Léger, d'Autun

D'après le dictionnaire d'Archéologie et Liturgie de Dom H. Leclercq
Paris

1929

I.

Vies latines de Saint Léger

VIII.

Séjour à Luxeuil

II.

La vie romane de Saint Léger

IX.

Siège d'Autun (676)

III.

Jusqu'à l'épiscopat

X.

Passion et supplice

IV.

Débuts de l'épiscopat

XI.

Le testament et l'aumône de Saint Léger

V.

Concile d'Autun

XII.

Translation

VI.

La rivalité avec Ebroïn

XIII.

Le culte

VII.

Disgrâce et fuite

XIV.

Reliquaire

 

Vies latines de Saint Léger

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On a longtemps cru posséder deux vies de Saint Léger, contemporaines du saint.

La première contenant la vie et le martyre a pour auteur un anonyme, moine de Saint Symphorien d'Autun, écrivant par ordre de l'évêque Hermenaire, premier successeur de Léger sur le siège d'Autun, d'abord pendant l'exil du saint et ensuite de façon plus régulière, après le martyre de Léger. La deuxième vie a pour auteur un nomme URSIN qui écrivit pour déférer à la demande d'ANSOALD, évêque de Poitiers et d'AUDULFE, abbé de Saint Maixent.

Les deux écrits rapportent les faits dans le même ordre, ils offrent certaines parties communes et, sur différents points, des discordances notables. Reste à savoir lequel des deux biographes a le plus droit à la confiance.

Chose surprenante, les historiens et les critiques tombent d'accord pour sacrifier Ursin. Cette mésaventure est du nombre de celles qu'un auteur du passé ne doit pas prendre au tragique. Chassé et vilipendé par les uns, il est rappelé et vilipendé par les autres, ce fut le cas d'Ursin. Il était visible que les parties communes aux deux compositions s'encadraient à merveille dans celle d'Ursin, tandis que, tout au moins dans le style, elles se présentaient dans celle de l'anonyme comme des pièces de rapport et, même, assez maladroitement rajustées. A ce coup, Ursin rentrait en grâce, retrouvait la faveur, redevenait la source et le véritable biographe de Saint Léger. Dès lors, l'anonyme tombait au rang de simple commentateur et Ursin devenait la source principale pour toutes les parties communes aux deux vies. Pour trancher la difficulté, à défaut d'un texte, il fallait recourir à l'hypothèse d'une source commune à laquelle Ursin et l'anonyme eussent puisé chacun de son côté.

Le jésuite de Bye, bollandiste, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, émit une hypothèse et l'appuya de cette considération que l'anonyme dit s'être servi, pour la translation du corps de saint Léger d'Arras à Poitiers, du récit d'Audulfe, abbé de Saint-Maixent, qui présida à cette translation. L'explication ne satisfait pas, et on continua à admettre la parenté des deux sources. On ne s'expliquait pas comment les auteurs contemporains de l'événement s'étaient trouvés dans le cas de recourir à un secours de ce genre, on s'étonnait qu'ils n'en eussent rien dit dans leurs prologues où ils se réclamaient uniquement de témoignages oraux dignes de foi.

Mabillon avait eu sous les yeux et feuilleté le manuscrit qui contenait la solution de ce petit problème critique ; c'était un manuscrit de l'abbaye de Moissac, du Xe siècle, entré depuis à la Bibliothèque nationale, M. Br. Krusch y a trouvé un texte qui résout la question des sources de l'histoire de saint Léger, texte peu différent de celui de la Vie anonyme, mais contenant, pour les passages communs à cette Vie et à celle d'Ursin, des récits plus concis et qui se trouvent en parfaite harmonie de ton et de style avec le reste de la Vie anonyme. L'étude de ce récit a conduit aux conclusions suivantes :

A la demande de l'évêque Hermenaire, un moine de l'abbaye de Saint-Symphorien d'Autun entreprit d'écrire la Vie de saint Léger, quelques années seulement après la mort du saint. L'occasion était toute trouvée d'y introduire une apologie du successeur de Léger, laquelle pouvait n'être pas superflue. Tous les détails de cette Vie, et le style même, manifestent un auteur contemporain, véridique suffisamment - sauf en ce qui regarde Hermenaire - et bornant son information aux amis de son héros. Cette Vie anonyme est aujourd'hui désignée comme document A.

Dans une période variant entre un demi-siècle et un siècle après, la Vie anonyme tomba aux mains d'un écrivain qui dit s'appeler Ursin, moine de l'abbaye de Saint-Maixent au diocèse de Poitiers.

Celui-ci retoucha le récit, lui donna un tour littéraire dont l'idée seule et l'exécution moins encore ne pouvaient venir à l'époque mérovingienne. Ces améliorations sont obtenues aux dépens de l'exactitude, et c'est la vérité qui fit les frais du beau langage. Ursin a plus fait qu'embellir : il a ajouté, par exemple, quand il fait de Saint Léger un maire du palais de Neustrie sous Childéric III, de 673 à 675, ou bien encore quand il lui confia le titre d'abbé de Saint-Maixent avant l'épiscopat d'Autun. C'est ici le document B.

Un troisième biographe ne visa à rien de plus que de réunir dans un récit unique les faits particuliers survenus dans la Vie anonyme et dans l'œuvre d'Ursin ; il y réussit sans trop de peine, probablement, car il se contenta de transcrire à peu près littéralement les extraits de ses deux modèles, sans rien ajouter du tout. C'est le document C.

Ces trois pièces ont été rédigées : A, dix ans à peine après la mort de Léger ; B, dans la seconde moitié du VIIe siècle ; C, à la fin du VIIIe siècle ou au commencement du IXe. En outre, A est la source principale de B et ces deux textes ont permis la composition de C, il ne s'ensuit pas que B et C aient perdu toute valeur.

D'abord, le document A est malheureusement incomplet dans le seul exemplaire manuscrit que nous en ayons jusqu'ici. Il commence au récit du siège d'Autun en 674, et s'arrête dans celui du meurtre d'Ebroïn, qui paraît avoir suivi de trois ans la mort de Saint Léger, c'est à dire qu'il ne comprend guère que l'histoire du martyre du saint.

Parmi les divergences relevées entre A et B, quelques-unes ne consistent qu'en des traits ajoutés dans B et se rapportant particulièrement aux premières années du saint et aux incidents de son séjour à Poitiers ; l'écrivain poitevin se trouvant mieux en mesure d'être renseigné à cet égard, sa véracité ne peut, évidemment, être révoquée en doute, ici à cause du silence de A. D'autres divergences vont jusqu'à la contradiction entre les deux récits, et en pareil cas on constate une altération manifeste de A par B, soit d'une manière inconsciente, parce qu'il a mal compris le texte qui lui servait de guide, soit avec intention, afin de présenter les faits sous des couleurs plus favorables à son héros.

Les deux auteurs ne s'entendent pas sur l'origine de la première disgrâce de Saint Léger. D'après A, le roi Childéric étant venu à Autun pour la fête de Pâques, un sycophante le persuada que l'évêque conspirait avec le patrice Hector de Marseille pour se défaire de lui. Suivant B, c'est au contraire Léger qui est secrètement prévenu que le roi en veut à sa vie. Il semble bien qu'en cela Ursin a voulu écarter du saint jusqu'à l'ombre d'un soupçon défavorable, mais est-il bien sûr qu'il ne l'ait pas fait de bonne foi, en se rapportant à la version des partisans et admirateurs de l'évêque d'Autun ?

Une divergence plus remarquable se trouve dans les récits de ce qui se passa au concile convoqué par Thierry III dans une des ses résidences royales pour juger Saint Léger, deux ans après la seconde déposition de celui-ci. Au témoignage de A, l'évêque y fut accusé du meurtre de Childéric II et dégradé publiquement avec les cérémonies humiliantes usitées en pareil cas. Ursin raconte les choses tout autrement. A l'en croire, ce sont les adversaires de Léger qui furent l'objet des sévérités du concile. Léger y fut amené sans doute ; mais il ne comparait pas même devant les évêques réunis : tout se borne pour lui à un entretien particulier avec le roi et avec Ebroïn. Assurément, le récit de B fourmille d'invraisemblances, d'incohérences et d'incertitudes ; mais, encore une fois, tout cela ne s'explique pas facilement chez un écrivain qui n'a pas été mêlé aux évènements et qui rédige sa narration loin du théâtre où ils se sont passés, d'après des témoignages intéressés à lui cacher la vérité et pour des lecteurs prévenus dans le même sens.

Enfin, nous voyons B rapporter gravement que lorsque Childéric II, déjà roi d'Austrasie, fut proclamé roi de Neustrie, Saint Léger, en grande faveur auprès de lui, fut élevé à la dignité de maire du palais et qu'il garda cette dignité pendant près de trois ans. Or ni le texte A ni aucun autre document contemporain ne dit mot d'un fait si considérable ; de plus, l'auteur de B aurait dû savoir que les fonctions de maire du palais étaient incompatibles avec celles de l'épiscopat, que Childéric II amena avec lui en Neustrie le maire du palais d'Austrasie Vulfoald, et que celui-ci ne retourna en Austrasie qu'après la mort violente de son maître. Ursin aurait dû savoir tout cela ; tout Franc à l'époque mérovingienne le savait. Peut-être ? Un Franc mêlé aux affaires, c'est probable ; mais un moine claquemuré dans un monastère où il passait son temps à écrire des livres, est-ce une chose aussi sûre ?

