'histoire de aint éger en velines

 par Félix Lorin 

 

"L'histoire de St Léger en Yvelines est intimement mêlée à l'histoire de France, les dates de séjour des rois de France à St Léger, ses divers possesseurs à travers les âges.
Les divers évènements qui s'y sont déroulés font mieux connaître l'histoire générale de notre pays que toute autre source.

L'ancienneté de St Léger ne fait aucun doute.

La pierre Ardroue remonte à une époque extrêmement reculée ; le tumulus qui la recouvrait n'existe plus.
Tous les dolmens qui ont été rencontrés dans le sein de la terre ou sous des tumulus contenaient des sépultures.
Les dolmens sont donc des tombeaux communs dans lesquels on ensevelissait un grand nombre de personnes.
Ce sont des chambres funéraires ou des caveaux mortuaires servant à des familles ou à des tribus sédentaires.
Ces sépultures ont des mobiliers funéraires comme des haches polies, des grains de collier, des poteries, objets que le défunt de son vivant avait eu en sa possession.
Il ne semble pas que le dessous de la pierre Ardroue ait été fouillé.
Elle a été maintes fois décrite, on a calculé son poids qui serait de 15 tonnes.
C'est un beau monument mégalithique dont les restes sont encore imposants dans le site pittoresque où ils sont placés.
Au temps passé, on racontait que les pierres composant ce dolmen auraient été apportées par des fées parce qu'on n'en voyait point de semblables dans la contrée et que c'était de la pierre Ardroue que la Vierge Marie était partie le jour de son assomption.
Les pierres auraient été apportées simplement du Mont aux Chiens.

 

 

 

 

 

St Léger en Yvelines - la route de Montfort-l'Amaury

 

 

la route de Montfort-l'Amaury

 

 

la route de Montfort-l'Amaury, toujours

 

La vieille église de St Léger, toujours debout, a des parties remontant au Xe siècle, la citerne de la Muette est un beau travail du Moyen-Âge.
Il ne reste plus que des ruines informes du vieux château et du nouveau, mais des chartres de nos rois de France indiquent les dates de leurs résidences dans le vieux château.
Le château neuf a aussi son histoire qui va du règne de Charles IX à la Révolution.
Là, dans le bas de St Léger, il y eut pendant de longues années un des haras les plus réputés de France et une jolie demeure, placée au centre des chasses du roi Louis XV.

 

 la route de Montfort-l'Amaury en 1905

 

 

 

 

 

 

 

 

carrefour des routes de Montfort-l'Amaury et de Houdan

 

 

cachet de 1915

 

 

cachet de 1918

 

L'église de St Léger, qui a pour patron principal saint Léger, évêque d'Autun, mort victime d'Ebroïn, maire du Palais, qui lui creva les yeux et le fit mourir suivant la légende dans la forêt d'Yvelines en 678, et pour patron secondaire St Jean-Baptiste, aurait été achevée en 1026 ou 1030, c'est-à-dire dans la première partie du XIe siècle par Hugues, moine de Fleury.
Si elle est d'une construction grossière et maladroite, son ancienneté, les souvenirs qu'elle rappelle mériteraient bien qu'elle fût classée.

M. le comte de Dion, de Montfort, me disait, il y a 29 ans, après l'avoir visité, que l'on voyait nettement dans cette église les parties du Xe siècle, mais qu'elle avait été reconstruite après le règne de Philippe-Auguste, c'est-à-dire au XIIIe siècle.
Il me signalait le bénitier avec des armoiries non encore identifiées, le tableau de St Jean.
Originairement, l'église était dans l'enceinte du château.
Quant au château, M. de Dion ajoutait qu'il était antérieur au château de Montfort, lequel avait été construit fin du Xe siècle pour protéger la résidence royale de St Léger.
Le château devait remonter à Hugues Capet, c'est-à-dire au cours du Xe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

carte postale datée du 14 juillet 1914

 

 

 

Les séjours des rois de France au château de St Léger sont attestés par des chartres de Louis VI dit le Gros de 1123, 1124, de 1132.
Ces chartres sont en général des confirmations de donations faites à des religieux ou à des églises.
Louis le Gros mourut en 1137.
On dit même qu'il mourut des suites d'un accident dont il fut victime dans la forêt de l'Yveline.

Son fils Louis VII dit le Jeune, surnommé aussi le Pieux, lui succéda en cette même année 1137.
Lui aussi signa toute une série d'actes au château de St Léger.
C'est ainsi que le 22 juillet 1139, il confirme des possessions concédées à l'abbaye de Coulomb, près de Nogent-le-Roi, par un donateur.
En août 1150, il approuve une vente faite à des religieux.
En 1171, il fait donation aux chanoines de Clairefontaine d'un bois.
Louis VII mourut en 1180.

