mages de Saint Léger les Paray au XVIIIe iècle

 

Source : René VOYARD - association les Amis du Dardon - septembre 2009 

i aujourd'hui la commune de Saint Léger les Paray est devenue un prolongement de Paray, si les résidents y sont tout entier tournés, tant par le travail que pour leur approvisionnement, il en était tout autrement au XVIIIe siècle.
A l'aide de la très succincte description qu'en fait l'abbé Courtépée, mais surtout de l'enquête pour l'imposition des paroisses du Charolais, des nombreux actes notariés existants, des rapports des visites de paroisses, on devine une communauté semblable aux autres. Une paroisse, avec ses différentes couches sociales, ses bourgeois à qui appartiennent d'importants domaines, son curé omniprésent, son église, ses nombreux laboureurs et manouvriers, tout cela sur fond de tracas quotidiens à résoudre, via notaires et juges.

 

la aroisse

 

Quelques documents vont nous permettre d'en mieux cerner les habitants.

n premier lieu, examinons une imposition spéciale afin de financer les réparations de l'église, en 1757. Elle concerne les propriétaires qui paieront les deux tiers des 1058 livres nécessaires (dont 100 livres de taxes), et les laboureurs et cultivateurs qui régleront le dernier tiers. L'ensemble est établi en s'appuyant sur le rôle des impôts de l'année précédente, en présence d'assesseurs désignés par la population, Jacques Prost et Joseph Matherat, tous deux laboureurs. La liste des 48 imposés pour régler la facture est assez édifiante. A tout seigneur tout honneur : Adrien Perrin de Cypierre, Seigneur de Saint Léger, est de loin le plus imposé, soit 158 livres ; viennent ensuite 5 propriétaires de grands domaines (les Baudinot, Delatroche, Gravier, l'abbé Malard, Rosselin) avec une fourchette allant de 60 à 90 livres. Beaucoup résident à Paray. On trouve ensuite 16 laboureurs pour autrui, taxés d'une vingtaine de livres, le meunier Claude Chandon, aussi propriétaire, devra s'acquitter de 23 livres, puis un certain nombre de petits propriétaires et locataires et 2 manouvriers, pour des sommes inférieures à une dizaine livres. Aucun artisan ne figure sur la liste.

utre document nominatif à prendre en considération: en 1791, une pétition pour conserver la cure, attendu qu'elle "est d'utilité publique", est rédigée chez Verneret, notaire à Paray, pour être adressée aux administrateurs du Directoire du Département. Cet éclatement proposé de la paroisse vers ses voisines, est une des conséquences de la Révolution à Bon Léger.
Ce texte est riche d'enseignements sur la population, même si la pétition déborde sur l'actuelle commune de Saint Vincent Bragny. Les gens du hameau de Maréchal viennent en effet à la messe à Saint Léger, moins loin et desservi par un meilleur chemin, et surtout sans rivière à passer.
On cite 38 chefs de familles, représentant avec descendance et ascendance 296 habitants, le tout dispersé sur 9 hameaux. On trouve jusqu'à 18 personnes sous le même toit ! Dix fermiers-cultivateurs, treize laboureurs, sept journaliers, un propriétaire, un meunier, un marguillier, un jardinier, un vigneron, un marchand, ont déposé. Le patronyme de loin le plus fréquent est celui de Matherat, que l'on écrit parfois Mathrat.
Un constat s'impose : nous sommes en présence d'une paroisse agricole, avec un habitat aux hameaux fournis. Les habitants vivent en autarcie, quelques artisans complètent cette indépendance.
Nous avons avec cette pétition une représentation assez exacte du "monde de la terre" de cette époque dans nos contrées charolaises. Une grande partie des habitants sont des "grangers" ou métayers, exploitant terres et troupeaux de domaines appartenant à des bourgeois parodiens, le reste étant laboureurs et, pour les plus pauvres, journaliers.