Ce moine ne s'employait pas seulement à écrire des livres. Il s'appliquait à les écrire en un style élégant, à construire des phrases qui pussent être comprises sans cesser d'être correctes ; il préférait des termes classiques ou réputés tels au pur jargon mérovingien dont faisait usage le moine de Saint Symphorien. Tout en se servant de ce dernier, il risquait d'améliorer certaines expressions et de remplacer certains mots. Mais est-ce vraiment chose impossible qu'au milieu de la corruption de langage régnant au VIIe siècle et pendant la première moitié du suivant, il se soit trouvé par-ci, par-là, dans certaines écoles épiscopales ou monastiques, quelques restes de traditions littéraires plus pures, et des écrivains encore capables de manier la langue latine avec assez d'aisance pour tenir à l'écart les termes barbares qui avaient envahi le langage courant ? Ursin n'est peut-être pas l'imposteur qu'on a imaginé. Qu'on se défie de la valeur de son témoignage lorsqu'il n'est pas d'accord avec celui d'autres documents respectables, à la bonne heure ; mais il ne faut pourtant pas rejeter absolument son autorité, là surtout où il s'agit de choses qu'il était en situation de bien savoir.

Lui seul nous dit que saint Léger fut avant son épiscopat, pendant six ans ou plus, abbé de Saint-Maixent et qu'il fut appelé de là à la cour par la reine régente Berthilde. Ces détails ne se lisent pas dans C, et ne doivent donc pas se trouver dans A ; mais un moine de Saint-Maixent était particulièrement bien placé pour les connaître et surtout s'il était contemporain, il n'y a pas lieu de récuser son témoignage.

 

La vie romane de saint Léger

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Le manuscrit 189 de la bibliothèque de la ville de Clermont-Ferrand est, paraît-il, un objet de pèlerinage (ou d'excursion) pour les "romanistes". Il contient, entre autres pièces, un poème en langue romane qui n'est qu'une interprétation d'après Ursin de la vie de Saint Léger. Cette partie du manuscrit appartient au commencement du XIe siècle.

Le manuscrit a fait l'objet d'une minutieuse description de Aimé Champollion-Figeac, dans le tome IV des Mélanges de la collection des Documents Historiques, en 1848 ; l'édition a paru, comme tirage à part avec la date de 1849. D'après l'édition de Champollion, le Saint Léger fut réédité par Diez en 1852 à Bonn. La même année, Edélestan du Méril, dans l'appendice de son Essai philosophique sur la formation de la langue française, réimprimait les dix-huit premières strophes du poème ; grâce à la complaisance du bibliothécaire de Clermont, Desbouis, il avait pu donner un texte très différent de celui de Champollion-Figeac et très amélioré. En 1855, Conrad donna dans les Sitzungsberichte de l'Académie de Munich des corrections en général très bonnes et confirmées en plus d'un cas par le manuscrit.

En 1866, Bartsch donna dans sa Chrestomathie les vingt-cinq premières strophes du poème. En 1872, G. Paris publia dans Romania, t.1, p. 273-317, l'édition du poème entier précédé d'une introduction philologique. Le poème a été publié encore par P. Meyer.

Champollion-Figeac regardait le manuscrit comme ayant été écrit et l'un des poèmes au moins qui s'y trouvent comme ayant été sûrement composé en Auvergne ; selon lui la Vie de Saint Léger "ne conserve point de trait caractéristique du dialecte arvernien" ; cette légende en vers peut donc avoir été composée dans le Limousin, le Poitou ; le culte de saint Léger y fut très répandu. Diez juge que "le dialecte incline évidemment vers la forme française… Champollion, dit-il, suppose que cette légende a été composée en Limousin ou en Poitou, mais il ne tire pour appuyer cette conjecture aucun argument de la langue". Du Méril dit que le Saint Léger a été imprimé "comme un texte roman-provençal, par suite, sans doute, de ces préoccupations patriotiques qui ont joué un si grand rôle dans les travaux sur les origines de la langue." Car la forme générale de la pièce est évidemment normande, et elle est datée dans les termes les plus positifs de l'abbaye de Fécamp.

Que la forme de la pièce soit "évidemment" normande, c'est ce que du Méril a été seul au monde à apercevoir ; quant à la date positive, elle n'y est pas ; ciel est un simple démonstratif employé au sens de l'article, comme il arrive si souvent dans l'ancienne poésie française. On aurait aussi bien le droit de dire que le poème est daté d'Autun.

Pour Paul Meyer, tout ce qui dans la Vie de Saint Léger "a l'apparence provençale est bien certainement le fait du copiste" ; c'est également la pensée de Gaston Paris, tandis que A. Boucherie tient fidèlement au dialecte poitevin.

La Vie de Saint Léger est écrite en assonances, à la fois très libres (quant aux consonnes qui suivent la voyelle accentuée) et très rigoureuse (quant à cette voyelle elle-même), comme toutes celles de notre poésie la plus ancienne. Elle nous offre le plus ancien exemple du vers octosyllabique français.

 

[ la Vie de Saint Léger, par un auteur anonyme - 2e moitié du 10e s. ]

 

La pièce est écrite en strophes de six vers rimant deux par deux ; les strophes, malgré la simplicité de leur structure, ont une véritable unité de forme et de sens, qui les détachent naturellement l'une de l'autre. La strophe de trois paires de vers plats se trouve, quoique rarement, dans la poésie antérieure à notre poème ou contemporaine. En se développant en français, ce vers s'est modifié conformément aux lois et aux harmonies de la langue elle-même. Au XIIe siècle, dans Wace et ses successeurs, il a déjà la forme qu'il a toujours gardée depuis, c'est à dire qu'il est à volonté masculin ou féminin, qu'il n'a pas d'hémistiche, et qu'il n'a de constamment accentuée que la huitième syllabe. Mais divers monuments, dont la Vie de saint Léger est le plus ancien, nous le montrent en pleine transition entre la rigoureuse construction latine et la libre forme moderne.

L'assonance, qui dans notre poème remplace la rime, est une première déviation du latin : elle s'est produite de fort bonne heure, car nous la voyons déjà employée dans la correspondance aigre-douce échangée par deux évêques : Frodebert et Importunus, laquelle, sous une forme bien altérée, nous offre à coup sûr la plus ancienne poésie vulgaire qui soit arrivée jusqu'à nous. Cette assonance est, plus tard, revenue à la rime pure. Dans la Vie de Saint Léger, les assonances sont toutes masculines.

Champollion-Figeac raconte que l'auteur de la Vie de Saint Léger a suivi presque pas à pas un poème latin contenant la vie et les miracles du saint, remontant au IXe siècle, conservé dans un manuscrit de Saint-Gall. Champollion n'a tiré aucun secours de ce texte, qui ne pouvait lui en fournir. Dans ce même poème latin, du Méril a découvert de son côté la confirmation d'une trouvaille faite dans Saint Léger. Il y lisait que le poème avait été composé à l'abbaye de Fécamp.

Diez avance que l'auteur roman a sûrement connu la Vie du moine de Saint Symphorien, celle d'Ursin de Ligugé et le poème publié en 1846 par dom Pitra. En outre, l'auteur a eu recours à la tradition. Ce jugement est peu vraisemblable, voici pourquoi : en 681, on transporta à Saint Maixent le corps de St Léger, qui en avait été abbé ; à cette date, Ebroïn venait de mourir et les honneurs rendus à sa victime pouvaient satisfaire la piété sans compromettre la sécurité de ceux qui se livraient à cette manifestation. Audulf, abbé de Saint Maixent, écrivit le récit de cette translation, et en même temps celui de la passion du saint. Nous n'avons plus le récit lui-même, mais il nous est conservé avec d'assez légères modifications dans les deux Vies de Saint Léger, cette du moine de Saint Symphorien et celle du prieur de Ligugé. Arrivés au récit du long martyre de l'évêque d'Autun, les deux écrivains sont tributaires de la narration d'Audulf.

L'ouvrage du moine de Saint Symphorien n'a pas eu le succès de celui d'Ursin, qui a servi de base aux deux biographies qui restent à mentionner. L'une est celle que Fruland, moine de Murbach en Alsace, écrivit au XIe siècle. Elle n'a aucune espèce de valeur, n'étant qu'une amplification, souvent infidèle, du texte d'Ursin.

Si maintenant nous comparons notre poème français à ces divers textes latins, nous arrivons à conclure que l'auteur a eu aussi sous les yeux la biographie d'Ursin, et qu'il n'a connu ni celle du moine de Saint Symphorien, ni la vie en vers. Il a suivi sa source avec fidélité, si ce n'est qu'il l'a très fortement abrégée, qu'il y a fait quelques additions, et qu'en deux ou trois passages il ne l'a pas comprise.

La strophe 3, où commence la coïncidence du poème avec Ursin, est de nature à montrer le rapport des deux textes. Champollion a déjà relevé l'erreur contenue dans le dernier vers cité : le roi auquel Léger fut présenté enfant est Clotaire II, et non Clotaire III, fils de Baldechild. (…)

(…) Les souvenirs laissés par Saint Léger furent surtout vivaces en Poitou et en Bourgogne ; la translation à Saint Maixent en 681 et l'épiscopat d'Autun furent les deux points autour desquels se développa le culte du saint. Le poème roman a certainement été composé vers le milieu du Xe siècle, dans une ville où on célébrait la fête de Saint Léger, et probablement à Autun plutôt qu'à Poitiers. D'une part, il n'y a pas trace de dialecte poitevin dans le poème, il y a même des formes qui paraissent toutes bourguignonnes et en tout cas étrangères à tous les dialectes occidentaux du français ; d'autre part, il n'est pas dit un mot des reliques du saint, et cette omission serait peu naturelle en Poitou, où on possédait son corps. Au contraire, à Autun on n'avait pas de reliques : celles que l'on montrait au XVIIe siècle étaient évidemment sans aucune authenticité.

