ma ère aurait 100 ns

 

"(...) Au mois de juin 1954, ce sont les Fo., justement, qui m’ont conduit à Bordeaux et mis dans le train pour être récupéré par mes parents, en gare de Saint Saviol, non loin de Charroux où demeuraient ma tante et mon oncle… Nous avions passé deux jours sur place avant de rejoindre notre nouveau logement, à Saint Léger la Palu dans le Nord Vienne.

Mon père avait mis un terme à sa collaboration avec Fe. et s’était lancé sur des opérations de prospection en campagne, y effectuant la vente de produits pour la santé du bétail.

Ma mère, citadine jusqu’à présent, se retrouvait à habiter une petite maison louée, sise à l’extrémité d’un petit village d’à peine 150 âmes, à l’orée d’un bois et en partie entourée de vignes. Quel dépaysement pour elle mais que de souvenirs heureux il me reste de cette année 54/55 passée en ce lieu !

Mon père partait très tôt le matin pour contacter ses clients à l’heure de la traite des vaches et revenait tard le soir pour la même raison. Parfois je ne le voyais pas de la journée.
C’est ma mère qui s’occupait de moi et je me souviens de cette merveilleuse année scolaire où je prenais du plaisir à apprendre dans la classe de M. M. à l’école communale des garçons à Marigny Brizay. A cette école distante de 3 kilomètres, j’allais chaque jour, en bicyclette. Le midi, je mangeais à la cantine bien sûr. Chaque soir à 17h, ma mère m’attendait devant la maison attentive et certainement angoissée de me savoir sur la route. Nous étions plusieurs gamins de St Léger à aller à l’école de Marigny Brizay. Claude P., un grand de 14 ans, menait notre petit peloton, veillant à ce que nous ne commettions pas d’imprudence. Il faut dire que, sur cette petite route communale, il passait très peu d’autos, à cette époque.

 

à Saint Léger la Palu été 1954
ma mère

à Saint Léger la Palu été 1954
Poppie

 

Parvenu à la maison, après le goûter, je me mettais à faire mes devoirs puis à apprendre mes leçons, ma mère ne manquant jamais de superviser les premiers et de me faire réciter les secondes. Elle veillait à ce que mes écrits soient réalisés proprement, ne tolérant aucune faute d’orthographe, ne me lâchant pas tant que je n’avais pas corrigé ou rectifié, allant jusqu’à me faire réécrire le devoir mal rédigé ou bâclé. C’est seulement après que je pouvais me distraire et me livrer à mes jeux ou lire mes illustrés : "Pierrot" ou "l’Intrépide". Ma mère m’encourageait aussi à lire les livres de la bibliothèque verte, dont à chaque visite à Charroux, je recevais quelques exemplaires, offerts par ma grand-mère. C’est ainsi que je me suis plongé avec délectation dans les récits épiques et aventures constituant les œuvres majeures d’Alexandre Dumas, de Jules Vernes et de Charles Dickens.
Les dimanches d’hiver, assis auprès du feu de cheminée, la lecture constituait une chaude et réconfortante évasion.

 

à Saint Léger la Palu été 1954 - moi en bicyclette

 

Retour de l’été … Il me revient cette anecdote :
C'était un jour de gros orage, sans doute au mois de juin 55, un jeudi, car j’avais passé tout mon après-midi à jouer les "Davy Crockett" dans le petit bois d’acacias voisin. En fin d’après-midi, il faisait lourd et le ciel s’était obscurcit brusquement. Les coups de tonnerre se faisaient de plus en plus forts et les éclairs de plus en plus rapprochés. La pluie s’était mise à tomber vigoureusement. Mon père était en tournée et nous étions, ma mère et moi, réfugiés dans la cuisine, notre chienne Poppie haletante, prostrée sous l’étagère de l'évier. A chaque coup de tonnerre nous sursautions… Ma mère avait une peur bleue des orages et je n’étais guère plus faraud. Soudain, il y eut un coup sec, aussitôt suivi d’un grand fracas en échos dans le bois à côté et, en même temps, une gerbe d’étincelles jaillit du compteur électrique. Ma mère poussa un hurlement et nous sommes sortis en trombe de la maison pour rester sous la pluie battante, quelques pas plus loin, dans un champ, complètement affolés et hagards. La chienne nous avait suivis mais, au coup de tonnerre suivant, était retournée, comme un boulet de canon, se refugier sous son meuble dans la cuisine. Je ne saurais dire combien de temps nous sommes restés prostrés, ma mère et moi, nous serrant l’un contre l’autre, sans doute plus d’une demi-heure, le temps que l’orage s’éloigne. Nous étions trempés ! Quand mon père rentra dans la soirée et que nous lui avons conté cette aventure, je sais qu’il nous houspilla car nous étions bien plus en danger dehors qu’à l’intérieur de la maison. Quant aux étincelles du compteur électrique qui nous avaient tant effrayés, elles avaient, en fait, activé le disjoncteur ; nous n’avions rien à craindre.

Il y eut encore la fête de fin d’année scolaire avec la remise des prix, le jour du 14 juillet. Au petit bal sous "parquet" monté dans la cour de l’école, je me souviens d’avoir dansé pour la première fois avec une grande fille d’au moins 13 ans, moi le gamin de 11 ans et, de cela, j’étais très fier. Je sais aussi que j’ai rougi jusqu’aux extrémités de mes oreilles quand ma mère m’a fait cette réflexion : "Eh bien, Patrice, on dirait que tu t’es trouvé une bien jolie petite amie"... En fait, j’étais aussi fier qu’ému (...)"

Source et lien - à visiter pour tout savoir : http://www.mirebalais.net/

 

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