Dans l'église de St Léger Vauban

 

 

 

 

L'église Saint Léger a été construite après la Guerre de cent ans, sur l'emplacement d'une ancienne église disparue au Xe siècle.

Des piliers carrés portent solidement le clocher. Le début de la Renaissance se lit dans les voûtes gothiques du choeur. Les bancs d'oeuvre du 17e, venus de la basilique de Vézelay, ornent le fond de l'église : ils étaient destinés à asseoir les dignitaires face à la chaire pendant le prêche.

Vauban a reçu le baptême ici le 15 mai 1633.
Œuvres récentes : une peinture murale de Jean Bouchery (1958), sculptures et mosaïque de Marc Hénard (1969-1979). Un ravissant carrelage de céramique bleu et rose (1973) entoure le maître-autel. Il figure des planètes, animaux, outils... gravitant autour du triangle de la Sainte Trinité.

 

L'association "Les Chemins Buissonniers" (6 route de Trinquelin - Le Bouchot - 89630 Saint-Léger-Vauban) a réalisé fin 2003 cette plaquette de présentation sur...

 

... l'église de Saint-Léger-Vauban
et les oeuvres de Marc Hénard

 

L'église où vous êtes a été dressée sur les soubassements d'une église disparue au Xe siècle. Celle que vous regardez remonte aux XIVe et XVe siècles, et nulle archive ne mentionne l'existence d'une église dans l'intervalle. Celle-ci fut consacrée sous le nom de Saint-Léger, évêque d'Autun, qui mourut victime d'un cruel personnage, Ebroïn, le 2 octobre 678.

 

sculpture de Marc Hénard
 

 

 

Avant d'entrer ici, vous avez dû admirer la silhouette de l'église et l'élan de sa flèche, telle un "doigt pointé vers le ciel". Vous avez vu la statue de Saint-Benoît. Marc Hénard lui pose l'index sur les lèvres pour inviter au recueillement. Vu enfin la porte d'entrée travaillée sur ses deux faces. Préparez-vous à voir ici plusieurs sculptures de cet artiste qui a été habitant du village de 1952 à 1986, ayant débuté ses grands travaux à La Pierre-qui-Vire. Vous allez aimer la vigueur de son ciseau et l'originalité de ses interprétations. Prenez votre temps... Oubliez votre montre !

 

Voici les thèmes de la porte d'entrée :

 

Extérieur

 

 

Panneau du haut, Notre-Dame-des-Clefs
En 1202, le Roi d'Angleterre, Jean-sans-Terre, avait trouvé dans Poitiers un traître pour se faire livrer la ville. Or, le traître n'a pas trouvé les clefs où il les croyait cachées. Ses recherches donnèrent le temps au maire de Poitiers de constater la présence anglaise autour de la ville. II sonna le tocsin du beffroi, puis alla implorer la Sainte-Vierge-Marie. En priant, il voit les clefs sur les bras de la statue. Sans clefs pour ouvrir, la ville était sauvée. Ouf !

Panneau du milieu, Notre-Dame-de-Bétharram
Aux environs de Lourdes au XVe siècle, une jeune fille est tombée dans le Gave en crue et emportée par le courant. Dans sa détresse, elle invoque la Sainte-Vierge. Elle fut projetée sur la rive où elle saisit une branche qui la sauva. D'où le rameau tendu par l'Enfant-Jésus depuis les bras de sa mère.

Panneau du bas, Notre-Dame-de-Boulogne
Un dimanche de l'an 636, arrive à Boulogne, sur les flots et dans une barque, une statue de la Sainte-Vierge. Rien n'explique sa présence insolite sinon, selon l'Abbé Charron, que sous l'expansion de l'Islam, des chrétiens d'Orient aient pu confier à la mer et à la Providence cette statue qu'ils voulaient sauver. Dans le proche après-guerre 39-45, cette statue a parcouru, dans la ferveur populaire, la plupart des villes et villages de France.

 

Intérieur

 

 

 

Panneau du haut, Phase finale des clefs de Poitiers
Sur les remparts apparaissent la Vierge Marie, saint Hilaire et sainte Radegonde, les saints protecteurs de la ville. Cette vision met le comble à la déroute des troupes anglaises. Elles s'enfuient épouvantées.

Panneau du milieu, Notre-Dame de l'Osier
Au XVIIe siècle, au lieu de se rendre à la messe le jour de la fête de l'Annonciation, 25 mars, le calviniste Pierre Port-Combet taille ses osiers. Au lieu de sève, des tiges coupées, il voit sortir du sang. II comprend le signe mais passe ainsi quelques années sans repentir, quoique malheureux.

Panneau du bas
Un matin de mars 1646, Port-Combet labourait dans son champ de "L'Epinouse". II voit venir vers lui une Dame vêtue en deuil et se dit : "Encore une catholique qui va me harceler pour changer de religion !" Mais c'est la Vierge-Marie elle-même qui l'incite à rentrer dans le giron de l'église romaine en l'avertissant de sa fin prochaine. Le 15 août suivant, après bien des conflits de conscience, il se fait catholique. Le 22 août, il remet son âme à Dieu.

