La
rencontre avec Madame de Warens
Madame de Warens est originaire de Vevey en
Suisse, dans le pays de Vaud. Protestante, mal mariée à
14 ans à Monsieur de Warens, noble de Lausanne, elle quitte en
1726 mari, famille et patrie pour se réfugier en Savoie. Le
roi Victor-Amédée, touché par sa situation - et,
dit-on, par ses charmes - lui accorde une pension et l'envoie abjurer
et vivre à Annecy : elle s'y consacre à aider les
nouveaux convertis et à diverses entreprises souvent
chimériques.
Lorsque Rousseau la rencontre, il s'attend
à trouver une vieille dévote. Or, il découvre
une jeune femme de vingt-huit ans, avec "un visage pétri de
grâces, de beaux yeux bleus pleins de douceur, un teint
éblouissant, le contour d'une gorge enchanteresse."
(Confessions, livre II).
la place St
Léger voilà bien longtemps...
début du
XXe siècle
(...) Rousseau arrive à Chambéry
à pied en septembre 1731 :
"Jaime à marcher à mon
aise, et marrêter quand il me plaît. La vie
ambulante est celle quil me faut. Faire route à pied par
un beau temps dans un beau pays sans être pressé et
avoir pour terme de ma course un objet agréable ; voilà
de toutes les manières de vivre celle qui est le plus de mon
goût.
Au reste, on sait ce que jentends par un beau pays. Jamais pays
de plaine quelque beau quil fût ne parut tel à mes
yeux. Il me faut des torrents, des rochers des sapins, des bois
noirs, des montagnes, des chemins raboteux à monter et
à descendre, des précipices à mes
côtés qui me fassent bien peur.
Jeus ce plaisir et je le goûtai dans tout son charme en
approchant de Chambéry. Non loin dune montagne
coupée quon appelle le pas de léchelle,
au-dessous de grand chemin taillé dans le roc, à
lendroit appelé Chailles, court et bouillonne dans des
gouffres affreux une petite rivière qui paraît avoir mis
à les creuser des milliers de siècles. Plus près
de Chambéry jeus un spectacle semblable en sens
contraire. Le chemin passe au pied de la plus belle cascade que je
vis de mes jours." (Confessions, livre IV)
Il entre grâce à Madame de Warens
au service du cadastre. Peu intéressé par ce travail
ennuyeux, il démissionne rapidement :
"Ce fut ce me semble en 1732 que
jarrivai à Chambéry comme je viens de le dire, et
que je commençai dêtre employé au cadastre
pour le service du Roi. Javais 20 ans passés,
près de 21
Avec ce petit train de vie, je fis si bien en très peu de
temps quabsorbé tout entier par la musique, je me
trouvai hors détat de penser à autre chose. Je
nallais plus à mon bureau quà
contre-cur, la gêne et lassiduité au travail
men firent un supplice insupportable, et jen vins enfin
à vouloir quitter mon emploi pour me livrer totalement
à la musique.
Me voilà tout-à-coup jeté parmi le beau monde,
admis, recherché dans les meilleures maisons ; partout un
accueil gracieux, caressant, un air de fête : daimables
demoiselles bien parées mattendent, me reçoivent
avec empressement, je ne sens que la rose et la fleur dorange ;
on chante, on rit, on samuse."
Chambéry compte alors environ 10 000
habitants. Enclose dans ses remparts, la ville est assez
insalubre.
Madame de Warens occupe la maison du Comte de Saint-Laurent,
intendant général du Roi de Sardaigne, située au
fond dune cour à
laquelle on accède aujourdhui par lallée
Jean-Jacques Rousseau, Place Saint-Léger, maison qui existe
toujours:
"Je logeai chez moi,
cest-à-dire chez Maman ; mais je ne retrouvai pas ma
chambre dAnnecy. Plus de jardin, plus de ruisseau, plus de
paysage.
La maison quelle occupait était sombre et triste, et ma
chambre était la plus sombre et la plus triste de la maison.
Un mur pour vue, un cul-de-sac pour rue, peu dair, peu de jour,
peu despace, des grillons, des rats, des planches pourries,
tout cela ne faisait pas une plaisante habitation.
Mais jétais chez elle, auprès delle, sans
cesse à mon bureau ou dans sa chambre, je mapercevais
peu de la laideur de la mienne, je navais pas le temps dy
rêver.".
A partir de 1735-1736, Rousseau incitera Madame
de Warens à prendre une maison à la campagne, aux
Charmettes, quelle occupera surtout lété,
tout en conservant sa maison de ville.
Madame de Warens, quil appelle
"Maman", loue dans un des faubourgs de la ville un petit
jardin, doù il voit passer les troupes
françaises.
Cest là qu'elle décide pour le "soustraire aux
périls de sa jeunesse", de le "traiter en homme" : "Je me
vis pour la première fois dans les bras dune femme, et
dune femme que jadorais." (Confessions, livre
V)
Sa description de Chambéry est embellie
par le souvenir :
"Sil est une petite ville au monde
où lon goûte la douceur de la vie dans un commerce
agréable et sûr, cest Chambéry. La noblesse
de la province qui sy rassemble na que ce quil faut
de bien pour vivre, elle nen a pas assez pour parvenir.