Philippe-Auguste monta alors sur le trône. Ce roi résida fréquemment à St Léger.
Il aurait eu une vision dans l'église même de St Léger en 1184.
Le 23 juin 1186, il concède un droit de chasse et de pêche à un prieuré.
Au cours de l'année 1195, il signe dans son château, un acte concernant l'église de St Michel de Vernon.
Le 7 septembre 1200, un concile ou une assemblée nationale se réunit, au château de St Léger, sous la présidence du légat Octavien, envoyé par le Pape Innocent III pour juger le différent du roi Philippe-Auguste et de sa femme, la reine Ingelburge qu'il voulait répudier.
Depuis dix mois, l'interdit pesait sur toute la contrée.
Le roi consentit à la reprendre, et l'interdit fut levé.
Le son des cloches, répété de village en village, répandit aussitôt cette heureuse nouvelle par toute la France.
Cependant, on a contesté la tenue de ce concile à St Léger en Yvelines.

 

 

 

 

 

 

Quoi qu'il en soit, après l'interdit (8 septembre 1200), Philippe, pour montrer la sincérité de ses intentions, installe Ingelburge à St Léger d'Yveline, dans la forêt de Rambouillet, maison de plaisance, où il venait souvent chasser (Lavisse).

La dernière chartre signée par le roi Philippe-Auguste à St Léger porte la date de 1203.
C'est la confirmation d'une donation à l'abbaye de Clairefontaine.
A cette époque, Godefroy de Monfort fabriquait des engins de guerre à St Léger.

 

oblitération de 1915

 

 

 

Mais dès avant Louis VI et Louis VII, Robert-le-Pieux qui construisit tant d'églises et à qui on attribue la construction de celle de St Léger avait fait de St Léger sa résidence.
Dès 990, le roi Robert avait répudié sa première femme, Rosala, comtesse de Ponthieu.
Eudes, comte de Blois et de Chartres, d'abord son ennemi, était devenu son ami.
Quand celui-ci mourut en 995, sa veuve, Berthe de Bourgogne, vint se jeter aux pieds du jeune roi, le priant de secourir ses enfants orphelins.
Non seulement le roi Robert se déclara leur protecteur, mais il résolut d'épouser leur mère.
Hugues Capet s'étant opposé à cette union, Robert quitta la cour et se réfugia à St Léger, se mettant en révolte contre son père.
On peut croire que ce fut alors que, pour défendre St Léger, il fit construire les châteaux d'Epernon et de Montfort qu'il confia à la garde de Guillaume, fils d'Amaury.
Hugues Capet étant mort le 25 octobre 996, Robert devenu son maître épousa Berthe.

La construction de l'église de St Léger précéda sa mort en 1031 d'une année, si on place cette construction en 1030.
En 1044, un acte de Henri Ier est signé à St Léger.

 

la rue de l'église

 

 

 

 

 

 

la rue du Rocher et l'église

 

Le château de St Léger devait sortir du domaine royal au commencement du XIIIe siècle.
En effet, en novembre ou décembre 1204, Philippe-Auguste donnait à Amicie de Montfort, comtesse de Leicester, au moyen d'un échange, le château de St Léger en Yvelines, toute la forêt d'Yvelines, qui dépendait de la prévôté de ce château.
Il lui cédait tous ses droits sur la vente des bois de Gazeran.
Amincie prenait le titre de dame de St Léger.

Ce fut ainsi que le domaine de St Léger, qu'avaient possédés Hugues Capet, Robert-le-Pieux, Henri Ier, Louis le Gros, Louis VII et Philippe-Auguste, entra dans la maison de Montfort-l'Amaury.

Le château d'alors, dominant la vallée, alimenté en eau par la citerne de la Muette, peut remonter au cours du Xe siècle.
Des tuyaux en poterie vernissée conduisaient l'eau au château et une de ces conduites d'eau fut mise à jour, lors de la construction du chemin de St Léger à Montfort-l'Amaury au XIXe siècle.