Les Bollandistes pensent que c'est à Autun qu'on a le plus anciennement célébré la fête de Saint Léger, et c'est là aussi, suivant les plus grandes probabilités, qu'un clerc a dû composer, sous les derniers Carolingiens, son récit strophique en roman, destiné à être chanté au peuple. Cette destination est évidente par les notes de musique qui accompagnent les premiers vers du manuscrit : toutes les strophes se chantaient sur le même air, ce qui n'est sans doute pas étranger au soin qu'a pris le poète de n'employer que des assonances masculines : les vers féminins qui se trouvent irrégulièrement mêlés aux masculins dans la passion du christ, par exemple, devaient embarrasser les chanteurs.

 

Jusqu'à l'épiscopat

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La plus ancienne orthographe et celle même qu'adoptait celui qui portait ce nom, celle aussi du manuscrit contenant le récit contemporain des dernières épreuves du saint, est LEUDEGARIUS dont on fit par la suite LEODEGARIUS. Celui qui illustra ce nom est communément désigné aujourd'hui sous celui de Saint Léger. Le P. Cahier le donne pour patron aux boulangers et aux meuniers de la Brie ; il semble cependant que ce soit une clientèle très différente qui doive invoquer le célèbre évêque d'Autun, que sa carrière et ses épreuves désignent pour être le recours et l'exemple de la pétulante confrérie des ecclésiastiques qui versent dans le politique. Il en fut une intrépide et touchante victime. On a pu discuter le rôle qu'il y a joué et dire de lui qu'il eût connu une vie plus heureuse s'il l'avait consacrée exclusivement aux soins de son église ; nous n'avons pas à le critiquer mais seulement à résumer sa vie.

Saint Léger était né vers l'année 616 de race noble. On ne sait rien touchant son père. Sa mère avait nom Sigrade, bien apparentée puisqu'elle eut pour sœur Béreswinde, mariée à Athabric, duc d'Alsace, et pour frère Didon, évêque de Poitiers. Ce fut Didon qui veilla sur la formation intellectuelle de son neveu en le confiant à un prêtre chargé de son éducation. On croit volontiers que la jeunesse et l'adolescence d'un caractère trempé comme l'était celui de Saint Léger n'ont rien eu de la mollesse et de la dissipation qui sont l'écueil d'un grand nombre. Didon ordonna son neveu et lui confia la charge d'archidiacre, ce qui lui conférait une part dans l'administration du diocèse, à laquelle il se trouvait préparé par l'étude du droit civil.

La chronologie de cette période peut s'établir ainsi. L'évêque Didon de Poitiers succédait à Jean qui avait siégé au concile de Reims en 625. Or le roi Clotaire II, qui mourut en 629, confia Léger, que ses parents faisaient élever au Palais, à l'évêque Didon. C'est donc probablement en 627 ou 628 que l'enfant, âgé d'une dizaine d'années, vint à Poitiers. Il y reçut le diaconat à l'âge de 20 ans, peu de temps après le titre et la charge d'archidiacre.

Le biographe Ursin prodigue les descriptions et les particularités. Nous avons dit que cet auteur est loin de mériter une complète créance ; toutefois il est possible qu'il soit véridique quand il assure que l'archidiacre de Poitiers devint abbé au monastère de Saint Maixent vers 653. L'abbatiat de Saint Léger aurait eu une durée de six années environ, ce qui nous achemine vers l'année 659 ou 660.

Le reine Bathilde, régente du royaume d'Austrasie pendant la minorité de son fils Clotaire III, entendit faire l'éloge des qualités de l'archidiacre de Poitiers ou de l'abbé de Saint Maixent, et l'appela à faire partie du conseil de régence, où il se rencontra avec Ouen évêque de Rouen et Chrodobert, évêque de Paris. On ne peut faire la part personnelle de Saint Léger dans les mesures de gouvernement auxquelles il prit part pendant plusieurs années, jusqu'en 663, date à laquelle il fut élevé sur le siège épiscopal d'Autun. Il succédait à Ragnobert, dont le nom se lit encore en 660 sur deux privilèges concédés à Sainte Colombe et à Saint Pierre de Sens.

Mais depuis lors et pendant deux années environ, l'église d'Autun voyait deux compétiteurs aux prises et ne reculant pas devant les pires violences, à ce point qu'un des deux fut tué et l'autre pris la fuite ou fut exilé. C'était à cette succession difficile que la reine Bathilde appelait Saint Léger.

 

Débuts de l'épiscopat

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L'évêque s'affirma dès son arrivée comme un chef énergique et volontaire. Les fauteurs de troubles, ceux qui à la faveur d'une situation violente espéraient continuer à s'enrichir furent terrifiés. Tous comprirent qu'ils avaient un maître, et ceux que la prédication n'aurait pu persuader se rendirent à la peur et à la force. Le droit mettait aux mains de l'évêque des armes dont Léger était disposé à se servir : le silence et la soumission ou bien l'exil. En même temps, les pauvres étaient l'objet de tous ses soins et leur reconnaissance affermissait son autorité.

Dans sa cité épiscopale, jadis éclatante comme Trèves et comme Arles, Léger ne voyait guère que des ruines à relever, des réparations urgentes à entreprendre. Le moine de Saint Symphorien était du nombre de ceux qui avaient vu et loué les travaux entrepris par l'évêque : la basilique Saint Nazaire avait reçu un nouvel atrium, son pavement avait été refait, son mobilier liturgique complété, vases sacrés, tentures tissées d'or, son baptistère remis en état et décoré. Le corps de Saint Symphorien avait été transporté dans une tombe nouvelle ; enfin les murailles de la ville avaient été réparées, les maisons relevées, les édifices restaurés.

Ces murailles de la ville n'étaient pas l'enceinte romaine, car une pareille entreprise eût englouti à peu près sans résultat les chétives ressources d'un évêque franc du VIIe siècle. L'enceinte d'Autun, au temps de l'empire dans sa prospérité, avait été une épaisse muraille de 2 m 50 environ, haute de 13 mètres, flanquée de 62 tours, percée de 4 portiques monumentaux et s'étendant sur une longueur de 6 kilomètres. Ce magnifique ouvrage avait été assailli par les Bagaudes en 270 et depuis lors n'avait pas été réparé, de sorte qu'il eût été impuissant à soutenir le choc des barbares. C'était désormais à Autun, comme dans des centaines d'autres villes, une carrière de matériaux taillés ouverte à tous ceux qui avaient le désir d'y puiser.

Les villes se rétrécirent, se ramassèrent dans une enceinte plus étroite et, à Autun comme presque partout ailleurs, l'instinct de la conservation conseilla le choix du point désigné par la science militaire des ingénieurs romains d'autrefois, comme le plus avantageux à une défense assez prolongée pour espérer d'être victorieuse. Ce réduit, cette citadelle, donna naissance à ce qu'on appela le castrum, le "château". Le castrum d'Autun, situé au point culminant de la ville romaine, occupait à l'angle méridional de l'ancienne enceinte un espace de plus de 10 hectares de superficie.

Protégé de deux côtés par les anciens murs flanqués de tours plus rapprochées entre elles que sur aucun autre point de l'enceinte, il ne restait ouvert que d'un côté, celui de la ville. On le ferma d'une muraille dont il a été possible de nos jours de retracer le parcours. Partant de la tour enclavée dans la maison dite des missionnaires, cette muraille suivait les bâtiments du palais épiscopal, passait sous le palais de justice, la prison, l'hôtel Rolin, l'ancienne porte des Blancs, puis remontant brusquement vers le sud longeait l'arrière des bâtiments et se raccordait avec la muraille romaine au-dessus de la tour de Bretagne.

C'est dans l'enceinte du castrum que tenait désormais Autun, avec sa cathédrale dédiée à Saint Nazaire et la maison de l'évêque, joignant d'un côté le rempart du Ve siècle et de l'autre la cathédrale. Il s'en faut de peu que ce soit encore l'emplacement de l'évêché. A l'est du palais épiscopal, il existe une tour carrée appelée indûment Tour de Saint Léger.

 

Concile d'Autun

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L'évêque d'Autun réunit un concile destiné dans sa pensée à aider au rétablissement de la discipline et de la foi. Malheureusement aucun manuscrit ne nous en a conservé le texte intégral. Les quelques canons que nous connaissons ont été transmis par la collection du manuscrit d'Angers. Il semble qu'on ait procédé à une date inconnue à un classement de ces canons en deux séries distinctes suivant leur destination ; les uns concernaient les séculiers ou les clercs, les autres visaient les moines. Les série de canons relatifs aux moines condamne la pratique du pécule, les empêchant de s'affilier à des confréries, académies, sociétés, etc.

Déjà au VIIe siècle, on connaissait la plaie des moines itinérants qui, sous un prétexte quelconque, étude, prédication, visitaient les villes et s'y attardaient. Saint Léger, qui s'était fait la main à Poitiers avec de semblables traînards, recommandait qu'on les adressât à l'archidiacre. Il se chargeait d'apprendre à l'archidiacre d'Autun comment les recevoir.

Vers la fin du VIIIe siècle, en Bourgogne surtout, la règle de Saint Benoît était encore loin d'avoir prévalu sur la règle de saint Colomban implantée à Luxueil.

On peut situer la date de ce concile vers 670, on peut se contenter de le situer dans la première moitié de l'épiscopat de Saint Léger.