 

carte de Cassini

e bourg est des plus réduit. Pourquoi cette disposition que l'on retrouve déjà aux environs de Paray, à Hautefond et Nochize ?
On peut avancer une explication. La carte de Cassini, dont les levées sur le terrain se sont effectuées vers 1785 dans la région (le canal du charolais y figure), montre à quelque distance au Nord le grand bois de Bornat. On pourrait donc penser le vieux bourg de Saint Léger issu d'une défriche de cette forêt. L'habitat peu dense ne convient pas à ce type d'implantation en clairière qui voit au contraire se grouper, au départ, les maisons, et celles-ci peu à peu s'étendre en gagnant sur la forêt.
On remarque que l'église est située à un carrefour de chemins et sur un point haut (tout relatif avec ses 280 m). Vieux bourg semble un terme peu approprié, aucune trace d'autres constructions n'existant à proximité. Sommes-nous en présence d'une ancienne chapelle de pèlerinage, à l'origine, élevée au rang d'église paroissiale au fil des siècles ?
La majorité des terres de la paroisse ont donc toujours été cultivées. D'abord emblavées en seigle, puis en blé, elles ont laissé place à partir du XIXe aux herbages et à l'élevage. Leur exploitation a regroupé au plus près, en hameaux, les laboureurs, manouvriers et autres gens de la terre. De grands domaines issus des anciens manses, agrandis, remodelés par ventes et achats, se sont constitués. Et ainsi peu à peu l'homme s'est isolé. Les artisans, du genre couvreurs, forgerons, menuisiers, devaient s'installer là où était leur clientèle. L'église et la cure se sont alors retrouvées bien seules et n'ont pu servir de point de ralliement, ni de ce fait maintenir le lien social entre les paroissiens. Ce qui n'est peut-être pas étranger au manque de volonté de refonder une paroisse après la Révolution.

u XVIIIe siècle, certains des hameaux sont handicapés par une rivière, l'Oudrache, qu'il faut franchir à gué ou sur une planche pour les piétons. La pétition le souligne à plusieurs reprises.
A propos de planche, au printemps 1777 les habitants de Saint Léger délibèrent, suite à interpellation, sur le devis de sa reconstruction, reconstruction demandée par le curé Jean Durand. Tous ne sont pas d'accord sur son utilité, suivant où ils habitent ; dixit le procès-verbal du notaire : "lesquels ont dit que la planche dont il s'agit leur étant inutile, soit pour la déserte de leurs fonds, soit pour la circulation à l 'église, ils n'ont que faire d'aller prendre communication du devis…" D'autres veulent bien seulement l'entretenir, comme par le passé, à condition qu'on leur fournisse le bois nécessaire. L'usage va l'emporter : "le chemin étant public, il est à la charge de toute la communauté, même ceux qui s'opposent sont dans la nécessité de le prendre pour aller aux foires de Digoin ou à Clessy ".
Où se situait cette planche, plusieurs gués existant sur l'Oudrache au cadastre de 1832 ? Impossible de le savoir précisément. A l'actuel pont des Batillons, le chemin venant de Paray passant vers l'église ? Au pont actuel de La Varenne ? La carte de Cassini montre en ce lieu un gué avec un grand chemin rejoignant Toulon sur Arroux via la Canillotte et la forêt de Carterand (1).

(1) Il existait aussi un gué au moulin de La Fin. En avril 1849, le Journal des Echos du Charollais N°15 relate le sauvetage de la noyade, par le meunier, de personnes en calèche. Des morts seront pourtant à déplorer.

aradoxe des voies de communication créées par la main de l'homme : dix ans plus tard, à un jet de pierre, le titanesque chantier de creusement du canal du Charolais allait bon train. Les hommes du Régiment du Beaujolais étaient passés par là, et avec eux, le brassage de population. Par exemple, pour l'année 1785, nombreuses sont les déclarations de grossesse rédigées par les notaires de Paray, déclarations concernant des jeunes filles du pays, Saint-Léger compris, suite de rencontre avec des soldats-terrassiers. (2)

(2) M. Perrusson avait évoqué en détail le sujet dans la revue des Amis du Dardon "Echos du Passé" N°75.