On ignore quelle était l'importance du château.
La plupart des châteaux de cette époque consistaient en une enceinte circulaire sans flanquement formée d'une palissade et d'un fossé.
Au centre s'élevait, sur une motte, une tour de bois ou de pierre.
C'était une habitation fortifiée et une propriété particulière, en même temps qu'une défense élevée pour l'utilité publique.
Quelquefois, au lieu de la tour sur une motte, c'était une salle à plusieurs étages dont les épaisses murailles formaient une forteresse intérieure.
Des fouilles qui seraient faites maintenant dans la propriété où se trouvait le château, appartenant aujourd'hui à Mme Jouaust, seraient-elles de nature à éclairer le passé du château ?
Nul ne peut le dire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'acte de 1204 de Philippe-Auguste fut un arrêt de mort pour le château vieux déjà de deux siècles.
Les seigneurs de Montfort ne pouvaient entretenir deux châteaux si voisins l'un de l'autre alors que les dangers qui avaient motivé leur construction diminuaient d'importance.
Ce fut, pour le château de St Léger, le commencement de la ruine qui atteindra à son tour plus tard le château de Montfort-l'Amaury.

 

 

 

la rue de la Harpe

 

 

St Léger en Yvelines - la place de la Harpe

 

 

 

 

 

 

 

 

Au nombre des antiquités de St Léger, il faut également citer, à côté de son vieux château et de son église, l'ermitage de Planet.
Dans le courant du XIIe siècle, à l'époque de Louis VII, existait à Planet un ermitage sous la conduite d'un moine nommé Guinard qui s'était fait concéder quelques terres.
Quelques ermites l'avaient suivi dans ce désert où la vie des moines était quelquefois menacée.
Ainsi, un jour, un seigneur de Cravent s'empara de la mule de Guinard, frappa celui-ci et ne lui rendit la bête que sur la prière de la mère de l'assaillant qui, par punition céleste, mourut peu de temps après.
En 1179, l'année qui précéda la mort de Louis VII, Guinard, dont le monastère végétait, vint à Paris trouver le roi et il fut convenu que l'ermitage de Planet serait donné à l'abbaye des Vaulx-de-Cernay, fondée en 1128, et dont l'église venait d'être terminée, à la condition que des messes fussent dites chaque année pour Louis VII, son fils Philippe et Guinard lui-même.
Cet acte fut réalisé deux ans après entre les mains de Pierre, évêque de Chartres.
Mais l'ermitage de Planet devait continuer à exister tant qu'il possèderait encore deux moines.
Son existence dut se prolonger jusqu'à la fin du XIIe siècle.

Quand Planet disparut, l'ancien ermitage donna lieu à des légendes.
On racontait qu'au moment où le curé de St Léger lisait l'évangile à la messe de minuit à Noël, les portes du Planet s'ouvraient et laissaient voir des trésors dont on pouvait s'emparer, mais malheur à ceux qui sortaient des caves après le dernier mot de l'évangile !
Des fouilles faites en 1840 firent découvrir une grande salle avec colonnettes, reste de l'ancien ermitage.

  

 

le rue de Chartres

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

carte postale ayant voyagé en 1910

 

 

 

 

 

La châtellenie de St Léger resta dans la famille des Montfort et des ducs de Bretagne jusqu'au mariage d'Anne de Bretagne avec Louis XII, en 1499, date à laquelle la Bretagne fut réunie à la France.

Les comtes de Montfort ne négligèrent pas St Léger.
C'est ainsi que Béatrice de Montfort y fonda un hôpital à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle.
Claude de France, fille de Louis XII et d'Anne de Bretagne, réunit Montfort et St Léger à la couronne de France par son mariage avec François Ier en 1514.
Puis Saint-Léger suivit le sort du comté de Montfort.
Il fut donné à la comtesse de Vendôme, à André de Foix, à Mme de la Trémouille, à la duchesse d'Estourville, à Catherine de Médicis.

Ce fut dans le courant du XVIe siècle que fut créé le haras de St Léger, les uns disent par André de Foix, d'autres par le duc d'Anjou avant qu'il ne fût roi de France.
Le vieux château s'en allait de plus en plus en ruines.

St Léger avait été attribué en 1570 au duc d'Anjou comme il l'avait été à sa mère Catherine de Médicis en 1562.
Ce fut ce prince qui construisit le nouveau château.
St Léger lui avait été donné en apanage.
Il fit commencer le nouveau château par un architecte, Olivier Imbert, maître-maçon de St Léger, qui à la même époque travailla aux châteaux de St Léger et de Thoiry.

 

  

la rue de la Poste

 

 

... ou Grande Rue

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le haras de St Léger devint le plus beau des haras de France.
Il possédait 100 cavales, 12 à 15 étalons.
80 poulains environ par an naissaient dans ce haras qui avait deux parcs, le Parc d'en-Haut et le Parc d'en-Bas.
Du côté du Planet on mettait les cavales, du côté du Bastillon, les poulains de 3 à 4 ans.