 

La rivalité avec Ebroïn

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Le conseil de régence qui entourait la reine Bathilde fut mal inspiré et fit un choix malheureux. Le maire du palais Erkinoald étant mort en 660, peu de temps après Clotaire II, il fallu lui donner un successeur. Le choix du candidat à cette charge qui conférait à son titulaire un pouvoir désordonné souleva de longues hésitations ; il s'agissait de se donner un maître qui pouvait devenir un tyran, on hésiterait à moins. Il semble que l'influence de Saint Ouen, de Rouen, fut prépondérante et décisive. L'évêque connaissait et avait confiance dans le savoir-faire d'un certain Ebroïn, originaire du Soissonais. Il fut choisi. Ce n'était encore qu'un habile ambitieux qui réussit, à peine arrivé au pouvoir, à s'y créer un puissant parti. Il envoya partout ses créatures qui, aussi avides qu'impatientes de s'enrichir, soulevèrent le mécontentement général. Des évêques pensèrent devoir se faire les interprètes du peuple. Celui de Lyon, Annémond, fut assassiné aux environs de Chalons sur Saône ; Sogobrand, évêque de Paris, périt de la même manière. La reine Bathilde reçut un ordre d'exil déguisé sous la forme de permission de se retirer au monastère de Chelles. Quant au jeune roi Clotaire III, âgé de 15 ans et perverti, il n'était qu'un instrument entre les mains d'Ebroïn.

Celui-ci pouvait être un monstre de férocité, il n'était pas un incapable ni un imbécile. C'était un chef énergique à qui les écrivains ecclésiastiques ne se sont pas préoccupés de reconnaître des qualités véritables ; ils avaient eu si fort à se plaindre du tyran que ce serait leur demander une grande impartialité. Ce n'était pas un impie et il avait montré de la bienveillance pour la religion. Il construisit à Soissons un monastère de femmes, d'accord avec sa femme Leutrude et son fils Bovon ; mais était-ce bien un acte de religieux ? On en douterait parfois quand on se rappelle tous les avantages qu'un monastère pouvait valoir à son fondateur. Quoiqu'il en soit, cette maison fut confiée au gouvernement de l'abbesse Aethéria et obtint un privilège de l'évêque Drauscius en 667 pour qu'on y menât la vie régulière sous la règle de Saint Colomban avec l'office bénédictin.

A cette date, Ebroïn et Léger d'Autun vivaient encore en bons termes. Il habitait la villa Latiniacum (aujourd'hui Lagny-le-Sec, Oise), qui semble avoir été le domaine attribué aux maires du Palais de Neustrie. Les Bourguignons qu'il haïssait y eussent été mal accueillis ; il leur interdit même l'accès du palais royal, sauf le cas où ils y seraient mandés.

L'évêque d'Autun partageait cette répulsion du tout puissant fonctionnaire avec ses compatriotes. Cette animosité tenait à l'attitude des Austrasiens beaucoup moins souples que les Neustriens et toujours frémissants devant les abus et excès de pouvoir d'Ebroïn.

Moins peut-être par esprit de solidarité que par sentiment d'une âme fière, éprise de la justice et du droit, l'évêque d'Autun partageait la manière de voir de ses compatriotes, s'associait à leur opposition. Sa naissance, ses biens, son épiscopat lui imposaient des devoirs auxquels il n'était pas homme à se soustraire ; sa situation pouvait d'ailleurs sembler le soustraire à certains périls d'une opposition déclarée. Il ne manquait pas de gens qui, moins résolus, moins indépendants, moins déterminés que Léger, jalousaient sa personne et sa conduite, bien qu'ils ne trouvassent rien à lui reprocher autre chose, nous dit le moine de Saint Symphorien, que de se tenir inébranlable sur les sommets de la justice. Ces envieux, ne pouvant ou n'osant l'attaquer de face, le dénoncèrent à Ebroïn comme un perpétuel mécontent, un rival toujours prêt à se déclarer. Rien n'était plus facile à soutenir, car l'évêque qui éclipsait le ministre par son talent se refusait à le flatter comme faisaient beaucoup d'autres et bravait ses menaces avec une tranquille confiance.

La mort du jeune Clotaire III, épuisé par les excès et vieillard avant d'avoir atteint l'âge de 20 ans, fut le signal d'une grave révolution (673). A la nouvelle de cette mort, les grands de Neustrie et de Bourgogne prirent le chemin de la résidence royale pour y procéder à la désignation du nouveau roi et lui prêter hommage. Ebroïn craignit l'effervescence toujours possible d'une assemblée, prévint cette réunion en la rendant sans objet.

De sa propre autorité, il proclama roi le jeune Thierry III, troisième fils de Clovis II, et envoya des courriers sur toutes les routes pour signifier sa volonté aux leudes et l'ordre de rentrer chez eux. Mais l'affront était trop cuisant, les leudes passèrent outre aux injonctions et aux défenses d'Ebroïn, se réunirent, détrônèrent Thierry qu'ils jugeaient par trop médiocre et offrirent la couronne à son jeune frère Childéric, roi d'Austrasie, qui paraissait mieux doué. Childéric accepta, accourut avec son maire du palais Vulfoald et fut investi du pouvoir royal en Neustrie et en Bourgogne. Le roi détrôné Thierry III fut envoyé au monastère de Saint Denis ; son maire du palais terrifié invoqua le droit d'asile d'une église pendant qu'on pillait ses maisons et ses coffres. Il ne demandait que la vie, sachant bien qu'elle lui apporterait la revanche ; on l'épargna donc par une pitié imprévoyante et à laquelle les évêques et Léger d'Autun se crurent peut-être obligés. Ebroïn fut tondu et envoyé à Luxueil.

S'il n'avait pas conduit toute l'affaire, l'évêque d'Autun l'avait certainement approuvée. La rapidité à laquelle la situation s'était dénouée, la déposition du roi et de son maire du palais sans coup férir, avaient réduit une révolution aux proportions d'un coup d'état. Toutefois, les leudes, dans la satisfaction de la victoire, n'oubliaient pas leurs griefs anciens et récents ; ils se souvenaient qu'Ebroïn avait aboli le décret de l'assemblée de Paris de 614, ils le rétablirent. Le rôle prépondérant qu'avait rempli Léger pendant ces trois journées décisives lui attira pour un temps, jusqu'à ce qu'ils n'eussent plus besoin de lui, la confiance des leudes et la reconnaissance du roi. L'évêque en était peut-être surpris autant qu'embarrassé, car sa conduite ne devait pas lui paraître à lui-même différente de la règle du devoir. Il avait protesté contre une mesure arbitraire qui livrait le trône au mépris du droit de libre désignation par les seigneurs du royaume. Le coup d'état était une illégalité, mais qui faisait rentrer dans le droit.

Devenu le conseiller le plus écouté du jeune Childéric, l'évêque d'Autun devait lui inculquer, très inutilement, l'horreur de l'arbitraire et s'attirer l'animosité de ce maître qu'il eût voulu guider vers la justice, en même temps que l'aversion des grands et du peuple qui imputaient à tort et à travers à l'évêque les décisions du roi.

 

Disgrâce et fuite

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Léger revint à la politique prudente et décentralisatrice de la charte de 614. Il fit rendre à Childéric II une série de trois décrets aux termes desquels le droit et l'administration de la justice seraient maintenus dans chaque province, conformément aux anciennes coutumes, et les juges choisis dans la province d'où ils étaient issus. Chaque province devait avoir son administration particulière et les gouverneurs ne seraient pas transférés d'une province dans une autre. Après ce qu'on avait vu et souffert récemment, il ne fallait pas être surpris de voir la charge de maire du palais réduite à des conditions presque humiliantes en comparaison de l'absolutisme dont elle avait joui. Désormais le maire du palais était responsable devant les leudes qui jugeraient son administration et condamneraient, au besoin, son gouvernement et sa personne. On n'accusera jamais Saint Léger d'avoir été un rêveur politique, mais peut-être n'apportait-il pas dans cette rude carrière l'inexorable froideur d'un Richelieu pour qui la tête d'un adversaire était une cible à atteindre et un obstacle à renverser. Quand on prend la succession d'un rival tel qu'Ebroïn et qu'on se flatte de faire mieux que lui en faisant autrement, il y a telle précaution élémentaire à prendre que la raison d'état commande et à laquelle un véritable homme d'état se soumet. Ebroïn, vaincu, cloîtré, demeurait le centre et l'espoir d'un parti qui escomptait les fautes de Léger et les passions de Childéric pour remonter au pouvoir.

La situation de conseiller d'un roi qui possède un maire du palais insignifiant comme l'était Vulfoad était si instable qu'elle ne pouvait se prolonger longtemps. Vulfoad jalousait l'évêque, entravait dans la mesure du possible l'application d'une politique sur laquelle on ne le consultait pas : les leudes devaient assez de reconnaissance pour ne mettre désormais aucune limite à leurs revendications que Léger ne pouvait satisfaire : Childéric lui-même se lassait d'un mentor toujours grondeur, et qui blâmait son maître d'avoir transgressé le statut personnel qu'il avait rétabli dans ses royaumes de Neustrie, de Bourgogne et d'Austrasie. Il est probable que les reproches adressés à l'occasion du mariage de Childéric avec Belichilde, fille du roi Sigebert et sa parente, furent plus sensibles à un jeune homme doué de ce caractère fougueux et brutal qui était la tare dynastique des mérovingiens. Des reproches discrets n'ayant pas été écoutés, l'évêque adressa des remontrances publiques, dit très haut que "l'Eglise ne peut prier pour un prince qui viole ses lois". La reine Bélichilde était dès lors acquise au parti hostile à Léger qui, ne se sentant plus nécessaire, plus consulté, à peine toléré, voyant qu'il ne pouvait plus se taire ni écouter ni obéir, crut sage et peut-être habile de s'éloigner. Il regagna son évêché d'Autun vers l'époque du carême.