 

le canal du Charolais, ou canal du Centre, à Paray le Monial

ourtépée, lors de sa visite du Charolais vers 1777, ne s'attarde guère sur la paroisse de Saint Léger. Il la dépeint laconiquement "de quelques vignes, des prés médiocres, et possédant quatre tuileries". Point trace de moulins, et pourtant celui de La Fin était bien présent. Pour preuve, il change de propriétaire à la Saint Martin d'hiver 1779. Vendu 5480 livres à Jean Moraillon meunier à Charolles, il faudra faire "déguerpir", c'est l'expression employée dans le texte, le meunier qui l'exploite et ce ne sera pas une mince affaire. Ce moulin, bien que n'appartenant pas directement à un Seigneur (sans doute sa construction en avait été faite par lui), son propriétaire devait payer des droits ancestraux au Seigneur de Digoine (quatre bichets de seigle et deux de froment, mesure de Paray). Pour cela, le notaire produira un contrat d'entrage de 1665 et trois pages en latin datées de 1348. D'ailleurs dans la succession d'Antoine Chandon en 1700, qui donne ce moulin de La Fin à son fils, il est écrit : "…devoir payer tous les droits seigneuriaux affectés sur le moulin aux Seigneurs à qui ils appartiendront…"
En fait, Moraillon ne livrera jamais les bichets en question, ce qui lui vaudra en l'An 9 d'aller en justice contre Mme Jacqueline Eléonore de Reclesne, veuve Louis Marie Joseph Frotier de la Coste, qui réclamait son dû. Mais la Révolution avait aboli les privilèges…

arcourons, à la même date de 1777, le cahier ayant servi aux impositions du Charolais. La page de Saint Léger mentionne :
"Saint Léger les Paray : taille 569 livres. 10 feux et plus. 24 cottes sont à 2 ½ ; petite et bonne communauté à 3 lieues de Charolles, à une de Parai dans la traverse.
Le sol, quoique léger en certains cantons, est passable. Produit un tiers froment et deux tiers seigle. Bons fourrages, surtout dans la partie où les prés sont situés sur les bords de la petite rivière, la Oudrache. Il y a des légumes, du chanvre, et de l'avoine, des communaux et des bois de haute futaie au Seigneur et aux particuliers, dont la glandée, lorsqu'il y en a, forme une ressource. Jolis bestiaux.
La dîme est au douzième. Grains 4 et 5. 24 charrues. La grêle du 16 Juillet a fait un peu de dommages.
"
Avec ce rapport, soulignant élevage et forêt, on est loin du commentaire de l'abbé Courtépée. Ayant écrit avoir "arpenté" à trois reprises le Charolais, a-t-il vraiment visité cette paroisse, ou s'en est-il remis aux seuls commentaires du curé Durand, en délicatesse avec ses ouailles ?

 

la eigneurie laïque de Saint Léger au XVIIIe siècle

 

Saint Léger avait son Seigneur possédant château, toujours visible, et de nombreuses possessions. Celles-ci sont identifiables suite à un inventaire rédigé en 1776 donnant les tenants et aboutissants des biens. Dommage que ce ne soit qu'un inventaire… Il a nécessité pas moins de 18 pages et 68 articles pour recenser terres, maisons, achats, ventes, échanges, rentes, droits, reprises de fiefs, aussi bien sur Saint Léger que sur Grégaine et Rabutin. Dans ces articles figuraient en autres plusieurs copies de terriers, dont celui établi au profit d'Amblard de Tenay, Seigneur de Saint Léger en 1503.
Parmi les droits d'usage et de pâture, on signale ceux accordés en 1646 dans les bois de Bornat . En parcourant ces écrits, un certain nombre de Seigneurs de Saint Léger sont nommés et, comme on le savait, une branche de la famille Bouillet y tient une large place (3). Il est aussi curieux d'y voir répertoriée une "liasse de créances dues par les Pascauds". Les paroissiens dénommés Pascauds figuraient déjà au terrier de 1503. Tout cela ressemble étrangement à une communauté agricole qui aurait laissé son nom au hameau actuel, juste en dessous de l'ancienne église.
On remarque aussi plusieurs achats ou échanges de terres avec des familles protestantes de Paray. Pas étonnant que celles-ci rebâtissent leur temple de Paray au Bronchet, un hameau de Saint Léger, par la suite.

pour en savoir plus sur le protestantisme à Paray et Saint Léger

(3) En 1683, Antoine Bouillet est dit Seigneur de La Fin. Il est aussi propriétaire du moulin de Vaux, paroisse de Paray (moulin Grillet). Contrat du notaire Michel.  