Les femmes sont belles et pourraient se passer de lêtre,
elles ont tout ce qui peut faire valoir la beauté et
même y suppléer. Il est singulier quappelé
par mon état à voir beaucoup de jeunes filles, je ne me
rappelle pas den avoir vu à Chambéry une seule
qui ne fut pas charmante." (Confessions, livre V)
Cette période chambérienne est
fondamentale dans la vie de Rousseau :
"Ma vie a été aussi simple que
douce, et cette uniformité était
précisément celle dont javais besoin pour achever
de former mon caractère, que des troubles continuels
empêchaient de se fixer.
Cest durant ce précieux intervalle que mon
éducation mêlée et sans suite ayant pris de la
consistance ma fait ce que je nai plus cessé
dêtre à travers les orages qui
mattendaient." (Confessions, livre V).
Il se consacre à létude des
livres et surtout à la musique. Il organise chez Madame de
Warens de petits concerts, enseigne la musique aux jeunes filles de
la bonne société, noue de solides
amitiés.
défilé
de chars place St Léger
(...) Rousseau quittera Chambéry de
septembre 1737 à février 1738 pour un voyage à
Montpellier, séjournera à Lyon davril 1740
à avril 1741, enfin quittera la Savoie en 1742 pour Paris. Il
effectue un détour par Chambéry en juillet 1743 lors de
son départ pour Venise.
Il ne retrouve Chambéry quen juin
1754 pour une visite à Madame de Warens, ruinée par de
folles entreprises (fabriques, mines en Maurienne) : "Je la
revis
dans quel état, mon Dieu !" (Confessions,
livre VIII).
Il date alors de Chambéry sa
dédicace du "Discours sur lorigine et les fondements de
linégalité parmi les hommes". Madame de Warens
meurt misérablement en juillet 1762. Le 25 juillet 1768,
Rousseau se rend sur sa tombe. En 1910, une statue de Jean-Jacques
Rousseau a été dressée au Clos
Savoiroux.
Sources,
et pour tout savoir sur J.-J. Rousseau :
histoire de la place
Saint-Léger
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lever de soleil
sur la place Saint-Léger - © 123
Savoie
La
place Saint-Léger n'a pas toujours été telle
qu'elle est.
Au XIIIe siècle, elle était séparée en
deux par la rivière de l'Albanne et elle était le point
de convergence de petites ruelles ou impasses. De part et d'autre de
la place se trouvaient deux quais : la rue Grenaterie, du
côté impair de la place actuelle, et la Grande rue, du
côté pair de la place actuelle. Au milieu était
construite l'église Saint-Léger. Devenue insalubre,
elle fut détruite en 1760.
Dès le XVIIIe siècle, la place commença à
devenir celle qu'elle est aujourd'hui.
Source et lien : http://www.123savoie.com/article-76757-1-place-st-leger.html
Chambéry
sous les eaux
L'histoire
de la ville est intimement liée à
celle de ses torrents, la Leysse et l'Albanne, dont
les eaux ont maintes fois inquiété
les Chambériens. Bien que la Leysse ait
été totalement endiguée sur
ses deux rives et que l'Albanne soit aujourd'hui
recouverte depuis son entrée dans la ville,
un certain nombre de crues ont marqué les
mémoires.
La dernière en date,
d'une ampleur comparable à celle de 1875 qui
submergea le centre de la cité, remonte au
19 janvier 1910. Il est difficile d'imaginer la
place Saint-Léger recouverte de 40 cm d'eau,
les rues d'Italie et Croix d'Or totalement
inondées...
Lu sur :
http://www.france-savoie.com/guide/fr/histoire/
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fontaine,
place Saint-Léger
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pharmacie,
place Saint-Léger
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Capitale
des comtes puis des ducs de Savoie jusqu'au 16e siècle,
Chambéry est aujourd'hui le chef-lieu du département de
la Savoie. Installée entre le massif des Bauges et celui de la
Grande Chartreuse, la ville s'est développée dans la
partie la plus rétrécie de sa cluse.
La Fontaine des Éléphants fut
élevée au XIXe siècle en l'honneur du
général de Boigne, bienfaiteur de la ville. Ses
bas-reliefs rappellent les exploits du général aux
Indes.
La Place Saint-Léger a gardé ses
hautes maisons aux façades de couleurs vives et son labyrinthe
de passages couverts, les "allées chambériennes", qui
rappellent les traboules de Lyon.
A 2 km de la ville, "Les Charmettes", la
demeure de Madame de Warens, qui accueillit J.-J. Rousseau entre 1736
et 1742, est aujourd'hui transformée en musée. De la
terrasse et du jardin, la vue s'étend sur la cluse de
Chambéry et la dent du Nivollet.
Source : http://web356.petrel.ch/bluffy/region/dico/dicbas.htm
Et des dizaines de photographies de la place
Saint-Léger sur
http://comtevert.free.fr/PlaceLeger.htm
carte postale
ayant voyagé en 1990
Vous
trouverez ici la fameuse notice historique sur l'église
paroissiale de Saint-Léger,
à Chambéry, écrite par André Perrin
(1836-1906) et datée de 1863
Merci
de fermer l'agrandissement.
https://www.stleger.info