la paroisse St Léger à Aymavilles (Val d'Aoste)

l'église St Léger d'Aymavilles

 

 

La commune d'Aymavilles possède deux paroisses : St Léger et St Martin.

La paroisse St Léger aurait été fondée au VIIIe siècle par des moines bénédictins qui, voulant s’installer dans le diocèse d’Aoste, choisirent Aymavilles pour y bâtir un monastère. La première preuve, certaine et datable, de la présence de cette paroisse est fournie par la crypte de St Léger, église primitive bâtie vers la fin du Xe siècle.

Si l’époque de la construction de la crypte St Léger est connue, au contraire rien ne situe la création de l’église primitive de St Martin. En présence de ces deux églises, deux questions se posent : laquelle est la plus ancienne ? Pourquoi a-t-on bâti deux édifices sacrés si rapprochés l’un de l’autre dans un territoire peu peuplé ?

 

Aymavilles, en vallée d'Aoste

 

Il apparaît que, dès le XIIe siècle, Aymavilles était déjà divisé en deux paroisses. Jusqu’en 1926, Aymavilles a constitué dans le diocèse d’Aoste quelque chose de tout à fait particulier.
En effet, jusqu’à cette date, les deux paroisses n’eurent pas un territoire bien délimité et sur lequel les curés respectifs pouvaient exercer leur pouvoir spirituel.
Les paroisses de St Léger et de St Martin ont en effet constitué un modèle caractéristique et unique de juridiction des curés sur leurs paroissiens.
L’autorité et le ministère des curés ne s'exerçaient pas sur tous les ressortissants de l’une des deux communautés, mais sur un certain nombre de familles et d’individus de l’une et de l’autre.
Leur juridiction n’était donc pas territoriale mais personnelle et individuelle.

 

l'église St Léger d'Aymavilles

 

 

le pont-aqueduc de Pondel

autre vue du pont romain

 

On ne connaît pas les raisons pour lesquelles on parvint à établir cette juridiction personnelle, plutôt que de l’étendre sur un territoire paroissial bien délimité, ni à quelle date cela survint.
Mais, ce choix accompli, chaque famille et ses descendants restèrent fidèles, au cours des siècles, à la paroisse d’appartenance.
Toute tentative de transfert d’une paroisse à l’autre était contrecarrée par le curé qui, jaloux de ses droits, rappelait au bercail la brebis égarée.
Cette situation, typique et caractéristique, avait partagé la plupart des villages, où il arrivait qu’une famille appartienne à la paroisse St Léger et sa voisine, habitant dans la même maison, dépende au contraire de la paroisse St Martin.

Pour remédier aux nombreux inconvénients découlant de cette situation, et aussi pour des raisons d’ordre économique, les conseils des deux communautés d’Aymavilles acceptèrent l’union des deux paroisses.
La proposition, lancée en 1778, soulèvera un très long débat qui durera 145 ans. Il s’agissait de savoir "si ce sera l’église de St Léger ou l’église de St Martin qui sera paroissiale après leur union.
C’est sur ce dilemme et sur ce souhait que le débat durera entre les deux paroisses.

C’est le 28 août 1926 que le décret d’union des deux paroisses fut enfin signé sous le vocable de St Martin, mécontentant les paroissiens de St Léger, et provoquant des troubles de la part des éléments les plus attachés à leur paroisse.
Cependant, petit à petit, les esprits se calmèrent.
Ouf !

 

le château d'Aymavilles et les vignes

le château (XIVe - XVe - transformé au XVIIIe)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’église actuelle de St Léger fut reconstruite en 1760-1762, sur l’emplacement de l’ancienne. La façade fut décorée au XIXe. La fresque représente une galerie, soutenue par 6 colonnes, formant une coupole vitrée. Le médaillon central rappelle la martyre de St Léger. Des deux côtés, entre les colonnes, il y a 4 saints : Joseph, Germain, Grat et Léonard. Cette façade, comme l’intérieur de l’église, fut peinte en 1857.
A l’intérieur ont été fondées 3 chapelles, dédiées à Sainte Catherine, Saint Antoine et Sainte Thérèse. L’usage des bancs est assez récent. Auparavant, les fidèles assistaient aux cérémonies religieuses en restant debout. Le banc fut, d’abord, un privilège.

Les paroissiens de St Léger se glorifiaient d’avoir eu, depuis un temps immémorial, le banc des seigneurs de Challant dans leur église. L’usage des bancs, des banquettes et des chaises fut introduit petit à petit au cours des siècles. Chaises, banquettes et bancs furent placés dans l’église soit par les paroissiens, soit par le conseil de fabrique et tous les sièges étaient loués à l’année.
Même les paroissiens qui les avaient fournis personnellement devaient payer la location des bancs, puisque ceux-ci étaient dévolus à l’église.
A St Léger, l’attribution annuelle de tous les sièges se faisait par enchère au plus offrant. Cette habitude cessa lors de l’union des deux paroisses en 1926, date à laquelle l’autorité diocésaine conseilla de supprimer la location des places et décida qu’elles seraient dorénavant aux premiers occupants, afin de favoriser la fréquentation de l’église à la population de St Léger.