 

la croix et "l'église"

 

 

l'glise et la ure

 

Des pièces d'archives vont nous aider à nous faire une idée sur leur aspect. Ce sont des rapports sur la visite des paroisses. Visites faites environ tous les 20 ans, plus ou moins détaillées, suivant l'archiprêtre chargé par le diocèse de cette tâche ingrate (le curé desservant y est chaque fois cité, jugé sur ses capacités, ses travers, et bien souvent non exempt de reproches). Celle de 1710 est particulièrement copieuse et critique, en faveur des églises rurales. Celle de 1729 est réalisée sur un imprimé avec des rubriques précises à remplir. Comme un QCM avant l'heure ! A signaler que les premiers registres paroissiaux conservés datent de 1643.

 

la croix du cimetière

 

 

tat actuel des bâtiments et rappel istorique

 

Comme tous les habitants actuels le savent, église et cure se situaient au lieu-dit "le vieux Saint Léger" signalé par un panneau "la cure". Rien n'a changé depuis le plan cadastral de 1832. On remarque l'église, devenue maison d'habitation, par plusieurs éléments de son architecture. Tout d'abord les appareillages importants des angles et des fenêtres. Les corniches en pierre de taille apparaissent en certains endroits. Le décrochement important sur la façade de la route correspond à la sacristie construite en prolongement de l'église face à l'Est. L'actuelle mairie possède quelques vestiges de l'église ou des reconstitutions de blason. Une croix, portant la date de 1789, marque l'emplacement du cimetière. De l'autre côté de la route se situe l'ancienne cure dont la partie principale se remarque par les larges ouvertures. Le puits, à l'origine dans la cour de la cure, est toujours là, presque en bordure de route.

 

bénitier de l'ancienne église désaffectée et puits

 

a construction primitive était très ancienne. Maria Hillebrandt lors du colloque de 1992 à Paray rappelait la charte 21 du cartulaire de Paray où il est écrit : "Un moine dénommé Anteaume entra au monastère de Paray à l'âge adulte sous le Prieur Hugues et fit donation de la moitié des revenus de l'église de Saint Léger les Paray." Et dans une autre charte toujours en citant le même moine : "Il servit de témoin à l'occasion d'actes concernant le transfert à Paray de biens situés à Saint Léger." Cela se passait dans la seconde moitié du XIe siècle. Ce moine était le fils des Damas de Centarben (Saint Aubin), famille ayant des possessions en Charolais Brionnais (4).
Désormais le patron de l'église, c'est à dire celui qui nomme le curé, sera l'abbé de Cluny.

 

le socle de la croix

 

(4) Ceci d'après la traduction du cartulaire par Ulysse Chevalier. Le Pèlerin de Paray, lui, évoque dans un de ses articles "un seigneur du nom d'Antelme en prenant l'habit donna sa part dans l'église de Saint Léger. Il y ajouta une terre et un manse à Mouillargue, la forêt de Cussy et tout ce qu'il possédait à Saint Léger excepté le manse dit "le manse aviti". Peu de temps après, un chevalier nommé Orderade donna un quart de cette église à la condition d'être enseveli dans le monastère de Paray avec sa femme et son fils." Le Pèlerin ne cite pas ses sources. Sommes-nous avec le même personnage ?

 

quoi ressemblait cette église au XVIIIe siècle ?