Peut-être pour dissimuler sa disgrâce ou pour ressaisir son influence sur Childéric, Léger l'invita à venir célébrer la fête de Pâques à Autun. Le jeune roi y trouva un certain Hector, patrice de Marseille, venu solliciter de la justice royale la solution d'un litige. Sa belle-mère Claudia avait légué toute sa fortune à l'église de Clermont dont l'évêque, invoquant les canons, soutenait les droits au détriment de la fille déshéritée de Claudia. L'évêque d'Autun ne partageait pas le point de vue de son collègue de Clermont, et soutenait le bon droit d'Hector, agissant au nom de sa femme ; ce fut assez pour greffer une intrigue politique sur cette affaire, et on fit courir le bruit qu'il y avait partie liée entre Léger et Hector pour ce que nous nommons aujourd'hui un "coup d'état" afin de se saisir du pouvoir. Même à St Symphorien, l'évêque ne comptait pas que des amis ; il se trouvait là un reclus nommé Marcolin qui réussit à inspirer à Childéric la curiosité de l'entendre. Marcolin l'entretint d'un complot et laissa entendre que l'évêque espérait en recueillir le fruit. Celui-ci, averti du péril qu'il courait, célébra la vigile et la messe du jeudi saint. Le lendemain, il ne craignit pas d'aborder Childéric et de s'offrir à la mort, s'il devait unir sa passion à la passion du christ. Des personnages s'entreprirent et évitèrent un crime sacrilège.

La vigile pascale avec ses solennités touchantes et prolongées parut propice à l'assassinat projeté. Childéric passa une partie de la nuit au monastère de St Symphorien et s'y enivra, pendant que dans la cathédrale St Nazaire l'évêque célébrait les chants liturgiques et se rendait au baptistère où l'attendaient les catéchumènes. A ce moment, Childéric, ivre, l'épée nue, pénètre dans l'atrium, se présente à la porte du baptistère, titubant et hoquetant : "Leu-di-ga-rius". Et soudain dégrisé, terrifié, s'arrête, regarde sans voir, de ce regard des ivrognes pour qui tout se confond.

Il s'éloigne et va se jeter dans la chambre qui lui était réservée. Quelques temps après, l'évêque y entre à son tour et vint trouver le roi, lui demandant pourquoi il n'avait pas assisté à la vigile. Childéric, ne se souvenait de rien, bafouilla quelques mots et dit à Léger qu'il se défiait de lui.

Les fêtes étaient achevées, rien ne retenait plus l'évêque que la perspective de répandre son sang : l'attentat attirerait sur Autun d'effroyables vengeances. Léger fit avertir Hector et ils prirent la fuite par des chemins différents.

Une poursuite s'organisa aussitôt. Hector fut rejoint et fut massacré après s'être vaillamment défendu. Léger fut ramené à Autun et exilé au monastère de Luxueil en attendant qu'une assemblée statuât sur son sort.

 

Séjour à Luxeuil

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Childéric, après une consultation pour la forme, prononça l'exil perpétuel à Luxueil. L'abbé de Saint Symphorien, Ermenaire, semble avoir plaidé en faveur de l'exil et fait écarter une sentence de mort ; il n'avait aucun ressentiment personnel contre l'évêque et ne lui enviait que son siège épiscopal qu'il occupa. Pendant ce temps à Luxueil, Ebroïn et Léger philosophèrent quelque temps sur les jeux de la politique. Ebroïn interrompit le dialogue le jour où la porte du monastère s'ouvrit devant lui. Quant à Léger, il continua à édifier la gent monastique. Assurément, c'eût été le sort le plus doux que de demeurer et de vieillir parmi ses bons moines, un peu frustes sans doute mais moins redoutables que les bêtes féroces qui couraient le monde. Le sort de Léger n'était pas de finir ses jours dans la paix de Luxueil ; on peut même dire qu'il ne fit que traverser cette maison.

Au cours de cette même année 675 qui l'y avait amené, il en sortit dans les circonstances suivantes. Childéric II continuait sa vie d'excès brutaux et de violences ; il s'avisa un jour de faire battre de verges un leude nommé Bodillon. Ceci sembla inquiétant aux autres leudes qui, profitant d'une chasse royale dans la forêt de Livry, trouvèrent l'occasion de cerner le roi, le reine et leur enfant Dagobert. On les assomma comme des chiens (septembre 675).

"A la nouvelle de l'assassinat du roi, nous dit le moine de Saint Symphorien, les exilés accoururent de toutes parts. Ils ressemblaient aux serpents qui, après l'hiver, sortent de leurs repaires tout gonflés de venin. Ils étaient pleins de haine et de ressentiment, prêts à se venger pour leur ambition déçue ou leurs biens confisqués. Chacun ne connaissait ou ne voulait connaître d'autre règle que sa volonté. On ne craignait plus le châtiment. Les troubles furent si profonds qu'on en vint à croire à l'avènement de l'antéchrist. Une comète apparut annonçant la famine, la chute des rois, les révolutions et l'extermination des peuples. Mais il est écrit que les insensés ne se corrigent ni par les paroles ni par les signes."

Leur ressentiment ne pouvant s'exercer sur le roi défunt se tournait sur l'évêque d'Autun dont la disgrâce avait peu duré et qui avait été autorisé par Childéric, peut-être avec le dessein de lui nuire plus impunément et plus facilement que dans un monastère, à sortir de Luxueil. L'évêque ne s'y était pas attardé, mais n'avait pas reparu encore dans son diocèse quand la fin tragique du roi rendit Ebroïn à ses intrigues. A l'instant même, il ne songea qu'à ses vengeances, et Léger en eût été la première victime avant même d'avoir regagné Autun si la prudence ne lui avait conseillé la temporisation.

L'évêque d'Autun, voyageant à petites journées, avait été rejoint en route par son collègue Genès, évêque de Lyon, se rendant à la cour avec une escorte nombreuse et bien armée dont la vue suffit à déconseiller pour le moment à Ebroïn toute violence. Leur réconciliation, ébauchée à Luxueil, devint publique à Autun où Léger reçut un accueil triomphal, pendant qu'Ermenaire disparaissait sans bruit.

 

Le siège d'Autun

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Le lendemain, les évêques de Lyon et d'Autun partirent dès le matin pour Paris. Ebroïn les accompagnait, écoutant leur conversation afin de régler sa conduite d'après leurs projets. Le soir même, il en était instruit, son parti était pris ; il les entendait discuter les conditions du retour du roi Thierry qu'ils tireraient de Saint Denis et replaceraient sur le trône. Ebroïn n'avait personnellement rien à attendre de ce prince sur qui il avait attiré par sa politique les pires infortunes : la déposition et l'exil. D'autre part, les leudes ne se montraient pas disposés à restaurer le pouvoir du maire du palais qui les avait tellement maltraités. En poursuivant sa route avec Genès et Léger, Ebroïn courait le risque des plus graves mésaventures et peut-être pis encore ; à la couchée, il se sépara des deux évêques et, accompagné de ceux qui demeuraient fidèles à sa fortune, prit la route du Soissonais, retira sa femme Leutrude du monastère où on lui avait imposé le voile et s'apprêta à tenter de nouveau sa chance.

Léger, qui savait à quel homme il avait affaire et que cette disparition inquiétait, força la vitesse et arriva à Paris au moment où les leudes de Neustrie venaient de rendre la couronne à Thierry avec Leudière, fils d'Erkinvald, comme maire du palais. Cette décision rapide déconcerta un instant Ebroïn qui consulta son ami l'archevêque de Rouen. Saint Ouen commençait peut-être à trouver son protégé d'autrefois fort émancipé et très compromettant ; il le redoutait probablement un peu et lui fit une réponse à toutes fins : "Souviens-toi de Frédégonde." Ebroïn comprit ou devina que cela voulait dire que Frédégonde se trouvant elle aussi assez mal en point avait surpris et battu tous ses ennemis à force de rapidité et de vigueur. Une partie des leudes d'Austrasie avaient proclamé roi et ramené d'Irlande Dagobert, fils de Sigebert ; les partisans d'Ebroïn inventèrent un prétendant, fils prétendu du roi Clotaire, un enfant à qui on donna le nom de Clovis.

Dès le début de l'année 676, Ebroïn envahit la Neustrie, força les passages de l'Oise à Pont-Sainte-Maxence, surprit le roi Thierry III à Nogent-sous-Coucy, s'empara du trésor royal à Baisieux-en-Artois, se saisit du prince à Crécy-en-Pontieux , l'enferma et fit courir le bruit de sa mort. La Neustrie soumise, restait la Bourgogne. Ebroïn rencontra deux hommes tels qu'il les comprenait et les recherchait, Didier dit Dido, évêque déposé de Chalons et Bovo, autre évêque déposé de Valence. D'accord avec Walmer ou Ugimer, duc de Champagne, ils proposèrent le siège d'Autun pour le compte et avec l'armée du roi Clovis.

Léger avait regagné Autun et entendait bien conserver la ville au roi Thierry III, seul légitime à ses yeux. La perspective d'un siège ne l'effrayait peut-être que pour les souffrances qu'il attirerait sur les habitants, il en prendrait bravement sa part. "Tout ce que j'ai eu, mes frères, dit-il à ceux qui lui conseillaient la fuite, tant il plut à Dieu de me conserver la faveur des hommes, je l'ai employé fidèlement, autant que possible au bien général et à l'honneur de tous. Aujourd'hui cependant, si les hommes de la terre l'emportent contre moi, c'est que le seigneur nous convie à la grâce. Ces biens ne peuvent me suivre au ciel. Voici mon dessein. Je donnerai ces biens aux pauvres plutôt que de m'en faire un vil fardeau. Imitons le bienheureux Laurent qui a répandu ses trésors dans le sein des pauvres ; c'est pourquoi sa justice demeure dans les siècles des siècles. Dieu l'a exalté dans sa gloire." On brisa la vaisselle plate dont on distribua les morceaux aux pauvres. Les monastères et la diaconie de Saint Nazaire reçurent leur part de bienfaits.