 

 

 

 

 

 

Le clocher remonte vraisemblablement au XVe siècle, et ne fut pas touché lors de la reconstruction de l’église. Détaché de l’église de quelques mètres, construit en belles pierres travaillées, à la base carrée, la tour s’élève solide et élégante.
Sur toutes les façades s’ouvrent 3 rangs de fenêtres en arc de plein cintre, celle inférieure est à une seule ouverture, celles des rangs supérieurs à deux ouvertures, partagées par une colonne ronde en pierre.
Le beffroi est surmonté par 4 clochetons et par la flèche à pyramide octogonale à 4 petites ouvertures et portant à son sommet un globe et la croix. Il possède une cloche qui est sans doute la plus ancienne de la vallée d’Aoste ; elle porte la date de 1379. Elle a échappé à la réquisition faite en 1800 de toutes les cloches non nécessaires au culte.

L’entretien des bâtiments de l’église, du clocher, du presbytère des deux églises, coûtait cher. Outre leur contribution financière, les paroissiens se chargeaient de la fourniture et du transport à pied d’oeuvre du sable, de la chaux, des pierres de construction, des ardoises, des poutres et des charpentes.
La vente d’arbres de la forêt de la cure permettait de couvrir une partie des dépenses.

Yves Meignan, St Léger sous Cholet, 2003

 

 

 

 

l'église de Saint-Léger à Aymavilles

 

 

L'église de Saint-Léger, avec sa belle façade entièrement peinte à fresques, tout en n'étant pas l'église paroissiale, est la structure que l'on remarque le plus en parcourant la route nationale en direction de Cogne.
L'Abbé Henry, religieux et historien, fait remonter ses origines à la première installation des Bénédictins en Vallée d'Aoste et l'insère parmi les 43 paroisses existantes au XIXe siècle.

 

 

Elle apparaît pour la première fois dans la documentation dans une bulle du pape Eugène III du 5 avril 1145, parmi les dépendances de la prévôté de Saint-Gilles de Verrès. En 1424, elle est cédée à l'évêque d'Aoste en échange d'autres biens. L'édifice actuel a été construit en 1760-1762 et consacré par Mgr Pierre-François de Sales le 25 mai 1765.
Elle est constituée d'une nef unique avec des voûtes d'arêtes ornées d'une lumineuse et riche décoration picturale exécutée dans les années 1856-1857 par le peintre Grange, de même que la façade caractéristique en trompe-l'œil.
Au centre, le martyre de saint Leodegario ou Léger, aux côtés les saints Joseph, Germain, Grat et Léonard

 

la façade de l'église en nocturne

 

Le maître-autel a été réalisé en 1856 par le sculpteur Freydoz de Brusson, en remplacement du précédent, qui devait monter jusqu'à la voûte. L'orgue a été construit en 1848 par G. N. Cesa. En amont et détaché de l'église se trouve le clocher, une belle tour carrée en pierres apparentes, qui s'élève solide et élégante, avec sa flèche en forme de pyramide octogonale.
En l'absence de données historiques, son origine, remontant à la Renaissance tardive, XVe-XVIe siècle, est déduite des caractéristiques de la construction de sa maçonnerie de base réalisée avec des pierres apparentes sélectionnées, reliées par des joints de mortier marqués par le fer.
Dans le clocher se trouve la plus ancienne cloche datée de la Vallée d'Aoste: elle a été fondue en 1372 et dédiée à la Vierge Marie, elle porte l'inscription Ave Maria gratia plena, Dominus tecum. A.D. MCCCLXXII.

 

Saint Léger - fresque

 

L'église est ouverte au public tous les dimanches pendant les mois d'été, grâce à l'engagement d'un groupe de volontaires qui se rendent disponibles pour faire des visites guidées.
Signalons aussi que la structure de Saint-Léger offre une excellente acoustique, permettant de suivre les concerts qui y sont périodiquement organisés.

 

fresque de l'église de Saint Léger

 

L'intérêt et le charme de l'église Saint-Léger sont accrus par la présence d'une crypte à deux nefs, séparées par des piliers en pierre qui soutiennent les voûtes à l'aide d'arcs en plein cintre; l'abside est semi-circulaire ; l'axe du presbytère est légèrement incliné à droite, position qui traduit l'inclinaison de la tête de Christ au moment de sa mort sur la croix : et inclinato capite emisit entendus spiritum.

Il s'agit d'une des cryptes les plus anciennes connues en Vallée d'Aoste ; dans sa partie d'origine, elle remonte au VIIIe siècle et, selon des recherches récentes, on peut penser à une datation encore plus ancienne. Successivement agrandie, elle devait présenter trois nefs ; une aurait été détruite ou englobée dans le mur septentrional de l'église actuelle. La tradition populaire la relie à l'existence à Aymavilles d'une ancienne communauté de moines bénédictins représentés de manière admirable dans l'expression les mains à la terre, l'œil aux livres, le cœur au ciel non documentée par les sources historiques.

En ce moment, la crypte n'est malheureusement pas ouverte au public.

 

Lu sur : http://www.aymavilles.vda.it/fr

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour poursuivre la découverte, voici 3 sites dont sont extraites la plupart des images :

 

Merci de fermer l'agrandissement.

 

 

 

https://www.stleger.info