 


vitrail du saint Léger

 

Maintenant, jetez un regard vers le portail principal, décoré de vitraux mi XXe siècle : une rosace et Saint-Léger d'Autun. Si par chance, le soleil brille à son couchant, ce sera superbe !

Un coup d'oeil sur les voûtes qui feraient jubiler saint Bernard, car il les voulait simples et austères à l'inverse de Cluny qui les voulait fleuries, décorées et exubérantes. Saluez sainte Catherine et sainte Jeanne-d'Arc et avancez sous le clocher. Vous y êtes encadrés de 4 piliers trapus et protecteurs. II fallait cela pour maintenir en l'air ce clocher des XIVe-XVe. Observez les arêtes des voûtes uniquement fonctionnelles ; pas le moindre décor. Profitez-en pour comparer les différents styles des voûtes entre les trois parties de la nef, entre XIVe et Renaissance, entre austérité et discrète exubérance.

Du côté droit, vous avez l'autel de la Sainte-Vierge, dominé par la peinture murale de Jean Bouchery, 1958.

Vous pouvez reconnaître tout en haut le vaisseau de Vézelay ; un peu plus à droite, sur un fond de soleil, le clocher de Saint-Léger. En bas, les paysans en pleine moisson, puis les moines qui montent à l'office.

A chacun son devoir sous le regard et avec la prière de Marie intercédante.

Sur votre gauche, les fontaines baptismales.

C'est, non pas dans cette fontaine, mais dans cet espace qu'a été baptisé Sébastien Le Prestre en 1633, futur Seigneur de Vauban et Maréchal de France.

Arrêtez-vous devant le groupe dit "Education", à savoir sainte Anne apprenant la lecture à sa fille Marie dans le seul livre d'alors qui est notre "Ancien Testament".

La coiffe qui couvre la petite fille indique le XVIe siècle.

 

Si maintenant vous levez la tête vers la chute de la voûte, à droite et à gauche du vitrail, vous apercevez des visages burlesques dont le style n'épouse pas la logique de l'arête. Cela ressemble même à une pièce ajoutée. Ce serait l'illustration d'un conflit politico-clérical de 1329 ! En pleine Assemblée, le député Jean du Cognot dénonçait les empiètements excessifs du clergé sur l'autorité royale. "Que le clergé s'en tienne au spirituel !" Le Roi Philippe VI ne donna pas complètement tort aux clercs. L'épiscopat encouragea alors le clergé à humilier Cognot par ces sculptures déshonorantes. L'humiliation cessa dans la municipalité de Sens en 1848 seulement. Mais ce visage est encore maintenu dans quelques églises de l'Yonne, dont notre voisine de Bussières par exemple.

Poursuivez vers le choeur et l'autel. Un orgue de choeur, apporté de la paroisse anglicane de Bradwell a été remonté ici par un frère Anthony en 1994, pendant un séjour dans le presbytère.

En face de cet orgue, à la jonction des nervures de voûtes, ne manquez pas le superbe visage au menton volontaire Ce n'est pas un visage traditionnel. Ne serait-ce pas un artisan de cette église qui a laissé trace de lui-même ?

Placez-vous maintenant bien en face de l'autel. Voyez la céramique qui fait du sol un riche tapis à thème biblique.

 

 

Marc Hénard a déployé ici toute son imagination et tout son talent. En partant du triangle central qui symbolise Dieu créateur, nous voyons une grande complexité de cercles et de spirales à travers lesquels se forment les galaxies et notre terre, sa végétation, ses animaux petits et grands, ses humains. Ces derniers s'emploient à atteindre la "joie et la paix" ... en zigzags ! Car la tare d'origine les perturbe malgré le signe salvateur et la barque de Pierre. Ils persévèrent dans leurs travaux ruraux et architecturaux, industriels, artistiques et créatifs, tandis qu'autour d'eux des mains prient, d'autres offrent. "Ora labora" c'est la devise des moines bénédictins : "Prie et travaille".

Justement ils sont tout près, à La Pierre-qui-Vire, depuis 1850, ces moines de Saint-Benoît qui, à l'appel du fondateur le Père Muard, ont fait ici leurs premiers vœux, mentionnés sur le marbre noir à votre droite.

Pour réaliser cette céramique, il a fallu 4000 carreaux de grès dont une bonne proportion a subi jusqu'à 4 cuissons à 1450°. Il a fallu 760 heures de travail étalées sur 4 mois et partagées entre Serge Jamet et Marc Hénard pour réaliser cette oeuvre hors du commun.

 

 

 

Ce n'est pas tout !

 

Sur votre gauche, une double porte, illustrée par Marc Hénard, ouvre sur une chapelle où vous apprendrez que "Cette chapelle a esté bathie par moy Messire Phillibert Bussière curé lam 1625". La sculpture des portes nous montre la piété des pèlerins envers Notre-Dame du Bien-Mourir, femmes et hommes, moines de l'abbaye voisine et prêtres du diocèse.