 

Si on en connaît les dimensions (voir la vente plus loin), l'aspect tant extérieur qu'intérieur est difficile à imaginer. Les visites nous apprennent que "le sanctuaire et le chœur sont voûtés et forts beaux ". Les décors sont sobres : " il n'y a point de retable. Elle possède deux chapelles à côté du chœur, avec autel sans marbre, un tapis sur celui de la chapelle Notre Dame avec un méchant parement d'indienne commune, dont l'autre est dépourvue". On trouve quatre autels, plus deux portatifs, un petit tabernacle ancien et peint, une chaire à prêcher, deux bénitiers (un en fonte, l'autre en pierre). Possédant cinq fenêtres, un vitrage est manquant suite à un orage. Le pavage près de l'entrée est de mauvaise qualité, voir absent. L'église est généralement très propre (ce qui est assez rare au regard des autres paroisses). Les chasubles et habits sacerdotaux sont réduits au minimum et avant que la sacristie ne soit construite, ils étaient rangés dans un coffre, dans le sanctuaire. Les vases sacrés sont signalés sans valeur. Il existe une bannière à l'effigie de Saint Léger, mais celle-ci commencer à "s'écailler".
En 1729, "le cimetière vient d'être clos d'un côté par une palissade et des autres par une haie trop claire et le bétail y entre ; les grilles des deux entrées sont à refaire. Le marguillier est Antoine Colin, le fabricien Claude Chandon (sans doute le meunier de La Fin). Les quêtes se font rarement, vu le peu de paroissiens et leur pauvreté."
Les mêmes visites nous renseignent sur le curé. Il était aussi desservant de la chapelle du château, appartenant au Seigneur. Cette chapelle était située sous le colombier par lequel il fallait entrer (ce que déplore le rapport). Par contre, 24 messes y étaient fondées d'un revenu de 400 livres, en 1689.
Cette année là, les communiants sont estimés à une centaine, plus une cinquantaine des hameaux alternatifs de La Varenne et les Aussupes. Ces hameaux versaient leurs oboles et dîmes, une année sur deux ,soit à Saint Léger, soit à Vigny. Le rapporteur a des propos très durs contre cette pratique qui ne permet pas aux curés de ces petites paroisses d'avoir des revenus fixes et surtout un suivi des paroissiens, ce qui fait que certains sont devenus de véritables "mécréants".

ar un acte du notaire Michel, de 1668, on apprend qu'une Demoiselle Françoise de Mussy est inhumée dans le chœur. On cite également "en la dite église, une chapelle réservée aux Demoiselles Anne Bouillet et Suzanne Hérisson" (5). Dans ce même acte où il est question de fondation de messes, il est demandé pour la circonstance une sonnerie des cloches très particulière : " …seront tenus de sonner ou faire sonner comme s'ensuit, savoir qu'on piquera la petite cloche, la corde de laquelle tombe le plus proche de la chapelle Notre Dame, et ce quarante fois, puis on mettra la dite cloche en branle en telle sorte qu'elle frappe vingt fois de chaque côté, laquelle étant arrêtée sera piquée encore vingt fois, puis immédiatement avant que de commencer les dites messes, on piquera quelques coups des deux cloches ensemble, ainsi qu'on a accoutumé de faire à l'entrée des autres messes."

(5) Suzanne Hérisson était la veuve de François Thouvant, de son vivant médecin à Paray, et Anne Bouillet en 1640 était la veuve de Jean Hérisson.

e curé de l'époque est Jean Joseph de Lapanderie, sociétaire du Mépart de Paray. Un détail intéressant : il est dit curé de l'église paroissiale de St Léger "dit des Perrières, dit les Paray ". Deux fois on revient sur cette dénomination. Ce curé est cité en exemple dans les visites pour le travail fourni. Né en 1626 à Paray, il est curé de Saint Léger depuis 1661. En 1703, ne pouvant plus marcher, ce sont ses voisins qui se chargent de visiter les malades. Il a décoré l'église de "papiers peints" qu'il dessine lui-même pour "mieux expliquer les mystères" à ses paroissiens.

n contrat de notaire de 1704 (notaire Desroches) nous apprend qu'une concession de chapelle, à l'intérieur de la nef de cette église, est faite à un certain Laurent Maillet, vigneron du village du Bronchet, chapelle située du côté de l'évangile, avec un autel qu'il se promet de "réparer et de mieux orner, qui n'est point entretenu, sur lequel autel repose l'image en relief de St Catherine vierge et martyre, et encore celle de St Joseph et celle de St Benoît". En même temps, en échange d'une rente annuelle et perpétuelle de 20 sols au curé actuel et à ses successeurs, Laurent Maillet, sa femme et son fils unique, auront droit à une sépulture dans l'église.