Le Capitaine du château était Jacques du Mancel, seigneur de St Léger qui habitait à Montfort et à St Léger.
C'était un gentilhommme apprécié des rois qu'il avait servis.
Jacques du Mancel avait été bon soldat, avait combattu en Italie dans sa jeunesse, puis s'était distingué à Moncontour en 1569.
Il était devenu colonel de 50 hommes.
Comme retraite, Charles IX lui avait donné le gouvernement de Montfort et de St Léger.
Là, il recevait bien ses amis, il avait une excellente table.

Mais c'était un homme violent.
François Cognet, seigneur de Pontchartrain, avait promis le mariage à sa fille et n'avait point tenu sa promesse.
Le vieux colonel rencontra un jour de marché à Montfort, le jeudi 5 mars 1581, François Coignet, l'attacha au poteau et le roua de coups.
On conduisit du Mancel en prison où il resta quelques mois.
Des protecteurs intervinrent : il fut mis en liberté moyennant une bonne somme d'argent versée à Coignet.
Le vieux colonel avait eu le tort de se faire justice lui-même.
Il mourut à Montfort en 1585 après avoir servi le duc d'Alençon à qui, à l'avènement de Henri III, avait été donné le domaine de St Léger.
A la mort du duc d'Alençon, St Léger fut attribué au duc d'Epernon, Bernard de Nogaret, en 1587, puis à Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse.

La famille du Mancel continua à habiter St Léger.
Le fils du colonel était aussi violent que son père : avec quelques habitants de St Léger, il empêcha le 30 décembre 1611 le curé d'alors de célébrer la grand'messe.
Assisté de Drouin, Colin, Fillette et Corigons, il l'empêcha d'entrer dans son église, parce que, d'après eux, c'était un méchant prêtre qui venait à son église en armes.
Le curé Poulet en fut réduit à faire dresser un procès-verbal par le tabellion de Montfort.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quelques années plus tard, en août 1637, mourait à St Léger Antoine Billard, valet de chambre du roi Louis XIII, bourgeois de Paris, qui fut enterré solennellement en l'église de St Léger où son épitaphe se voit encore.

A cette époque, il y avait de grandes chasses au cerf et au sanglier à St Léger.
Les veneurs ont dressé pour cette époque toute une série de rendez-vous de chasse aux alentours.

En 1661, la duchesse de Chevreuse, Marie de Rohan, réunissait sur sa tête en nue propriété et usufruit le domaine de St Léger qui, en 1692, appartint complètement au duc de Chevreuse par un échange avec Louis XIV.

A ce moment, l'état du vieux château était piteux.
Le 30 décembre 1698, il était constaté que "le vieil chastel de St Léger était en masure et entièrement ruiné, aussi bien que la plus grande partie de la chapelle qui était contre celui-ci."
En 1701, un procès-verbal signale que le vieux château est entièrement ruiné, mais qu'il y avait encore d'anciens vestiges d'une galerie basse de deux pavillons et d'une chapelle.

En 1871, M. le comte de Dion constate que les caves du vieux château placées au-dessous de l'esplanade sont voûtées en berceau plein cintre, construites en moellons avec chaînes de pierres de taille.
Les portes par lesquelles elles communiquent sont surmontées soit d'un arc surbaissé, soit d'un linteau appareillé.
Les couvertures en arc surbaissé et tout l'appareil indiquent une construction fort postérieure au Moyen-Âge, c'est-à-dire qu'au cours de sa décadence on utilisa les parties basses du château.

 

 

toujours la Grande Rue, ou rue principale

 

 

 

 

Mais à l'époque du duc de Chevreuse, si l'ancien château s'en allait en ruines, le nouveau château construit par le duc d'Anjou et le haras étaient loin d'être délaissés.
Il y avait alors à St Léger un grand nombre de chevaux, un grand écuyer, un aumônier, six gardes de haras, deux palefreniers, leurs aides, les maréchaux de forge, un médecin, des officiers, un chirurgien, un apothicaire, un taupier et plusieurs officiers du roi.
Le grand écuyer était alors M. Garsault dont la famille possédait cette charge de père en fils.
En 1679, Colbert avait fait exécuter de grands travaux, par Olivier Imbert le maître-maçon, dans le château et toutes ses dépendances.