 

 

Ouvrez ces portes et voyez la face intérieure. Marc Hénard raconte la mésaventure d'un incrédule qui a failli "très mal mourir". Cet homme tente de profaner la statue de Notre-Dame du Bien-Mourir, à l'abbaye de Fontgombault, Indre. II chute ! et se voyant indemne, fait amende honorable sous la bénédiction des moines qui le surprennent. La statue, depuis, est vénérée à Fontgombault. L'abbé Charron a institué un pèlerinage, alors très fréquenté. En témoignent l'autel et les haut-parleurs extérieurs.

 

Alain, un fidèle internaute, nous adresse le document ci-contre.
La photo est ainsi légendée : "Récitation de l'Angélus après la Grand'Messe".

"A l'église de St Léger Vauban, on peut admirer les portes sculptées représentant diverses apparitions de la Sainte Vierge, et également les céramiques destinées à rappeler aux fidèles les principales vérités de la religion catholique".

Et encore ceci :
"Pèlerinage en l'honneur de Notre-Dame du Bien-Mourir : on prie Notre-Dame du Bien-Mourir pour obtenir la grâce de bien vivre pour bien mourir.
Vivre chrétiennement
Mourir saintement".

 

Remarquez, au-dessus de l'autel, la statue en pierre de Notre-Dame du Bien-Mourir, sculptée par Marc Hénard d'après celle de Fontgombault (Indre) et commandée par l’abbé Jean Charron. L’abbé Charron a importé en 1969 la dévotion à Notre-Dame du Bien-Mourir à St Léger Vauban : il avait effectué une partie de son séminaire à l’abbaye de Fontgombault.

Le petit vitrail éblouissant de couleur est fait de dalle de verre éclatée par Marc Hénard et monté par ses soins.

Revenons dans le choeur.

 

 

Devant vous, l'autel et le vitrail du XIXe illustrent la mort tragique de Léger, évêque d'Autun. II fut, par jalousie, décapité tandis que près de lui, des bourreaux repentants reçoivent son pardon. De chaque côté, ne manquez pas la facture vigoureuse et colorée des vitraux du XIXe siècle où l'on voit l'apparition de Notre-Dame de Lourdes en 1854 et celle du Sacré-Coeur en 1685.

 


le martyre de saint Léger

 

Prenez donc un peu l'air puisqu'il fait beau ! Sortez par la porte latérale.

Amusez-vous à trouver, au sommet d'un contrefort, un bas-relief de la Sainte-Vierge entourée de deux anges, oeuvre de la Renaissance provenant peut-être d'un tombeau.

Tournez autour de l'église et découvrez, dans une niche, une piéta gravement mutilée et érodée, mais dont on devine la grande beauté d'origine.

Si vous avez encore un peu de temps et s'il y a quelqu'un pour vous accueillir au presbytère, vous y admirerez, dans la chapelle d'hiver, d'autres oeuvres de Marc Hénard :

  • une grande porte en bois entièrement sculptée. Elle relate une apparition de Nativité aux trois évêques fondateurs du diocèse de Sens.
  • un large vitrail en dalle de verre
  • une statue de Notre-Dame de Lourdes taillée dans un tronc de châtaignier ramené par l'abbé Charron de Fain-lès-Moutiers, Côte-d'Or (lieu de naissance de sainte Marguerite-Marie qui eut l'apparition du Sacré-Coeur)
  • et enfin un "croisaire" (chemin de croix en céramique et en forme de tableau) dans le style personnel de l'artiste et en toute fidélité aux symboles traditionnels de la foi chrétienne.

  

 

 

Marc Hénard (1919-1992)

 

Sculpteur, architecte (il a travaillé avec le Corbusier), maître verrier, peintre, il a connu Picasso, il s'est plus particulièrement spécialisé dans la sculpture moderne. En 1948, attiré par le cubisme, il devient l'élève d'Albert Gleizes et se dirige de plus en plus vers l'art abstrait.

Il arrive en 1952 à Saiot-Léger-Vauban où il se consacre pendant 4 ans à l'architecture et la sculpture à l'abbaye de La Pierre-Qui-Vire (un tympan monolithique en granit de 6 tonnes extrait d'un bloc de 11 tonnes, une fresque extérieure...une dizaine d'autels en bois et pierre et plus d'une vingtaine d'autres oeuvres plus importantes).

L'art religieux occupe une place prépondérante dans son oeuvre.

Il a rénové une trentaine d'églises et de chapelles, certaines hors de nos frontières : Congo Brazaville, Suisse, Brésil, d'autres dans notre région comme Notre-Dame d'Orient à Sermizelles et Alligny-en-Morvan.

II a créé plus de 1500 oeuvres, participé à de nombreuses expositions internationales et obtenu un grand nombre de prix.

 

 

 

 

https://www.stleger.info