L'évêque ordonna trois jours de jeûne et des processions autour du castrum avec la croix et les reliques au chant des litanies. Devant chaque porte de l'enceinte, l'évêque se prosternait et priait. De retour dans sa cathédrale, il demanda pardon aux fidèles de la peine qu'il avait pu leur causer dans les réprimandes : "S'il en est parmi vous que j'ai offensés, disait-il, par trop de zèle dans mes réprimandes, si j'en ai blessés par mes paroles, que ceux-là me le pardonnent. Je ne puis ignorer, au moment de marcher à la passion du christ, qu'en vain souffrirait-on le martyre si le cœur n'est pas purifié et illuminé du flambeau de la charité."

Le castrum avait été investi, le siège commença, l'assaut était imminent. L'évêque monta sur les remparts et comprit que le sort de la ville ne pouvait plus être évité ni retardé. Il dit à ceux qui l'entouraient : "Cessez de combattre contre ceux-là. S'ils sont venus à cause de moi, je suis prêt à les satisfaire, à apaiser leur fureur quoi qu'il pût m'arriver. Mais ne sortons pas d'ici avant d'avoir été entendus. Que l'un d'entre nous aille leur demander le motif du siège." L'abbé Méroald sortit du castrum par la poterne du Breuil et vint trouver l'ancien évêque Didier, proposant une rançon. On exigea que Léger fût livré à discrétion et promît fidélité au roi Clovis. Ces conditions ne laissaient aucun doute sur la machination d'Ebroïn. Léger répondit : "Que tout le monde sache, amis et frères, comme ennemis et persécuteurs, que je garderai, aussi longtemps que dieu me laissera la vie, la foi que j'ai promise à Thierry devant dieu. Que mon corps soit livré à la mort plutôt que de souiller mon âme par un parjure." Ce message provoqua un redoublement de fureur dans l'attaque, les projectiles, les flèches en flammes, menaçaient de détruire la ville ; alors l'évêque se rendit à la cathédrale, communia au corps et au sang du sauveur, se rendit à la poterne du Breuil, la franchit et se livra. On se saisit de lui avec la fureur brutale des loups emportant une proie et on lui arracha les yeux. Des témoins de cette scène hideuse assurèrent qu'on n'avait pas eu besoin de lier les mains de la victime qui ne poussa pas un cri, et récita sans cesse les versets d'un psaume.

Autun fut prise, et en plus de ce qu'on enleva aux habitants, la ville dut payer cinq mille sous d'or qui furent fournis par le trésor de l'église.

 

Passion et supplice

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Waimer, duc de Champagne, accepta le rôle de geôlier et de bourreau. L'ordre d'Ebroïn portait de le conduire dans une épaisse forêt et de l'y laisser mourir de faim ; on répandrait alors le bruit qu'il s'était noyé. Waimer s'y conforma et, quand il revint s'assurer de la mort de Léger, il trouva sa victime priant pour ses ennemis. Ce spectacle le toucha au point qu'il méprisa les ordres, emmena le martyre dans sa propre maison où lui et sa femme le traitèrent avec les égards dus à son infortune. Waimer fit plus : il restitua à l'évêque la part du butin qu'il avait eue dans le pillage de l'église d'Autun. Léger chargea le moine Berton qui avait réussi à le rejoindre de porter cet argent à Autun et de le distribuer aux victimes du siège.

Pendant ce temps, Ebroïn se débarrassait du jeune Clovis qui ne lui était plus nécessaire, faisait périr Leudèse et redevenait maire du palais de Thierry III, hors d'état de refuser rien à son terrible protecteur. Ce fut alors l'heure de la violence sans frein. Un diplôme royal interdit toute réclamation contre les crimes et rapines accomplis pendant les troubles récents. Les nobles furent exilés, les monastères saccagés, les églises détruites et leurs trésors saisis. Quant à Ermenaire, il reparut sur le siège d'Autun.

La pitié du duc Waimer avait rendu à Léger une existence honorée, et la pensée du supplice infligé à l'évêque scandalisait l'opinion qui accusait Ebroïn. Celui-ci imagina de s'établir le vengeur de Childéric III et d'imputer une part de responsabilité dans son assassinat à l'évêque d'Autun disgracié et de connivence avec les régicides. Léger et son frère, le comte Guérin, furent appelés à comparaître devant le roi Thierry en présence des leudes, d'évêques et d'abbés. Ebroïn se fit accusateur et Léger lui répondit avec vigueur, lui reprochant ses crimes et lui promettant l'enfer. On emmena les deux frères et Guérin fut lapidé (25 août 676).

L'épreuve de Léger devait être plus longue et plus atroce. Ebroïn ordonna de le faire marcher dans une piscine dont le fond était semé de pierres tranchantes. Lorsque ce supplice eut laissé le malheureux aveugle incapable de se soutenir, on lui coupa les lèvres, on lui taillada les joues, enfin on lui coupa la langue. Quand cette ruine humaine hors d'état de voir, de marcher, de parler, sembla assez avilie, on lui enleva tous ses vêtements, et en ce pitoyable état on le promena en public. Ensuite on le donna à garder à Waninge. Celui-ci avait paru à la cour de Clotaire et compté parmi les amis de saint Ouen et de saint Wandrille ; il n'en acceptait pas moins le rôle que le duc Waimer n'avait pas eu le courage de remplir. Waninge fit charger le martyr sur un cheval et l'emmena chez lui. Il fallut s'arrêter bientôt, l'état d'épuisement du Saint était tel qu'on le crut prêt à rendre l'âme. Waninge le fit transporter dans une hôtellerie. L'abbé Winobert, l'évêque Ermenaire, demandèrent la permission de l'assister et ils trouvèrent Léger gisant sur la paille, couvert d'un débris de toile, vomissant le sang, réussissant néanmoins à émettre des sons distincts de sa gorge vide. Ermenaire pensa les blessures, quitta ses propres vêtements pour en vêtir Léger.

[ Ici manque la fin du paragraphe "Passion et supplice" et le début du paragraphe "Le testament et l'aumône de Saint Léger". ]

 

 

Le testament et l'aumône de Saint Léger

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L'authenticité du testament de Saint Léger a été discutée. Il n'existe que dans la copie du cartulaire d'Autun où le copiste a pris sur lui de lui donner une rubrique… Cette rubrique est l'ouvrage d'un homme qui brouillait bien des choses, peut-être sans y mettre malice. Malgré cela, le testament subsiste intact, complet et daté. La date est la troisième année du règne de Thierry III (675-676). Ce qui paraît probable, c'est que le texte fut rédigé et soumis au concile d'Autun, puis il fut écrit et signé définitivement ; enfin il fut copié au cartulaire de l'église d'Autun. Après cette lecture et approbation donnée vers 670, l'acte avait encore besoin d'être libellé et daté, ce qui fut fait conformément aux prescriptions du droit.

L'évêque inscrivait les pauvres au nombre de ses héritiers, en assurant à son église cathédrale Saint Nazaire la possession de la villa de Marigny-sur-Yonne, présent de la reine Bathilde, de la terre de Tillenay-sur-Saône, qui lui venait de ses aïeux maternels, et des domaines d'Ouges et du Chenoves près de Dijon, qu'ils avait recueillis dans la succession de ses père et mère Bodilon et Sigrade. En léguant ses propriétés héréditaires à la basilique d'Autun et en commettant le soin de les administrer à la matricule établie dans les dépendances de cette édifice, l'évêque stipulait que quarante pauvres, qu'il nomme "ses frères", recevraient chaque jour la nourriture nécessaire à leur existence.

 