 

les éparations

 

Une première série concerne l'église et le presbytère. Elles sont réalisées au cours de l'année 1757. Je n'ai pu retrouver l'adjudication pour l'église, passée le 27 septembre 1756 chez le subdélégué de Charolles, Degouvenain. Par contre, l'imposition évoquée plus haut et rédigée en avril 1757 nous indique que pour l'église les travaux sont arrêtés. Il faut changer la "troisième poutre, ou tirant, surmontée de sa ferme, attendue qu'elle est toute pourrie, et ceci n'a pas été compris dans le devis". Visiblement, une partie de la charpente de l'église a été refaite, vu le montant total des travaux à payer (6 fois ceux prévus à la cure ci-dessous).

a réparation de la cure est un marché de travaux où la paroisse n'a rien à voir. Ce sont, comme le dit Jean Marie Durand, curé de l'époque, des travaux d'embellissement qu'il règle lui-même. Le contrat est passé devant notaire, avec Louis Colin, maître charpentier, à Saint Léger (c'est lui qui s'est aussi chargé de la réfection de la toiture de l'église). Tout y est décrit avec minutie. Le montant des travaux est de 180 livres, le contrat prévoyant même "cinq bichets de bled seigle, sous forme d'étrennes".
Il consiste à refaire à neuf des planchers, des portes, à agrandir les fenêtres (cintrées, et en briques) des chambres basses et du cabinet d'études, de faire un placard dans le mur avec rayonnages, placard "où l'on creusera un canal pour servir aux écoulement des eaux d'une fontaine" et de prolonger le bâtiment, tout en enduisant l'ensemble et les fours. Il est prévu qu'une partie du jardin sera immobilisée pour entreposer des matériaux et monter la charpente, et que les dommages autres dans le potager seront indemnisés.
Un témoin important appose sa signature devant le notaire Préveraud, c'est Jean Marie Bouillet des Hailliers, bourgeois.

es réparations décidées fin 1780, sont également importantes. Elles concernent à nouveau l'église et à la cure.
A l'issue de la messe du 10 décembre, les habitants sont convoqués et assemblés. Claude Bernard, marchand fermier, collecteur et syndic, au dit Saint Léger, informe l'auditoire qu'à la requête du curé Malard, et par voie d'huissier, des réparations sont demandées. Sont aussi présents Gabriel Esselin, marchand à Charolles, régisseur des biens de Monsieur de Cypierre, Seigneur de Saint Léger, Claude François Baudinot, avocat en Parlement, propriétaire, demeurant à Paray, et le notaire de Paray, Jacob, pour la rédaction du procès-verbal, ainsi que trois des principaux propriétaires fermiers de la paroisse.
Finalement il est convenu de divers travaux, qui nous apprennent façons et termes d'alors, le tout avec forces détails :

Concernant la cure :

Pour des questions budgétaires, ces travaux sont à faire sur deux années selon un ordre établi.
Ont signé cet acte, comme témoins et autres sachant le faire : Jean Claude Colin entrepreneur demeurant à Paray, Claude Rey serrurier et Antoine Matherat aussi serrurier demeurant à Saint Léger.

u sujet de ces travaux réalisés à l'église de Saint Léger, une autre pièce nous donne certaines précisions : une quittance, signée en 1798, en faveur de Jacques Antoine l'Eglise, natif de Haute Lombardie. Il est l'héritier de Jean Michel l'Eglise, décédé le 17 octobre 1792. On précise le concernant : "de son vivant ayant travaillé à l'église et au presbytère de Saint Léger les Paray, sous les ordres de Jean Marc Durand" (le curé de la paroisse). Des actes écrits en italien sont joints à la quittance.
Une remarque concernant ces réparations. Le desservant de la paroisse de Saint Léger était nommé par Cluny, via les Bénédictins de Paray, ce qui laisse supposer que l'église était la propriété du Doyenné de Paray. Il faut savoir que la plupart du temps les grands décimateurs (les Bénédictins, dans le cas de Saint Léger) étaient chargés de l'entretien du chœur de l'église paroissiale, mais aussi des murs, de la couverture et de la croix du clocher si celui-ci était sur le chœur. Le reste de l'église, en particulier la nef, était à la charge de la communauté des habitants.