Vingt ans plus tard, un douloureux évènement venait attrister le haras de St Léger.
Le 22 mai 1699, l'abbé de la Châtre, aumônier de Louis XIV, qui quelque temps auparavant s'était rendu coupable d'une grave calomnie à l'égard d'un excellent ecclésiastique, se rendait à Pontchartrain, avec Garsault, en calèche découverte et légère.
Les chevaux s'emportèrent, et l'abbé alla se briser contre les pierres et mourut aussitôt.
Garsault blessé fut soigné par des chirurgiens mais mourut quelques mois après. On lui avait prédit qu'il mourrait par les chevaux.
Le haras fut donné en viager par Louis XIV à un des Garsault.

A plusieurs reprises, le célèbre haras fut menacé de disparaître.
Il gênait beaucoup le duc de Chevreuse, et Louis XIV, voulant être agréable à ce dernier, songea à le transporter près de Fontainebleau, puis à Grosbois, puis dans le parc de Rambouillet.
M. d'Armenonville, intendant des finances, qui possédait alors le château de Rambouillet, consentait à le placer du côté de Clairefontaine.
Puis ce projet fut abandonné dès l'année suivante par Louis XIV pour être agréable à M. Garsault, le frère de celui qui était mort en 1699 et qui acheta de M. Boisseul, le successeur du frère, la charge de surintendant des haras, moyennant 50 000 francs.
La charge en rapportait 12.000.
Le haras resta à St Léger jusqu'en 1715 ; il fut alors transféré au Pin.

Le haras fut-il transféré entièrement au Pin, ce n'est pas certain, car le dictionnaire de Lamartinière de la fin du XVIIIe siècle semble dire qu'il y avait encore des chevaux au haras de St Léger à cette époque.

 

  

 

St Léger en Yvelines, dans les années "2 CV" - oblitération de 1960

 

Le début du XVIIIe siècle devait encore amener du nouveau dans le domaine de St Léger.
En 1707, en effet, le comte de Toulouse, nouveau propriétaire du château de Rambouillet, achetait au duc de Chevreuse le domaine de St Léger.
Le haras, comme nous l'avons dit, disparaissait, partiellement au moins, en 1715, mais les eaux et forêts avaient des représentants à St Léger où un notaire exerçait.
Le comte de Toulouse venait fréquemment chasser à St Léger ; c'était un excellent prince aimé des habitants.
Le château, construit par le duc d'Anjou, continuait à être bien entretenu.

Ce devait être un beau château tout à fait confortable.
En effet, pendant le cours de l'année 1742, Louis XV vint coucher 28 jours à St Léger.
Il y venait accompagné d'une quinzaine de courtisans.
En juillet de cette même année 1742, il y passa le mois tout entier.
L'année précédente, le roi Louis XV, alors agé de 36 ans, à la suite d'un grand chagrin, était venu passer plusieurs jours à St Léger en septembre 1741.
Son premier valet de chambre, M. de Nyert, y passa également, allant à Maintenon.
Le duc de Luynes écrit le 12 septembre : "On a eu des nouvelles de St Léger ; le roi est toujours dans une grande tristesse ; il ne mangea ni le 9 ni le 10, le 11 on le pressa d'aller à la chasse ; il y fut mais sans dire mot à personne ; il ne répondit pas même quand on lui demanda l'ordre du jour pour la première chasse."

Le roi revint de St Léger le 15, après avoir chassé, l'air fort sérieux.
Il retourna à St Léger le lundi 18, avec le maréchal de Noailles, MM de Noailles, d'Ayen... pour ne revenir que le 22.
Pendant ce voyage qui fut très triste, Louis XV dit qu'il n'était pas plus exempt de la souffrance, qu'il devait même souffrir davantage.
A ce voyage, il ne joua à St Léger qu'au tric-trac et on parla surtout de religion.
Sa santé donnait quelque inquiétude. Il se purgea, le 27, à un nouveau voyage qu'il fit.

En 1756, il songea même à construire à St Léger un château de 2 millions qui finalement fut édifié par Gabriel sur les bords de l'étang de St Hubert.

 

 

 

le carrefour de la Croix Blanche et l'Arbre de la Liberté planté en 1793

 

 

 

 

le carrefour de la Croix Blanche et le café de la Croix Blanche - 1917

 

 

 

 

 

 

 

 

le carrefour de la Croix Blanche

 

 

 

 

Louis XVI, tant comme dauphin que lorsqu'il fut roi, avant comme après 1783, date à laquelle il acheta Rambouillet et St Léger au duc de Penthièvre, fils du comte de Toulouse, vint aussi fréquemment chasser à St Léger où il avait installé l'équipage de la grande écurie pour les chasses à courre.
En 1775, le roi, pour encourager l'agriculture, exempta d'impôts les terres de St Léger que les cultivateurs défrichaient.
Dans cette paroisse, presque toute la superficie était occupée par des bois et des prairies.
Les défrichements qui eurent lieu alors augmentèrent l'importance de la terre cultivable.
Malheureusement, le gros et le petit gibier dévastaient les récoltes des cultivateurs écrasés d'impôts de toutes sortes. 