Le testament de Saint Léger

"L'an de l'incarnation de notre Sauveur Jésus 653, Théodoric, fils du roi Clotaire régnant, Léodégise, fils d'Erchinoald maire du palais, moi, Léger, quoique indigne évêque d'Autun, en la septième année de mon épiscopat,
"considérant les changements variables des choses et l'inévitable terme de la mort, l'épouvantable heure du jugement de dieu, sachant qu'il est écrit : "Donnez et il vous sera donné, faites-vous de vos richesses des amis qui vous reçoivent aux cieux", nous souvenant de ce qui est écrit : le rachat de l'âme de l'homme est l'une de ces richesses et comme l'eau éteint le feu ainsi fait l'aumône qui éteint le péché, pour l'amour de la divine bonté, pour la rémission des péchés du seigneur Clotaire, de la reine Bathilde, pour la situation du roi Thierry et du royaume et de tous les princes et seigneurs, principalement ceux de sa race qui nous ont été donateurs de ces biens et collaborateurs, je donne et fais héritière l'église Saint Nazaire, titre de mon évêché. De tous mes biens à savoir : de Marigny, sur la rivière Yonne, que je tiens de la munificence de la reine Bathilde par une charte scellée de son sceau, du domaine de Tillenais, sur la rivière Saône, qui m'appartient du côté de ma mère et de mes grands parents, des domaines d'Ouges et de Chenôve, que j'ai achetés de Bodillon et de Sigrade, voués à dieu, et dont la terre est située près de Dijon.
"Nous léguons et transférons ces biens, villages et chapelles avec leurs hommes de quelque sexe qu'ils soient, terres, vignes, eaux stagnantes et dormantes, revenus, forêt, fourrages avec granges et petit bétail, nous les léguons à notre propre matricule que nous avons établie à la porte de Saint Nazaire, afin que le prévôt de la matricule et ses successeurs que lui donneront les évêques d'Autun reçoivent et nourrissent chaque jour quarante frères qui prieront dieu pour le salut du royaume, des princes et de tout le monde. Si quelqu'un de mes plus proches héritiers ou descendants de ceux-ci, qui que ce soit, veuille rompre ou violer cette donation et ce testament, qu'il sache qu'il sera puni et devra payer cent livres d'or au maire du palais.
"Nous voulons aussi que nos successeurs évêques soient assujettis à tout ceci car nous avons fait plusieurs donations en faveur d'eux sans considérer s'ils étaient dignes devant dieu. Et si quelqu'un se dresse et s'élève contre ma volonté, qu'il sache qu'il est excommunié sous l'autorité de cinquante-quatre évêques réunis par nos princes à Christiac, par le conseil desquels nous avons fait cette donation à notre dite église et matricule, mais aussi par notre autorité et encore le pouvoir de Saint Pierre, prince des Apôtres. Nous les condamnons à être perpétuellement damnés avec le traître Judas qui portait la bourse et les biens de notre-seigneur et dérobait les biens des pauvres et avec Dathan et Abiron que la terre engloutit tout vifs par une mort inhabituelle et affreuse, la terreur de tout le monde. Nous les condamnerons s'ils ne reviennent à résipiscence et à entière satisfaction. Amen.
" Fait à Christiac, publiquement, la troisième année du roi Thierry.
"Moi Léger, évêque, j'ai souscrit cette donation faite de ma propre main."

Traduction : Camerlynck

 

Quelques doutes ont été émis contre le sens charitable de cette fondation. Le nom de "frères" donné aux destinataires et l'obligation qui leur est imposée de prier pour la salut du prince et la paix du royaume ont fait croire qu'il s'agissait moins ici de l'établissement d'une aumône publique que de la fondation d'un collège canonial. Mais ce nom de "frères" a toujours reçu dans l'église le sens le plus large et ne saurait soulever l'ombre d'une objection quand un évêque l'applique à ses indigents. D'ailleurs les témoignages postérieurs ne laissent subsister aucun doute sur le sens charitable de cette fondation. Le premier, qui est décisif, se lit dans la Vie du Saint écrite une dizaine d'années après sa mort par le moine de Saint Symphorien ; la matricule était établie à la porte de l'église pour la distribution des aumônes destinées aux pauvres.

Au IXe siècle, cette dotation fut détournée de son but, et la villa de Tillenay-sur-Saône soustraite à sa destination. L'évêque d'Autun, Adalgaire (875-893) sollicita l'intervention du pape Jean VIII qui confirma les dispositions testamentaires de Saint Léger (879) : "Il est certain, disait-il, que la villa de Tillenay-sur-Saône, propriété de Saint Léger, autrefois évêque d'Autun, a été léguée à Saint Nazaire, qui fut le titre de son épiscopat. Mais cette villa ayant été prise et longtemps retenue contre toute justice par des hommes pervers qui voulaient en faire leur propriété, notre cher fils, le roi Charles, après une minutieuse enquête qui aboutit à la reconnaissance des droits de l'église d'Autun sur cette villa, la rendit de sa propre autorité à l'évêque de cette ville et replaça dans ses droits l'église de Saint Nazaire."

A ce témoignage vient s'ajouter un acte de 1277 par lequel Gérard de Beauvoir, évêque d'Autun, lègue à son église 1000 livres pour l'acquisition d'une rente destinée à subvenir à une distribution de pain qui devait être faite pendant trois jours de l'octave de Pâques à tous les pauvres de la ville.

Au XIIIe siècle, l'aumône publique instituée par Saint Léger avait subi une altération profonde. Au lieu d'une distribution faite à quarante pauvres, le chapitre avait substitué une aumône, faite trois fois par semaine, à tous les pauvres pendant quarante jours du carême seulement. En limitant ainsi l'aumône, il avait rendu illimité le nombre de ceux qui pouvaient y prétendre. Cela entraîna un grave désordre en ouvrant les portes de la ville à des multitudes de mendiants accourus de toute la province et au delà, installés dans Autun avec l'assurance d'y recevoir du pain trois fois par semaine. Le premier résultat fut de mettre le chapitre hors d'état de tenir ses engagements. Cette aumône attira un tel concours pendant les années de disette qui se succédèrent que le chapitre se vit contraint de diminuer le nombre de ses prébendes ou de renoncer à la distribution de l'aumône. Pour porter remède à cette situation, Barthélémy, évêque d'Autun, consentit à céder au chapitre le revenu des églises de Sanvignes, de la Tagnière, d'Etang et de Laizy, le 25 juin 1306. Cette donation ne suffit pas à mettre le chapitre en mesure de faire face à ses charges. Un acte du 26 décembre 1311 nous apprend que, par suite de la cherté du blé et de l'accroissement du nombre des pauvres, les revenus affectés à la distribution de l'aumône étaient devenus insuffisants. Par cet acte, qui reproduit les termes mêmes du testament de Saint Léger, Hélie, évêque d'Autun, consentit à céder au chapitre les revenus des églises de Monthelie et de Saint Gervais sur Conches, pour accroître le fond destiné à l'aumône du carême et assurer la continuation du ministère de charité que Saint Léger avait institué.

 

Translation

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Les martyrologes d'Adon et de Notker admettent le fait de la sépulture de Saint Léger à Sarcing. Nous avons dit plus haut que c'est sur le territoire de la villa de Sarcing qu'il faut vraisemblablement situer le meurtre. Pour la sépulture, il faut observer que Baldéric, chantre de Térouanne au XIe siècle, écrivait à une époque où les diocèses d'Arras et de Cambrai étaient réunis sous un même évêque, en sorte que l'auteur a pu désigner comme faisant partie de la circonscription de Cambrai les paroisses de l'ancien diocèse d'Arras qui se trouvait alors, par le fait de cette union, sous la juridiction de l'évêque de Cambrai. Les recherches, pour être couronnées de succès, doivent se porter de préférence vers les paroisses de l'ancien diocèse d'Arras, voisines de celui de Boulogne, diocèse qui a succédé, avec Ypres et Saint Omer, à l'ancien évêché des Morins.

Il ne paraît pas qu'il y ait lieu de retenir le nom de Saint-Léger-les-Authie, que Mabillon désigne sans se rendre bien compte de l'éloignement de cette localité par rapport à la Morinie.

Pour la même raison, nous écartons Saint Léger, canton de Croisilles qu'adoptait le président Hénault. Il reste à choisir entre Sus-Saint-Léger et Lucheux (canton de Doullens, dans le Somme).

A l'époque où vivait Baldéric, Lucheux faisait partie du diocèse d'Arras uni à celui de Cambrai. Or la partie du territoire de Lucheux située au delà du beffroi, en venant de Doullens, est désignée encore aujourd'hui, sur la matrice cadastrale par les noms de Serchin ou Charchin. Les comptes de l'hôtel-dieu de Lucheux font aussi mention de Sarcin à propos des redevances qu'y percevait cet établissement hospitalier. La carte de l'Artois, publiée en 1704 par Guillaume de l'Isle, place Sercin à côté de Lucheux.

Des documents plus anciens ne font pas défaut. Au XIe siècle (1095), Hugues de Campdavène donne à l'abbaye de Molesme les dîmes de Lucheux et de Sarcing et fait de cette libéralité importante comme la dotation primitive du prieuré de Lucheux. Au XIIe siècle, Alvisius, évêque d'Arras (1142), confirme à Molesme la possession de l'autel de Lucheux et de ses appendices Sarcing et Humbercourt. Ces faits semblent suffire à établir l'identité du Sarcing des temps anciens avec le Serchin ou Cherchin des temps modernes.

Où faut-il donc chercher sur le territoire de Lucheux le sanctuaire du VIIe siècle qui porta le nom de Sarcing, peut-être par suite de la présence du corps du saint apporté là de la villa de Sarcing et qui y séjourna deux ans et demi ? On serait assez tenté de le découvrir dans la chapelle de Saint Léger, placée sur le versant d'une colline, à proximité de la route d'Avesnes-le-Comte et à quelques centaines de mètres des dernières maisons de Lucheux. Ce sanctuaire, desservi au XVIIe siècle par les Carmes, passait pour avoir possédé les reliques de Saint Léger. On y venait de toutes parts en pèlerinage au sanctuaire qui était en grande réputation de miracles. Ce culte immémorial favorise l'hypothèse présentée.

Un dimanche matin, comme il se rendait à l'église, Ebroïn fut assassiné par Ermanfred. Le roi Thierry III apprit alors que l'évêque Léger, qu'il avait chargé du meurtre de son frère Childéric, faisait des miracles. En pareille circonstance, un mérovingien, fut-il ahuri par la débauche et perverti par l'impiété, n'entrait pas en discussion et rendait honneur au thaumaturge. Le corps de Saint Léger fut levé de l'oratoire qui le conservait et transporté dans sa patrie d'origine en Poitou. Audulf, abbé de Saint Maixent, fit la translation. Ansoald, évêque de Poitiers, chargea Audulf d'ériger une belle basilique pour abriter le tombeau. La dédicace de cette basilique se fit le 3 octobre 684, un dimanche. Quant à la translation, elle avait eu lieu au mois de mars.