 

les îmes de Saint Léger

 

Elles étaient perçues par ce qu'on appelait les décimateurs comme signalé ci-dessus. Ceux-ci ne voulant pas s'embarrasser de cette tâche, vu le nombre de dîmes qu'ils percevaient, chargeaient un "fermier" de le faire à leur place. Ce dernier vendait ou gardait pour lui les gerbes prélevées (la douzième) et payait en monnaie la somme prévue par le bail rédigé devant notaire, pour assurer cette rentrée financière.
En 1778, le bail des dîmes de la paroisse de Saint Léger revient pour 9 années à Antoine Tillon, marchand à Paray. Il devait payer 90 livres par an au curé de Saint Léger et 60 livres aux bénédictins. Ainsi il a le droit "de les lever à la manière accoutumée". Autres conditions stipulées : "Il sera tenu de donner aux bailleurs (les bénédictins) un état détaillé des terres sur lesquelles les dîmes se perçoivent, et des novalles (nouvelles terres), de même que le nom des terres converties en prés. (6) Aucune diminution ne pourra être faite quand il arriverait grêle, gelée, nielle, orvalle, guerre, peste, famine et autres cas prévus et imprévus".

(6) Une preuve que l'élevage prend de l'extension en cette fin de XVIIIe siècle

'inventaire des biens du Seigneur de Saint Léger nous permet de voir qu'en 1702 le dit Seigneur Humbert Bouillet passe une transaction avec le curé Delapanderie au sujet des dîmes que ce dernier doit percevoir dans les Bois de la Fayolle (la 21e gerbe) et dans les anciens fonds cultivés (la 12e gerbe), le tout avec bornes désignées.

 

 

Particularités : en règle générale, quand une église a été fondée par un laïc, puis restituée à une abbaye (sans doute le cas de Saint Léger), cette dernière hérite du titre de "curé primitif", et la plus grande partie des dîmes lui revient, le curé de la paroisse ayant le reste appelée "portion congrue". A Saint Léger, cela ne se vérifie pourtant pas : souvent l'abbé de Cluny donne un supplément de portion congrue, tellement les revenus sont faibles. De plus, en 1703, le curé Delapanderie devenu impotent, ses neveux habitant avec lui ne lui laissent rien de la portion congrue (souligné dans les visites paroissiales).
Celle de 1710 évalue les revenus du curé d'alors, Jean Marc Pornet. Les fixes sont toujours de 90 livres auquel il faut ajouter le casuel (le prix des messes occasionnelles et autres cérémonies) d'un montant de 10 livres. Avec cela est comptabilisé l'exploitation d'une petite vigne, et cinq bichetés de terre, plus les "novalles" dont il ne tire que 20 écus. Heureusement qu'il y avait les messes au château !
 

 

les entes de l'église et de la cure

 

Elles se feront en plusieurs étapes. D'abord biens nationaux acquis par la République, ils seront vendus par l'administration du département de S&L (district de Mâcon), le huit fructidor An 4 (septembre 1796, folio 302 et 304).
Qui s'en porte acquéreur ? Un certain Claude Marie Lavenir, le jeune, demeurant à Mâcon et ce pour le compte de Jacques Brigaud, notaire et juge de paix, ancien maire de Paray, ayant sauvé sa tête du Tribunal Révolutionnaire. Le même jour, il va aussi acheter l'église de Romay et la chapelle St Roch à Paray. Le monastère de la Visitation à Paray est déjà sa propriété depuis novembre 1792. Ces achats et reventes ont-ils été réalisés dans des intentions bien charitables ?