 

 

1904

 

 

 

 

le carrefour de la Croix Blanche - carte ayant voyagé en 1909

 

 

 

Aussi, à l'ouverture des Etats Généraux, les cultivateurs de St Léger s'empressèrent-ils d'exhaler des plaintes amères.
Le 1er mars 1789, le curé de St Léger, Paul Brion, annonçait au prône que les habitants étaient invités à se réunir à l'église même le 8 mars pour dresser leurs doléances.
Ils ne manquèrent pas au rendez-vous.

Le 8 mars 1789, ils se réunissaient dans la vieille église sous la présidence de M. de la Mustière, bailli de Rambouillet.
L'assemblée était nombreuse : 65 habitants étaient là.
Il y avait des Delaisse, des Ravenet, des Ribot, des Jouane, des Gaudeloup.
Les plus importants étaient Ménager, syndic de la communauté, M. de la Palisse, M. Labonne.
La commune, dirent-ils, est composée de 160 feux, environ 800 habitants, comprenant surtout de manoeuvriers et des gens de peine qui vivent difficilement.
Les habitants de St Léger se plaignent surtout de voir leurs récoltes dévastées par les biches, les cerfs, les sangliers, les lièvres et les lapins, alors que déjà leurs terres sont des plus médiocres.
Le curé lui-même qui, comme décimateur, a droit à une gerbe sur 13 n'a pas de quoi manger à sa faim.
Les détails qu'ils donnent sont navrants.
Ils se plaignent aussi de commerce parce que la grande écurie, grosse clientèle pour le commerce, a quittté St Léger.
C'est la chasse qui cause leur ruine : ils demandent que les dégâts de gibier soient mieux constatés et que les impôts soient diminués.
Ils terminent par un compliment au roi Louis XVI.

La question du blé, deux ans après, causait une grosse émotion à St Léger.
500 habitants quittent la commune, à la suite de leur maire M. Labonne, et envahissent en septembre 1792 le marché de Rambouillet, mais on le calma et ce fut le seul mouvement insurrectionnel de la commune de St Léger.
St Léger fut alors affublé d'un nom révolutionnaire et s'appela quelques mois Marat-les-Bois.
La Patrie étant proclamée en danger, des volontaires de St Léger répondent à son appel.
Puis le calme se rétablit dans notre pays.
Bien entendu, le nouveau château de St Léger était faiblement entretenu.

Napoléon Ier chercha à lui faire un nouveau sort en l'achetant le 14 mars 1805 avec ses dépendances 22 385 livres.
Il entra ainsi dans la liste civile de l'Empereur et des souverains qui lui succèdèrent puis dans le domaine de l'Etat.
L'Empereur chassa à St Léger.
Les jeunes gens de St Léger se signalèrent pendant les guerres de l'Empire par leur courage sur les champs de bataille.

Le 26 juillet 1830, le rendez-vous de la chasse de Charles X était au poteau des Deux Châteaux.
Avisé des évènements de Paris au Chêne du Roi, Charles X regagna la capitale.

 

 

la rue de la Croix Blanche - "Au Rendez-Vous des Vélos"

 

Mais avant d'arriver à l'histoire contemporaine, il convient de dire quelques mots de l'école et des écoles de St Léger.

Le premier instituteur connu de St Léger fut Jean Oudard, qui exerça ses fonctions de maître d'école-sacristain de 1711 à 1727.
Ses successeurs furent Perrot, Champagne, Dury, Flèche qui mourut à 72 ans en 1802, Mégrot, Cornillon, Penot, Stauffer, Jouanne (Charles-Désiré), instituteur de 1841 à 1873, Guibout, Robert Fouque, Dumont, Mercier, Lemeître qui en 1899 écrivit une bonne monographie de la commune avec Mlle Commissaire.

Le local affecté à l'école et au logement de l'instituteur fut le même de 1717 à 1781.
Il avait été légué à l'église de St Léger par la dame Françoise Ridet, femme de Jacques Perier, officier du haras du roi et garde de la forêt de Rambouillet aux termes de son testament dressé par Maître Dupont, notaire à St Léger, le 9 avril 1717 (les actes de cette étude doivent se trouver chez Maître Royer, de Rambouillet).
Hommage soit rendu, au nom des enfants de St Léger, à Mme Jacques Périer, bienfaitrice de cette paroisse, comme à Béatrix de Montfort qui la dota d'un hôpital et aux anciens instituteurs de la commune.