Saint Léger ne reposa qu'un temps auprès des restes de Saint Maixent ; lorsque les Normands envahirent cette partie de la France, les moines emportèrent le corps au monastère du Breuil entre l'Auvergne et le Bourbonnais. Ces translations lointaines et précipitées auront pu être l'occasion de la perte ou de la distribution de quelques ossements, et donner ainsi naissance à une regrettable multiplication des reliques insignes. Dom Pitra, qui ne badinait pas sur ce sujet, avoue que six monastères bénédictins se partageaient l'honneur de posséder le crâne mutilé du pontife martyr, comme autrefois six villes disputaient à Smyrne le berceau d'Homère.

 

Culte

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A peine Saint Léger était-il mort qu'on lui dédia un oratoire près de l'emplacement où il subit le supplice. Dès le XIe siècle, il était le patron du monastère d'Ebreuil en Auvergne et l'abbé Duchêne, curé de l'Hôpital-le-Mercier, écrivait en 1771 "qu'on ne peut dénombrer la multitude des églises qui furent érigées en son honneur en France et dans les Pays-Bas." Dans le diocèse de Nevers, l'une des principales et l'ancienne collégiale de Tannay, possédait, au XIVe siècle, un des chefs du martyr. En France, on trouve 55 communes qui portent le vocable de Saint Léger, suivies dans la plupart d'un déterminatif, et dans ce nombre nous ne comptons pas certains noms où le vocable du saint entre en composition, comme Boissy-Saint-Léger, etc.

A la cathédrale d'Autun se trouvait une chapelle de Saint Léger dont le cardinal Rolin fit réparer la toiture et les verrières. Elle fut démolie en 1784. Il y en avait d'autres à Saint Nazaire et à Saint Symphorien d'Autun.

A Notre Dame de Beaune, une chapelle sous le vocable de Saint Léger existait encore en 1774, ainsi qu'à Saint Pierre de Beaune. Dans la cathédrale de Nevers, la chapelle Saint Léger, fondée par Jean de Bourbon, chanoine de Nevers, était située près de l'ancienne entrée de la cathédrale ; elle fut supprimée en 1790. Il y avait un prieuré à Saint-Léger-les-Pontaillers, dont l'inventaire de 1718 se trouve aux archives de Dijon.

Le culte de Saint Léger s'étendit en Alsace grâce à Saint Odile sa parente ; il est le patron des monastères de Massevaux et de Murbach. Dès le VIIIe siècle, l'abbé de Murbach est le protecteur du monastère bénédictin de Saint Léger, l'une des premières fondations chrétiennes de la Suisse centrale, dans un lieu appelé Luciaria, aujourd'hui Lucerne.

La fête de Saint Léger est mentionnée et fêtée à différentes dates. Le 2 octobre devint obligatoire à Autun en 1458 sous le cardinal Rolin et le demeura jusqu'au XVIIIe siècle. On cite également le 25 août en Alsace, le 21 juin à Autun pour célébrer la délivrance de la ville assiégée par les calvinistes (1591) et le 8 octobre à Tannay (Nièvre). Mais, au XVIIIe siècle, les prévôts, les chanoines et le curé de Tannay demandèrent à l'évêque de Nevers Charles Fontaines du Moncas de fixer la fête au 10 novembre "parce que les vendanges empêchaient de la solenniser convenablement." Une ordonnance favorable fut rendue le 23 novembre 1728.

 

Reliquaire

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Plusieurs monastères ont prétendu posséder tout ou partie du chef de Saint Léger, évêque d'Autun. Pour ne parler que de ceux dont les prétentions ont été le moins discutées, il faut citer Saint-Vaast d'Arras, Murbach, Jumièges, Maymac et Saint Pierre de Préaux près de Lisieux. L'église Saint-Léodégar à Lucerne aurait, elle aussi, depuis le commencement du XIXe siècle, le crâne et deux dents du saint, qui étaient autrefois conservés à Massmunster, en Alsace. Enfin l'abbaye de Beaume-les-Dames, où était honorée Sainte Odile, cousine de Saint Léger, aurait possédé le chef de celui-ci dans un reliquaire en argent, en forme de buste. Si l'on veut vraisemblablement admettre l'existence simultanée dans plusieurs églises de divers fragments du chef de l'évêque d'Autun, il est difficile de concilier les prétentions de celles de ces églises qui pensaient avoir le chef tout entier. Il n'est pas jusqu'à la nature de ces reliques qui donne lieu à de singulières contradictions. Une lettre, non datée, de Dom Antoine Pavy à Dom Mabillon lui apprend "pour réponse à celle que votre révérence a eu la bonté de m'escrire… qu'une partie des reliques de Saint Léger repose en l'abbaye de Maymac en Limousin." Dom Pavy appartenait à l'abbaye de Saint Maixent où, disait-il "depuis quelques années nous avons reçu des reliques notables de ces lieux, Brueilles en Auvergne et Meymac en Limousin ; tout l'occiput de Saint Léger dont on nous fit présent en 1660, par M. Hilerais, religieux ancien de Malzays (Maillezais en Vendée), qui les prit au prieuré de Mortagne dépendant dudit Malzays avec les formalités requises, le 5 octobre 1660 : une partie d'une vertèbre de Saint Léger que M. Belin, religieux ancien de Maymat, donna ; il n'est pas à propos de faire mention de celle-ci, parce que, si les habitants dudit Maymat savaient cela, ils lapideraient le susdit sieur Belin. Il l'a pourtant tirée de la châsse de Saint Léger avec les formes requises."

Un autre document venu de Saint-Germain-des-Prés nous apprend que Saint Léger est très particulièrement honoré dans l'abbaye de Meymac ; ses précieuses reliques y sont religieusement conservées dans une belle châsse d'argent doré où l'on peut voir à découvert son visage et ses mains étendues en croix sur la poitrine. Ce qui paraît au dehors est encore couvert de la peau qui est fort blanche, quelques poils de barbe assez épais paraissent au menton et des cheveux sur le haut de la tête.

De ces prétentions, quelles sont les plus fondées ? Il serait superflu de le rechercher ; mais il est certain qu'à Maymac on possédait la face entière, puisque le document cité dit que "son visage est si doux et si vénérable qu'on ne le peut regarder sans une dévotion et un respect tout extraordinaire", ce qui ne serait sans doute pas le cas si on avait exposé une partie seulement du visage.

Or voici un autre chef de Saint Léger. Il est conservé dans l'église de Chaux-les-Châtillons, canton de Hippolyte-sur-le-Doubs. Il se compose de la calotte supérieure de la tête avec os frontal et pariétaux, sans occipital. Il est très noir et d'une section extrêmement nette. Selon une ancienne tradition locale, qui ne repose d'ailleurs sur aucun fondement puisque la forêt de Sarcing a été le théâtre de la mort de Saint Léger, il aurait été décapité non loin de Chaux. Son culte est assez répandu dans la région : l'église de ce village est placée sous son patronage et, dès 1632, on y établissait en son honneur une confrérie dont le registre existe encore, et aux membres de laquelle le pape Urbain VIII accordait des indulgences le 26 novembre suivant.

Quand et comment cette relique, sur l'authenticité de laquelle il est permis d'entretenir des doutes, est-elle arrivée à Chaux ? Elle y aurait été apportée par les religieux de l'abbaye de Murbach, qui auraient ainsi voulu la soustraire aux ravages de la guerre.

Comme celui de Beaume-les-Dames, le reliquaire de Chaux est en forme de buste en argent. Il est d'une extrême simplicité ; il ne présente aucun ornement, si ce n'est les motifs qui ornent la partie inférieure. Il pourrait être de style allemand mais l'orfèvre de l'a pas signé.

H. Leclercq

 

 

 

 "Vie de Saint Léger, Evêque d'Autin"
par un moine de St Symphorien d'Autun qui vécut auprès du saint
La Vie de Saint Léger, évêque d'Autun
vers 980 - manuscrit de la bibliothèque de Clermont-Ferrand
 "Saint Léger - La Légende Dorée"
de Jacques de Voragine, nouvellement traduite en français - 1261-1266
 "De St Léger, évêque et martyr", par le R.P. Simon Martin
Les Nouvelles Fleurs des Vies des Saints - 1654
 "Saint Léger - 2 octobre"
Les Vies des Saints - 1724
 "Histoire de saint Léger, évêque d'Autun et martyr"
par le R.P. Dom Pitra - 1846
 "Saint Léger - son martyre - sa première sépulture à Lucheux"
par l'abbé Théodose Lefèvre - 1884
 "saint Léger, évêque d'Autun, martyr"
Imprimeur E. Petithenry, Paris - vers 1900
 "Vie de Saint Léger"
par le R.P. Camerlinck, de l'Ordre des Frères Prêcheurs - 1906
 "Léger, d'Autun"
par
Dom H. Leclercq - 1929
"Eléments pour une étude sur la diffusion du culte de Saint Léger"
parue dans "la revue du Bas Poitou" tome IV - 1971
 "Saint Léger - fête le 2 octobre - 3 octobre"
La Légende Dorée d'Autun, par Denis Grivot - 1974
"Saint Léger", par Denis Grivot,
Maître de Chapelle Honoraire de la Cathédrale d'Autun
 La prédication sur Saint Léger faite à l'église protestante
de St Légier la Chiésaz (Suisse) - 1997
 
 "Saint Léger, évêque d'Autun et martyr"
2 homélies du Père Alexandre, St Léger sous Beuvray - 1998 et 2003
 "Saint Léger, porte-parole des élites bourguignonnes"
tiré du Journal de la Bourgogne - 2002
 "le bon et la brute" ou "Léger contre Ebroïn"
sur le très joli site "Auxonne, capitale du Val de Saône" - 2009

 

 

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