es actes sont intéressants car non seulement le prix y est mentionné (1386 livres pour la cure, les bâtiments annexes, et le jardin, 720 livres pour l'église), mais ils décrivent sommairement les édifices et leur implantation.
L'église : "Consistant en un bâtiment de 70 pieds de long, sur 28 de large, hors d'œuvre. Clocher découvert dans lequel est une cloche réservée à la République. Le chœur fermé par une balustrade en fer de 7 pieds d'hauteur, fermant à quatre battants. La sacristie est derrière, en matin du dit bâtiment. Elle a 15 pieds de toutes faces, et une cheminée, joignant de matin la place de l'arbre de la Liberté (7)… " Suit sa situation par rapport au voisinage.

(7) On situait alors l'orientation ainsi : matin pour Est, soir pour Ouest, midi pour Sud et bize pour Nord.

La cure : "consistant en un corps de bâtiment de 35 pieds de long, sur 30 de large, composé d'un rez-de-chaussée de trois chambres, un escalier, un cellier et grenier sur le tout, cuisine derrière avec fournier, petite chambre à feu derrière la cuisine.
Autre bâtiment de 50 pieds de long sur 30 de large, consistant en une grange, étable à pourceaux et genillier, grenier à foin sur le tout.
Jardin en soir du dit bâtiment, ayant 80 pieds de toutes faces, clos d'haies vives, dans lequel est un puits.
Terre en matin, contenant avec le jardin, quatre mesures de semences de Paray, aussi clos d'haies vives…
"
On signale à proximité, le chemin allant à Paray, l'église au Nord, "avec chemin entre".

Remarques : l'église est de modestes dimensions (23 m X 9 m). L'expression "clocher découvert " semble vouloir dire, avec tuiles enlevées (accidentellement ou non ?) Quant à une des cloches, nous savons qu'elle sera réimplantée dans l'église de Vigny en 1812.

 

le devenir de ces âtiments

 

Contrairement à d'autres communes rurales, l'église ne sera pas réaffectée au culte, la paroisse ayant été supprimée.
Le premier cadastre et sa matrice nous révèlent les noms des propriétaires de ces bâtiments à la date de 1832. La cure, sauf une petite construction attenante, le pré de la cure, appartiennent à Rose Alexandre, fils, habitant Maréchal (St Vincent Bragny). La petite portion dont il n'est pas propriétaire se compose d'un rez-de-chaussée et d'un grenier. Le Sieur Picard, sabotier à Paray, l'avait achetée en 1791, ainsi que "la terre derrière l'église" de 130 ares, devant le district de Charolles. En 1816, Picard père revendit l'ensemble à son fils, lui aussi sabotier, mais à Saint Léger.
Il est précisé à l'occasion de cette seconde vente que Brigaud est toujours propriétaire de l'église où il a un locataire. Il détient encore une terre de 6 ares près de la sacristie. Il vendra l'église un peu plus tard (avant 1832) à ce même Picard (8).

(8) acte de vente non retrouvé

La matrice cadastrale révèle une nette différence d'imposition au nombre d'ouvertures (12 pour la cure et 6 pour l'église), ce qui explique très certainement l'écart entre les prix de vente de ces bâtiments à la Révolution.

ue sont donc devenus les anciens Ledgariens, enterrés jadis dans ce cimetière ? Sans doute sont-ils encore sous le vert bocage de l'ancien bourg. Petite anecdote : à l'automne 1965, lors des grandes crues dans la région, l'Oudrache et les ruisseaux avoisinants entrèrent en furie. Un aqueduc s'est retrouvé emporté. Quelle ne fut pas la surprise de constater qu'il avait été construit en partie avec des pierres tombales qui très certainement provenaient de l'ancien cimetière !

insi Saint Léger les Paray n'a donc plus ni église ni cimetière depuis la Révolution.
Il en est de la chaîne de la vie et de la mort, que ce soit des constructions, des institutions ou des humains.

 

 

le protestantisme à Paray et Saint Léger

 

 

erci de fermer l'agrandissemen

 

 

 

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