, désireux de
perpétuer le souvenir de ces martyrs, décida
l'érection d'un monument sur le lieu même du
massacre.
Ce fut l'occasion d'une imposante cérémonie qui est
restée gravée dans la mémoire des habitants qui
y assistèrent.
En 1940, les occupants nazis s'empressèrent de faire
disparaître ce témoin gênant du crime de leurs
pères. Ils le dynamitèrent, pensant ainsi effacer
à jamais cet odieux forfait.
le monument en
mémoire des fusillés du Conroy.
Il se trouve en forêt communale, à l'entrée du
village, en venant de Fontoy.
Il est intéressant de
connaître le récit de ce crime. Voici ce que notait
l'abbé Becker, curé de Lommerange le 15 décembre
1918 :
"En quelques mots, voici le
récit de cet infâme forfait perpétré par
les soldats allemands sur lordre de chefs indignes de
commander, mais dignes de commander des hordes sauvages.
(1)
Le 25 août 1914 dans
l'après midi, par une chaleur torride, arriva à
Lommerange un groupe d'environ 50 soldats français
prisonniers, et 10 infortunés civils, dont un prêtre. Le
lendemain, ils tombèrent sous les balles des lâches
assassins.
avion dans un champ
aux alentours de Lommerange 1914-1918
Moi qui écris ces lignes, je
ne les ai vus, car en ce moment-là, je subissais
moi-même la torture prussienne dans la forteresse de
Ehenbreitcheim.
Mes paroissiens, d'après le témoignage véridique
desquels je peins cette réaction, sont encore aujourd'hui tout
émus de l'état infiniment digne de pitié dans
lequel ils se trouvaient.
Le visage couvert de sueur et de poussière, tout
décomposé par la fatigue et la longue marche qu'ils
venaient de faire, les vêtements déchirés, le
corps meurtri de coups de crosse de fusil.
avion abattu par la
DCA en 1914/1918
D'où venaient-ils ? Nul n'a
osé le leur demander, empêchés qu'on était
par une escorte de soldats faisant bonne garde autour d'eux.
Cependant, d'un billet retrouvé plus tard à l'endroit
du crime, il y a lieu de croire qu'ils étaient de quelques
villages des environs d'Étain et de Gondrecourt (Meuse).
C'étaient des hommes d'âge divers, parmi lesquels un
soldat avec de grotesques bottes, un maire qui montrait
lécharpe tricolore, ornée de riches glands
d'or.
Le prêtre de ce groupe, tout
ému, à la figure si triste mais si sympathique, disent
ceux qui l'on vu, pouvait avoir une trentaine d'années.
Malgré la rigoureuse défense de communiquer avec la
foule, il put pour sa justification et celle de ces autres compagnons
d'infortune, jeter quelques mots à la dérobée
:
"Je suis innocent comme eux aussi. Ce qui nous est
reproché, c'est d'avoir tiré sur une troupe allemande,
or cela est faux. Des bombes étaient tombées sur notre
village, les enfants s'étaient réfugiés
auprès de moi, je me suis enfui dans la forêt, et c'est
là que j'ai été arrêté.
J'espère bien qu'avant d'être condamné, on sera
entendu."
Pauvre jeune prêtre, il croyait
encore en la justice de ces barbares, qui venaient de mettre
Audun-Le-Roman à feu et à sang, et qui, la veille
encore, chassaient ces malheureux habitants et en tuaient 19 pendant
qu'ils fuyaient, il se trompait...
poste de douane en
1914-1918, à la sortie du village, en direction de Trieux
La nuit du 25 au 26 août 1914,
soldats et civils furent enfermés dans une grange de
Lommerange, sans même un peu de paille pour se reposer.
Cependant, quelques personnes charitables avaient vainement
essayé de faire passer de la nourriture. Le jeune prêtre
demanda un peu d'eau pour se désaltérer sans pouvoir
l'obtenir.
Le lendemain, vers 5 h du matin, les portes de la prison
improvisée s'ouvrirent, et les détenus reçurent
l'ordre de prendre rang sur la place du village.
Avec les hypocrisies qui caractérisaient toutes les
exécutions de ce genre, un jeune lieutenant, d'un ton hautain,
interpelle un soldat et lui demande ce qu'il savait au sujet de ces
gens :
" Qu'avez-vous vu au sujet de ces gens ?
- J'ai vu, répondit en toute simplicité le soldat, que
le prêtre et plusieurs autres, dans la matinée du jour
où ils ont été arrêtés, soigner les
blessés qui étaient ramenés.
- N'ont-ils pas tirés sur les nôtres ?
- Non, je ne les ai pas vus."
Visiblement contrarié, ou
plutôt furieux de la réponse peu satisfaisante à
son gré, l'officier, d'un ton brutal, donna
immédiatement d'ordre à la petite troupe de se mettre
en marche.
A quelques centaines de mètres du village, à la
bifurcation d'un chemin longeant le Conroy, l'ordre d'arrêt est
donné.
Les civils sont détachés de la troupe et conduits par
ce chemin à une distance de cent mètres.
fenaison dans les
champs de Lommerange
Après quelques instants, une
formidable fusillade retentit.
Le crime fut accompli, spectacle affreux : ils sont là, gisant
sur le sol rougi de leur sang, un avec les entrailles
déchirées, celui-là la tête
fracassée et son cerveau à cinq mètres plus
loin. Le jeune prêtre fut touché à la tempe et
tomba face à terre. On les laissa ainsi la journée
entière avec défense de les ensevelir.
Peu après, leurs corps furent inhumés dans les
prés avoisinants ,en contrebas.
Ils furent exhumés le 6
novembre 1919, puis inhumés au cimetière de
Gondrecourt-Aix (Meuse).
En 1917, un feldwebel (2),
chargé de diriger à l'ancienne frontière des
travaux de culture, demanda à un habitant de Lommerange ce
qu'étaient devenus ceux qu'au mois d'août 1914 on avait
arrêtés et dirigés sur le village.
Apprenant qu'ils avaient été fusillés, il
s'écria :
"Mais ils n'avaient rien fait ! Ils étaient simplement
cachés dans le bois, j'étais du nombre de ceux qui
avaient reçu les ordres de les arrêter."
Nobles martyrs de la Lorraine, je
vous salue." (1)
(1) notes de l'abbé Becker,
curé de Lommerange en 1919
(2) Adjudant
Les victimes
:
- M. Emile Thierry, 39
ans, curé de Gondrecourt-Aix
- M. Malher Louis Gustave,
51 ans
- M. Pizel, 54 ans
- M. Cavaret Léon,
30 ans
- M. Guiot Joseph, 64 ans
- M. Cire Victor, 43 ans
- M. Barnero Jean Baptiste
- M. Lesse Jean Nicolas,
60 ans
- M. Rossilion Urbin, 63
ans
Neuf corps seulement furent
identifiés sur les 10 victimes, et par
conséquent 9 noms gravés sur le
monument...
Source :
http://www.lommerange.fr
|
l'église
St Léger de Lommerange
|
https://www.stleger.info