En 1781, pour créer une école de filles, la commune acheta un corps de bâtiment, Grande Rue, pour y loger les deux écoles.
Jusqu'en 1835, Poigny et Gambaiseuil furent réunis à St Léger pour l'instruction.
Du temps du père Flèche, c'est-à-dire jusqu'en 1802 et encore après, l'école avait environ 70 élèves.
Les élèves payants versaient à l'instituteur 5, 10, ou 15 sous par mois :
Les enfants ne sachant ni lire ni écrire : 5 sous.
Ceux sachant lire : 10 sous.
Ceux sachant lire et écrire : 15 sous.
De plus, en 1820, chaque élève payant devait apporter au maître d'école une miche de pain de 2 livres chaque mois.
La situation des instituteurs s'est notamment améliorée à tous les points de vue, depuis cette époque.
Nous nous en réjouissons avec eux.
  

 

 

 

 

 

 

 

St Léger eut sa part dans les deuils de notre Patrie, au cours du XIXe et du XXe s.

Son territoire fut occupé par l'ennemi pendant les invasions de 1814 et 1815.
La commune, en 1815, eut à supporter en plus une dette de 8 000 francs, somme importante pour l'époque.

Mais en 1870, l'invasion allemande lui fut encore plus douloureuse.
Les premiers cavaliers ennemis (uhlans et hussards verts) se présentèrent à Rambouillet le 21 septembre 1870.
Apprenant qu'il n'y avait de ce côté ni mobiles, ni franc-tireurs, ils se retirèrent, annonçant que d'autres troupes viendraient.
En effet, des hussards blancs firent leur entrée à Rambouillet, le 23, et brisèrent les armes de la garde nationale.
Le 25, Jules Robillard de Groussay, ayant blessé légèrement un Allemand, fut condamné à mort.
Le 27, les troupes allemandes se replièrent sur Versailles.

Mais un incident s'était produit sur la route du Perray à St Léger.
Quatre ou cinq uhlans avaient été attaqués par des bûcherons, un ou deux avaient été tués.
St Léger et Poigny furent déclarés responsables de cette affaire.
Le 2 octobre au matin, la commune de Poigny est cernée.
On se précipite vers l'Etang de la Cerisaie, d'où sont partis les coups de feu.
Aux sapins qui bordent la route étaient attachés, par les pieds, le corps labouré de coups de sabre et les entrailles pendantes, deux bergers de Rambouillet, dans la hutte desquels on avait découvert un vieux fusil.

Les soldats allemands qui chantaient des choeurs se dirigèrent sur St Léger ensuite.
Ils étaient quatre, envoyés par leur colonel pour chercher le maire de St Léger qui devait se rendre en écharpe au Perray où se trouvait le régiment.
Après avoir requis une charrette dans le village, ces hommes emmenèrent M. Jouanne, le maire de St Léger, agé de 67 ans, et à son arrivée au Perray le mirent au poste.
Le colonel était à déjeuner ; on attendit son arrivée pour décider le sort du prisonnier.
Pendant le repas du colonel, les soldats s'emparèrent de M. Jouanne et en firent leur plastron, l'outrageant, lui crachant au visage et le pendant à deux reprises avec son écharpe, la deuxième fois on le pendait tout à fait.
Le colonel enfin parut, menaça vivement M. Jouanne et le fit relâcher : vers 4 heures, le prisonnier put revenir à St Léger.

Le village était en alarme : malgré le dévouement du curé, M. Cucural, qui avait fait de son mieux, on avait fusillé trois habitants de St Léger, le 20 octobre à midi, puis Germain Lalandre, âgé de 56 ans, qui avait deux enfants dans ses bras, le même jour à 2 heures du soir, au pré de Nogent, et Théophile Mérigot, âgé de 18 ans, maçon, à 6 heures et demi, au même endroit.
Les Allemands, après les avoir fusillés, pendirent aux arbres ces deux malheureux pour épouvanter la population.

Seize habitants avaient été amenés au Bois Boulleau et attendaient la mort.
L'abbé Curcural se rendit au Bois Boulleau et supplia l'ennemi qui leur fit grâce.
Jouanne, de retour du Perray, calma la population et donna la sépulture aux trois morts.

Le 18 octobre, les Prussiens vinrent faire à St Léger une réquisition de vivres.
Jouanne était à labourer dans la plaine à 2 kilomètres.
Les Allemands allèrent le chercher, le firent monter sur son cheval et le ramenèrent au galop à coups de plat de sabre, tantôt sur l'homme, tantôt sur l'animal.

Le 12 novembre, ils revinrent encore pour des réquisitions de vivres.
Ils prirent le maire de St Léger chez lui, à 9 heures du matin, pour les accompagner dans les pays voisins, le menaçant de mort s'ils rencontraient des francs-tireurs.
Jouanne était en sabots ; à jeun, il allait doucement.
On le força à hâter le pas, à coups de plat de sabre, puis comme il ne marchait pas assez vite, ils voulurent l'attacher à la queue de leurs chevaux, mais ils y renoncèrent.
La course dura 3 heures. Au bout de ce temps, M. Jouanne, exténué de fatigue, tomba. Les Prussiens le laissèrent à terre.
Le maire de St Léger, vers la fin du jour, put regagner la ferme de Planet, où on lui donna l'hospitalité.
Enfin, le soir, il rentra à St Léger.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Récemment, je suis allé au cimetière de St Léger m'incliner devant la tombe de Gabriel-Alexis Jouanne, l'ancien maire de St Léger de 1870, mort le 21 janvier 1874, père de mon ancien collègue du Conseil Municipal de Rambouillet, grand-père de Mme Gérard de Rambouillet, et aussi devant le monument élevé à la gloire de Batouflet, Mérigot et Lalande, victimes des Allemands.
Hommages soient rendus à ces honorables citoyens et que leur souvenir vive.
N'oublions pas non plus l'abbé Curcural, le curé de St Léger en 1870.

Hélas, le monument élevé à la mémoire des victimes de 1870 ne devait pas être le seul que St Léger devait élever à ses concitoyens morts pour la Patrie.
Comme en 1792 et en 1870, les enfants de St Léger répondirent à l'appel du pays en danger.
En 1914, hélas ! 40 d'entre eux tombèrent au champ d'honneur.
Gloire soit rendue à ces vaillants enfants de l'Yveline !
Cette fois, ils ont vengé leurs anciens de 1870.
 

 

 

 

Forêt de Rambouillet - Environs de St Léger en Yvelines - Gambaiseuil

  

 

 

uelles conclusions tirer de ce résumé de l'histoire de St Léger ? 

 

 

La petite commune de St Léger a des origines anciennes.
Elle a un passé intéressant : son château vieux et son château neuf ne sont plus, il est vrai, que de lointains souvenirs.
Le château neuf n'est plus représenté que par une porte ancienne sur la route de Condé.

Les habitants ont de tous temps été laborieux, sous la monarchie, sous la Révolution, sous l'Empire et sous la République.
Ils ont été de bons défenseurs de notre pays.

Ils sont restés fidèles à leur petite patrie : de 200 paroissiens du temps de Philippe-Auguste, leur population atteignait, en 1734, 125 feux, c'est-à-dire environ 700 habitants, puis 800 au moment de la Révolution.
Elle s'est maintenue à 700 jusqu'à ces derniers temps.
Elle a diminué en raison de la coupe sombre de la guerre, mais elle reviendra à son chiffre ancien.

La culture de la terre qui ne s'applique qu'à environ 300 hectares ne représente pas le dixième de la superficie de la commune, riche surtout en bois et en prairies.

 

 

 

 

 

carte postale ayant voyagé en 1907

 

 

 

 

la fontaine du Gros-Billot à nouveau, quelques années plus tard

 

 

Les écoles de St Léger ont à peu près le même effectif qu'autrefois.
En 1904, une belle maison scolaire a été construite pour les garçons et les filles qui travaillaient activement sous la direction d'un bon maître et de bonnes maîtresses.

Le progrès est lent, mais il vient à son heure.
Il y a un siècle, ce pays était dépourvu de routes.
La route de Montfort n'existait pas, la gare prochaine est à quelques kilomètres, au Perray ; cette gare voisine a un service automobile.

De 1900 à 1910, St Léger a espéré comme Rambouillet un tramway allant de Houdan à Montfort.
Si ses espérances de ce côté ont été ajournées par la guerre, le développement des transports en commun par automobiles et camions facilitera à St Léger les communications qui lui manquent pour son industrie du bois, ses exploitations de carrières des Mares-Gauthiers, pour ses balais.
Les restaurants de St Léger sont bien achalandés.

Robert le Pieux a donné à St Léger un service d'eau qui a duré plusieurs siècles.
Son maire et son Conseil Municipal, suivant la voie du progrès, lui ont donné une lumière qui durera toujours avec l'électricité."

Félix Lorin

 

 

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 erci de fermer l'agrandissement sinon.